Travail d’articulation et organisation de travail : Etude dans un collectif de l’enseignement public

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Travail d’articulation et organisation de travail : Etude dans un collectif de l’enseignement public Articulation work and work organization : A study...

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Travail d’articulation et organisation de travail : Etude dans un collectif de l’enseignement public Articulation work and work organization : A study in a public education collective Mathilde Dehame - Leleyter, Alain Lancry, Gérard Vallery Mathilde Dehame-Leleyter, Master de Psychologie du Travail, Université de Picardie Jules Verne. [email protected] Alain Lancry, Professeur des Universités, et Gérard Vallery, Professeur des Universités; Université de Picardie, Faculté de Philosophie SHS, Chemin du Thil, 80025 Amiens Cedex 1; Laboratoire ECCHAT. Résumé Le travail d’articulation est une activité permettant de faciliter le travail d’autres personnes ou d’atteindre les objectifs d’un collectif de travail dans son ensemble. Il est nécessaire au fonctionnement coordonné d’une organisation, mais souvent méconnu et rarement considéré comme une activité à part entière. Nous avons cherché à savoir si l’organisation du travail pouvait influencer l’existence du travail d’articulation. Nous avons donc analysé le travail d’articulation réalisé entre 2 individus en lien avec la proximité des espaces de travail, le temps de présence commun, la proximité des fonctions, et le degré d’interdépendance dans le travail. Parmi ces facteurs, seul le degré d’interdépendance explique de façon significative les variations de travail d’articulation selon les individus. Abstract Articulation work is an activity that makes other’s work easier or allows a whole work collective to reach its objectives. It is necessary for a coordinated functioning in organizations, but is often unrecognized and seldom considered as a full activity. In this study, we tried to find if work organization could affect the occurrence of articulation work. We analyzed articulation work made between pairs of persons and its relations with the proximity of their offices, the amount of working time in common, the proximity of their posts, the degree of interdependance linked to their duties. Among these organizational factors, we noticed that only the interdependance level could explain the differences in articulation work depending on the pairs of individuals considered. Mots-clés : articulation, organisation, interdépendance, collectif de travail. Keywords: articulation work, organization, interdependance, work collective.

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1. Introduction Les études réalisées sur le travail d’articulation sont très peu nombreuses; pourtant, cette notion est intimement liée à la dimension collective du travail. L’évolution marquée par les nouvelles formes d’organisation du travail s’accompagne d’activités de plus en plus fréquemment accomplies au sein de collectifs : « l’expertise du domaine n’est plus détenue par un seul individu, mais […] résulte d’un travail de groupe » (Erceau & al., 1994, p. 119). L’activité collective devient donc primordiale pour les organisations, leurs développements et adaptations aux évolutions socio-économiques (Trognon, Dessagne, Hoch, Dammerey, & Meyer, 2004). De ce fait, “une compétence nouvelle est demandée aux employés […] : celle de travailler productivement et « coopérativement » dans des équipes” (Glaser, 1994, p 282). Le travail collectif et d’articulation devient donc un enjeu primordial pour la psychologie du travail et l’ergonomie. Le travail d’articulation montre effectivement son importance dès qu’il est absent, tant en termes d’efficacité du travail collectif, qu’en termes de charge de travail pour ceux qui l’assument. En outre, le manque d’organisation du travail d’articulation, et donc, de coordination, participe potentiellement au stress : si la répartition du travail d’articulation est floue, il peut n’être réalisé qu’en dernière minute ; l’efficacité collective repose alors sur une grande flexibilité des opérateurs, qui perturbe leurs possiblités d’anticipation dans le travail. D’autre part, cette charge de travail supplémentaire peut être assumée de façon non équitable ; elle correspond parfois à des activités non valorisantes, et passant inaperçues, ce qui rend la dynamique des collectifs d’autant plus complexe. Il est tentant de concevoir le travail d’articulation comme étant le résultat d’une volonté de coopération, liée aux individus. Mais le facteur individuel ne semble pas le seul en cause : les personnes ne sont parfois simplement pas en mesure de fournir ce travail d’articulation. Entre autres, comme toute activité, il représente une certaine charge de travail, qui doit donc s’intercaler parmi les autres activités de travail des individus. Nous nous sommes donc intéressés ici aux déterminants organisationnels du travail d’articulation pour essayer de saisir et de comprendre quels sont les facteurs sur lesquels l’organisation peut influer, qui peuvent être facilitateurs ou non du travail d’articulation.

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2. L’environnement de travail peut-il être un déterminant du travail d’articulation ? Le travail d’articulation : une activité quotidienne mais invisible Née des travaux d’Anselm Strauss (1992, p 192) sur l’organisation sociale du travail à l’hôpital, cette notion de travail d’articulation avait jusque ici été reprise dans le domaine de l’ergonomie essentiellement par Lacoste (1991, 1993, 1997, 2000) et Grosjean & Lacoste (1999), dans des études sur les communications de travail au sein d’activités de service. Son importance est fondamentale dans tout travail collectif, voire dans le travail en général - le travail peut-il exister hors de toute dimension collective4 ? - puisque pour Lacoste (2000, p 56), il est « l’ajustement de l’action de chacun avec celle des autres et avec l’environnement ». Tout travail nécessite en effet d’être coordonné avec celui des autres, à partir du moment où l’activité des uns interfère avec celle des autres. Pour Strauss, le travail d’articulation représente un « travail supplémentaire nécessaire pour que les efforts de l’équipe soient plus que l’assemblage chaotique de fragments épars de travail” (Strauss, 1992, p 191). Chacun, au cours de son travail, doit effectivement veiller à ce que les résultats de son activité soient compatibles avec ceux des autres (Lacoste, 1991, p 208); le travail d’articulation est donc inhérent à l’activité de chacun, aux frontières de son travail et de celui des autres. Sans le nommer, Guérin, Laville, Daniellou, Duraffourg & Kerguelen (2001, p 93) évoquent également le fait que “la gestion des interférences avec les autres représente une nouvelle tâche”. Le travail d’articulation est donc une activité à part entière et primordiale pour l’efficacité du travail collectif. Paradoxalement, il se remarque pourtant plus par son absence que par sa présence. Il peut correspondre par exemple dans le travail infirmier à préparer, rendre possibles des actes médicaux (Grosjean & Lacoste, 1999, p 171), ou dans tout autre secteur d’activité à ne pas entraver le travail de l’autre, au besoin en reportant ses propres tâches (et donc à devoir s’organiser pour les faire plus tard ou ailleurs), à fournir à l’autre une information, un outil de travail dont il a besoin au bon moment, à faire en sorte que les résultats de sa propre activité soient disponibles quand il le faut pour ceux qui en ont besoin, etc. C’est lorsque ces “petits riens” qui facilitent le travail sont absents, et que notre activité en est perturbée, que nous remarquons l’absence de travail d’articulation. Il est effectivement habituel de le considérer comme allant de soi, ce qui fait d’ailleurs qu’il est régulièrement ignoré par l’organisation du travail, qui ne le prescrit pas et ne l’attribue à personne assez souvent.

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Comme le dit Leplat (1993), “tout travail comporte une dimension collective”.

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Le travail d’articulation, si peu formalisé, sera alors réalisé par qui le veut bien; il se trouve de ce fait parfois considéré comme une activité subalterne, un “parasite du vrai travail” qui prend du temps sur les activités liées à sa propre fonction (Grosjean & Lacoste, 1999, p 172). Cette activité destinée à faciliter la mise en œuvre de tâches considérées comme plus importantes occasionne une charge de travail supplémentaire, mais n’est pas reconnue comme une activité en soi, et n’est donc pas valorisante pour celui qui la réalise. Le travail d’articulation représente donc une tâche peu motivante dans ces conditions, et peut se trouver délégué autant que possible à toute personne à qui l’on parvient à le confier ! Ce travail d’articulation, qui semblait être une simple question de bon sens, n’est donc pas si facile à mettre en œuvre, ni même à repérer et analyser. 2.1 La structuration du travail d’articulation est un facteur d’efficacité collective Parmi les différents niveaux de travail d’articulation identifiés par Grosjean et Lacoste (1999, p 167 & 168), le travail d’articulation opérationnel en est le degré le plus élémentaire : c’est une activité constante de coordination entre acteurs pour réaliser leurs tâches. Il est donc fondamental, c’est le travail d’articulation de tous les instants, qui permet d’ajuster les rouages du travail collectif, de « réorganiser l’activité en fonction des aléas constants dans le travail ». Il semble tout à fait correspondre à l’auto-coordination ou coordination contextuelle de Maggi (1996, p 17), c’est-à-dire le fait de se coordonner spontanément au cours de l’action réalisée, par exemple au moyen de l’observation directe. Son action est donc plutôt dirigée vers le court terme. Le travail d’articulation structurant, lui, “structure et gère une partie importante de l’articulation prévisible” (Grosjean & Lacoste, 1999, p 167). Il représente un niveau plus élaboré d’organisation, et peut prendre la forme de règles ou d’habitudes de coordination. De même, pour Maggi (1990, in Maggi, 1996), l’action organisationnelle ou coordination décidée d’avance est “l’action qui préordonne les actions coopératives”, nécessaire lorsque la coordination spontanée est impossible. Le travail d’articulation structurant relève donc de la planification de l’action. Travail d’articulation opérationnel et structurant correspondent donc à 2 niveaux du processus de coordination, le travail d’articulation opérationnel étant le plus simple et le plus spontané, alors que le travail d’articulation structurant implique un certain recul par rapport aux activités effectuées : c’est l’organisation du travail d’articulation. 348

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Dans leur étude sur les communications dans le travail hospitalier, Grosjean et Lacoste (1999) ont mis en évidence la différence d’efficacité entre certains services, selon leur degré de structuration du travail d’articulation. Dans un service fonctionnant selon un modèle “réactif”, la logique était de se coordonner au coup par coup, ce qui ne permettait pas d’améliorer les difficultés rencontrées, et faisait reposer le travail usuel sur un gros effort de travail d’articulation opérationnel. A l’inverse, dans un service basé plutôt sur un modèle “anticipateur”, l’équipe cherchait à rendre le travail le plus prévisible possible pour gérer les aléas. La coordination était donc bien structurée, voire formalisée, ce qui avait plusieurs effets bénéfiques : on y constatait le moins d’incertitudes concernant les conduites à tenir, le moins de dysfonctionnements avec les autres services; le personnel pouvait mieux anticiper et organiser son travail et donc être plus autonome; on notait également une plus grande satisfaction au travail. L’articulation structurante semble donc permettre de mieux gérer les aléas en instaurant une certaine prévisibilité dans l’activité. Le temps passé au travail d’articulation opérationnel diminue ; parallèlement, l’efficacité du collectif et la satisfaction au travail sont améliorées. Le travail d’articulation de trajectoire, enfin, correspond à visualiser un “arc de travail”, c’est-à-dire l’ensemble des actions à mener pour atteindre le résultat voulu, puis à les organiser, sans que cela corresponde forcément à la prescription d’une autre personne (Grosjean & Lacoste, 1999, p 168). Pour une infirmière, par exemple, cela peut correspondre à organiser au mieux l’ordre des examens d’un patient dans un but de cohérence finale des soins pour le malade (Grosjean & Lacoste, 199, p 169). Le but de cette activité est donc que le travail de tout le collectif aboutisse au meilleur résultat possible, au-delà de la fonction ou du poste occupés, en cherchant à améliorer le fonctionnement et l’efficacité collectifs. Cela nécessite une vision globale du processus de travail, de son propre rôle dans ce processus, et non à une conception du travail comme un ensemble de tâches sans lien particulier entre elles. Nous définirons donc finalement le travail d’articulation comme étant toute activité réalisée par une personne, destinée à faciliter le travail d’autres personnes, ou à atteindre des objectifs concernant un collectif de travail dans son ensemble. C’est une activité par laquelle la coordination se concrétise, dont chaque niveau peut coexister au sein d’un collectif, sans lien particulier avec la structure organisationnelle, à la différence des procédés de coordination identifiés par Mintzberg (1982). La Figure 1 propose un modèle permettant de situer ces différents niveaux de travail d’articulation dans les activités de chacun (la situation de travail collectif se résumant ici à 2 personnes pour simplifier le schéma). 349

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Figure 1 : Structure des activités dans une situation de travail collectif

Structuration du travail d’articulation

activité

Objectifs collectifs Organisation du processus de travail

TA = Travail d’articulation

Action organisationnelle

TA Individu opérationnel Activité propre

Coordination contextuelle

Objectifs individuels

Individu Activité propre Objectifs individuels

L’activité de chacun se répartit ainsi entre son activité propre, liée à ses propres objectifs, et les différents niveaux de travail d’articulation, du plus simple à la base du triangle au plus structuré au sommet. Les objectifs individuels sont distingués des objectifs collectifs : sans y être opposés, ils sont liés par exemple au métier exercé et peuvent donc différer de l’objectif global du collectif (qui peut réunir plusieurs fonctions). Cette activité dirigée vers le collectif peut être considérée comme le support de la coordination, à des niveaux plus ou moins élaborés en fonction de la structuration du travail d’articulation. 2.2 Les collectifs établis sont propices au travail d’articulation Un collectif établi émerge avec le temps entre des individus “habitués à travailler ensemble” (Bourdon & Weill-Fassina, 1994, in Trognon, Dessagne, Hoch, Dammerey, & Meyer, 2004). Il se construit dans l’action, à mesure que des liens de confiance et de coopération se tissent” (Leclerc, 1999, Dejours, 1999, in Trognon, Dessagne, Hoch, Dammerey, & Meyer, 2004, p 418). Ses 350

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membres ont un objectif commun et des “règles de métier” proches (Cru, 1988, in Trognon, Dessagne, Hoch, Dammerey, & Meyer, 2004, p 418). Les collectifs établis disposent ainsi des ressources sur lesquelles peut s’appuyer le travail d’articulation : ƒ des savoirs partagés (Lacoste, 2000): en travaillant ensemble régulièrement, il est possible de connaître le travail des autres, ce qui permet d’anticiper et donc de prévoir ce qui pourra leur être utile; Brunet et Savoie (2004) considèrent d’ailleurs qu’un petit groupe de salariés qui travaillent ensemble pendant un certain temps, et sont préoccupés par la même tâche, forment une “communauté de savoirs”; pour Steiner également, la familiarité “favoriserait la construction de connaissances partagées et permettrait de réduire le déficit collectif souvent observé dans les groupes composés de personnes qui ne se connaissent pas” (1972, in Michinov, 2004); ƒ les réseaux informels d’échange (Scott, 1981, in Brunet & Savoie, 2004) qui se forment au sein de groupes restreints permettent des relations de confiance, d’aide dans les situations de travail difficiles, et sans doute la mise en commun des informations et des moyens d’action que Lacoste (2000) considère comme essentiels au travail d’articulation ; des “fonctionnements tacites”, qui sont les habitudes de fonctionnement ƒ des collectifs de travail, et sont formés de règles, de routines, d’habitudes (Lacoste, 2000) qui structurent une part de la coordination de ces collectifs. 2.3 La situation de travail structure les communications et les interactions entre les individus au travail Certaines caractéristiques des situations de travail ont une forte influence sur les relations interpersonnelles au travail. Les relations informelles peuvent naître d’affinités, elles-mêmes conditionnées par des données de l’organisation formelle, comme la nature des tâches à accomplir, la distance entre les postes de travail, l’existence d’une salle de détente (Petit et Dubois, 1998). La répartition des espaces de travail a ainsi été largement utilisée dans les entreprises pour réguler les communications de leurs employés; l’organisation spatiale des communications “définit le système social de l’entreprise comme un système fortement programmé” (Fischer, 1989). Les espaces de travail peuvent être répartis en fonction de la nature du travail (séparation classique des espaces de bureaux et des espaces de production par exemple). Nous communiquons au travail également selon notre fonction ou notre position dans l’organisation ; les communications ont préférentiellement lieu à 351

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l’intérieur des catégories auxquelles nous appartenons, au point qu’il soit possible d’évaluer la probabilité d’interactions entre deux individus selon leurs fonctions ou positions relatives (Fischer, 1989). Enfin, l’organisation formelle, en regroupant les individus selon des équipes de travail, les place en situation d’interdépendance et fait qu’ils apprennent à se connaître au fil du temps (Petit & Dubois, 1998). L’organisation formelle du travail a donc probablement un rôle non négligeable sur la structuration des collectifs établis. 2.4 Quelle est l’influence de l’organisation du travail sur le travail d’articulation ? Si l’organisation du travail peut influencer les relations au sein des collectifs de travail, il est alors intéressant de se demander en quoi elle peut influencer le travail d'articulation. Comme le dit Benchekroun (2000), le savoirinteragir se développe dans et par l’interaction; le travail d’articulation ne serait donc pas fondé uniquement sur des compétences ou une volonté individuelles, comme on pourrait le penser a priori. Nous proposons donc un modèle pouvant expliquer les liens entre différents facteurs liés à l’organisation formelle du travail et le travail d’articulation. Figure 2 : Schématisation des relations entre l’organisation du travail et le travail d’articulation Organisationformelle

Proximitéfonctionnelle

Proximitéspatiale ettemporelle

Interdépendance

Collectifétabli: Organisationinformelle Contactsfortuis

Contactsritualisés

Travaild'articulation opérationnel

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Selon ce modèle, l’organisation du travail pourrait influencer le travail d’articulation à plusieurs niveaux : ƒ Le premier niveau concernerait ainsi les caractéristiques directement liées à la nature du travail des personnes : les personnes pourraient être amenées à se rencontrer plus souvent dans le cadre de leur travail, à cause de leur interdépendance réciproque (par exemple, avoir régulièrement recours à une personne dont le travail a une incidence sur le vôtre); d’autre part, la proximité de fonctions (avoir des buts ou un contenu de travail relativement semblables) permet probablement de mieux appréhender l’activité de l’autre, et ainsi de se coordonner plus facilement. Des personnes à la fois interdépendantes et de fonctions proches pourraient ainsi chercher à travailler plus ensemble et former un collectif établi au sein duquel les contacts deviennent organisés afin de mieux pouvoir collaborer. ƒ D’autre part, la proximité spatiale et temporelle serait un facteur facilitateur des interactions entre les personnes, en créant simplement des occasions de se rencontrer. Ainsi, on peut supposer que le fait d’avoir des lieux de travail proches peut susciter plus fréquemment des contacts fortuits entre les personnes (par exemple, se croiser en sortant de son bureau). De même, un contact n’est possible que si les personnes travaillent au même moment au sein de leur lieu de travail (à moins qu’elles ne se joignent pour parler de travail en dehors des heures prévues pour cela, mais en ce cas le contact n’est plus “fortuit”). A l’occasion de ces interactions pourrait survenir le travail d’articulation, et d’autre part elles peuvent aussi favoriser la familiarité des personnes, et donc, leur coordination interpersonnelle future. Ces deux niveaux liés à l’organisation du travail formelle et informelle pourraient ainsi influencer la “quantité” de travail d’articulation entre les personnes en favorisant leurs interactions, par des moyens différents: d’une part, par les contacts fortuits et répétés liés à la proximité spatiale et temporelle, et de l’autre, par les contacts éventuellement ritualisés liés à l’interdépendance dans le travail et à la nature des fonctions. Le but de cette recherche était donc de mettre en évidence que : ƒ d’une part, les caractéristiques liées aux postes qu’occupent les personnes (proximité de fonction, proximité du lieu de travail, pourcentage de temps de travail commun, interdépendance) ont un effet sur le taux de travail d’articulation entre ces personnes; ƒ d’autre part, que ces différentes caractéristiques n’ont pas toutes le même poids dans leur influence sur le travail d’articulation.

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3. Contexte de l’étude Notre recherche s’est déroulée au sein d’un établissement d’enseignement public : un lycée d’enseignement professionnel délivrant des diplômes allant du BEP au Bac Professionnel dans le domaine du tertiaire. Nous nous y sommes centrés sur l’activité du Groupe d’Aide à l’Insertion (GAIN), une équipe de travail comprenant des personnes du lycée, chargées, en plus de l’activité propre à leur fonction, d’améliorer l’insertion professionnelle des élèves. Il s’agit pour cette équipe de limiter les sorties prématurées du système éducatif, de préparer l’insertion professionnelle des jeunes sortant du lycée (avec ou sans diplôme), et d’identifier les jeunes à risque de décrochage scolaire. Son travail consiste donc à se réunir régulièrement pour discuter des cas des élèves et décider de ce qu’il faut faire, puis à rencontrer individuellement les élèves en fonction de leur spécialité. Ce groupe est composé de personnes internes ou externes à l’établissement dont la fonction peut être utile à l’objectif du GAIN. La charge de travail de l’équipe est conséquente, étant donné le contexte (région comprenant de nombreuses sorties du système éducatif sans qualification, insertion professionnelle difficile dans la région et en particulier dans le secteur d’activité et les niveaux de qualification concernés). L’activité du groupe est peu formalisée; chacun a sa propre mission, et gère son travail de façon autonome. L’équipe du GAIN comporte également la particularité d’être un collectif pluri-professionnel, c’est-à-dire un groupe d’opérateurs de spécialités variées collaborant ensemble, comme les définit Lacoste (1997). La composition de l’équipe varie selon les établissements ; elle regroupe ici des personnes dont le rôle est qualifié de pédagogique ou administratif (gérer les élèves au quotidien comme à long terme), de purement administratif (secrétariat), des personnes du domaine sanitaire et social ou de l’orientation. Chacun se penche au cours des réunions sur la question de l’orientation des élèves, avec les préoccupations liées à sa spécialité. 4. Principes de recueil et d’analyse des données 4.1. Indicateurs utilisés 4.1.1. Indicateurs du travail d’articulation Le travail d’articulation peut prendre de très nombreuses formes, en fonction de l’activité réalisée principalement. La définition du travail 354

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d’articulation dans un contexte donné dépend donc des activités réalisées, et de la population choisie. L’activité dans le cadre du GAIN est majoritairement de nature cognitive, du type résolution de problèmes (par exemple, choisir un mode d’action approprié aux difficultés de chaque élève). Il nous est apparu que, dans ce cadre, faire du travail d’articulation opérationnel pouvait pour un membre du GAIN correspondre à fournir à un autre membre du GAIN des informations qui puissent lui être utiles au sujet de son travail en anticipant sur son “besoin” d’informations. La nature du travail d’articulation devait donc ici consister surtout en communications. D’autre part, cette équipe de travail avait la particularité de travailler très souvent individuellement, dans des locaux et à des périodes différentes, en dehors des réunions du groupe. Cet éclatement du travail et l’absence d’un support de travail commun qui puisse servir de médiation entre les activités des différentes personnes faisait donc que toutes les informations qu’il leur était utile de se transmettre entre les réunions devaient passer par des interactions (orales, ou écrites). Nous avons donc opérationnalisé le travail d’articulation opérationnel sous la forme des interactions survenant entre les différents membres du GAIN, à la condition qu’elles concernent des informations sur leur travail, par n’importe quel mode de communication. 4.1.2. Indicateurs liés aux facteurs organisationnels Nous avons considéré les 4 facteurs liés à l’organisation identifiés sur le schéma des relations entre organisation du travail et travail d’articulation (cf. Figure 2). Nous avons cherché pour chacun de ces indicateurs un lien avec le travail d’articulation, à un niveau interindividuel; chacun devait donc être défini entre 2 membres du GAIN, c’est-à-dire par binômes correspondant à toutes les combinaisons possibles entre les membres du GAIN étudiés. La proximité spatiale a donc été opérationnalisée par la distance séparant les bureaux des membres de chaque binôme (lieu de travail le plus fréquent), la proximité temporelle par leur temps de présence commune au lycée. La proximité fonctionnelle et l’interdépendance correspondaient à un classement fait par chaque personne des autres membres du GAIN, selon le degré de ressemblance de leurs fonctions, d’une part, et le degré de dépendance vis-à-vis du travail de l’autre, d’autre part. 4.2. Objectif du recueil de données Pour valider nos hypothèses, nous devions quantifier les interactions survenant entre membres du GAIN, par binômes, et voir ensuite s’il était 355

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possible d’établir un lien entre le “taux” de travail d’articulation par binôme, d’une part, et les caractéristiques de chacun des binômes concernant les facteurs organisationnels, d’autre part. 4.3. Modalités de recueil des données 4.3.1. Quantification des interactions : l’auto-observation En nous inspirant des travaux de Guilbert et Lancry (2005) sur les activités des cadres, nous avons utilisé la technique de l’auto-observation, qui consiste à faire réaliser aux opérateurs eux-mêmes une observation systématique de leur activité. Elle permet ainsi de réaliser des observations simultanées d’activité dans des lieux différents, et d’accéder à des contenus de l’activité non observables pour un œil extérieur. C’est donc une méthode de choix dans le cas d’activités à prédominance cognitive, surtout lorsque celle-ci ne fournit pas de traces analysables. Elle permet également une quantification des activités, comme l’observation, mais sans que l’activité puisse être perturbée par la présence de l’observateur. Nous avons donc demandé aux personnes étudiées de noter toutes les interactions qu’elles auraient avec d’autres membres du GAIN dans une grille de relevé d’interactions, qui permettait de préciser la personne rencontrée, le type de contact (téléphone, présence), le lieu, l’occasion de contact (fortuit ou recherché), le motif initial de la discussion (personnel, travail) et finalement le sujet principal de la discussion (là encore personnel ou travail). 4.3.2. Recueil des données sur les facteurs organisationnels Les différents facteurs organisationnels ont été recueillis par des entretiens directifs réalisés auprès des 8 membres du GAIN concernés par l’étude. Nous avons centré cette étude sur 8 membres du GAIN appartenant au personnel du lycée, qui seront repérés par les initiales de leur fonction dans la suite de ce travail : la Conseillère d’Orientation Psychologue (COP), 2 Infirmières Diplômées d’Etat (IDE 1 et 2), l’Assistante Sociale (AS), 1 Conseiller Principal d’Education (CPE), le Proviseur (P), la Proviseure Adjointe (PA), et l’Aide Educatrice (AE). Parmi les 28 binômes au total que constituent ces 8 personnes, nous avons quantifié les interactions de 22 binômes, en recueillant les autoobservations de 4 d’entre-elles. Le gain représenté par les auto-observations des 4 autres personnes n’aurait effectivement pas été très grand (6 binômes de plus seulement), pour une analyse de données souvent redondante (chaque interaction étant notée par 2 personnes, obligatoirement…). 356

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Les relevés d’interactions ont eu lieu pendant une durée de 5 jours, afin d’avoir un échantillon d’interactions suffisamment représentatif (la proximité temporelle des membres du GAIN étant très variable selon les jours de la semaine). 5. Résultats 5.1. Données brutes concernant les facteurs organisationnels Les tableaux 1 et 2 présentent les données recueillies auprès des 8 membres du GAIN étudiés, concernant les caractéristiques organisationnelles liées à leur métier. Tableau 1 : Lieux et temps de travail des membres du GAIN Temps de travail Temps de Jours de travail moyen travail usuels par semaine lundi aprèsmidi, 1 mardi 7h 30 après-midi sur 2, jeudi matin 1 lundi sur 2, mardi, 20 h mercredi 1 lundi sur 2, 20 h jeudi, vendredi

Membre du GAIN

Lieu de travail

COP

Rez de chaussée

9h – 12h 14h – 17h

IDE 1

Rez de chaussée

8h30 - 16h30

IDE 2

Rez de chaussée

8h30 - 16h30

AS

Rez de chaussée

8h30 - 17h dont 1h de coupure

lundi, mercredi matin, jeudi après-midi

CPE

Rez de chaussée

8h - 18h30 8h - 11h30 pour le jeudi matin

lundi, mardi, jeudi matin, vendredi

er

Horaires de travail

P

1 étage

7h30 -19h30

PA

1er étage

8h - 18 h

AE

1er étage

8h30 - 12h30 13h30-16h30

lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi lundi , mardi, mercredi, jeudi, vendredi lundi, mardi, jeudi, vendredi

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15h

35h

60 h 50 h 28 h

Jours de présence effective mardi aprèsmidi, jeudi matin lundi, mardi, mercredi lundi matin, jeudi, vendredi lundi, mardi, mercredi matin, jeudi après-midi lundi, mardi, jeudi matin, vendredi lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi lundi, mardi, jeudi, vendredi

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Le lieu de travail indique l’étage où se situe le bureau de chacun ; nous n’avons pas retenu de données plus précises, sachant qu’au même étage les bureaux des personnes concernées étaient toujours regroupés. Les jours et heures de présence nous ont permis de calculer les temps de présence usuels de chacun par semaine. Des événements particuliers ont amené certains membres du GAIN à modifier leur planning ; nous avons donc comptabilisé leurs jours de présence effective. Tableau 2 : Proximité fonctionnelle et interdépendance des membres du GAIN Membre du GAIN COP IDE 1 IDE 2 AS CPE P PA AE

1) 2) 1) 2) 1) 2) 1) 2) 1) 2) 1) 2) 3) 1) 2) 3) 1) 2)

Classement des autres membres du GAIN Selon la proximité de leur Selon leur degré fonction d’interdépendance AS, IDE 3) P, PA 1) CPE CPE 4) AE COP, AS 3) P, PA 1) AS 3) CPE CPE 4) AE 2) COP COP, AS 3) P, PA 1) AS 3) COP CPE 4) AE 2) CPE COP, IDE 3) AE 1) IDE, COP 3) CPE CPE, P, PA 2) P, PA P, PA 3) AE 1) COP, P COP, AS, IDE PA 4) AE 1) CPE 2) COP CPE 5) AS COP 6) IDE P 4) AS, COP 1) CPE CPE 5) AE IDE PA, P 3) CPE 1) CPE 3) COP COP 4) IDE, AS 2) PA

Le tableau 2 se rapporte à la nature du travail de chacun des membres du GAIN ; nous avons ainsi demandé à chacun de classer les autres membres du GAIN du plus proche au moins proche de sa propre fonction, selon lui (proximité de fonction), puis d’indiquer à qui d’autre dans le groupe il avait le plus souvent recours dans son travail (degré d’interdépendance). Nous avons laissé aux personnes la possibilité de classer les autres membres du GAIN par groupes, pour ne pas influencer leurs réponses en les contraignant à classer chacun séparément si ce n’était pas pertinent ; ceci explique que le nombre de classes donné par chacun soit variable. Pour le degré d’interdépendance, certains membres du GAIN n’ont pas été cités par les personnes interrogées : tous ne sont pas obligatoirement dépendants les uns des autres dans leur travail. 358

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5.2. Regroupement des données par binômes

5

TA = Travail d’articulation

359

Totales

CPE = 8:30 17:00 66% 33 % CPE = 7:00 6 :00 75% 100 % IDE2 = 4:15 3 :00 100% 0 % IDE1 = 2:30 3 :00 100% 0 % AS = 3:00 3 :00 100% 0 % CPE = 12:00 16:00 75% 33 % AS = 8:00 18:00 100% 100 % IDE2 = 0:00 4:00 100% 0 % CPE = 15:30 16:00 75% 66 % AS = 7:30 7:30 100% 100 % AE  10:00 18:30 33% 0% PA  15:00 23:30 66% 66 % P  15:00 23:30 66% 66 % AE  7:30 6 :00 25% 0% PA  7:30 6 :00 50% 0% P  7:30 6 :00 50% 0% AE  11:00 14:00 25% 0% PA  20:00 24:00 50% 0% P  20:00 24:00 50% 0% AE  18:00 18:00 25% 0% PA  20:00 20:00 50% 0% P  20:00 20:00 50% 0% Nombre total d’interactions avec TA Nombre d’interactions avec TA significatives

Recherchées

AS COP COP COP COP IDE1 IDE1 IDE1 IDE2 IDE2 AS AS AS COP COP COP IDE1 IDE1 IDE1 IDE2 IDE2 IDE2

Nombre d’interactions avec TA5 Fortuites

Fonctionnell e

Temporelle effective

Temporelle usuelle

Proximité Spatiale (Etage)

Sujet 2

Sujet 1

Binômes

Interdépendance

Nous avons estimé, à partir des données des Tableaux 1 et 2, la proximité spatiale, temporelle, fonctionnelle et le degré d’interdépendance de chaque binôme. Toutes les données concernant la proximité au sein des différents binômes figurent dans le Tableau 3 page suivante. Il présente également la comptabilisation des interactions des 22 binômes étudiés (relevées grâce aux grilles d’autoobservation). Tableau 3 : Regroupement des données sur l’organisation et le travail d’articulation

0 0 1 0 0 2 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4 2

3 1 0 1 0 4 7 4 1 2 1 2 1 3 2 1 1 3 2 1 4 0 44 28

3 1 1 1 0 6 7 4 1 2 1 2 2 3 2 1 1 3 2 1 4 0 48 30

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La proximité spatiale précise si les bureaux des 2 membres du binôme sont situés au même étage (=) ou non (). La proximité temporelle, soit le temps de présence commune du binôme dans les locaux du lycée, a été calculée à partir des horaires et jours de travail de chacun; nous avons différencié le temps de présence usuel (correspondant au planning habituel) et le temps de présence effectif, lié à des modifications particulières du planning pendant la semaine étudiée. La proximité fonctionnelle a été cotée sous forme de taux à partir du classement effectué par les 4 membres du GAIN observés et du nombre de classes qu’ils avaient donné (cf. Tableau 2). Nous avons ainsi converti le classement donné par les personnes en valeurs d’autant plus fortes que leur proximité était grande. Nous avons raisonné sur la base d’une « unité de proximité » : un binôme ayant une proximité fonctionnelle de 100% correspondait ainsi au fait que la personne observée ait classé l’autre membre du binôme comme étant le plus proche d’elle dans ses fonctions. Le taux de proximité des personnes citées ensuite était estimé selon l’ordre dans lequel elles étaient citées et le nombre de classes donné par la personne observée (par exemple, la COP ayant regroupé ses collègues en 4 classes, nous avons attribué à la 2e personne qu’elle a citée ¾ soit 75% de proximité, 50% aux 2 suivantes ex-aequo, et 25% à la dernière ; pour 3 classes, le taux était soit de 100%, de 66%, de 33%, etc.). Nous avons procédé de la même façon pour le degré d’interdépendance, à ceci près que les personnes observées n’ont pas cité certains membres du GAIN (parce que n’ayant pas du tout recours à eux dans leur travail) ; ceux-ci ont alors été considérés comme ayant 0% d’interdépendance avec elles. La subjectivité liée à l’appréciation de la proximité fonctionnelle et du degré d’interdépendance conduit parfois à obtenir des différences d’évaluation de ces éléments selon le membre du binôme considéré (ex : la COP estime n’avoir d’interdépendance qu’avec le CPE, alors qu’elle est citée pour cette question par presque tous les autres membres du GAIN). Nous avons alors basé les cotations sur les estimations des personnes observées (les données grisées dans le tableau 2 n’ont donc pas été prises en compte dans le calcul). Lorsque des personnes observées se trouvaient en « désaccord » sur leurs degrés respectifs de proximité, nous avons coté la proximité selon le classement le plus bas donné par les membres du binôme pour éviter une surestimation. Ainsi, l’IDE 1, l’IDE2 et l’AS considèrent être interdépendantes à des degrés divers avec la COP, alors qu’elle ne les cite pas sur cet item ; les binômes COP – AS, COP – IDE1 et COP – IDE2 sont alors cotés comme ayant 0% d’interdépendance (l’interdépendance, par définition, ne pouvant être à sens unique). 360

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5.3. Analyse des données 5.3.1. Données sur l’organisation Les figures 3, 4 et 5 page suivante ainsi que le tableau 3 nous permettent de constater que tous les facteurs organisationnels considérés sont très variables selon les binômes, et de façon différente pour chaque facteur. Figure 3 : Proximité temporelle usuelle et effective selon les binômes 25 20 15 10 5 0 PA

P

AS

AS

CPE AE AS

Binômes

CPE

PA

P

AE IDE2 AS IDE1 AS CPE

PA

P

AE IDE2 AS

CPE

PA

P

AE

AS COP COP COP COP COP COP COP IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE2 IDE2 IDE2 IDE2 IDE2

Proximité temporelle usuelle

Proximité temporelle effective

La proximité temporelle usuelle est de 2h30 au minimum (COP IDE1), jusque 20h au maximum (IDE1 ou 2 et P ou PA). Nous remarquons effectivement de légères différences entre la proximité temporelle usuelle et effective pour la semaine du recueil des données, liées au fait que l’AS et l’IDE1 aient passé plus de temps que d’habitude sur place. Figure 4 : Proximité fonctionnelle selon les binômes 100% 80% 60% 40% 20% 0% PA

P

AS

AS

CPE AE CPE PA AS

P

AE IDE2 AS IDE1 AS CPE PA

P

AE IDE2 AS CPE PA

P

AE

AS COP COP COP COP COP COP COP IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE2 IDE2 IDE2 IDE2 IDE2

Binômes

La proximité fonctionnelle est la plus forte dans le groupe COP - IDE1 IDE2 - AS. Elle est plus faible entre l’AE et chacune des 4 personnes observées (COP, IDE1, IDE2, AS). 361

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Figure 5 : Degré d’interdépendance selon les binômes 100% 80% 60% 40% 20% 0% PA

P CPE AE CPE PA

AS

AS

AS

P

AE IDE2 AS IDE1 AS CPE PA

P

AE IDE2 AS CPE PA

P

AE

AS COP COP COP COP COP COP COP IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE2 IDE2 IDE2 IDE2 IDE2

Binômes

Enfin nous pouvons remarquer que l’interdépendance n’est pas une constante dans cette équipe ; l’AS semble être la personne ayant le plus recours aux autres membres du GAIN dans son travail. 5.3.2. Données sur le travail d’articulation -

Plusieurs constats ont émergé des relevés d’auto-observations réalisés : de façon surprenante, 100% des interactions observées comportaient du travail d’articulation : même les discussions initiées par un sujet personnel amenaient à s’échanger des informations au sujet du travail; la grande majorité des interactions étaient recherchées (91,6%), et dans tous les cas avec un motif initial concernant le travail; le nombre d’interactions est inégalement réparti selon les binômes (Figure 6 ci-dessous).

-

Figure 6 : Répartition des interactions en fonction des binômes 8 7 6 5 4 3 2 1 0 PA

P CPE AE CPE PA

AS

AS

AS

Binômes

P

AE IDE2 AS IDE1 AS CPE PA

P

AE IDE2 AS CPE PA

P

AE

AS COP COP COP COP COP COP COP IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE1 IDE2 IDE2 IDE2 IDE2 IDE2 Nombre d'interactions

Nombre moyen d'interactions par binôme

Il paraît donc clair que certains binômes cherchent plus activement que d’autres à se rencontrer pour se communiquer des informations au sujet du travail. 362

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Nous avons considéré comme significatives les interactions des binômes dont le nombre de rencontres était supérieur à la moyenne du groupe (2,1818); comme le montre la figure 4, ces binômes sont : AS - CPE, COP - AE, IDE1 - PA, IDE1 - IDE2, IDE1 - CPE, IDE1 - AS et IDE2 - PA. Ces binômes sont surlignés en gris dans le Tableau 2. Le schéma de la figure 7 (page suivante) permet de situer chaque membre du groupe par rapport aux autres en fonction du nombre de leurs interactions (la distance entre les personnes est inversement proportionnelle au nombre de leurs interactions). Figure 7 : Schématisation des interactions significatives entre les membres du groupe 3

AS

CPE

7

COP

6

IDE1

3

4 3

IDE2

AE

4

PA

On constate que les interactions sont structurées en réseau pour la plupart, avec 2 groupes IDE1 - AS - CPE, et IDE1 - IDE2 - PA, dont l’IDE1 semble être le pivot. Le binôme COP - AE se trouve par contre en marge de ce réseau. La répartition des interactions par personne va bien dans le même sens, puisque l’IDE1 fait partie de 24 interactions, l’AS 17, l’IDE2 13 et la COP 9. 5.3.3 Relations entre les caractéristiques organisationnelles des binômes et leur travail d’articulation L’effet de la proximité spatiale sur le travail d’articulation a été évalué par la comparaison des moyennes des groupes de binômes « Même étage » et « Etage différent » (test de Student). Les résultats en sont présentés dans le Tableau 4 ci-dessous. 363

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Tableau 4 : Comparaison des moyennes des groupes « Même étage » et « Etage différent » Interactions Toutes interactions Recherchées Fortuites

Statistique t (test de Student)

Test bilatéral Valeur critique de p (T ” t) t (D = .05)

- 0,9216

0,3677

- 0,6863 - 1,0103

0,5003 0,3243

Test unilatéral Valeur p (T ” t) critique de t (D = .05) 0,1838

2,0859

0,2501 0,1621

1,7247

Nous n’observons ici aucun effet significatif de la proximité spatiale sur le nombre d’interactions, qu’elles soient fortuites, recherchées, ou qu’on les considère en totalité, puisqu’aucune des statistiques t calculées n’a atteint la valeur critique. Concernant la proximité temporelle, fonctionnelle et l’interdépendance, les résultats des tests de corrélation réalisés sont présentés dans le Tableau 5 cidessous6. Tableau 5 : Matrice des corrélations entre travail d’articulation et caractéristiques des binômes Interactions Toutes interactions Recherchées Fortuites

-

-

6

Proximité Temporelle usuelle - 0,1402 p = 0,764 - 0,1963 p = 0,673 0,0700 p = 0,882

Temporelle effective 0,1277 p = 0,785 0,1126 p = 0,810 0,0602 p = 0,898

Fonctionnelle 0,6613 p = 0,106 0,6780 p = 0,094 0,1345 p = 0,774

Interdépendance 0,8008 p = 0,030 0,8490 p = 0,016 0,1105 p = 0,814

Plusieurs constats émergent de cette analyse : les interactions fortuites ne sont pas significativement corrélées aux caractéristiques des binômes; les interactions recherchées et totales sont significativement corrélées au degré d’interdépendance existant au sein du binôme, avec une corrélation très forte de 0,8490 pour les interactions recherchées (p = 0,016), et forte également avec 0,8008 pour le total des interactions (p = 0,030). il n’y a pas d’autre corrélation atteignant le seuil de significativité; néanmoins, le deuxième facteur le plus corrélé aux interactions est la proximité fonctionnelle, avec 0,6780 (p = 0,094) pour les interactions

les corrélations significatives sont indiquées en gras

364

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recherchées, et 0,6613 (p = 0,106) pour toutes les interactions; la proximité temporelle n’a apparemment que très peu de liens avec le travail d’articulation, avec des corrélations variant de -0,2 à 0,1, que ce soit pour la proximité temporelle usuelle ou effective. Il existe donc bien un lien significatif entre le degré d’interdépendance des personnes au sein d’un même binôme et le taux de travail d’articulation existant entre elles; ce lien est encore plus fort lorsqu’il s’agit d’interactions recherchées. Etant donné le faible poids des interactions fortuites dans le résultat global (puisqu’elles représentent moins de 10% des interactions totales), il est probable que le lien observé ne soit dû qu’aux interactions recherchées. Nous avons également effectué des tests de régression multiple afin de voir si les caractéristiques des binômes pouvaient également être considérées comme des variables explicatives du travail d’articulation. Le Tableau 6 page suivante indique les résultats des tests réalisés; nous avons d’une part testé un modèle complet comprenant tous les facteurs organisationnels, et d’autre part une régression pas-à-pas ascendante a permis de définir un modèle réduit ne comprenant que les variables expliquant de façon significative les interactions. Comme nous pouvions le supposer au vu des corrélations trouvées, le modèle comprenant toutes les caractéristiques organisationnelles des binômes explique mal le travail d’articulation, que l’on considère toutes les interactions, les interactions recherchées, ou les interactions fortuites. Tableau 6 : Relations de régression entre facteurs organisationnels et travail d’articulation Interactions (variable expliquée) Toutes interactions Recherchées Fortuites

Variables explicatives Modèle complet : proximité temporelle, fonctionnelle, Modèle réduit : interdépendance interdépendance (régression (régression pas-à-pas) standard) R multiple = 0,988859 R multiple = 0,800849 p = 0,249913 p = 0,030439 R multiple = 0,99741 R multiple = 0,84902 p = 0,12181 p = 0,015656 R multiple = 0,892850 aucun résultat (aucune variable identifiée lors de la régression p = 0,689433 pas-à-pas)

En revanche, un modèle ne comprenant que l’interdépendance comme variable explicative du travail d’articulation permet de bien expliquer la totalité des interactions, et les interactions recherchées. Aucune des variables étudiées ne permet d’expliquer les interactions fortuites. 365

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L’interdépendance peut donc être considérée comme une variable explicative des interactions recherchées ou de toutes les interactions observées dans cette étude; néanmoins, les interactions recherchées étant les plus nombreuses, et les interactions fortuites ne pouvant faire varier que très faiblement le lien entre cette variable et les interactions totales, nous préférons ne considérer l’interdépendance que comme explicative des interactions recherchées. 6. Discussion Cette étude montre donc que l’interdépendance liée au poste occupé par les personnes étudiées favorise le travail d’articulation, alors que la proximité des espaces de travail ou le temps passé sur le lieu de travail ne l’influencent pas significativement. Ces résultats sont à mettre en relation avec le degré d’autonomie au travail et de liberté d’actions : ici, les déplacements ou les temps de pause ne sont pas contrôlés, à la différence des organisations de type rationnel où Fischer avait réalisé ses études (1989). Ceci limite donc l’influence du facteur spatial sur les interactions possibles : les interactions ne sont pas spécifiquement dépendantes du lieu où se trouve chacun, puisque au contraire les membres du GAIN se déplacent très fréquemment et librement pour être en contact les uns avec les autres. De la même façon, la proximité temporelle semble n’avoir aucune influence ici, ce qui peut s’expliquer de plusieurs façons : tout d’abord, il arrive que des membres du GAIN, au cours de leur travail, en contactent d’autres qui ne sont pas sur place, ce qui est un premier biais ; ensuite, les périodes de travail de certains membres du GAIN ne coïncident pas forcément avec leur présence effective au lycée (ex : réunions à l’extérieur, etc.). Enfin, le fait que deux membres du GAIN soient présents en même temps au lycée ne signifie pas qu’ils auront forcément le temps de se rencontrer, ce qui est sans doute un facteur non négligeable faisant que cet indicateur n’ait eu aucun sens ici. Les proximités spatiale et temporelle au travail ne semblent pas être des facteurs déterminants pour le travail d’articulation lorsque celui-ci se déroule dans un cadre organisationnel permettant une certaine autonomie. Par contre, l’importance de l’interdépendance montre que la recherche des interactions avec les autres semble beaucoup dépendre du poste occupé par chacun. Il semble en effet que ce soit plus le poste que l’on occupe qui influence les interactions privilégiées avec certaines personnes que la proximité de fonction avec eux. Le travail d’articulation pourrait donc être effectivement lié à la familiarité due aux fréquents contacts occasionnés par l’interdépendance entre travailleurs, plus qu’au fait que les personnes soient de fonctions proches. La répartition des interactions montre d’ailleurs bien l’existence d’un collectif établi au sein duquel se sont structurées ces interactions ; l’infirmière 1 a d’ailleurs confirmé ce résultat lors d’un entretien, expliquant qu’elle cherchait régulièrement à organiser des rencontres avec ses collègues autour d’un café pour trouver le temps de parler des élèves (qui sont l’objet de leur travail). En dehors de son influence démontrée ici sur le travail d’articulation opérationnel, l’interdépendance pourrait donc également favoriser le travail d’articulation structurant, permettant une meilleure efficacité collective comme nous l’avons vu. 366

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7. Conclusion Ces résultats nous permettent de valider partiellement notre modèle hypothétique des relations entre organisation du travail et travail d’articulation : Figure 8 : Relations entre organisation du travail et travail d’articulation dans la situation de travail étudiée Organisation formelle

Poste occupé

Interdépendance Collectif établi (organisation informelle)

TA structurant : contacts ritualisés

TA opérationnel

L’organisation formelle a ainsi une influence sur l’organisation informelle : un « réseau informel d’échange » s’est apparemment structuré ici en fonction de l’interdépendance des différents membres de l’équipe, liée aux postes attribués à chacun d’entre eux. Ce collectif établi s’est ensuite organisé de lui-même de façon à faciliter le travail d’articulation (échanges d’informations) en son sein. Ce modèle ne donne bien sûr qu’une vision incomplète des déterminants du travail d’articulation, et nécessiterait d’être enrichi par d’autres résultats, issus notamment de situations et contextes professionnels différents. Il serait également utile de retravailler les indicateurs choisis pour rendre compte des caractéristiques organisationnelles du travail : la proximité temporelle, dont la mesure n’était pas adéquate dans la situation étudiée, pourrait être mieux évaluée en faisant réaliser aux sujets un journal de leurs activités, qui permettrait de voir précisément de combien de temps ils disposent pour interagir avec les autres. Le facteur charge de travail pourrait également être intégré aux variables étudiées, afin de rendre compte de la disponibilité de chacun au cours de son travail, mais on retrouve la difficulté de le mesurer de façon adaptée. Les proximités spatiale et fonctionnelle nécessiteraient également d’être reprises dans d’autres secteurs d’activités ou d’autres modèles organisationnels. Il pourrait également être utile de se centrer sur le rôle de l’élève comme point d’ancrage de l’articulation. Lors de notre étude, l’assistante sociale était revenue au lycée en dehors de son planning habituel à cause d’un problème urgent survenu chez un élève, et avait à cette occasion eu beaucoup d’interactions au sujet de cet élève avec les autres membres du GAIN. Il serait donc intéressant d’identifier le rôle de l’élève dans l’émergence du travail d’articulation de trajectoire par exemple. Enfin, rappelons que le travail d’articulation a des racines très complexes, et il ne suffit donc pas de lui fournir des conditions adéquates pour qu’il émerge; il peut éventuellement être lié à des personnes jouant le rôle de “pivot”, au sein d’un collectif, ce qui fait alors intervenir des notions aussi différentes que l’expérience, les compétences individuelles, le statut ou la 367

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motivation au travail… Il pourrait donc être intéressant de réaliser des études similaires en incluant également cette fois des variables liées aux individus eux-mêmes et influençant la manière dont ils remplissent leurs fonctions. Références Benchekroun, T. H. (2000). Les espaces de coopération proxémique. In Benchekroun, T. H. & WeillFassina, A (Eds), Le travail collectif. Perspectives actuelles en ergonomie. Toulouse : Octarès, 35 – 53. Brunet, L., & Savoie, A. (2004). Groupes informels et nouvelles formes d’organisation du travail. In Bonardi, C., Gregori, N., Menard, J.-Y., & Roussiau, N (Eds), Psychologie sociale appliquée. Emploi, travail et ressources humaines. Paris : In Press. Erceau, J., Chaudron, L., Ferber, J., & Bouron, T. (1994). Système personne(s)-machine(s) : patrimoines cognitifs distribués et mondes multi-agents, coopération et prise de décision collectives. In B. Pavard (Ed), Systèmes coopératifs : de la modélisation à la conception. Toulouse : Octarès, 119 – 152. Fischer, G.N. (1989). Psychologie des espaces de travail. Paris : Armand Colin. Grosjean, M., & Lacoste, M. (1999) Communication et intelligence collective. Le travail à l’hôpital. Paris : PUF. Guérin, F., Laville, A., Daniellou, F., Duraffourg, J., & Kerguelen, A. (2001). Comprendre le travail pour le transformer - La pratique de l’ergonomie. Lyon : ANACT. Guilbert, L., & Lancry, A. (2005). Les activités, temps et lieux de vie des cadres : Un système de déterminants individuels, contextuels et technologiques. @ctivités, 2 (2), 24-42, http://www.activites.org/v2n2/guilbert.pdf Lacoste, M. (1991). Les communications de travail comme interactions. In Amalberti, R., De Montmollin, M., & Theureau, J.(Eds), Modèles en analyse du travail. Bruxelles : Mardaga, 191-225. Lacoste, M. (1993). Interaction située et dimension collective du travail. In Six, F., & Vaxevanoglou, X. (Eds), Les aspects collectifs du travail. Actes du XXVIIe Congrès de la SELF. Toulouse : Octarès Editions, 29 – 49. Lacoste, M. (1997). Collectif (dimensions collectives du travail). In de Montmollin, M.(Ed), Vocabulaire de l’ergonomie. Toulouse : Octarès Editions, 67 – 71. Lacoste, M. (2000). Le langage et la structuration des collectifs. In Benchekroun, T. H. & Weill-Fassina, A. (Eds), Le travail collectif. Perspectives actuelles en ergonomie. Toulouse : Octarès Editions, 55 – 70. Leplat, J. (1993). Ergonomie et activités collectives. In Six, F., & Vaxevanoglou, X. (Eds), Les aspects collectifs du travail. Actes du XXVIIe Congrès de la SELF. Toulouse : Octarès Editions, 7 - 27. Maggi , B. (1996). Coopération et coordination : enjeux pour l’ergonomie. In Sperandio, J-C. (Ed), L’ergonomie face aux changements technologiques et organisationnels du travail humain. Toulouse : Octarès, 11 – 25. Michinov, N. (2004). La gestion des connaissances dans les groupes apprenants : processus, méthodes et résultats. In Bonardi, C., Gregori, N., Menard, J.-Y., & Roussiau, N. (Eds), Psychologie sociale appliquée. Emploi, travail et ressources humaines. Paris : In Press. Mintzberg, H. (1982). Structures et dynamiques des organisations. Paris : Ed. d’Organisation. Petit, F., & Dubois, M. (1998). Introduction à la psychosociologie des organisations. Paris : Dunod. Strauss, A. (1992). La trame de la négociation. Sociologie qualitative et interactionnisme. Paris : Editions L’Harmattan. Trognon, A., Dessagne, L., Hoch, R., Dammerey,C. & Meyer, C. (2004). Groupes, collectifs et communications au travail. In Brangier, E., Lancry, A., & Louche, C. (Eds), Les dimensions humaines du travail : Théories et pratiques de la psychologie du travail et des organisations. Nancy : Presses Universitaires de Nancy, 415 – 449.

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