Présentations orales du département Études et assistance médicales de l’INRS. Leur but est de fournir une aide à l’évaluation du risque pour la reproduction lors d’exposition d’hommes ou de femmes en milieu professionnel à des produits chimiques. Les fiches Demeter contiennent des informations sur les dangers vis-à-vis de la reproduction de près de 150 substances et permettent au médecin d’évaluer le risque dû à l’exposition en fonction de sa période de survenue (avant la conception, pendant la grossesse ou l’allaitement) et fournissent des propositions de conduites à tenir. La stratégie de recherche bibliographique utilisée pour rédiger une fiche suit une méthodologie définie et en garanti la trac ¸abilité. Une veille annuelle est réalisée à partir des bases de données bibliographiques et des dossiers d’expertise. Chaque fiche suit un plan type : identification de la substance ; synthèse des données toxicologiques par périodes d’exposition ; classification CMR/valeurs limites ; caractéristiques (propriétés physiques et toxicocinétiques) ; dangers pour la reproduction ; commentaires ; proposition de conduite à tenir pour le médecin du travail. Une synthèse des données disponibles selon la période d’exposition est proposée : un tableau reprend de manière synthétique les données humaines et animales, ainsi que le niveau de preuve, en les organisant selon la période d’exposition : avant la grossesse (fertilité homme ou femme), premier trimestre de la grossesse, 2e et 3e trimestres, allaitement. Pour les effets sur le développement fœtal considérés : l’hypotrophie ou perte de poids (supérieure à 20 % et non expliqué par une toxicité maternelle) ; le retard de développement neurologique ; les retards de croissance s’ils ne sont pas clairement dus à une toxicité maternelle. Une hiérarchisation en neuf niveaux est proposée allant d’un signal fort (études épidémiologiques positives chez l’homme) à l’absence de signal (pas d’effet retrouvé dans deux études de bonne qualité dans deux espèces ni dans une espèce sur deux générations). Concernant l’effet génotoxique, considéré sans seuil, les critères retenus sont : substance classée mutagène de catégorie 1A, 1B ou 2 ; substance cancérogène de catégories 1A, 1B ou 2 par un mécanisme génotoxique ; substance présentant des résultats positifs à au moins un test de génotoxicité in vivo ou à au moins deux tests de génotoxicité in vitro, dont un au moins sur des cellules de mammifère. Pour les effets sur la fertilité, les informations peuvent provenir d’études épidémiologiques. Cependant, dans une majorité de cas, elles proviennent d’études expérimentales, idéalement réalisées selon le guide de l’OCDE. Une hiérarchisation en huit niveaux est proposée, allant de signal fort (« données chez l’homme » ou « données chez l’animal dans des études adéquates de bonne qualité, dans plusieurs espèces, avec des effets similaires » ou « substance classée catégorie 1A ou 1B par l’Union européenne ») à absence de signal (pas d’effet dans une étude de bonne qualité sur deux générations). Déclaration de liens d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2016.05.011 P9
Surveillance et prise en charge des femmes enceintes, allaitant ou en âge de procréer exposées professionnellement au plomb J. Langrand ∗ , S. Scarnera , A.F. Villa , R. Garnier CAPTV, AP—HP, Paris, université Paris-Diderot, Sorbonne-Paris cité, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (J. Langrand) Introduction L’intoxication par le plomb est à l’origine d’effets irréversibles chez l’enfant, dès les faibles doses (< 100 g/L). La réglementation actuelle en France fixe la plombémie maximale des femmes professionnellement exposées au plomb à 300 g/L, ce qui, au vu des connaissances actuelles, ne permet pas de prévenir le risque toxique pour le développement fœtal et post-natal. Il est en
239 effet attendu qu’une femme enceinte dont la plombémie est entre 200 et 300 g/L en début de grossesse donne naissance à un enfant dont la plombémie est supérieure à 100 g/L. Méthode A partir des cas rencontrés en toxicovigilance et à la consultation de pathologie professionnelle et de l’environnement du centre antipoison de Paris, nous proposons des stratégies de surveillance et de prise en charge des femmes enceintes, allaitant, ou en âge de procréer exposées professionnellement au plomb. Résultats Au total, 55 femmes présentaient une suspicion d’intoxication par le plomb. Celle-ci était d’origine professionnelle pour 24 d’entre elles, environnementale pour 27, et mixte pour 3. Les 27 femmes exposées sur leur lieu de travail avaient des plombémies comprises entre 10 et 450 g/L, pour une médiane à 120 g/L et une moyenne à 165 g/L. Les professions les plus représentées étaient celles de l’artisanat d’art (vitrailliste, céramiste, sérigraphiste, doreuse et peintres restauratrices effectuant des décapages, bronzière d’art), mais aussi la récupération de métaux et le travail sur des accumulateurs. Parmi celles exposées professionnellement, 18 avaient une plombémie au moins égale à 100 dont 10 étaient enceintes. Discussion Afin de prévenir les effets toxiques du plomb sur la grossesse et le développement, il est nécessaire que la plombémie en début de grossesse soit la plus basse possible. La période idéale pour rechercher une exposition au plomb se situe avant la grossesse, à l’interrogatoire, par le médecin du travail, le gynécologue ou le médecin traitant. La plombémie doit alors être mesurée. Si elle est élevée, on pourra proposer un traitement chélateur avant la grossesse afin de diminuer la plombémie en-dessous de 100 g/L. Parallèlement, il est réglementairement et toxicologiquement nécessaire de prévenir toute exposition au plomb pendant la grossesse. L’éviction du poste de travail réglementairement prévue peut cependant avoir des conséquences matérielles lourdes chez les travailleuses indépendantes, mais aussi pour les salariées avec une perte de revenu qui peut atteindre 50 % du salaire. C’est pourquoi il est nécessaire que le médecin du travail ait organisé la modification provisoire de l’activité professionnelle pendant la grossesse, avant cette dernière et avec la collaboration de l’intéressée et de l’employeur. En cas de découverte d’une plombémie supérieure à 100 g/L pendant la grossesse, un traitement chélateur est à discuter au cas par cas. Compte-tenu de la tératogénicité des chélateurs, leur emploi pendant l’organogénèse ne pourra être indiqué que dans le cas de plombémie très élevées (à partir de 700 g/L pour le CDC), entraînant un risque important de toxicité maternelle. À des niveaux plus faibles, l’emploi d’un chélateur après l’organogénèse est envisageable (à partir de 450 g/L pour le CDC), il a été rapporté dans 7 cas publiés (entre les 5e et 8e mois), sans qu’un effet attribuable au chélateur n’ait été rapporté. Enfin, compte-tenu du faible passage dans le lait maternel (autour de 10 % de la plombémie), l’éviction de l’allaitement n’apparaît pas nécessaire en dec ¸à de 400 g/L. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2016.05.012 P10
Alcools et polyols toxiques : mécanismes toxiques et implications thérapeutiques P. Hantson Centre for Toxicology and Applied Pharmacology, université catholique de Louvain, Bruxelles, Belgique Adresse e-mail :
[email protected] Les intoxications aiguës volontaires ou accidentelles par les alcools et les polyols, bien que peu fréquentes, s’accompagnent souvent d’une mortalité et d’une morbidité élevée. La compréhension des mécanismes exacts de toxicité, lorsqu’ils sont connus, est