3 quel est votre diagnostic ?
Feuillets de Radiologie 2007, 47, n° 1,53-55 © 2007. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Une masse abdominale de l’enfant I. Kamaoui 1, K. Znati 2, N. Sqalli Houssaini 1, A. Afifi 3, A. Amarti 2, S. Tizniti 1 1. Service de Radiologie, CHU Hassan II, Hôpital Al Ghassani, Fès, Maroc. 2. Service d’Anatomiepathologique, CHU Hassan II, Hôpital Al Ghassani, Fès, Maroc. 3. Service de Chirurgie Pédiatrique, CHU Hassan II, Hôpital Al Ghassani, Fès, Maroc. Correspondance : I. Kamaoui, 76, avenue Md El Yazidi, Hay Riad, Rabat, Maroc. Email : Kamaouiimane @yahoo.fr
Observation Il s’agit d’un patient âgé de 9 ans qui a consulté pour une voussure abdominale d’apparition récente et augmentant progressivement de taille sans autre signe accompagnateur. L’examen clinique a objectivé la présence d’une masse paraombilicale droite, bien limitée, rénitente et indolore, non
adhérente aux plans superficiel et profond, et faisant environ 5 cm de grand axe. Le bilan biologique était normal. Une échographie abdominale (fig. 1), puis une TDM abdominopelvienne ont été réalisées (fig. 2). Quel est votre diagnostic ? Réponse page 54
Figure 1. Échographie abdominale montrant une masse liquidienne bien limitée, à paroi épaisse, à contenu anéchogène.
A
B
C
Figure 2. TDM abdomino-pelvienne après injection de produit de contraste en coupe axiale (A) avec reconstruction MRP coronale (B) et sagittale (C). Masse kystique de 6 cm de diamètre de densité liquidienne homogène à paroi non rehaussée après injection.
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Une masse abdominale de l’enfant
Réponses de la page 53
L’échographie est un examen essentiel. Sa fiabilité diagnostique est estimée à 96 % [6]. Le scanner permet également un diagnostic facile et précis surtout dans la localisation péri-
Données de l’imagerie
tonéale. L’aspect échographique et tomodensitométrique reproduisent les stades de la classification de Gharbi et tra-
L’échographie abdominale a montré une masse sous pariétale, à contenu liquidien homogène, limitée par une paroi épaisse et régulière (fig. 1). La TDM abdomino-pelvienne a confirmé la nature kystique de la masse dont la paroi ne se rehaussait pas après injection du produit de contraste iodé et mesurant 50 × 60 mm (fig. 2). Elle était de siège latéroombilical droit et supravésicale. L’origine péritonéale a été suggérée par le refoulement en arrière des anses digestives et la surélévation du muscle grand droit. La masse sus-décrite ne se continuait pas avec la vessie. Un certain nombre de diagnostics ont été envisagés : un kyste de l’ouraque en raison de l’âge jeune du patient et de la localisation supra-vésicale de la masse kystique ; un kyste du mésentère ou une duplication digestive non communicante. Le patient a été opéré. Le diagnostic a été suggéré au cours de l’acte opératoire, puis confirmé par l’examen anatomopathologique de la pièce opératoire après kystectomie. Il s’agit d’un kyste hydatique intrapéritonéal primitif.
duisent le stade évolutif de la maladie. L’IRM apporte un appoint diagnostique dans le cas ou les kystes ne sont pas caractéristiques en échographie ou en scanner [7]. Elle permet essentiellement de caractériser le kyste hydatique de type IV en mettant en évidence de fines structures tissulaires au sein de la lésion formants des « enroulements » concentriques très évocateurs sur les séquences pondérées T2. Chez notre patient porteur d’un KH péritonéal, le diagnostic différentiel se pose essentiellement avec un kyste de l’ouraque vu l’âge jeune du patient et la localisation sus vésicale de la masse kystique : cette dernière se continue avec la vessie ; une duplication digestive non communicante : cependant sa présence à proximité du tube digestif et l’identification d’une paroi de type intestinal oriente le diagnostic ; un kyste mésentérique : la paroi kystique est très fine et enfin un hématome ancien méconnu et organisé : la modification de l’aspect radiologique dans le temps et la notion de traumatisme ancien orientent le diagnostic.
Commentaire
Le traitement reste avant tout chirurgical associé à un traitement antiparasitaire par albendazole. Un drainage percutané
L’hydatidose est une anthropozoonose cosmopolite. Les kystes peuvent se développer dans toutes les régions de l’organisme avec un tropisme pour le foie (40 à 60 %) et les poumons (21 à 53 %). La localisation péritonéale représente entre 5 et 16 % des hydatidoses [1]. Elle est en général secondaire à la fissuration d’un kyste hydatique (KH) hépatique ou splénique, à la contamination péritonéale pendant la résection chirurgicale d’un KH, à une ponction ou un traumatisme. La localisation péritonéale primitive est exceptionnelle. À notre connaissance, aucun cas de KH péritonéal primitif n’a été décrit dans la littérature. Seuls 4 cas de localisation rétropéritonéale ont été rapportés. Sa physiopathologie est mal connue. Les hypothèses sont que l’embryon hexacanthe passe dans la circulation portale en traversant la barrière hépatocytaire ou encore traverse la paroi digestive pour arriver aux lymphatiques péritonéaux [2]. Les signes cliniques sont dominés par la douleur, de siège et d’intensité variables et qui peut être accompagnée par des vomissements, voire une altération de l’état général. La constatation d’une masse abdominale, comme le cas de notre patient, est fréquente : 94 % pour Moumen et al. [3], 40 % pour Haddad et al. [4], 50 % pour El Massari et al. [5]. La sérologie de l’hydatidose n’a de valeur que si elle est positive.
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associé à une stérilisation de la cavité (solution hypertonique, alcool à 95 %) a également était rapporté. Le pronostic reste réservé. En effet, la dissémination péritonéale contemporaine de la résection chirurgicale se complique d’une récidive péritonéale dans la majorité des cas dans les cinq ans qui suivent.
Références 1. 2. 3.
4.
5. 6.
7.
Prousalidis J, Tzardinoglou K, Sgouradis L, Katsohis C, Aletras H. Uncommon sites of hydatid disease. World J Surg 1998; 22: 17-22. Basaranoglu M, Sonsuz A, Perek A, Perek S, Akin P. Primary pelvic hydatid cyst. J Clin Gastroenterol 1998; 26: 157-8. Moumen M, El Alaoui ME, El Mansouri A, Mokhtari A, Elfares F. L’échinococcose péritonéale. Problèmes diagnostiques et thérapeutiques à propos de 34 cas. Chirurgie 1991 ; 117 : 845-9. Haddad N, Tabbane S, Elouze N. Aspects cliniques et problèmes de diagnostic des écchinococcoses du péritoine. Tunisie médicale 1976 ; 54 : 735-64. El Mansari O, Zentar A, Sair K, Sakit F, Bounaim A, Janati IM. L’hydatidose péritonéale à propos de 12 cas. Ann Chir 2000 ; 125 : 353-7. Kehila M, Allegue M, Daoud N, Chaabane M, Said R, Ben Hamida R, et al. Corrélation échographique et chirurgicale dans le kyste hydatique abdominal : à propos de 50 premiers cas explorés par échographie en 1983-84. Tunisie médicale 1985 ; 63 : 545-8. Severino ADM, Giancario CC, Franco AN, Gianpiero PA, Sebastiano GM, Paolo MC. Hydatid disease: MR imaging study. Radiology 1990; 175: 701-6.
Une masse abdominale de l’enfant
3test de formation médicale continue
Qu’avez-vous retenu de cet article ? Testez si vous avez assimilé les points importants de cet article en répondant à ce questionnaire sous forme de QCM. 1. L’hydatidose péritonéale : A : Est fréquente ; B : Elle est le plus souvent secondaire ; C : Se manifeste par une voussure abdominale ; D : Sa physiopathologie est mal connue.
2. L’imagerie du KH péritonéal : A : L’échographie en constitue un examen essentiel ; B : Le scanner permet une meilleure caractérisation du type IV ; C : La classification de Gharbi reproduit les stades évolutifs de la maladie hydatique ; D : Les enroulements concentriques sont très évocateurs du KH sur les séquences pondérées T2.
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