G Model
ARTICLE IN PRESS
ENCEP-881; No. of Pages 6
L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx
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Revue de littérature
Troubles de l’humeur et chirurgie de l’épilepsie : une revue de la littérature Mood disorders and epilepsy surgery: A review A. Yrondi a,∗,b , C. Arbus a,b , L. Valton c , L. Schmitt a a b c
Service de psychiatrie et psychologie médicale, CHU de Toulouse, 330, avenue de Grande-Bretagne, 31059 Toulouse, France Inserm, UMR 825, imagerie cérébrale et handicaps neurologiques, CHU Purpan - Pavillon-Baudot, 31024 Toulouse, France Service de neurologie, exploration épilepsie et sommeil, CHU de Toulouse, 31059 Toulouse, France
i n f o
a r t i c l e
Historique de l’article : Rec¸u le 13 octobre 2015 ´ 2016 Accepté le 1er fevrier Disponible sur Internet le xxx Mots clés : Épisode dépressif Trouble de l’humeur Hypomanie Épilepsie Chirurgie de l’épilepsie
r é s u m é Objectifs. – Historiquement, il existe un lien étroit entre la dépression et l’épilepsie. Les patients souffrant d’épilepsie sont quatre à cinq fois plus susceptibles de développer un syndrome dépressif. Il semble que le lien entre l’épilepsie et la dépression est bidirectionnel. Il n’existe que peu de données concernant les troubles de l’humeur secondaire à la chirurgie de l’épilepsie. Méthodes. – Une recherche systématique de la littérature internationale a été effectuée en utilisant les moteurs de recherche bibliographiques PubMed et Embase. Les termes MeSH suivants ont été utilisés : epilepsy surgery AND (depression OR depressive disorder OR mood disorder). Nous avons également utilisé les « articles connexes » de PubMed, les enquêtes bibliographiques, des résumés de conférences et Google Scholar pour identifier les documents pertinents supplémentaires. Résultats. – La dépression est l’état psychopathologique qui est le plus fréquemment étudié. Selon plusieurs études, la prévalence de la dépression est d’environ 30 % avec près de 70 % des cas diagnostiqués au cours des trois premiers mois de la chirurgie de l’épilepsie. Dans ces études, le risque de développer une dépression est en corrélation avec la présence d’éléments dépressifs antérieurs à la chirurgie de l’épilepsie. Un petit nombre d’études ont signalé des cas de dépression de novo. Il n’y a que très peu de cas d’épisode maniaque secondaire à la chirurgie. Conclusion. – Les troubles de l’humeur sont des comorbidités psychiatriques communes dans la chirurgie de l’épilepsie. La détection, la prévention et le traitement de ces symptômes chez les patients éligibles pour la chirurgie de l’épilepsie constituent des défis majeurs pour les psychiatres et neurologues, nécessitant leur étroite collaboration. ´ Paris. © 2016 L’Encephale,
a b s t r a c t Keywords: Depressive disorder Mood disorder Hypomanic Epilepsy Epilepsy surgery
Aims. – Historically, there is a strong link between depression and epilepsy. Patients with epilepsy are four to five times more likely to develop a depressive syndrome. It seems that the link between epilepsy and depression is bidirectional. There is little data on mood disorders secondary to epilepsy surgery. The goal of epilepsy surgery is to reduce the number and frequency of attacks, which in turn would allow improvements in mood disorders and cognitive impairment. Methods. – A systematic search of the international literature was performed using the bibliographic search engines PubMed and Embase. The following MESH terms were used: epilepsy surgery AND (depression OR depressive disorder OR mood disorder). We also used the “related articles” of PubMed, bibliography surveys, conference abstracts and Google Scholar to identify additional relevant papers.
∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (A. Yrondi). http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.02.015 ´ 0013-7006/© 2016 L’Encephale, Paris.
Pour citer cet article : Yrondi A, et al. Troubles de l’humeur et chirurgie de l’épilepsie : une revue de la littérature. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.02.015
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Results. – Of the 130 studies found by the systematic search, 112 are excluded because they did not take into account the mood disorders secondary to epilepsy surgery. Fifteen studies are included in this review of the literature with a case study. Depression is the psychopathological condition that is the most frequently studied. According to several studies, the prevalence of depression is approximately 30% with nearly 70% of cases diagnosed during the first three months following epilepsy surgery. The majority of patients presented depressive symptoms during the first 3 to 12 months after epilepsy surgery. In these studies, the risk of developing depression is correlated with the existence of previous depressive elements relative to the epilepsy surgery. A small number of studies reported cases of de novo depression. Studies have shown a correlation between very good to excellent control of epileptic seizures and a persistent improvement of mood disorders. It would seem that depressive symptoms post-surgery are more common when the surgical intervention concerns the temporal lobe and in particular mesial resections. There are only very few cases of maniac episodes. Hamid et al. showed an increased risk of suicide waning after the epilepsy surgery over a period of 5 years. Conclusion. – Mood disorders are common psychiatric comorbidities in epilepsy surgery. The detection, prevention, and treatment of these symptoms in patients eligible for epilepsy surgery pose major challenges for psychiatrists and neurologists, requiring their close collaboration. ´ Paris. © 2016 L’Encephale,
1. Introduction Il existe, historiquement, un lien étroit entre dépression et épilepsie [1–6]. En effet, la dépression est l’une des comorbidités psychiatriques les plus fréquemment associées à l’épilepsie [7]. L’épilepsie est un grand facteur de risque de dépression. Les patients atteints d’une épilepsie ont quatre à cinq fois plus de chance de développer un syndrome dépressif et une incidence cinq fois plus importante de suicide que la population générale [8–10]. Il semblerait que le lien entre épilepsie et dépression soit bidirectionnel. Quatre études contrôlées, publiées entre 1990 et 2012, confirme cette bidirectionnalité relationnelle [11–14]. La présence de symptômes dépressifs a un impact direct sur la sévérité des crises d’épilepsies, en particulier, temporales : Forsgren and Nystrom [11] ont mis en évidence que les patients chez qui on a diagnostiqué une pathologie épileptique avaient des taux de dépression sept fois plus important que les personnes du même âge et du même sexe dans la population générale. Des études plus récentes mettent en avant une hétérogénéité au sein de la population épileptique concernant les troubles de l’humeur en particulier les syndromes dépressifs. La prévalence sur une année des troubles dépressifs est d’environ 10 à 12 % [15] contre environ 22,1 % dans un groupe de patients candidats à une chirurgie de l’épilepsie réfractaire [16]. La prévalence annuelle des troubles dépressifs dans la population générale est d’environ 6 % [17]. D’autre part, la fréquence des crises est un prédicteur plus important de symptômes dépressifs que la localisation du foyer [18]. La prévalence des troubles neuro-comportementaux au sens large semble majorée chez les patients présentant une épilepsie par rapport à la population générale [19,20]. L’objectif de la chirurgie de l’épilepsie est de diminuer les nombres et la fréquence des crises ce qui permettrait une amélioration des troubles de l’humeur et des atteintes cognitives [21], mais est-ce le cas ?
2. Méthodes Une recherche systématique de la littérature internationale a été faite en utilisant les moteurs de recherche bibliographiques PubMed et Embase. La recherche s’est portée sur les papiers jusqu’au 31 décembre 2014.
130 études
112 études exlues par le titre
2 études exclues pour le langage 1 commentaire d'article
1 études de cas
14 études prospectives
Fig. 1. Diagramme de sélection des articles.
Les termes MESH suivants ont été utilisés : epilepsy surgery AND (depression OR Depressive disorder OR mood disorder). Nous avons aussi utilisé la fonction « related articles » de PubMed, la liste bibliographique des papiers identifiés, les résumés de conférence et la base Google Scholar afin d’identifier de possibles papiers additionnels. Nous avons sélectionné les articles en franc¸ais et en anglais.
3. Résultats Parmi les 130 articles retrouvés par la recherche systématique, 112 sont exclus car ils ne prennent pas en compte les troubles de l’humeur secondaires à la chirurgie de l’épilepsie. Parmi les 18 restants, 2 sont exclus du fait de la langue de l’article (japonais et polonais) et un est exclu car il correspond à un commentaire d’un article (sélectionné). Quinze études sont incluses dans cette revue de la littérature dont une étude de cas (Fig. 1). Conséquences psychopathologiques de la chirurgie de l’épilepsie : Une revue de la littérature montre que la dépression, l’anxiété et les éléments psychotiques sont les conséquences psychopathologiques les plus fréquemment retrouvés en postchirurgie de l’épilepsie [22] en particulier les troubles de l’humeur [23]. Des études mettent en évidence une prévalence des troubles psychiatriques de novo en post-chirurgie de l’épilepsie comprise entre 1,1 et 20 % [24–26].
Pour citer cet article : Yrondi A, et al. Troubles de l’humeur et chirurgie de l’épilepsie : une revue de la littérature. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.02.015
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Les études mettent en évidence une corrélation entre un très bon voire excellent contrôle des crises convulsives épileptiques et la persistance de l’amélioration des troubles de l’humeur [27,28]. De manière générale, il semblerait que l’intervention chirurgicale dans le cadre de la chirurgie de l’épilepsie améliorerait ou ne modifierait pas les troubles de l’humeur associés [26] dans le cas d’un contrôle des crises satisfaisant. La survenue des conséquences psychopathologiques est majoritairement au décours immédiat de la chirurgie au cours de la première année voire des trois premiers mois [29,30]. Au décours immédiat de la chirurgie (les jours qui suivent), les patients peuvent présenter des états pouvant aller de l’altération de la vigilance et de l’orientation aux hallucinations acousticoverbales. Ces atteintes peuvent survenir en l’absence d’antécédents psychiatriques. Ils sont en lien avec les agents anesthésiants et aux traitements sédatifs [31]. Au-delà de cette phase aiguë, les complications psychopathologiques retrouvées les plus fréquemment sont les symptômes thymiques, les symptômes anxieux et les symptômes psychotiques. La dépression est la conséquence psychopathologique qui commence à être la plus étudiée. Des études montrent une prévalence de dépression d’environ 30 % [16,32] avec environ 70 % des cas diagnostiqués au cours des 3 premiers mois suivant la chirurgie de l’épilepsie [33,34]. Pour ces études, le risque de développer une dépression [16] est corrélé à l’existence d’éléments dépressifs antérieurs à la chirurgie de l’épilepsie [24]. Mais, certaines études ne montrent pas d’apparition et/ou d’aggravation des symptômes dépressifs après une chirurgie de l’épilepsie [35,36]. Les travaux d’Hamid et al., concernant 373 sujets suivis pendant 5 ans au décours d’une chirurgie de l’épilepsie, montrent une diminution de la prévalence des troubles dépressifs de 36 % à 22,7 % à 5 ans (p < 0,05) [27]. Cependant, un petit nombre d’études [24,27,32,34,37] ont rapporté des cas de dépressions de novo. La majorité des cas ont présenté les symptômes dépressifs au cours des 3 à 12 premiers mois suivant la chirurgie de l’épilepsie sans qu’il n’existe d’antécédents d’épisodes dépressifs [24,37]. Il semble exister un risque accru de développer un épisode dépressif caractérisé au décours d’une chirurgie concernant la portion mésiale du lobe temporal par rapport aux autres localisations temporales [32,38]. Reuber et al. mettent en évidence qu’un contrôle des crises convulsives satisfaisant permet de réduire la prévalence des épisodes dépressifs secondaires à la chirurgie de l’épilepsie [28] (Tableau 1). Il s’agit de variation de l’humeur qui recoupe les critères DSM de dépression à savoir une persistance dans le temps, associé à une perte d’intérêt et de plaisir, une perte d’énergie et une sensation de perte d’espoir [31]. La symptomatologie diffère des dysphories interictales décrites par Blumer [39] fréquemment retrouvés chez les patients présentant une épilepsie. Hamid et al. mettent en évidence en plus des symptômes dépressifs une augmentation du risque de suicide au décours de la chirurgie de l’épilepsie sur une période de 5 ans. Le risque relatif est de 13,3 % (IC 95 % : 3,6–34,0) [40]. De rares épisodes hypomaniaques peuvent survenir au décours immédiat de la chirurgie de l’épilepsie sur une durée brève. Les symptômes retrouvés sont ceux du DSM : une insomnie sans fatigue, une logorrhée, une fuite des idées, une possible augmentation de l’activité sexuelle et une accélération motrice plus ou mois à une irritabilité. La durée des symptômes est relativement brève la plupart du temps [41]. Dans 8 études, l’examen clinique est réalisé par l’intermédiaire d’un entretien clinique semi-structuré prenant en compte les critères DSM [24,29,32,36,38,42,43]. Dans 4 études, l’inventaire de Beck pour la dépression (BDI) est utilisé [16,27,28,44]. Une étude utilise l’échelle d’Hamilton de la
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dépression (Hamilton Depression Rating Scale [HDRS]) [37], une autre le « The Austin CEP interview » [34] et une dernière le« Center for Epidemiological Studies of Depression Scale (CES-D) » [45]. Les troubles anxieux sont une conséquence psychiatrique très fréquente en postopératoire. Ces symptômes apparaissent le plus souvent avant les symptômes dépressifs. Ils concernent environ 40 % des patients opérés. Ces troubles anxieux semblent ne pas présenter de caractéristique spécifique. Ces symptômes semblent être en lien avec les perspectives d’avenir sans crises d’épilepsie associées à la crainte de survenue de nouvelles crises [36]. Les épisodes psychotiques de novo sont assez rares (environ 2 %) au décours de la chirurgie de l’épilepsie et surviennent dans un délai plus long que les troubles de l’humeur isolés (supérieur à 6 mois). Dans quelques cas, ils peuvent compliquer des épisodes dépressifs sévères [31].
4. Discussion La prévalence de la dépression est d’environ 30 % au décours de la chirurgie de l’épilepsie. L’incidence est plus marquée dans les 12 premiers mois qui suivent la chirurgie. Les résultats restent très hétérogènes. Il existe un certain nombre de biais dans les études évaluant les épisodes dépressifs secondaires à la chirurgie de l’épilepsie. Seulement 10 études sur 15 utilisent des critères cliniques d’évaluation de l’épisode dépressifs [24,29,32,34,36,38,42,43,45,46]. Les 5 autres utilisent des échelles d’intensité de la dépression [16,27,28,37,44]. Un autre biais est l’existence de tableau clinique atypique comme les troubles dysphoriques. Ils ne correspondent pas aux tableaux cliniques du DSM. Ils restent, cependant, très fréquents dans les populations épileptiques [39,47]. Le tableau clinique préopératoire joue un rôle prépondérant dans la survenue des troubles de l’humeur postopératoire. Ils ne sont pas systématiquement évalués avec des outils diagnostics et ne sont pas pris en considération, de manière systématique, dans l’interprétation des résultats des épisodes dépressifs postintervention [16,27,28,37,44]. La localisation chirurgicale est indiquée dans l’ensemble des études sélectionnées à l’exception d’une [27]. Cette localisation ne semble pas être prise en considération dans l’interprétation des résultats concernant l’incidence et la prévalence des troubles de l’humeur. L’évaluation du risque suicidaire dans ces populations semble primordiale. Barraclough et al. [8] ont mis en évidence un risque suicidaire majoré dans les populations épileptiques. Il semble indispensable d’évaluer ce risque en préopératoire du fait du caractère réfractaire de l’épilepsie, mais également en postopératoire devant le risque suicidaire majoré par l’existence d’un épisode dépressif. Le travail d’Hamid et al. confirme les données de la méta-analyse de Bell, avec une augmentation du risque relatif de suicide en post-chirurgical [40,48]. L’absence de contrôle des crises en postchirurgical semble majorer ce risque [49]. Facteurs prédictifs : Parmi les facteurs prédictifs de l’apparition ou de l’aggravation des troubles de l’humeur au décours de la chirurgie de l’épilepsie, les antécédents de troubles psychiatriques sont des facteurs prédictifs majeurs. Une consultation psychiatrique semble indispensable dans le bilan préopératoire. Elle permet de rechercher les antécédents personnels et familiaux de troubles psychiatriques, d’une part, et, d’autre part, de diminuer la charge anxieuse et les symptômes thymiques majorés par l’intervention [50,51]. L’efficacité de la chirurgie de l’épilepsie joue un rôle majeur dans la survenue ou l’aggravation de troubles de l’humeur secondaire à cette chirurgie. Kanner et al. ont mis en évidence qu’un contrôle de la fréquence des crises diminue la survenue de troubles
Pour citer cet article : Yrondi A, et al. Troubles de l’humeur et chirurgie de l’épilepsie : une revue de la littérature. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.02.015
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4 Tableau 1 Épisode dépressif après chirurgie de l’épilepsie. Études
Effectifs
Localisations chirurgicales
Échelles/critères
Résultats
Pope et al., 2014
30 patients Étude prospective
Lobectomies temporales gauches
Critères DSM-IV R
Barbieri et al., 2011
150 patients
Critères DSM-IV R
Wrench et al., 2011
60 patients
Hamid et al., 2011
373 patients
72 droites 78 gauches 97 lobectomies temporales 17 cortectomies frontales 14 postérieurs et 22 multisites 38 lobectomies temporales (résection mésiale) (MTR) 22 lobectomies temporales (non mésiale) (NMTR) Non prise en compte
5 épisodes dépressifs de novo (dont 2 femmes) 3 apparues dans les 12 mois 5 durées > 6 mois IRM pré-chirurgie : atrophie bilatérale du cortex orbito-frontal, du gyrus cingulaire gauche et du thalamus gauche : dans les 5 cas 33 patients : épisodes dépressifs à 6 mois (22 %) dont 31 à 3 mois Parmi les 33, 14 : dépression de novo
Wrench et al., 2009
42 patients Étude prospective
26 lobectomies temporales mésiales 16 lobectomies temporales non mésiales
Wrench et al., 2009
5 patients : cases report
Lobectomies temporales
Meldolesi et al., 2007
52 patients Étude prospective
Salzberg et al., 2006
23 patients Étude prospective
Devinsky et al., 2005
358 patients
28 lobectomies temporales droites 24 lobectomies temporales gauches 7 lobectomies temporales droites 16 lobectomies temporales gauches 322 lobectomies temporales (166 gauches, 156 droites) 38 extra-temporales
Cankurtaran et al., 2005
22 patients
Lobectomies temporales mésiales
Hamilton Depression Rating Scale (HDRS)
Reuber et al., 2004
76 patients : chirurgicaux 18 patients : non opérés Étude prospective
Lobectomies temporales
Beck Depression Inventory
Altshuler et al., 1999
62 patients
Lobectomie temporale
Critères DSM III R
Blumer et al., 1998
50 patients Étude prospective
44 lobectomies temporales 6 lobectomies frontales
Herman et al., 1989
37 patients Étude prospective
19 lobectomies temporales antérieurs gauches 18 lobectomies temporales antérieurs droites
Évaluation clinique semi-structurée, Épilpesy questionnaire Center for Épidemiological Studies of Depression Scale (CES-D)
de l’humeur chez les patients présentant une épilepsie [52]. Ceci est retrouvé en postopératoire par Reuber et al. [28]. Le contrôle des crises semble être un facteur important à prendre en considération lors de l’interprétation des résultats de ces études. Cependant, les antécédents de pathologies psychiatriques semblent être un facteur prédictif négatif dans le contrôle des crises au décours de la chirurgie [53]. Le lien semble bidirectionnel. D’autres facteurs prédictifs sont plus sujets à débats. La latéralisation de l’intervention pourrait orienter vers un type de symptômes. Les interventions se situant dans l’hémisphère droit seraient plus à même de se compliquer de symptômes psychotiques ou de modifications de symptômes émotionnels alors que les
Critères DSM-IV R
À 1 an Dépression de novo MTR 13 % vs NMTR 0 % (p = 0,05) 70 % des cas diagnostiqué avant 3 mois
Beck Depression Inventory The Austin CEP interview Critères DSM-IV R
À 5 ans 2,7 % dépression modérée à sévère (p < 0,05) Postopératoire (12 mois) Lobectomies temporales mésiales : 11/26 épisodes dépressifs Lobectomies temporales non mésiales : 3/16 épisodes dépressifs 4 des 5 cas de dépression de novo avant le 3e mois
The Austin CEP interview Beck Depression Inventory
Critères DSM-IV R
Beck Dépression Inventory
Préopératoire : BDI : 9,6 ± 7,8 À 1 an : BDI : 8,4 ± 8,9 À 2 ans : BDI : 7,7 ± 10,2 p = 0,38 Preopératoire : 9/23 épisodes dépressifs Postopératoire (dans les 3 mois de la chirurgie) : 13/23 épisodes dépressifs Dépression modérée à sévère Préopéraoire : 22,1 % 3 mois : environ 9 % 12 mois : env. 10 % 24 mois : 11,7 % Score Préopératoire : 5,3 Postopéraoire : 3 mois : 8 NS 6 mois : 4,1 NS Préopératoire Amélioration des crises < 50 % : 8,3 Amélioration des crises > 49 % : 10,4 À 12 mois de la chirurgie Amélioration des crises < 50 % : 12,9 (p = 0,037) Amélioration des crises > 49 % : 7,9 (p = 0,036) 49 patients chirurgicaux : 45 % dépression (10 % de novo) vs 13 patients non chirurgicaux : 15 % Préopératoire Postopératoire (2 ans) : 2 épisodes dépressifs et 6 troubles dysphoriques (dans les 2 mois) 10 patients : aggravation des symptômes dépressifs 4 sans crise d’épilepsie 6 avec diminution de la fréquence des crises
interventions dans l’hémisphère gauche se compliqueraient d’affects négatifs [54–58]. La localisation de la chirurgie interviendrait dans le type de complications pouvant survenir au décours de la chirurgie. Les chirurgies du lobe temporal se compliqueraient plus d’épisodes dépressifs, de symptômes anxieux ou de troubles psychotiques alors que les chirurgies du lobe frontal se compliqueraient plus de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou de troubles du comportement [59]. D’autre part, les hommes présenteraient une plus grande amélioration des symptômes psychiatriques au décours de la chirurgie que les femmes [60].
Pour citer cet article : Yrondi A, et al. Troubles de l’humeur et chirurgie de l’épilepsie : une revue de la littérature. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.02.015
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Les progrès en imagerie permettent de mettre en avant des facteurs prédictifs structuraux fonctionnels. Une IRM pré-chirurgie met en évidence une atrophie bilatérale du cortex orbito-frontal, du gyrus cingulaire gauche et du thalamus gauche dans les 5 cas d’épisodes dépressifs de novo secondaire à une résection temporale gauche dans l’étude de Pope et al. [43]. Salzberg et al. mettent en évidence un hypométabolisme dans la région orbito-frontal ipsi latéral en PET FDG en préopératoire d’une résection temporale dans le cadre d’une épilepsie réfractaire, chez les patients qui développent un épisode dépressif de novo [46]. Cependant, l’ensemble de ces critères prédictifs est encore sujet à débat et leur utilisation doit être très prudente. Afin d’améliorer la connaissance des troubles de l’humeur secondaire à la chirurgie de l’épilepsie, la prise en compte de la localisation chirurgicale dans l’interprétation des résultats devrait être systématique, même sur les études de faibles effectifs, de manière à pouvoir faire une méta-analyse afin d’augmenter la puissance de l’évaluation. Il existe un retentissement important des troubles dépressifs sur la qualité de vie [61]. Chez les patients épileptiques l’existence de trouble dépressif serait un facteur prédictif plus important que la fréquence des crises concernant la qualité de vie [62]. La qualité de vie devrait être prise en considération de manière systématique dans l’évaluation pré- et postopératoire des patients opérés dans le cadre d’une épilepsie pharmacorésistante. Une échelle comme la Quality of Life (QOL) pourrait être utilisée dans ce type d’évaluation. L’évaluation de troubles de l’humeur par un professionnel spécialisé semble indispensable dans le bilan préopératoire de la chirurgie de l’épilepsie et dans le suivi des 2 premières années. Cette évaluation doit se faire sur des critères diagnostiques et non de sévérité des troubles de l’humeur. Concernant les épisodes dépressifs, l’utilisation de l’échelle Neurological Disorders Depression Inventory for Epilepsy (NDDI-E) [63] validée dans plusieurs langues dont le franc¸ais pourrait faciliter la standardisation de cette évaluation. Ces évaluations devraient être réalisées en préopératoire à 1 mois, 3 mois, 6 mois, 1 an et 2 ans. La plupart des conséquences psychiatriques secondaires à la chirurgie de l’épilepsie surviennent dans les 6 mois qui suivent l’intervention [29,64]. 5. Conclusion Les troubles de l’humeur sont des comorbidités psychiatriques fréquentes de la chirurgie de l’épilepsie. La détection, la prévention et le traitement de ces symptômes chez les patients éligibles à la chirurgie de l’épilepsie sont un challenge important pour les psychiatres et les neurologues. Ceci nécessite une collaboration étroite. La plupart des patients semblent présenter une amélioration ou du moins une stabilité des troubles de l’humeur à l’issue de la chirurgie. L’absence de crise semble être le meilleur facteur prédictif. Cependant, les pathologies psychiatriques « de novo » existent. Elles affectent de manière très négative la qualité de vie des patients augmentant le risque de suicide. Et elles sont donc un coût médical important. De ce fait, il est nécessaire des études prospectives et de nouveaux modèles théoriques sont nécessaires pour mieux appréhender les modifications neurophysiologiques dans les structures limbiques impliquées. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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