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rhumatologie
Aucun dosage préalable n’est obligatoire avant de supplémenter un sujet âgé en vitamine D
L
a vitamine D est toujours l’objet d’une recherche très active. Au-delà de ses effets classiques sur la minéralisation osseuse, de nouvelles propriétés lui sont aujourd’hui attribuées. Impact positif sur la fonction musculaire – avec une réduction du risque de chutes – amélioration de la sensibilité à l’insuline et bénéfice cardiovasculaire, effets immunomodulateurs, voire propriétés anticancéreuses... Un enthousiasme à tempérer cependant, car nombre de ces travaux expérimentaux ne sont pas encore transposables à l’humain. L’insuffisance en vitamine D est définie par un taux sérique de 25-hydroxyvitamine D [25(OH)D] compris entre 10 et 30 ng/mL – un taux = 10 définissant la carence. Lorsqu’une exploration du statut vitaminique D est nécessaire, seul le dosage de la
25(OH)D est recommandé. Son coût est de 20,25 €, pris en charge par l’Assurance maladie. Compte tenu de la fréquence des carences en population générale, notamment chez les plus de 65 ans, ce coût est loin d’être négligeable sur le plan médico-économique. Or, ce dosage n’est pas indispensable car les marges thérapeutiques sont larges et le risque de surdosage est quasi nul aux doses usuelles de supplémentation. C’est pourquoi une récente recommandation du GRIO (Groupe de recherche et d’information sur l’ostéoporose)1 souligne qu’il est tout à fait légitime de traiter sans dosage préalable les personnes les plus à risque, dont les 10 millions de Français de plus de 65 ans. Si le dosage n’est pas obligatoire, il peut bien sûr être réalisé si nécessaire, notamment en cas de
Un te est prédictif de la maladie de d’Alzh heimer ?
pathologie chronique. Les patients obèses, notamment après chirurgie bariatrique, sont à haut risque d’ostéomalacie majeure. Le stockage de la vitamine D dans les tissus graisseux impose chez eux une supplémentation à des doses souvent hors normes, sous contrôle biologique. En cas d’insuffisance rénale sévère ou d’antécédents de lithiase, une discussion pluridisciplinaire est nécessaire ainsi qu’un bilan phosphocalcique approfondi. | ARIELLE LE MASNE © www.jim.fr Source Communication de CL Benhamou et JC Souberbielle, lors du 24e Congrès de la Société Française de Rhumatologie, Paris, décembre 2011. Référence 1. Benhamou CL et al. La vitamine D chez l’adulte : recommandations du GRIO. Presse Med. 2011;40:673-82.
infectiologie
Retour sur l’épidémie d’Escherichia coli liée à des graines germées
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es infections humaines dues à la toxine produite par Escherichia coli représentent une cause majeure de syndrome hémolytique et urémique post-diarrhéique. Les symptômes cliniques, se caractérisant par une insuffisance rénale aiguë, une anémie hémolytique et une thrombopénie, affectent typiquement les enfants âgés de moins de 5 ans. La toxine produite par E. coli O157 appartient au sérogroupe le plus fréquemment isolé chez les patients atteints de syndrome hémolytique et urémique à travers le monde.
L’épidémie d’Escherichia coli Au mois de mai 2011, une grande épidémie de syndrome hémolytique
et urémique associée au sérotype rare d’E. coli O104:H4 est survenue en Allemagne. Le pic de cette épidémie a été rapidement atteint les 21 et 22 mai de cette même année. Parmi les patients atteints, 90 % sont des adultes et plus des deux tiers sont de sexe féminin. La source d’infection n’a pas immédiatement été déterminée.
L’étude scientifique Une étude scientifique, menée par des chercheurs européens, a permis de déterminer précisément la source de l’infection. Cette étude a été menée chez 26 sujets atteints de syndrome hémolytique et urémique ainsi que chez 80 sujets contrôles.
L’étude a porté particulièrement sur des personnes ayant fréquenté un restaurant très particulier. L’épidémie de cette maladie a été associée de manière invariable à la consommation de graines germées, avec un intervalle de confiance de 95 %. Une association avec la consommation de concombre a été retrouvée seulement dans les analyses multivariables. Une diarrhée sanglante associée à un Escherichia coli producteur de toxines a en effet été retrouvée chez 20 % de ces consommateurs dans la période considérée. Les consommateurs de graines germées ont été malades de manière plus significative. La consommation de graines germées permet alors d’expliquer 100 % des cas.
OptionBio | lundi 6 février 2012 | n° 466
Le producteur ayant distribué ces graines a été retrouvé et incriminé.
Conclusion Cette étude a permis d’identifier les graines germées comme étant à l’origine de cette épidémie d’E. coli producteur de toxines. L’investigation de l’ensemble des personnes ayant mangé dans le restaurant suspect a permis d’identifier de manière précise l’origine de cette épidémie. | OPHÉLIE MARAIS médecin biologiste, Paris
[email protected] Source Buchholz U, Bernard H, Werber D et al. German outbreak of Escherichia coli O104:H4 associated with sprouts. N Engl J Med. 2011;365:1763-70.
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