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étaient en réponse complète lors de l’arrêt de l’ICI. Quatre patients recevaient toujours l’ICI. Le performance statuts des patients évalués était compris entre 01. Des symptômes étaient signalés lors de la visite par 13 patients, dix d’entre eux déclarant avoir plus de deux symptômes. Les symptômes étaient : atteinte cutanée (n = 8), dyspnée (n = 5), myalgies/arthralgies (n = 5). Deux patients étaient sous traitement morphinique. Un patient a été diagnostiqué avec une insuffisance surrénalienne, non diagnostiquée préalablement. Cinq patients avaient un ECG anormal, anomalie inconnue auparavant chez trois d’entre eux. Chez ces 5 patients, il n’y avait pas d’anomalie biologique ou échocardiographique. Un patient avait un dosage de BNP élevé, sans expression clinique ou paraclinique. L’évaluation par fibroscan retrouvait un score F2 pour un patient et un score F1 pour cinq patients. Conclusion Les patients SLT restent symptomatiques pour la majorité. Des évaluations régulières par un interniste ou un spécialiste d’organe doivent être prévues en particulier pour surveiller les axes endocriniens. Une toxicité cardiaque tardive semble possible et justifie des investigations plus poussées, actuellement en cours chez ces patients. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.10.299 CA173
Intoxication aiguë au sulfate de cuivre compliquée de défaillance multiviscérale avec insuffisance rénale chez une patiente de 42 ans : étude de cas
D. Hoareau ∗ , M.D. Rita , C. Antoine , F. Lhote Médecine interne, centre hospitalier général de Saint-Denis, Saint-Denis ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (D. Hoareau) Introduction Le cuivre est un oligo-élément essentiel à tout organisme vivant. L’intoxication aiguë par ingestion de sulfate de cuivre est fréquente dans les pays d’Asie du Sud-Est. Elle représenterait jusqu’à 40 % des causes d’intoxication volontaire en Inde [1]. Retrouvé dans des domaines comme l’agriculture, le textile, la plomberie mais aussi au cours de rites et de pratiques de médecine traditionnelle, le sulfate de cuivre peut être responsable de tableau de défaillance multiviscérale mal connu en occident, entraînant un retard de prise en charge. Les traitements spécifiques restent néanmoins mal codifiés, avec un taux de mortalité pouvant atteindre 24,9 % [2]. Observation Nous rapportons le cas d’une patiente de 42 ans, ivoirienne, VIH positive traitée depuis 2 ans par antirétroviraux, qui s’est présentée au service d’accueil des urgences pour diarrhée et malaise sans perte de connaissance à 24 h de l’ingestion volontaire d’une poudre bleue de nature indéterminée comme remède traditionnel à une infertilité secondaire. À 48 h, la patiente présentait une insuffisance rénale aiguë anurique avec désaturation jusqu’à 74 % en air ambiant sans détresse respiratoire aiguë. Sa température était de 35,9 ◦ C, sa tension artérielle à 108/92 mmHg, sa fréquence cardiaque à 86 bpm. Le bilan biologique mettait en évidence : CRP à 186 mg/L, hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles à 37 070/mm3 , hémoglobine à 12,3 g/dL, plaquettes à 462 000/mm3 , créatinine à 612 mol/L, urée à 22,7 mmol/L, CPK à 3776 UI/L, lipase à 312 UI/L, myoglobine à 12 336 g/L, troponine HS à 2377 g/L. Il a été mis en évidence une méthémoglobinémie à 13 %. La patiente a été prise en charge en réanimation avec une première séance d’épuration extrarénale réalisée dès j1. La patiente a présenté une anémie hémolytique intravasculaire massive avec un nadir du taux d’hémoglobine à 4,2 g/dL à j3. Il n’y avait pas de coagulopathie ni argument pour une microangiopathie thrombotique.
La méthémoglobine a augmenté jusqu’à atteindre 25 % à j3 et a été prise en charge par oxygénothérapie haut débit et une dose de bleu de méthylène à la posologie de 1 mg/kg. La rhabdomyolyse a atteint son maximum à j3 avec un taux de CPK à 9850 UI/L. À j4, la patiente a présenté un arrêt cardio-respiratoire par dissociation électromécanique sur myocardite toxique, récupéré après 8 minutes de prise en charge adaptée. L’analyse pharmaco-toxicologique des cristaux ingérés a permis l’identification de sulfate de cuivre. La quantité exacte de produit consommé n’a pas été déterminée. La cuprémie mesurée à 72 h de l’ingestion était de 25,0 mol/L [N 11,0–20,2 mol/L]. La prise en charge en réanimation s’est compliquée de deux chocs septiques à point de départ pulmonaire et de myopathie de réanimation. Après un mois d’hospitalisation, la patiente a repris une diurèse à 270 cm3 . La fonction rénale s’est stabilisée avec un taux de créatinine entre 500 et 650 mol/L et la persistance d’une suppléance par hémodialyse à 2 mois de l’intoxication aiguë. Discussion Des manifestations cliniques ont été rapportées dès l’ingestion d’1 g de sulfate de cuivre [3]. Celles-ci concernent principalement le tube digestif avec un risque d’œsophagite et de gastrite toxiques et des vomissements dont la couleur bleutée oriente le diagnostic, une hématémèse, de la diarrhée, du méléna. Il est fréquent d’observer une hémolyse intravasculaire, une méthémoglobinémie aggravant l’anémie, une insuffisance rénale d’évolution habituellement favorable, une hépatite aiguë, une rhabdomyolyse et dans de plus rares cas une myocardite. La lipasémie est fréquemment élevée. Des cas de manifestations neurologiques comme des convulsions ont été rapportés, probablement en lien avec la défaillance multiviscérale. La dose létale de sulfate de cuivre se situerait entre 10 et 20 g. Aucune corrélation n’a été démontrée entre la cuprémie et la toxicité observée. La physiopathologie repose principalement sur le stress oxydatif et l’augmentation de la perméabilité membranaire. Aucun traitement spécifique n’a fait la preuve de son efficacité. Chez notre patiente, la chronicisation de l’insuffisance rénale peut s’expliquer par de multiples facteurs (défaillance multiviscérale, chocs septiques, VIH, traitement antirétroviraux). Conclusion L’intoxication aiguë par sulfate de cuivre n’est pas si rare et peut conduire à des tableaux de défaillance d’organes dont le pronostic est réservé même lors de l’utilisation de chélateur spécifique. L’issu peut également en être fatal. Sa toxicité est multifactorielle et reste encore incomprise par certains aspects. Son utilisation à des fins thérapeutiques est inquiétante et nécessite à la fois une connaissance des professionnels et un recours à de la pharmacovigilance à portée internationale. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Pour en savoir plus [1] Agarwall BN, Bray SH, Bercz P, Plotzker R, Labovitz E. Ineffectiveness of hemodialysis in copper sulphate poisoning. Nephron 1975;15:74–7. [2] Ahasan HA, Chowdhury MA, Azhar MA, Rafiqueddin AK. Copper sulphate poisoning. Trop Doct 1994;24(2):52–3. [3] Sinkovic A, Strdin A, Svensek F. Severe acute copper sulphate poisoning: a case report. Arh Hig Rada Toksikol 2008;59:31–5. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.10.300 CA174
La panphotocoagulation laser rétinienne : un « pathergy test oculaire » dans la maladie de Behc¸et ?
P. Bielefeld 1,∗ , J. Blanc 2 , R. Bouvet 1 , S. Mouries-Martin 1 , I. Herrada 1 , K. Baldet 1 , A. Bron 2 , G. Muller 1 , A. Turcu 1 , H. Devilliers 1 1 Médecine interne et maladies systémiques, CHU de Dijon, Dijon 2 Ophtalmologie, CHU de Dijon, Dijon
80e Congrès de médecine interne – Limoges du 11 au 13 décembre 2019 / La Revue de médecine interne 40 (2019) A105–A214 ∗
Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (P. Bielefeld)
Introduction La panphotocoagulation laser est utilisée en ophtalmologie pour traiter les lésions rétiniennes vasculaires qui ne répondent pas au traitement anti-inflammatoire et immunosuppresseur. Nous rapportons les observations de trois patients dont le syndrome de Behc¸et oculaire s’aggrave après cette procédure alors que leur maladie était calme. Patients et méthodes Trois patients atteints de syndrome de Behc¸et oculaire grave, répondant aux critères internationaux, ont subi une panphotocoagulation rétinienne. Résultats Le patient 1 était une femme de 54 ans présentant une uvéite de Behc¸et stable traitée par méthotrexate seul depuis 2 ans après inefficacité de la colchicine. Elle a subi une photocoagulation laser en raison de zones de séquelles rétiniennes à type de néovascularisation. Un épisode grave d’uvéite antérieure avec hypopion se produisit, nécessitant de la prednisone par voie orale à forte dose pendant 3 mois, et une augmentation des doses de méthotrexate. Le patient 2 était un homme de 63 ans qui avait subi une opération de la cataracte deux ans auparavant, malgré une uvéite de Behc¸et active sous prednisone et méthotrexate. Un an de traitement par infliximab avait été ensuite nécessaire pour obtenir une maladie stable. Un an plus tard, le patient présentait une néovascularisation rétinienne sous méthotrexate nécessitant une panphotocoagulation. Suite à cette procédure, l’uvéite du patient a rechuté et de l’infliximab associé à de l’azathioprine et de la prednisone à 1 mg/kg/j ont été nécessaires pour obtenir à nouveau une maladie stable. Le patient 3 était un homme de 48 ans souffrant de pansclérite et d’uvéite. Un an plus tard, le diagnostic a été posé lorsqu’il a présenté une aphtose bipolaire. Incidemment, il avait une arthrite touchant les grosses articulations. Une association prednisone, méthotrexate et infliximab étaient nécessaires pour obtenir une rémission de la sclérite et de l’uvéite. Malheureusement, la maladie étant calme, une procédure de panphotocoagulation a été décidée pour les anévrismes rétiniens séquellaires. L’uvéite récidivait et un switch du remicade pour du tocilizumab fut nécessaire. Discussion L’agression chirurgicale de l’œil est connue pour induire potentiellement des rechutes d’uvéite chez des patients prédisposés. Une rechute d’uvéite après une opération de la cataracte est bien connue et décrite. Dans cette série de Zhang et al. [1] de quatre-vingts patients atteints d’uvéite, l’inflammation récidivait en postopératoire chez 34 sur 74 yeux évaluables et le résultat visuel était moins bon chez les 10 patients atteints de syndrome de Behc¸et que chez les autres uvéites inflammatoires. De la même fac¸on, la survenue d’une uvéite après photocoagulation au laser, procédure moins agressive que la chirurgie de la cataracte, a déjà été décrite auparavant de fac¸on très ponctuelle. Il n’y avait pas de patients atteints de syndrome de Behc¸et, mais 3 cas de diabète dont un avait une uvéite préexistante [2]. Un autre cas a été rapporté chez un patient qui avait subi une rétinopexie au laser sans autre maladie oculaire [3]. La photocoagulation peut provoquer des dommages structurels rétiniens et choroïdiens. Ainsi, la barrière hémato-rétinienne ou hémato-acqueuse peut être endommagée et produire des cytokines pro-inflammatoires et donc induire une rechute d’uvéite, appelée hypopion induit par le laser. Le mécanisme impliqué pourrait correspondre à un « test de pathergie oculaire » chez les patients atteints de syndrome de Behc¸et. Conclusion Les patients atteints d’uvéite de Behc¸et doivent être surveillés avec soin et les traitements de ceux qui ont de longs antécédents inflammatoires doivent sans doute être intensifiés au moment de la procédure de panphotocoagulation rétinienne. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Pour en savoir plus [1] Zhang Y, et al. Medicine 2017;96(30):e7353.
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[2] Tyagi M, et al. BMJ Case Rep 2016:2016, http://dx.doi.org/10. 1136/bcr-2016-215949. [3] Chan DFF, et al. J Ophthalmic Inflamm Infect 2017;7:21. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.10.301
Médecine interne et maladies infectieuses CA175
Évaluation des connaissances des femmes enceintes sur leur statut vaccinal contre la rougeole O. Souchaud-Debouverie 1,∗ , C. Elsendoorn 2 , A. Brossard 2 , F. Pierre 2 1 Service de médecine interne, CHU la Milétrie, Poitiers 2 Service de gynécologie-obstétrique, CHU la Milétrie, Poitiers ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (O. Souchaud-Debouverie) Introduction Depuis 2017, une épidémie de rougeole est observée en France, responsable de 3 décès en 2018. Une couverture vaccinale optimale, supérieure à 95 % de la population, pourrait éradiquer la maladie. Les femmes enceintes et leurs enfants de moins d’un an sont exposés à des complications graves voir mortelles lorsqu’ils sont atteints. L’objectif de ce travail est d’évaluer les connaissances des femmes enceintes sur leur statut vaccinal contre la rougeole. Patients et méthodes Un questionnaire a été remis aux femmes enceintes consultant de fac¸on programmée dans une maternité de niveau III ou hospitalisées dans le service de grossesses pathologiques. Cette étude descriptive a été réalisée sur une période de 1 mois en mai 2019. Résultats Parmi les 211 participantes, la majorité (64,9 %) ignorait leur statut vaccinal contre la rougeole. Seules 26,5 % étaient certaines d’avoir rec¸u 2 doses du vaccin ROR alors que la gravité de cette maladie était connue pour 3/4 d’entre elles. Dans la population étudiée, 65,4 % des patientes déclaraient ne pas avoir rec¸u d’informations concernant la rougeole et/ou sa vaccination avant ou pendant leur grossesse. Seules 5,2 % disaient avoir été informées pendant leur grossesse. Conclusion Bien que la gravité de la rougeole soit connue par la population, les femmes enceintes ne savent pas si leur statut vaccinal est à jour, notamment par un manque d’informations pendant leur suivi médical. La formation des professionnels de la périnatalité est une priorité pour promouvoir la vaccination et pour une prévention optimale contre la rougeole. Pendant la grossesse, la vérification du carnet de santé ou de vaccination devrait devenir systématique par tous les professionnels de santé afin d’améliorer la protection de la femme enceinte et de son entourage contre la rougeole. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.10.302 CA176
Emergence d’un agent aquatique pathogène : Leclercia adecarboxylata, à propos de 6 cas
S. Lang , S. Zayet ∗ , L. Toko , P.Y. Royer , O. Ruyer , V. Gendrin Service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Nord Franche-Comté, Trévenans ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (S. Zayet)