Syndrome de Cushing révélateur d'un carcinome neuroendocrine bronchique: intérêt de la scintigraphie à l'octréotide

Syndrome de Cushing révélateur d'un carcinome neuroendocrine bronchique: intérêt de la scintigraphie à l'octréotide

1997;18:138-143 0 Elsevier, Paris RevMidInterne Communication b&e Syndrome de Cushing rM!lateur d’un carcinome neuroendocrine bronchique : intCr& ...

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1997;18:138-143 0 Elsevier, Paris

RevMidInterne

Communication

b&e

Syndrome de Cushing rM!lateur d’un carcinome neuroendocrine bronchique : intCr& de la scintigraphie & l’octrkotide S Vallette l, ?, P Disdierl, I Morange-Ramos*, PA Thomas”, JM Azorin4, P Jaquet2, PJ Weiller’, T Brue2* ‘Venice de m6drcine ‘service de chirurgie

internr. ‘service d’endocrinologie, CHU de Iu Timonr, 264. thoracique, ‘service de psychiatric. h6pital Suinte-Marguerite, 13274 Marseille cedex 09. France

(Recu le 18 juin 1996 ; accept6 le 8 novembre

rue Suit&Pierre, 1338.5 Marseille cedex 270, boulevard de Sainte-Marguerite,

05 ;

1996)

Resume - Un syndrome de Cushing, revele chez un homme de 44 ans par un &at maniaque assocte a une hypokaliemie. a CtC trait6 en urgence par surrenalectomie bilaterale. L’exploration endocrinienne basale (ACTH. hormone corticotrope a 2 I5 pg/mL, @-lipotropine a 2 329 pg/mL ; rapport molaire > 5) et pharmacodynamique (non-freinage par la dexamethasone, non-reponse a la corticoliberine) Ctait en faveur d’une sCcretion tumorale ectopique. L’exploration de la s&r&ion d’ ACTH tumorale sous freinage de la s&r&ion hypophysaire par dexamkthasone montrait une elevation paradoxale der raw de 384 a 7 17 pg/mL lots du test a I’octreotide (500 pg par voie sous-cutanee). La scintigraphie a l’octreotide marque montrait une fixation basithoracique droite. correspondant b une tumeur de 1.3 cm de diametre, rest&e occulte pendant 7 arts de suivi malgre des examens tomodensitometriques thoracoabdominaux annuels. I1 a CtC pratique une lobectomie pulmonaire inferieure droite. II s’agissait d’un carcinome neuroendocrine bronchique, avec immunomarquage positif pour 1’ACTH. saris envahissement ganglionnaire mediastinal. On observait en perioperatoire une diminution des concentrations plasmatiques d’ACTH de SO % de la valeur basale a la 15r minute. Ceci Ctait en faveur du caractere complet de I’exerese confirm4 par des concentrations plasmatiques indetectables d’ACTH 10 jours apres I’intervention et par la normalite de la scintigraphie a l’octreotide postoperatoire. L’Ctude de ce cas permet d’illustrer la valeur diagnostique et pronostique de la scintigraphie a l’octreotide. ainsi que la valeur pronostique du dosage petioperatoire d’ACTH dans les carcinomes neuroendocrines bronchiques secretant de I’ACTH. Cushing (syndrome somatostatine

de) / tumeur

carcinoi’de

/ tumeur

ectopique

secretant

de I’ACTH

/ octreotide

/ scintigraphie

avec analogue

de la

Summary - Gushing’s syndrome due to a bronchial neuroendocrine carcinoma: value of octreotide scintigraphy. A 44.year-old man presenring wYth qpiul mrrrtiac behavior and I?ypokaliemra wan diagnosed with Gushing’s syndrome and treated in emergency by bilateral adrenalectomy. Endocrine irwestigatioru were suggestive of an ectopic adrmocorticotropic (ACTH) secretion, both at baseline (mean ACTH levels = 215 pg/mL, /%lipotropic hormone = 2329 pg/mL; molar mtia > 5J and afterpharmacodyxmtic resting (lack of inhibirion of”ACTH by dexamethasone, blunted ACTH re ~porue to corticotropin releasing hormone). Gtopic ACTH .srcrrtion was investigated while pituitary ACTH secretion was suppressed by de.xamethasone. A paradoxical rue ofACTHfrom 384 to 7/7pg/mL wus observed ufter subcutuneous administration of500 j.tg octreoride. A right lung tumor that remained occult,for 7 Tears M’(IS on/y revealed by octreotide scintigraph;, despite annual chest tomodensitometric examinations. Right in$erior lung lobectom? allowed a//owed,fi)r removal oj’a 13 mm tumor corresponding to a bronchial neuroendocrine carcinoma with positi\te immunostaining for ACTH. Mediastinal lymph nodes were histologically normal. Perioperutive ACTH measurements, shon,ing a more than 50% decreasefrom baseline at 15 minutes after tumor resectiorl, were suggestive ofcomplete tumor removal. This M’US corzfirmed IO days pos1operatively by undetectuble ACTH levels and bx a negari\ae oc,treoride scintigraphy afier surgery, This case report of au occult ACTH secreting bronchial neuroendocritle carcinoma il1u.strare.s the diagnostic value of octreoride scintigraphy, and the progno.~tic wlue oj’perioperative ACTH measurements in sac h uses. Cushing’s

*Correspondence

syndrome

/ carcinoid

et ii&r

ir part

tumor

I ectopic

adrenocorticotropin

: T Brue. m&me adresse.

secreting

tumor

I octreotide

/ somatostatin

receptor

scintigraphy

Syndrome

de Cushing

et carcinome

La secretion ectopique d’ACTH represente, dans les series recentes, 9 a 18 YOdes syndromes de Cushing [ 11. Cette secretion provient de carcinomes neuroendocrines bronchiques dans 20 % des cas [I]. Ces tumeurs &ant souvent occultes, le diagnostic differentiel avec la maladie de Cushing n’est pas evident. En effet, le tableau clinique comporte les elements habituels des syndromes de Cushing : obCsitC faciotronculaire, myopathie proximale, atrophie cutanee, hyperandrogenie chez la femme. Mais les signes mineralocorticoides (hypertension art&ielle, cedemes des membres inferieurs et hypokali&nie) sont gCnCralement au premier plan et responsables de la gravid du tableau, de meme que les troubles psychiques presents dans 50 Yo des syndromes de Cushing paranCoplasiques [5, 141. La m&nodermie est plus marquee que dans la mafadie de Cushing, et cette pathologie conceme le plus souvent des sujets masculins, avec un pit de fr6quence autour de 40 ans [5, 141.Nous en rapportons un nouveau cas caracterise par un syndrome psycho-organique au premier plan revelateur d’une s&r& tion ectopique d’ ACTH parun carcinome neuroendocrine bronchique. Notre observation montre l’int&&, dans le diagnosticde tellespathologies,de la scintigraphiea l’octreotide recemmentrapport6dansla litterature [2-41. OBSERVATION Un homme age de 44 ans est hospitalise en psychiatric, en decembre 1988, pour un syndrome maniaque atypique avec Ctat confusionnel et d&e mystique. Devant ces troubles, une btiologie otganique est evoqute. L’examen somatique trouve une m&nodermie et un facies lunaire. La pression art&ielle est a la limite sup&ieure de la normale (150/90 mmHg). Le bilan biologique met en evidence une hypokaliemie (2,4 mmol/L) avec kaliurese conservee ( 19 mmol/L). Devant la presentation psychootganique du patient et I’hypokaGmie, un syndrome de Cushing est CvoquC et confirme par l’exploration endocrinienne (tableau I). Celle-ci montre un cortisol libte urinaire (CLU) moderement ClevC a 167 pg/24 h (N = 30-120), une disparition du rythme nycthemeral d’ACTH (corticotropine) et de cortisol et l’absence de freinage par les tests a la dexamethasone faible et fort, Cvoquant une etiologie paraneoplasique. Le scanner thotacoabdominal ne tevele pas de masse tumotale et montre des glandes surr&tales d’aspect normal. Aucun des marqueurs tumoraux (ACE, CA-125, CA- 15.3, alpha-fcetoptoteine, NSE [neuron specrj?c enolase], SCC, CA-19.9, P2microglobuline) n’est ClevC.Une recherche de tumeut carcindide est faite a titre systematique : les dosages tt$&es (n = 4) de 5-HIAA (acide 5hydroxyindole acetique) urinaires s’averent normaux. Les autres hormones mesun% (glucagon, gastrine, insuline, peptide C, parathormone, hormone de croissance, prolactine, gonadotrophines [LH, FSH], hormones thyrdidiennes, thyreostimuline, testosterone, thyrocalcitonine, catecholamines et derives methoxyles

139

neuroendocrine

Tableau I. Concentrations plasmatiques d’ ACTH toutes les 4 heures pendant 24 heures et dexamethasone (DXM) faible (quatre fois 05 mg pendant 2 jours) et fort (quatre fois 2 mg de DXM 2 jours).

et cortisol en base apres tests a la de DXM par jour par jour pendant

Heures

DXM

DXM

8

12

16

20

24

4

f&de

,$Jrr

ACTH (pg/mL)

50

60

67

71

70

51

40

55

Cortisol (nmol/L)

157

165

216

238

308

154

140

476

Les valeurs normales sont, respectivement pour I’ACTH et pour le cortisol, de 10 a 55 pg/mL et de 200 a 700 nmoVL a 8 heures, de 5 a 20 pg/mL et de 50 a 250 nmol/L 21 20 heures. Les concentrations plasmatiques d’ ACTH sont moderement Clevees avec disparition du rythme nycthemeral, en regard de concentrations plasmatiques de cortisol dans les limites normales mais saris rythme nycthtmeral. On note une absence de freinage par la dexamethasone a doses faible et forte. Cette exploration Cvoque un syndrome de Cushing paraneopla-

urinaites,

aldostktone,

tenine

et sulfate

de dt?hydt&piandro-

St&one) sont normales. L’evolution est marquee par la regtession spontanee des troubles psychiatriques. Une simple sutveillance est d&id&e initialement. En novembte 1989, l’hypokaliemie temporaitement corrigte par supplementation potassique s’aggtave btutalement (2,3 mmol/L) et un coma diabetique acidocetosique apparait, ne!cessitant une teanimation. Les taux moyens d’ACTH et de cortisol sur 24 heutes sont alots respectivement de 270 + 30 pg/mL et 2 400 + 600 nmol& le CLU est de 5 475 kg/24 h. Une surrenalectomie

bilatitale

est r&alike

en utgence.

En postopktatoire,

sous ttaitement substitutif par hydtocortisone (40 mg/j), on constate l’augmentation des taux d’ ACTH et la petsistance de la mClanodermie. En janviet 199 1, la discordance des tesultats de dosage d’ACTH par methode immunotadiomt%ique (Irma) a 250 + 30 pg/mL et par m&ode radio-immunologique (Ria) a 1 800 k I 000 pg/mL sur six ptelevements co&me la suspicion de syndrome de Cushing para&oplasique. De meme, les dosages de CLIP et de P-LPH (betalipottopine) sont tleves (pLPH = 2 329 pg/mL) avec un rapport molaite PLPWACTH Cgal a 6 en faveur de la secretion ectopique d’ ACTH. De 199 1 a 1994, des explorations annuelles, comportant notamment un scanner thotacoabdominal. sont r&lides. Ces examens sont tous consider& comme normaux et les dosages immunoradiometriques d’ ACTH sont alors compris entre 123 et 356 pg/mL. Le test a l’octreotide (100 ug) ne met en evidence aucun freinage de la s&&ion d’ ACTH, dont la concentration plasmatique passe de 353 a 245 pg/mL. En mars 1995, la melanodermie est inchangee mais le malade signale des bouffees vasomotrices faciales depuis I an. Apres freinage de la secretion hypophysaire d’ ACTH pat dexamethasone afin d’explotet specifiquement la secretion ectopique, les concentrations plasmatiques d’ACTH sont e-

140

S

Vallette et al

levees (275 f 75 pg/mL), non stirnukes par la corticolibtrine, 1’ACTH passant de 359 B 409 pg/mL, mais paradoxalement stimulkes par l’octrbotide (fig 1). Les rksultats des dosages de skrotonine plasmatique, de 5-HIAA urinaires, vaso-intestinal peptide, glucagon, somatostatine, polypeptide pancrkatique et gastrine sont normaux. Laradiographie thoracique, le scanner abdominal et L’IRM hypophysaire ne montrent pas d’anomalie. En revanche, la scintigraphie & l’octrt?otide marquC B l’indium 111 (OctrCoscan @) met en Cvidence une hyperfixation de la base pulmonaire droite (fig 2). Le scanner thoracique confirme la l&ion sous forme d’une opacitk de la pyramide basale droite (plus grand diamktre : 13 mm) au contact de la veine pulmonaire infkieure droite et met en Cvidence une seconde l&ion (fig 3b). A la relecture du scanner thoracique de 1992 (fig 3a), la premikre lesion Ctait dtSjh visible mais n’avait pas Cti retenue comme pathologique. Elle avait grossi sur le scanner de 1993. En revanche, en 1990, le scanner thoracique 6tait normal.

Notre patient a done bCn&iC en avril 1995 d’une lobectomie inf&ieure droite avec curageganglionnaire de principe. L’examen anatomopathologique de la pike opkratoire confirme le diagnostic de carcinome neuroendocrinebronchique dCveloppCsousla pkvre, avec prksencede deux foyers tumoraux et atteinte de plusieursganglionsscissuraux.Les ganglionsmkdiastinaux ne sont pas envahis. L’Ctude immunohistochimique met en evidence une immunort5activitC antiACTH et dktecte une positivitk des marqueurs classiquesdestumeursneuroendocrines(NSE et chromogranineA). En pkiopbatoire, on peut observerune dkcroissancedesconcentrationsplasmatiquesd’ ACTH d6s la ?Yminute suivant la rksection (fig 4). Dix jours aprks l’intervention, la mklanodermiea partiellement rkgressket les concentrations plasmatiquesd’ACTH, aprks freinage de la stcr&ion hypophysaire par dexamkthasone,sont indosablessur tout le nycthkmkre. En l’absenced’ACTH tumoral dktectable et compte tenu de l’edrt?sechirurgicalemacroscopiquement complkte,il estd&id6 denepasproposerdechimioth&apieadjuvante. Les suitesopkratoiressont marqu6espar un syndrome maniaquerapidementrksolutif sousneuroleptiques.Deux moisaprt?sl’opkration, la m&nodermie a complbtement r&ressC,les concentrationsplasmatiquesd’ACTH sont normales(entre5 et 27pg/mL durantle nyctht5mkre)sous traitementsubstitutif, et la scintigraphie2 l’octkotide ne montreaucunefixation pathologique.

V’

0

6b

ll0 TEMPS

180

240

300

360

(MINUTE)

Fig 1. Variations des concentrations plasmatiques d’ACTH au cows du test k l’octr&otide (Sandostatine@) &la dose de 100 pg @MS 0,l) ou 500 pg (SMS OS) injectbe par voie sous-cutanke au temps 0. Ces tests ont Ctk effectuts sous dexamkthasone atin de freiner la s&r&ion hypophysaire d’ACTH chez ce patient surr&nalectomisC. II n’existe aucun freinage significatif de 1’ACTH avec 100 pg de SMS, ni avec 500 pg. En revanche. on note une stimulation paradoxale de 1’ACTH qui passe de 201 & 429 pg/mL sous 100 pg de SMS et de 384 ?I 7 17 pg/mL sous 500 pg de SMS.

DISCUSSION Le diagnostic de syndrome de Cushing parankoplasique est difficile car la distinction avec la maladie de Cushing n’est pas toujours kvidente, les tumeurs responsablesde la ,&r&ion ectopique &ant souvent oc-

Fig 2. Scintigraphie h l’octrkotide marquC & l’indium 111 en vue anttkieure centree sur les coupoles diaphragmatiques : hyperfixation pathologique de la base pulmonaire droite (flkche). On note la fixation physiologique du foie, de la rate et des reins.

Syndrome

de Cushing

et carcinome

net

141

rendocrine

Rl!SECTION TUMORALE

300 3 z a Iy 6 200

a

100

0

0

5

10 TEMPS

Fig 3. A : scanner thoracique de 1992 consider6 comme normal. En fait, il existe dejk une hypodensite tumorale au contact de la veine pulmonaire inferieure drone (fleche). Ce nodule mesure 8 mm dans son plus grand diamttre. II est situ6 au niveau du segment VII paracardiaque droit. B : scanner thoracique de 1995 : la premiere lesion tumorale au contact de la veine pulmonaire inferieure droite dans le segment VII a augment6 de volume (le plus grand diametre passe de 8 a 13 mm) (f&he). Ce nodule est d’allure homogene et de densite tissulairell existe une seconde lesion plus petite (1,5 mm), en peripherie sur la marge anterieure du lobe inferieur droit.

cultes et d’evolution lente. Habituellement, dans le syndrome de Cushing paraneoplasique, le bilan endocrinien trouve des concentrations plasmatiques d’ACTH tres ClevCes avec perte du rythme nycthemtral. Contrairement a la maladie de Cushing, 1’ACTH n’est pas freinable par le test a la dexamethasone fort et n’est pas stimulable par le test &la corticoliberine (associe ou non a la lysine vasopressine) car la secretion ectopique est autonome. La valeur diagnostique de ces tests est cependant relative. En effet, dans plusieurs etudes recentes, 30 a 40 % des carcinomes neuroendocrines bronchiques ont une secretion d’ ACTH freinable par le test a la dexamethasone fort. Ceci est exceptionnel dans les autres sources ectopiques d’ACTH. Cette rtponse peut &tre due a l’expression de recepteurs des glucocor-

20

25

30

35

40

(MINUTES)

Fig 4. Decroissance des taux d’ ACTH en periopkratoire d&s la F minute apms resection pour atteindre moins de 50 8 de la valeur basale g la 15e minute (1’ACTH passe de 3 10 h 140 pg/mL a 5 minutes et a 120 pg/mL a 15 minutes). Du fait de la surrenalectomie bilaterale, le patient recevait une dose substitutive d’hemisuccinate d’hydrocortisone de 200 mg le jour de I’intervention. Cette dose est suffisante pour bloquer la secretion hypophysaire d’ ACTH.

ticdidespar cestumeursou a la variabilite spontaneede la secretionectopique d’ACTH dans le temps [5, 61. Beaucoup plus rares sont les reponsespositives a la corticoliberine dans les syndromes de Cushing paraneoplasiques.Ainsi, une reponsefranche a la corticoliberine permet d’exclure le diagnostic de syndrome de Cushingparaneoplasiqueavecuneforte probabilite [6]. Dans notre cas, le diagnostic de syndromede Cushing paraneoplasiquea pu 6tre posedevant lesresultatsclassiquesde l’exploration dynamique. Certains dosages sont plus specifiques de la secretion ectopique d’ ACTH, sanspour autantpermettre l’identification de la tumeur responsable.Ainsi la P-LPH, les P-endorphines,le CLIP et le peptidedejonction sont lib&es en exces dansle sang par anomaliesde maturation de la pro-opiomelanocortine (POMC), precurseur de I’ACTH [5]. Dansnotre cas.la P-LPH Ctait ClevCe,apportant un element diagnostique supplementaire.On peut egalementdoser1’ACTH par la m&ode Irma, qui utilise des anticorps monoclonaux diriges contre

142

S Vallette

I’ACTH mature hypophysaire, et en comparer les resultats & celui de I’ACTH dosee par la methode Ria, qui utilise des anticorps polyclonaux diriges contre 1’ACTH mature et ses precurseurs. Le rapport de ces concentrations plasmatiques respectives est classiquement inferieur a 1 dans les secretions ectopiques d’ACTH, comme le montre notre observation. Une fois Ctabli le diagnostic de syndrome de Cushing paraneoplasique, la recherche de la tumeur responsable de la secretion ectopique reste une Ctape difficile. Ainsi, le temps de latence entre le diagnostic positif de secretion ectopique d’ACTH et la localisation de la tumeur responsable varie de 1 mois a 20 ans selon les cas (3 ans en moyenne) [14] : il est de 7 ans pour notre patient malgre une surveillance reguliere. Le carcinome pulmonaire anaplasique a petites cellules, qui representait 50 % des etiologies de syndrome de Cushing parantoplasique en 1969, ne constitue plus que 10 % des publications recentes [ 11. Ceci est probablement lie au fait que ces cas ne sont plus publies en raison de leur frequence. Dans les series recentes, les carcinomes neuroendocrines de localisation bronchique, thymique ou pancreatique sont responsables de la secretion ectopique d’ ACTH dans 60 % des cas [ 11. Cliniquement, le syndrome carcino’ide est rarement present car la serotonine est inactivee dans le foie oti elle est transform&e en 5-HIAA, sauf dans le cas de metastases hepatiques qui diminuent cette inactivation. Par ailleurs, les poumons contiennent des concentrations plasmatiques Clev&es de monoamine oxydase qui detruit la serotonine et empeche sa transformation en 5-HIAA [7]. Le dosage de la serotonine doit Ctre plasmatique et serique car 97 % de la serotonine est contenue dans les plaquettes, dont le taux peut 6tre soumis a certaines variations. Dans 80 % des carcinomes neuroendocrines, on trouve la presence de serotonine en immunohistochimie, alors que les taux sanguins sont souvent normaux [5,7]. Le dosage du 5-HIAA urinaire est plus representatif car il est effect& sur les urines de 24 heures [ 1,7]. Ces dosages Ctaient normaux chez notre patient. Le diagnostic de localisation par imagerie des carcinomes neuroendocrines bronchiques par la radiographie et le scanner thoraciques reste peu performant. Dans notre cas, la tumeur Ctait tres petite et accolee a un vaisseau, ce qui explique le resultat faussement n&gatif a l’examen tomodensitometrique. La fibroscopie bronchique est souvent normale du fait de la localisation sous-muqueuse de ces tumeurs. Disponible depuis janvier 1995, la scintigraphie a l’octreotide (analogue de la somatostatine) marque a l’indium 111 pet-met un diagnostic topographique plus rapide et a une valeur pronostique. Selon les etudes, sa sensibilite est de 80 a 100 % pour le diagnostic des

et al

tumeurs carcinoi’des primitives et de 60 a 100 % pour leurs metastases [2]. Certaines tumeurs peuvent &tre meconnues pour trois sortes de raisons : soit elles sont masquees par un organe fixant physiologiquement (foie, rate, reins ou tube digestif ma1 prepare), soit elles n’expriment pas de recepteurs de la somatostatine, soit leur densite est trop faible, comme dans les carcinomes neuroendocrines indifferencies. La specificite est moindre car l’octreotide peut se fixer a certaines lesions inflammatoires ou granulomateuses. Par ailleurs, lorsque la tumeur est inextirpable, on peut utiliser l’octreotide comme traitement symptomatique. La scintigraphie a l’octreotide marque aurait dans ce cas une valeur pronostique. Dans la litterature [X-12], on trouve trois types de situations. Le plus souvent, il existe une fixation scintigraphique ainsi qu’un freinage de la secretion d’ACTH par l’octreotide. Dans ce cas, ce demier peut &re utilise comme traitement freinateur. Aucun cas de reduction tumorale n’a Cte d&it, mCme si parfois on observe une stabilite du volume tumoral. Lorsqu’il n’y a pas de fixation scintigraphique, on ne retrouve pas de reponse de 1’ACTH B l’octreotide du fait de l’absence de recepteur. Le pronostic est alors considtre comme plus pejoratif et la chimiotherapie constitue le seul traitement de ces tumeurs indifferencites. Plus rarement, et comme l’illustre notre observation, il n’y a pas de reponse a l’octreotide malgre une fixation scintigraphique. Ceci peut Ctre dQ a une anomalie de couplage des recepteurs somatostatinergiques. Comme dans la s&e de Raff et al [ 131, les concentrations plasmatiques d’ ACTH periopkratoires de notre patient diminuent de 50 % de la valeur basale a la 15e minute apres resection. Ceci est en faveur d’une exerese curative, d’autant que ces concentrations plasmatiques ont continue a diminuer pour &tre indosables 10 jours apres l’intervention, sous traitement freinateur de la SCc&ion eutopique d’ ACTH. Compte tenu de la duke de demi-vie de I’ACTH, de l’ordre de 15 minutes, la mesure rapide de sa concentration plasmatique pendant l’intervention peut theoriquement permettre de savoir si le geste est curatif. Ce dosage rapide d’ACTH peut &tre r&lid par immunochCmiluminescence, mais cette technique n’est pas encore couramment utilisee en routine. Dans notre cas, comme l’exbrese chirurgicale a ttC curative, nous avons decide une simple surveillance annuelle par dosage d’ACTH et scintigraphie a l’octreotide, en accord avec les donnees de la litterature [ 141. Le diagnostic positif puis topographique de syndrome de Cushing ectopique est done particulibrement difficile et il ne faut pas hesiter a repeter les explorations en cas de ntgativite des premiers resultats. D’une grande sensibilitk et d’une bonne tokance, la scintigraphie a l’octreotide represente l’examen-clC dans des

Syndrome

de Cushing

indications approprikes. De plus, on peut, dans certains cas, utiliser l’octreotide comme traitement symptomatique freinateur de la s&x&ion ectopique d’ ACTH sans en attendre un effet de rkduction tumorale. Enfin, le dosage pkiopkatoire de 1’ACTH permet actuellement de guider la conduite 2 tenir en phase postopbratoire. Sa mesure rapide permettra peut-Ctre demain au chirurgien de modifier son geste pour qu’il soit curatif.

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et carcinome

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neuroendocrine

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