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DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL CONTINU
Troubles moteurs tardifs induits par antipsychotiques : mise au point Antipsychotic-induced tardive movement disorders: A focused review Hélène Denizot a,*,b, Benjamin Rolland c, Caroline Nijhout a, Thomas Charpeaud a,b, Isabelle Chéreau a,b, Anne-Marie Tronche a, Pierre-Michel Llorca a,b,d a
Service de psychiatrie B, CHU Clermont-Ferrand, 58, rue Montalembert, 63000 Clermont-Ferrand, France Fondation Fondamental, 94000 Créteil, France c Service de psychiatrie et d’addictologie, CHU Lille, Inserm U1171, université de Lille 2, 59000 Lille, France d EA 7280, université Clermont-Auvergne, 63000 Clermont-Ferrand, France b
Résumé Les troubles moteurs tardifs induits par antipsychotiques (TMTA) sont des manifestations motrices tardives et involontaires, secondaires à un blocage dopaminergique. Les TMTA sont souvent peu repérés par les professionnels de santé, alors qu’ils restent susceptibles de survenir avec les nouvelles générations d’antipsychotiques. Les TMTA peuvent induire une gêne motrice ou psychique entraînant un handicap et une stigmatisation considérables. Les TMTA regroupent des entités cliniques spécifiques : dyskinésies, stéréotypies, dystonies, myoclonies, akathisies, tics, tremblements, chorée, dyskinésies émergentes au cours du sevrage d’un neuroleptique et parkinsonisme. La prévalence des TMTA est élevée et l’évolution habituellement fluctuante. Le facteur de risque le plus connu est l’âge. Évaluer l’intérêt du traitement antipsychotique en fonction du terrain et réaliser un examen neurologique régulier pour repérer précocement l’apparition d’un TMTA sont essentiels en prévention primaire ou secondaire. La prise en charge repose sur l’adaptation du traitement antipsychotique (diminution, arrêt, ou changement), l’utilisation de molécules spécifiques (i.e., réserpine) dont les preuves d’efficacité restent encore limitées, ou encore la chirurgie en cas de symptômes sévères et résistants. ß 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Abstract Antipsychotic-induced tardive movement disorders (ATMDs) constitute a set of late-onset involuntary movements, resulting from the blocking of dopamine receptors. ATMDs are generally underscreened by health professionals, though they may also occur with new generation antipsychotics. ATMDs encompass several specific clinical types: tardive dyskinesia, tardive dystonia, tardive akathisia, tardive tremor, tardive myoclonus, tardive stereotypy, tardive tourettism, tardive parkinsonism, and withdrawal emergent syndrome. The prevalence rates of ATMDs are high, and the outcome may be variable. The most evidenced risk factor for ATMDs is age. Primary and secondary prevention rely on systematically assessing the clinical risk factors before prescribing an antipsychotic medication, and regularly undertaking a neurological examination. Managing ATMDs requires decreasing, stopping, or changing the antipsychotic treatment. Specific reversing drugs, such as reserpine, can be used, though the levels of evidence of these drugs are low. Surgery can be considered in the case of severe and resistant ATMDs.
* Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (H. Denizot). http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2017.03.006 0003-4487/ß 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
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Mots clés : Dopamine ; Effet secondaire ; Épidémiologie ; Prévention ; Psychotrope ; Sémiologie Keywords: Adverse drug reactions; Dopamine; Epidemiology; Prevention; Psychotropic; Semiology
1. INTRODUCTION La première description de manifestations motrices involontaires et persistantes, résultant de l’usage au long cours d’antipsychotiques, date de 1957, soit seulement quelques années après la première utilisation de ce type de molécules [28]. Les mouvements anormaux induits par les antipsychotiques sont regroupés au sein d’une entité unique, celle des « Troubles Moteurs Tardifs induits par Antipsychotiques » (TMTA), qui comprend dyskinésies, dystonies, akathisies, stéréotypies, parkinsonisme, myoclonies, tics, tremblements, chorée, dyskinésies émergentes au cours du sevrage d’un neuroleptique [12]. La classification américaine DSM-5 différencie depuis peu les « dyskinésies tardives » de la « dystonie tardive » et de « l’akathisie tardive » [1]. Ces manifestations auraient tendance à être sous-évaluées ou mal-évaluées [4]. Leurs mécanismes neurobiologiques restent encore peu connus, même si les plus récentes données suggèrent que les TMTA résulteraient d’une hyperfonctionnalité des récepteurs dopaminergiques D3 [21,22], survenant en réponse à un blocage chronique des récepteurs D2 par les antipsychotiques [35]. Plusieurs traitements ont démontré leur efficacité, et d’autres sont en cours d’évaluation scientifique, mais aucune recommandation clinique n’est actuellement précisée sur la gestion pharmacologique des TMTA. La clozapine (antipsychotique de seconde génération indiquée dans la schizophrénie résistante et en cas de syndrome parkinsonien ou apparentés) reste encore sous-utilisée dans ce type de situations. 2. ASPECTS CLINIQUES DES TROUBLES MOTEURS TARDIFS INDUITS PAR LES ANTIPSYCHOTIQUES 2.1. Description clinique Les TMTA surviennent par définition tardivement après l’exposition à un traitement antipsychotique. Si les classifications successives ont proposé des durées différentes d’exposition, le DSM-5 retient comme critère l’apparition de mouvements involontaires « en association à un traitement neuroleptique pris depuis au moins quelques mois ou qui persistent au-delà de quatre à huit semaines après l’arrêt ou le changement de dose », mais il précise en outre que « ces symptômes peuvent se développer après une plus courte période chez les sujets les plus âgés » [1]. Les dyskinésies tardives dites « classiques » ont été le premier type de TMTA à avoir été décrit. Elles se caractérisent par des mouvements involontaires de la sphère bucco-linguo-faciale (mâchonnement, rétraction des commissures des lèvres,
protrusion, rétraction lente et répétitive de la langue entraînant le « signe du bonbon », contractions linguales irrégulières) et des extrémités des membres supérieurs (mouvements flexion–extension des mains et doigts en « joueurs de piano ou de guitare »). L’atteinte des muscles faciaux (grimaces, froncements des sourcils), des membres inférieurs (piétinements ou balancement d’un pied sur l’autre), du diaphragme (perturbation de la parole : grognements ou raclement de la gorge), un balancement du tronc, hochement de tête, flexion–extension des orteils, des poignets ou des genoux, sont aussi décrits [4]. Les mouvements bucco-linguo-faciaux peuvent être contrôlés par des actions volontaires (parole). Ces mouvements ne sont souvent pas perçus consciemment par le sujet. La dystonie tardive est un mouvement dystonique involontaire et prédominant, qui apparaît préférentiellement chez l’homme jeune après une durée d’exposition plus courte. Elle diffère des dyskinésies tardives classiques par un déclenchement lors de certaines actions, et par l’absence de périodicité précise. Ces contractions musculaires prolongées entraînent des torsions ou des postures anormales, contrôlées par des manœuvres tactiles simples (par exemple, toucher la mâchoire pour diminuer un torticolis). Atteignant plus souvent les muscles cervicaux (rétrocolis), elle diffère ainsi de la forme idiopathique (latérocolis ou torticolis). L’atteinte du tronc donne une attitude scoliotique sévère ou une posture en opisthotonos, par opposition à la rotation latérale du tronc dans la dystonie idiopathique. L’atteinte des jambes et celle des membres supérieurs (rotation interne des bras, extension des coudes ou flexion des poignets dans la dystonie tardive) sont généralement absentes dans la dystonie idiopathique. La dystonie tardive diminue après un mouvement volontaire (alors qu’elle est exacerbée après un mouvement volontaire dans la dystonie idiopathique) et coexiste souvent avec d’autres TMTA. [4]. L’akathisie tardive est une sensation d’agitation avec impossibilité de garder les jambes au repos, associée à un sentiment de nervosité interne. Elle se manifeste souvent par des mouvements semi-volontaires (balancement d’un pied sur l’autre, piétinement). Ce mouvement préférentiellement aigu peut persister, souvent en association à une dyskinésie tardive classique. Le syndrome parkinsonien tardif est un syndrome neurologique extrapyramidal qui associe trois signes : tremblement de repos lent et régulier des extrémités majoré lorsque l’on détourne l’attention ; hypertonie – ou rigidité – décrite comme « plastique » cédant par à-coup (par opposition à la spasticité du syndrome pyramidal) ; hypokinésie (akinésie, bradykinésie, oligokinésie), c’est-à-dire des mouvements rares et lents. Les tics tardifs sont des mouvements ou des sons brefs, répétitifs, temporaires. Des sensations prémonitoires peuvent
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être décrites par le patient atteint. Ils sont difficilement distinguables des tics du syndrome de Gilles de la Tourette, pour lequel on retrouve un âge de début plus précoce et une absence d’exposition à un traitement neuroleptique. La myoclonie tardive est une contraction musculaire rapide, involontaire, de faible amplitude, d’un ou plusieurs muscles. Elle prédomine au membre supérieur et serait associée fréquemment à d’autres TMTA. Les tremblements tardifs sont généralement d’attitude ou de posture, de grande amplitude et de fréquence modérée. Ils sont observés chez des patients qui ne présentent pas de syndrome parkinsonien. Les stéréotypies tardives se définissent par la répétition automatique et involontaire des mêmes gestes, actes ou paroles. Le syndrome émergent de sevrage diffère des dyskinésies tardives classiques par l’existence de mouvements choréiques plus généralisés, localisés préférentiellement aux quatre membres, le tronc, le cou et la partie inférieure de la face. Typiquement chez l’enfant, il apparaît rapidement quelques jours après un sevrage rapide d’un traitement prolongé par antipsychotique et disparaît habituellement dans les trois mois après arrêt de celui-ci [2]. 2.2. Principaux diagnostics différentiels Les TMTA sont un ensemble de symptômes ou de syndromes et sont un diagnostic d’exclusion. Même en cas d’exposition à un traitement antipsychotique, il faut toujours évoquer l’hypothèse d’une autre étiologie [34] [31]. Les principales causes à éliminer avant de retenir la présence d’un TMTA sont listées au niveau du Tableau 1. 2.3. Épidémiologie et facteurs de risque La prévalence vie-entière des dyskinésies est estimée à 20 à 40 % dans une population de patients traités par antipsychotiques. Elle augmente avec l’âge [11]. La revue la plus importante (56 études et près de 35 000 sujets traités) retrouve une prévalence de 20 % contre 5 % chez les patients Tableau 1 Principaux diagnostics différentiels des troubles moteurs tardifs induits par les antipsychotiques (d’après [34]). Maladies inflammatoires Maladie de Huntington, maladie de Wilson Psychotropes Antidépresseurs Tricycliques Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline Lithium Neuroleptiques dits « cachés » Antiémétiques (métoclopramide) Antivertigineux (acétylleucine) Somnifères (acépromazine) Lévodopa et à un moindre degré les agonistes dopaminergique Causes locales : dentiers mal adaptés, infections dentaires Mouvements hyperkinétiques spontanés
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Tableau 2 Principaux facteurs de risque de survenue d’un trouble moteur tardif induit par les antipsychotiques (d’après [32]). Âge Dyskinésie aiguë Genre féminin Dose élevée de neuroleptique Durée d’exposition longue aux neuroleptiques Utilisation d’antiparkinsoniens et du lithium Altération cognitive ou cérébrale organique Symptômes négatifs schizophréniques Mouvements anormaux préexistants Trouble de l’usage d’alcool et de substances psycho-actives (stimulants ; tabac) Trouble de l’humeur (dépression unipolaire) Origine ethnique afro-américaine Diabète HIV positif
non traités par antipsychotiques [17]. Une étude de cohorte (n = 908) met en évidence une incidence cumulée de 5 % après un an de traitement, 27 % après cinq ans, 43 % après dix ans et 52 % après quinze ans de traitement [18]. Chez les sujets âgés, l’incidence cumulée était 5 fois plus élevée à un an (26 %) et près de 60 % dès trois ans de traitement. Ces taux suggèrent une incidence annuelle de 5 % incluant dyskinésies transitoires et persistantes [4]. Dans une étude portant sur 100 patients présentant un TMTA, ceux-ci sont décrit dans les proportions suivantes : 70 % de dyskinésie classique, 30 % de tremblement tardif, 22 % d’akathisie tardive, 16 % de dystonie tardive, 4 % de tics tardifs et 1 % de myoclonie ; 35 % avait une combinaison de deux TMTA ou plus [25]. Parmi les facteurs de risque identifiés de survenue de TMTA, l’âge est considéré comme le principal facteur non médicamenteux, exception faite de la dystonie tardive et de la dyskinésie émergente au cours du sevrage d’un neuroleptique (Tableau 2).
2.4. Évolution clinique des troubles moteurs tardifs induits par antipsychotiques L’évolution classique est en fait celle d’une fluctuation sans réelle aggravation dans la majeure partie des cas, avec une disparition dans 2,5 % des cas sans traitement spécifique [30]. Les dyskinésies sont parfois stigmatisantes, car elle diminuent l’acceptabilité sociale et entraînent un « stress subjectif » qui est à l’origine de problématiques psychosociales [5]. Cinq à dix pour cent des patients présentent une altération sévère du fonctionnement global (difficulté à s’alimenter et perte de poids). Seuls 11 % présentent une amélioration dans les un à deux ans après changement de la stratégie thérapeutique. Après apparition de la dyskinésie tardive, maintenir le traitement neuroleptique peut aussi constituer une option acceptable pour certains patients [11]. 3. HYPOTHÈSES PHYSIOPATHOLOGIQUES DES TROUBLES MOTEURS TARDIFS INDUITS PAR ANTIPSYCHOTIQUES L’une des principales hypothèses étiopathogéniques expliquant la survenue de symptômes positifs dans la schizophrénie
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serait une surexpression dopaminergique au niveau de l’axe mésolimbique [26,27]. L’action thérapeutique des antipsychotiques sur cette dimension symptomatique serait consécutive au blocage des récepteurs dopaminergiques [14]. Ces molécules agissent sur différentes voies dopaminergiques du système nerveux central. Classiquement, on considère que les effets secondaires extrapyramidaux aigus induits par les antipsychotiques sont causés par le blocage des récepteurs dopaminergiques au niveau de la voie nigrostriatale [7]. Concernant les TMTA, les hypothèses physiopathologiques sont complexes. Le contrôle du mouvement volontaire des muscles squelettiques est dû à un équilibre entre la voie directe et la voie indirecte au niveau des ganglions de la base : l’activation de la voie indirecte entraîne une diminution de la rapidité et de l’amplitude du mouvement, tandis que l’activation de la voie directe entraîne une augmentation de l’ampleur du mouvement. La stimulation par la dopamine des récepteurs D1 entraîne une augmentation de l’activité de l’adénylate cyclase tandis que la stimulation des récepteurs D2 produit l’effet inverse [24]. Aussi la dopamine active la voie directe et inhibe la voie indirecte par l’intermédiaire des deux types de récepteurs. Différentes hypothèses sont émises sur ce postulat : L’hypersensibilité dopaminergique : le système dopaminergique nigrostrié développe une sensibilité accrue à la dopamine suite au blocage chronique des récepteurs. Dans un premier temps, ce blocage entraînerait un « défaut » de dopamine, qui correspondrait cliniquement aux syndromes extrapyramidaux aigus, puis serait « compensé » par une « up-regulation » physiologique (augmentation du nombre de récepteurs dopaminergiques) ayant pour conséquence les dyskinésies. Cette hypothèse est controversée, car un parkinsonisme et une dyskinésie induite par les médicaments peuvent apparaître simultanément chez le même patient [19] ; L’hypothèse récente de la plasticité synaptique : les synapses ont la capacité d’augmenter ou diminuer leur flux de transmission, basée sur un apprentissage préalable via différents mécanismes tels que l’augmentation du calcium intracellulaire. Un blocage chronique des récepteurs et son hypersensibilité provoqueraient une mauvaise adaptation de la plasticité au niveau de la transmission corticostriatale, entraînant un déséquilibre entre les voies directes et indirectes. Ceci pourrait expliquer une poursuite des mouvements anormaux après l’arrêt du blocage dopaminergique par un mauvais programme d’apprentissage [33] ; L’hypothèse du stress oxydatif : Un blocage chronique des récepteurs dopaminergiques entraînerait un turn-over de la dopamine, et une production de peroxyde d’hydrogène et des radicaux libres, qui seraient neurotoxiques. En faveur de cette hypothèse, un gène codant pour la manganese superoxide-dismutase (MnSOD), enzyme qui élimine les radicaux libres, a été identifié [20]. D’autres neurotransmetteurs que la dopamine sont probablement impliqués dans la physiopathologie des syndromes tardifs. L’hypothèse gabaergique implique que les neuroleptiques pourraient induire une dégénérescence neuronale des voies GABAergiques striatopallidales et striatonigrées, expliquant
ainsi la potentielle efficacité des agonistes GABA. D’autre part, on sait que l’activité 5HT2A et 5HT2C inhiberait la libération de dopamine : ainsi certains AP2G tels que la clozapine et la quétiapine, ayant une activité antagonistes 5HT2A et 5HT2C, pourraient être à l’origine d’une diminution de libération de la dopamine et d’une réduction des risques d’apparition de mouvements extrapyramidaux [23]. 4. PRÉVENTION ET PRISE EN CHARGE DES TROUBLES MOTEURS TARDIFS INDUITS PAR ANTIPSYCHOTIQUES 4.1. Prévention La prévention primaire des TMTA est fondamentale (Fig. 1 et 2). Un traitement antipsychotique bien conduit, régulièrement réévalué, utilisé en monothérapie et à la posologie minimale efficace, avec un dépistage régulier des mouvements anormaux induits, reste le meilleur moyen d’éviter leur survenue [2]. D’après la Mount Sinaï Conference de 2002, l’examen devrait être annuel en cas de traitement par antipsychotique de seconde génération, semestriel en cas de traitement par antipsychotique de première génération, et trimestriel s’il existe des facteurs de risque [11]. Une échelle de dépistage simple peut aider au diagnostic et au suivi : l’Extrapyramidal Symptom Rating Scale [13]. Elle teste les quatre
Fig. 1. Prise en charge de la dyskinésie tardive (d’après [4]). AP : antipsychotique ; DT : dyskinésie tardive « classique ».
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moteurs pour près de la moitié des patients présentant une dystonie tardive (en particulier les benzodiazépines, par exemple, clonazépam ou diazépam) ou chez des patients souffrant de dyskinésie tardive (par exemple, baclofène). La toxine botulinique de type A peut aussi constituer un traitement local dans la dystonie [15]. Les antioxydants (vitamine E) pourraient avoir des effets positifs chez des patients dans les cinq premières années de traitement. Enfin, l’intervention chirurgicale (visant à la mise en place d’un dispositif de stimulation cérébrale profonde) centrée sur le globus pallidum interne (pallidotomie, stimulation bilatérale du pallidum) reste réservée aux formes sévères de dystonie chez des patients résistant aux traitements précédents [10]. Pour la prise en charge de l’akathisie tardive, l’utilisation de benzodiazépines pour une durée limitée ou d’un bêtabloquant est utile sous surveillance de la tension et de la fréquence cardiaque [3,9]. Enfin, sur un plan expérimental, les antagonistes des récepteurs D3 font l’objet de beaucoup d’intérêt, du fait des principales théories neurobiologiques évoquées en introduction [16]. 5. CONCLUSION
Fig. 2. Prise en charge de la dystonie tardive (d’après [4]). AP : antipsychotique.
syndromes principaux (dyskinésie classique, dystonie, akathisie, parkinsonisme) et nécessite un examen neurologique rigoureux [8]. 4.2. Prise en charge Dès l’apparition de mouvements anormaux, une diminution progressive du traitement est recommandée jusqu’à l’arrêt si l’état clinique le permet ou jusqu’à une dose qui combine un ratio efficacité/tolérance satisfaisant. La gêne ressentie du patient sera aussi un argument supplémentaire. Certains experts recommandent de relayer la prescription d’antipsychotique de première génération pour une molécule de seconde génération (clozapine, quétiapine), avec une efficacité de la clozapine dans la dyskinésie classique et la dystonie [3,4,9,34]. Surtout chez les sujets jeunes et traités par antipsychotiques depuis peu de temps, l’action curative de la clozapine est plus marquée sur les syndromes tardifs que les risques associés à son emploi (syndrome métabolique, agranulocytose) [29]. La réserpine et la tétrabenazine, agents entraînant une déplétion présynaptique en dopamine par inhibition de son transporteur, pourraient diminuer près de la moitié des symptômes de dyskinésie tardive. Les anticholinergiques (sauf le donépézil) aggravent les dyskinésies tardives classiques. Ils sont indiqués en cas de dyskinésie aiguë mais sur une durée limitée. Dans la dystonie tardive, des doses élevées d’un anticholinergique, le trihexyphénidyl, ont montré une efficacité. Certains agonistes GABA diminuent les troubles
Les TMTA font référence à un groupe de troubles caractérisés par la survenue tardive et souvent persistante de mouvements anormaux, causés par l’exposition à des traitements bloqueurs dopaminergiques. Ils peuvent être à l’origine d’une source de handicap majeur pour les patients. Prévenir l’apparition des TMTA reste essentiel, et repose sur une utilisation parcimonieuse des antipsychotiques chez les sujets à risque, en particulier les sujets âgés, avec le recours dans ce cas à un antipsychotique de seconde génération à dose minimale efficace, et une réévaluation régulière de l’intérêt de la prescription. Un repérage systématique des facteurs de risques, un examen neurologique soigneux avant l’instauration du traitement puis régulièrement en cours de suivi, permettent une prise en charge précoce des TMTA. Celle-ci repose sur une diminution de dose du traitement voire un arrêt, ou un relais par un antipsychotique de seconde génération. L’utilisation d’un traitement ou la chirurgie en cas de forme invalidante doit être considérée, en particulier en cas de forme persistante. Contrairement à une idée trop souvent répandue, les antipsychotiques de seconde génération peuvent également entraîner des TMTA. Au contraire, leur prescription est aujourd’hui relativement banalisée, dans la schizophrénie ou le trouble bipolaire, mais également de plus en plus pour des pathologies hors indication officielle [6]. Comme pour tout traitement, en particulier tout traitement au long cours, la prescription d’antipsychotique doit nécessiter une surveillance régulière des effets secondaires les plus invalidants, et tout prescripteur d’antipsychotique devrait connaître les principaux facteurs de risque et principes de prévention et de prise en charge des TMTA. DÉCLARATION DE LIENS D’INTÉRÊTS Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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