Actualités pharmaceutiques hospitalières Ř n° 20 Ř Novembre 2009
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actualités thérapeutique
Succès pérenne de la greffe de cellules pancréatiques pour le diabète de type 1
D
ans le diabète de type 1, les patients sont dépendants à vie de l’insuline. Malgré une hygiène de vie stricte et des injections d’insuline pluriquotidiennes, certains d’entre eux n’équilibrent pas leur diabète de façon satisfaisante.
Protocole de greffe En 2004, un patient atteint de diabète de type 1 avait bénéficié, à Lille (59), d’une greffe de cellules pancréatiques. Puis, cette intervention a été proposée à 14 patients atteints de diabète sévère (âge moyen de 42 ans, sexe-ratio de 1) n’arrivant pas à équilibrer leur diabète malgré un traitement insulinique intensif. Le protocole comprenait une optimisation de chaque étape (sélection des donneurs, qualité du prélèvement et de la conservation du pancréas, isolement des îlots) et l’administration de deux ou trois injections d’îlots, sur une période
de 3 mois en moyenne, et un traitement anti-rejet puissant.
Des résultats encourageants Trois à six ans après cette intervention, 79 % des patients gardent des îlots fonctionnels et un équilibre glycémique satisfaisant, la moitié équilibre son diabète sans aucune injection d’insuline. Les rapporteurs précisent : « Nos travaux montrent que la thérapie cellulaire du diabète est efficace et que la fonction initiale des cellules greffées est l’un des éléments clés de son succès durable. Pour l’instant, cette nouvelle approche thérapeutique reste cependant réservée aux formes de diabète les plus instables pour lesquelles le pronostic vital est engagé ».
mais un espoir réside en la production en laboratoire de cellules bêta à partir de cellules souches. Pour l’heure, une équipe lilloise travaille sur un essai clinique qui testera un nouveau traitement susceptible d’améliorer l’implantation et la survie des îlots chez des patients dont le diabète a détruit les reins et en attente de greffe. De plus, une enquête sera
menée auprès des six équipes réalisant ce type de greffe afin de comparer le rapport risques/ bénéfices/coût par rapport aux traitements classiques. V.L.
Source Vantyghem MC, Kerr-Conte J, Arnalsteen L et al. Primary graft function, metabolic control, and graft survival after islet transplantation. Diabetes Care. 2009 ; 32 : 1473-8.
Les cellules alpha pancréatiques se transforment en cellules bêta Le diabète de type 1 se caractérise par la perte des cellules β du pancréas produisant l’hormone insuline. Grâce à l’activation spécifique d’un gène nommé Pax4, en utilisant un modèle murin, une équipe de chercheurs francoallemande a transformé des cellules alpha du pancréas, continuellement régénérées, en cellules β sécrétrices d’insuline, qui permettent de traiter un diabète de type 1. Si ce processus était confirmé chez l’homme, il faudrait alors trouver le moyen de forcer et contrôler cette conversion. V.L.
Des évaluations
Source
Ce traitement reste marginal, notamment du fait de la pénurie de greffon (pancréas humains),
Collombat P, Xu X, Ravassard P et al. The ectopic expression of Pax4 in the mouse pancreas converts progenitor cells into α- and subsequently β-cells. Cell. 2009 ; 138 (3) : 449-62.
Traitement d’une insulinorésistance par éradication d’Helicobacter pylori u mois de juillet 2007 un Japonais âgé de 84 ans ayant un indice de masse corporelle de 23 kg/m2 se présente à l’hôpital avec des sueurs et des tremblements. L’examen clinique est normal. Les analyses biologiques révèlent un taux de glucose bas à 3,1 mmol/L. Le patient ne prend aucun médicament. Le taux de plaquettes est à 285 x 109/L et l’HbA1c à 5 %, normale. Les symptômes s’améliorent et il repart de l’hôpital. Un mois plus tard, le taux de plaquettes a chuté à 56 x 109/L et l’HbA1c a augmenté. Malgré un traitement composé de plusieurs antidiabétiques comme l’acarbose, la pioglitazone et la metformine, l’HbA1c augmente jusqu’à 9 % neuf mois après la première visite. Le patient présente alors plusieurs épisodes d’hypoglycémie.
A
Les anticorps contre l’insuline ne sont pas détectés, mais des anticorps contre le récepteur à l’insuline sont présents. Le taux d’insuline plasmatique est très haut, ce qui indique une résistance sévère à l’insuline (de type B). Au même moment, le taux de plaquettes chute considérablement, à 10 x 109/L et des anticorps antiplaquettaires sont détectés. Les leucocytes, les hématies, les marqueurs inflammatoires et les facteurs du complément sont dans les limites de la normale. Un myélogramme est réalisé mais ne met pas en évidence d’hypoplasie mégacaryocytaire. Un purpura thrombocytopénique auto-immun est donc diagnostiqué. Une infection par Helicobacter pylori est également détectée par le test respiratoire à l’urée et une éradication est obtenue après traitement
par amoxicilline, lansoprazole et clarithromycine. Six mois après cette éradication, le taux d’anticorps antiplaquettaires décroît, les anticorps antirécepteurs de l’insuline ne sont plus détectés, l’HbA1c se normalise et il n’existe plus d’épisode d’hypoglycémie. Le taux d’insuline plasmatique décroît à 10 mU/L. Le syndrome de résistance à l’insuline de type B est, en effet, fréquemment associé à d’autres pathologies auto-immunes. Il existe aussi une relation certaine entre l’infection par Helicobacter pylori et la modulation des réponses immunitaires. L’éradication de cette bactérie permet donc l’amélioration de nombreux désorOphélie Marais dres immunologiques.
Source Imai J, Yamada T, Saito T et al. Eradication of insulin resistance. Lancet. 2009 ; 9685 (374) : 264.