Abstracts / La Revue de médecine interne 35S (2014) A31–A85
immunologique et effet des immunoglobulines intraveineuses S. Audia a , M. Samson a , K. Santegoets b , S. Berthier a , V. Leguy-Seguin a , N. Janikashvili c , B. Lorcerie a , T. Radstake b , B. Bonnotte a a Médecine interne et immunologie clinique, CHU de Dijon, Dijon, France b Infection And Immunity Focis Center Of Excellence, University Medical Center, Utrecht, Pays-Bas c Immunorégulation et immunopathologie, Inserm UMR 1098, Dijon, France Introduction.– Les récepteurs du fragment Fc des IgG (Fc␥R) sont impliqués dans la clairance des complexes immuns. Les Fc␥R sont classés en « activateurs » (CD16, CD64, CD32a) ou « inhibiteurs » (CD32b). Le ratio activateur/inhibiteur des Fc␥R exprimés peut ainsi moduler l’activation de la cellule. Au cours de la thrombopénie immunologique (PTI), les plaquettes opsonisées par les auto-anticorps sont phagocytées par les macrophages, notamment spléniques. Nous avons étudié l’expression des Fc␥R par les macrophages spléniques, ainsi que leur corrélation avec la réponse aux traitements et leur modulation par les immunoglobulines intraveineuses (IgIV). Patients et méthodes.– Les rates de 24 patients atteints de PTI ont été comparées à 6 rates post-traumatiques. Le phénotype des macrophages spléniques et leur fonction phagocytaire ont été déterminés par cytométrie en flux. L’effet des IgIV a été étudié in vitro sur des macrophages dérivés de monocytes cultivés en présence de GM-CSF ou M-CSF. Résultats.– Les macrophages spléniques expriment fortement les différents Fc␥R activateurs (> 90 %) et plus faiblement le Fc␥R inhibiteur CD32b (30 %). L’expression des différents Fc␥R n’est pas différente entre les patients atteints de PTI et les témoins. Alors que les traitements administrés avant splénectomie diminuent la capacité de phagocytose des macrophages spléniques (index de phagocytose à 2,6 ± 0,5 vs 1,4 ± 0,2 ; p = 0,04), ces traitements, notamment les IgIV, ne modifient ni l’expression des Fc␥R, ni le ratio activateur/inhibiteur (CD32a/CD32b). De plus, l’expression des Fc␥R par les macrophages spléniques n’est pas corrélée à la réponse à la splénectomie. À l’inverse, in vitro, les IgIV diminuent préférentiellement l’expression des Fc␥R activateurs (CD32a et CD16 notamment) par les macrophages dérivés des monocytes périphériques, diminuant ainsi le ratio CD32a/CD32b. L’expression des marqueurs d’activation CD86 et HLA-DR par les macrophages spléniques est augmentée au cours du PTI (intensité de fluorescence moyenne : 4553 ± 206 vs 3232 ± 440, p = 0,009 et 9634 ± 694 vs 6718 ± 628, p = 0,04 respectivement). Discussion.– Alors que les macrophages jouent un rôle essentiel dans la destruction périphérique des plaquettes au cours du PTI, l’expression des Fc␥R n’est corrélée, ni à la réponse à la splénectomie, ni aux traitements rec¸us avant splénectomie. Des travaux réalisés en utilisant un modèle murin avaient suggéré que l’efficacité des IgIV impliquait une augmentation de l’expression de CD32b. Nos travaux in vitro montrent que les IgIV modulent l’expression des Fc␥R des macrophages dérivés des monocytes périphériques en favorisant un phénotype anti-inflammatoire. Nos travaux ex vivo utilisant des macrophages spléniques de patients atteints de PTI montrent que les traitements utilisés avant splénectomie diminuent la capacité de phagocytose des macrophages mais sans modifier l’expression des Fc␥R. L’expression accrue par les macrophages du HLA-DR et de la molécule de co-stimulation CD86 souligne leur rôle de cellules présentatrices d’antigènes participant à l’activation des lymphocytes T spléniques au cours du PTI. Conclusion.– La régulation de l’expression des Fc␥R activateurs et inhibiteurs à la surface des macrophages spléniques ne semble jouer qu’un rôle mineur au cours de la physiopathologie du PTI et des mécanismes d’action des IgIV. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.03.036
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Un biomarqueur de la vasculopathie de l’adulte drépanocytaire ? E. Masson a , R. Lacroix b , N. Sautereau a , C. Eldin a , M. Ebbo a , M. Brun a , L. Arnaud c , I. Thuret d , N. Schleinitz a , J.-R. Harle a , F. Dignat George b , E. Bernit a a Service de médecine interne, hôpital de la Conception, Marseille, France b Laboratoire d’hématologie Inserm UMR 1076, hôpital de la Conception, Marseille, France c Laboratoire d’hématologie, hôpital de la Conception, Marseille, France d Service d’hématologie pédiatrique, hôpital de La Timone, Marseille, France Introduction.– Plus d’un tiers des adultes drépanocytaires présentent une vasculopathie pouvant toucher différents organes, et responsable d’une importante morbi-mortalité (rétinopathie, néphropathie, etc.). Ceci nécessite un dépistage complexe répété annuellement. Notre étude a pour objet d’avoir une meilleure compréhension de la physiopathologie de la vasculopathie dans la drépanocytose et d’identifier un biomarqueur sanguin afin de mieux cibler le dépistage, voire de proposer un traitement préventif. Patients et méthodes.– Cinquante adultes présentant un syndrome drépanocytaire majeur ont été inclus de manière prospective entre les mois de novembre 2012 et février 2014. Deux prélèvements sanguins ont étés réalisés à 15 j d’intervalles, à distance de toute crise vaso-occlusive, épisode infectieux ou transfusion. Les taux de microparticules circulantes érythrocytaires, endothéliales, plaquettaires et leucocytaires, de cellules endothéliales circulantes, de E selectine et de progéniteurs endothéliaux circulants ont étés dosés. Les groupes de patients vasculopathes et non vasculopathes ont étés comparés. En objectif secondaire, des groupes de patients présentant une maladie vaso-occlusive sévère ou non sévère ont été comparés. Résultats.– Parmi la population étudiée de 50 patients, 43 % présentent une vasculopathie ; les plus représentées sont les néphropathies (46 %) et les rétinopathies (38 %). L’âge moyen des patients est de 30 ans, similaire dans les 2 groupes. Les taux de microparticules circulantes sont très élevés chez l’ensemble des patients drépanocytaires par rapport à la population générale, comme décrit dans la littérature [1]. On constate une grande variabilité de ces paramètres entre les deux prélèvements pour un même patient, ce qui rend l’interprétation difficile. Il n’est pas mis en évidence de différence significative des taux de microparticules entre les deux groupes. Les taux de cellules endothéliales circulantes dans l’ensemble de la cohorte sont comparables à une cohorte de patients témoins (médiane à 2, p = 0,6831). Cependant une tendance non significative à des taux de cellules endothéliales circulantes plus élevés chez les patients vasculopathes est retrouvée (médiane : 6,5 vs 1,5, p = 0,0709). De plus, les taux de E-selectine sont significativement plus élevés chez les patients vasculopathes (médiane à 71,3 ng/mL vs 43,4 ng/mL, p = 0,007). Étant donné que les valeurs de ces deux marqueurs ne sont pas corrélées, leur valeur additive pour prédire la présence d’une vasculopathie est évaluée par le calcul d’un score composite (cellule endothéliale circulante par centilitre + E selectine en ng/mL). Un seuil de 55 offre une sensibilité de 83 % et une spécificité de 81 %. En ce qui concerne la comparaison des groupes de patients sévères ou non sévère du point de vue de la maladie vaso-occlusive, aucune différence n’est mise en évidence sur aucun des paramètres étudié. Discussion.– Le taux de vasculopathie dans la population étudiée est comparable à celui retrouvé dans la littérature. C’est la première fois qu’un dosage de microparticules a été réalisé à deux reprises pour un même patient de manière systématique à l’état basal, et on constate la mauvaise reproductibilité de ce paramètre, ce qui ne permet pas son utilisation en tant que biomarqueur dans
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la drépanocytose. La E-selectine et les cellules endothéliales circulantes pourraient constituer des biomarqueurs intéressants de la vasculopathie drépanocytaire ; il reste à déterminer si leur élévation précède l’atteinte clinique. Ceci permettrait de mieux cibler le dépistage, voire d’envisager un traitement préventif. Un suivi de la cohorte à 5 et 10 ans sera donc réalisé, pour déterminer quels patients développent secondairement une vasculopathie. D’autre part ces résultats témoignent de l’atteinte endothéliale dans la vasculopathie drépanocytaire. Une limite de notre travail est que les patients les plus graves en programme d’échange transfusionnel n’ont pas pu être inclus et ne sont donc pas représentés. Conclusion.– Le dosage de E selectine et de cellules endothéliales circulantes pourrait permettre de mieux cibler le dépistage de la vasculopathie chez l’adulte drépanocytaire. Référence [1] Van Beers EJ, et al. Haematologica 2009;94(11):1513–9.
à J21 et à J42 avaient un taux de lymphocytes T activés CD4+ FoxP3+ significativement plus élevé que ceux qui en développaient une (10,7 % [2,9–16,6]) versus 5,3 % [1,0–11,2], p = 0,014 à J21 et 10,8 % [4,2–16,6] versus 5,7 % [1,0–11,2], p = 0,008 à J42). Le titre d’Ac vaccinaux à J21 et à J42 était inversement corrélé au taux de lymphocytes T activés CD4+ FoxP3+ (r = –0,47, p = 0,004 à J21 et r = –0,42, p = 0,02 à J42). En analyse multivariée, un taux élevé de lymphocytes T activés CD4+ FoxP3+ était associé à une maladie lupique plus active (p = 0,018). Conclusion.– Il n’existe pas de lien statistique entre les taux de Treg et la réponse vaccinale contre la grippe. En revanche, un taux élevé de lymphocytes T activés CD4+ FoxP3+ est associé à une mauvaise réponse vaccinale. L’explication pourrait être que les lymphocytes T CD4 déjà activés dans le cadre de la réponse auto-immune ne peuvent pas répondre en même temps à une stimulation vaccinale supplémentaire.
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.03.037
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.03.038
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L’augmentation des lymphocytes T activés CD4+FoxP3+ prédit la mauvaise immunogénicité du vaccin contre la grippe au cours du lupus systémique
Diminution importante du nombre de cellules NK circulantes et effondrement de leur capacité à produire de l’IFN-gamma au cours du syndrome des antisynthétases
A. Mathian a , H. Devilliers b , M. Miyara c , C. Parizot c , L. Arnaud a , D. Boutin-Le Thi Huong d , N. Costedoat-Chalumeau a , J. Haroche d , B. Autran c , F. Rozenberg e , G. Gorochov c , Z. Amoura f a Service de médecine interne 2, hôpital Pitié-Salpêtrière (AP–HP), Paris, France b Service de médecine interne et maladies systémiques, hôpital Général, Dijon, France c Département d’immunologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, France d Service de médecine interne, hôpital de la Pitié, Paris, France e Laboratoire de virologie, hôpital Cochin, Paris, France f Service de médecine interne, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, France Introduction.– Les vaccinations ont une place importante dans la prise en charge du lupus systémique (LS). Leur efficacité est cependant très variable et les facteurs immunologiques contrôlant la réponse vaccinale ne sont pas précisément connus, notamment au cours du LS. Les lymphocytes T régulateurs CD4+ FoxP3+ (Treg) répriment la réponse immune. Nous avons étudié la relation entre les Tregs et l’immunogénicité du vaccin contre la grippe A (H1N1) 2009 au cours du LS. Patients et méthodes.– Étude observationnelle pratiquée entre le 1er novembre 2009 et le 31 janvier 2010 lors de la vaccination contre la grippe A (H1N1) 2009. La vaccination consistait en 2 injections (J0 et J21) intra-musculaires du vaccin fragmenté sans adjuvant (PANENZA® ). Trente-cinq patients ont participé. Le diagnostic de LS était défini selon les critères de l’ACR. Les lymphocytes T CD4+ FoxP3+ circulants étaient mesurés à J0 par cytométrie de flux. Ils peuvent être divisés en trois sous populations : les lymphocytes T CD4+ FoxP3fort CD45RA− qui sont les Treg activés, les lymphocytes T CD4+ FoxP3+ CD45RA+ qui sont les Treg naïfs et les lymphocytes T CD4+ FoxP3+ CD45RA− qui ne sont pas des cellules régulatrices mais qui comprennent un grand nombre de lymphocytes activés sécréteurs de cytokines. La réponse anticorps vaccinale était mesurée à J0, J21 et J42 par un test d’inhibition de l’hémagglutination conformément aux recommandations pour les vaccins contre les grippes pandémiques de l’European Medicines Agency (EMA) et de la Food and Drug Administration (FDA). Résultats.– Il n’existait pas de lien statistique entre, d’une part, la séroprotection, la séroconversion et le titre d’Ac vaccinaux à J21 et à J42 et, d’autre part, le taux de Treg activés ou naïfs circulants. En revanche, les patients qui ne développaient pas de séroprotection
B. Hervier a , Y. Allenbach b , F. Cohen-Aubart c , M. Pha c , W. Stenzel d , A. Achour e , D. Saadoun b , A. Mathian c , O. Benveniste f , V. Vieillard e a Médecine interne, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris, France b Médecine interne, immunologie clinique, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, France c Médecine interne, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, France d Neuropathologie, Charite Hospital, Berlin, Allemagne e UMRS 945, Inserm, Paris, France f Médecine interne, immunologie clinique, hôpital de la Salpêtrière, Paris, France Introduction.– Le syndrome des antisynthétases (SAS) correspond à une connectivite auto-immune associant notamment myosite et pneumopathie infiltrante diffuse (PID), et est caractérisée par la présence d’autoanticorps spécifiques : les anti-ARNt-synthétases. Actuellement l’immunopathologie du SAS est mal connue et aucune étude n’a étudié le rôle potentiel des cellules Natural Killer (NK) dans ce contexte. Patients et méthodes.– Dix-huit patients (9 actifs et 9 inactifs, âge médian 50, extrêmes 25–77) ont été inclus et comparés à 9 sujets contrôles. Le phénotype des cellules NK (CD3- CD56+ ) était réalisé par cytométrie en flux. Les fonctions des cellules NK étaient étudiées spontanément ou après stimulation par l’interleukine (IL)-12 et IL-18, en présence de cellules cibles K562. Des tests statistiques appropriés étaient utilisés pour comparer les groupes et seulement une valeur de p < 0,05 était considérée comme significative. Résultats.– Les patients présentaient une myosite et/ou une PID dans 16 cas sur 18 (89 %). La myosite était la première cause de SAS actif (n = 7/9, 78 %). La majorité des patients (n = 14, 78 %) recevaient des corticoïdes et/ou des immunosuppresseurs, à dose faible et stable. Le taux de cellules NK circulantes était diminué chez les patients atteints de SAS par rapport aux contrôles (127 ± 85 vs 243 ± 95/mm3 , p < 0,001). La proportion des 2 types de cellules NK (cytotoxiques CD56dim et immunorégulatrices CD56bright ) était normale. En matière de phénotype (expression des récepteurs de surface cellulaire), les cellules NK des patients étaient très proches de celles des contrôles : ni les marqueurs d’activité (CD69, HLA-DR, NKp44), ni les marqueurs de maturation (CD16, NKG2A, CD8alpha and CD161), ni les récepteurs suivants : KIR, ILT2 et NKG2C-D