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Tableau 1 E´volution des parame`tres biologiques. Date He´moglobine Plaquettes TP Facteur II Facteur V Facteur X Fibrinoge`ne D-dime`res Complexes solubles Haptoglobine
08/11 06 h 40 j1 De´but de la symptomatologie
08/11 12 h 30 j1 12,1 126 000 37 78 32 89 0,5 > 36 000 Positifs 0,59
08/11 14 h 30 j1 – – 47 75 49 91 0,5 > 36 000 Positifs –
10/11 j3 8,2 133 000 100 111 > 120 118 2,5 – Ne´gatifs 0,63
11/11 j4 8,9 123 000 100 112 > 120 > 120 2,1 – – 0,68
12/11 j5 9,7 132 000 100 – – – 2,3 – – 0,83
13/11 j6 9,8 152 000 100 – – – 3,3 – – 0,97
14/11 j7 10,6 170 000 100 – – – 4,2 – – 1,14
19/11 j12 10,8 206 000 100 – – – 6,2 – – 1,48
TP: taux de prothrombine.
Conflit d’inte´reˆt Aucun. Re´fe´rences [1] Tramoni G, Boisson C, Gamerre L, Cle´ment HJ, Bon C, Rudigoz RC, Viale JP. Embolie de liquide amniotique : mise au point. Ann Fr Anesth Reanim 2006;25:599–604. [2] Knight M, Tuffnell D, Brocklehurst P, Spark P, Kurinczuk JJ. Incidence and risk factors for amniotic-fluid embolism. Obstet Gynecol 2010;115:910–7. [3] Pluymakers C, De Weerdt A, Jacquemyn Y, Colpaert C, Van de Poel E, Jorens PG. Amniotic fluid embolism after surgical trauma: two case reports and review of the literature. Rescuscitation 2007;72:324–32. [4] Fekhkhar K, Rachet B, Gillet R, Provost B, Lalo JP, Rieu M, Compe`re V, Roussel F, Marpeau L, Dureuil B. Embolie amniotique lors d’un curetage pour une grossesse arreˆte´e. A` propos d’un cas. Ann Fr Anesth Reanim 2009;28:795–8. [5] Benson MD, Lindberg RE. Amniotic fluid embolism, anaphylaxis and tryptase. Am J Obstet Gynecol 1996;175:737. [6] Van Cortenbosch B, Huel C, Houfflin Debarge V, Luton D, Lambaudie E, Porquet D, Guibourdenche J. Biologic tests for the diagnosis of amniotic fluid embolism. Ann Biol Clin (Paris) 2007;65:153–60.
T. Sene´*, A. Hamdi, V. Das, J.-L. Pallot Service de re´animation polyvalente, centre hospitalier interre´gional Andre´-Gre´goire, 56, boulevard de la Boissie`re, 93100 Montreuil, France *Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (T. Sene´). ˆ t 2010 Disponible sur Internet le 24 aou doi:10.1016/j.annfar.2010.07.008
Une nouvelle observation de perforation iatroge`ne de l’œsophage venant compliquer une intubation trache´ale difficile et non pre´vue Iatrogenic oesophageal perforation following the use of a bougie I N F O A R T I C L E
Mots cle´s : Intubation Œsophage Complication iatroge`ne Keywords: Intubation Esophagus Iatrogenic complication
Bensghir et al. [1] ont rapporte´ une observation de perforation iatroge`ne de l’œsophage ayant complique´ une intubation trache´ale
difficile et non pre´vue qu’ils ont attribue´e, soit a` l’utilisation d’un guide souple soit a` l’intubation a` travers un masque larynge´ FastrachTM. Nous avons observe´ un cas assez similaire ou` la cause de la perforation est due au guide souple. Un patient de 75 ans a e´te´ hospitalise´ pour be´ne´ficier d’une embolisation suivie d’un traitement chirurgical palliatif d’une me´tastase verte´brale (T10) secondaire a` un cancer de prostate. L’examen clinique, lors de la consultation pre´anesthe´sique, n’avait pas mis en e´vidence de signe pre´dictif d’une ventilation ou d’une intubation difficile mis a` part l’aˆge du patient. La conduite pre´vue pour re´aliser l’embolisation e´tait une anesthe´sie ge´ne´rale. Apre`s pre´me´dication par hydroxyzine, et installation d’un monitorage standard en salle d’intervention, l’anesthe´sie ge´ne´rale a e´te´ induite par l’association sufentanil (0,3 mg/kg) et propofol (2 mg/kg). Apre`s ve´rification de l’efficacite´ de la ventilation au masque, la curarisation a e´te´ assure´e par l’administration de 0,5 mg/kg d’atracurium. La constatation a` la laryngoscopie d’un grade III de Cormack a conduit d’emble´e a` l’insertion d’une guide souple Frova (Cook1). Deux tentatives d’insertion du guide se sont solde´es par un passage du guide dans l’œsophage. Une troisie`me tentative d’intubation sur guide a permis l’intubation trache´ale (Mallinckrodt1, 7,5 mm de diame`tre interne). Les manœuvres d’intubation ont e´te´ re´alise´es sans difficulte´ dans la mesure ou` la ventilation au masque e´tait efficace assurant une oxyge´nation correcte. Aucun incident perope´ratoire n’a e´te´ note´ et le patient a e´te´ extube´ peu apre`s la fin de la proce´dure. Le patient s’est plaint d’une douleur thoracique droite apre`s son arrive´e en salle de surveillance postinterventionnelle puis rapidement de signes d’insuffisance respiratoire avec polypne´e et hypoxe´mie, sans instabilite´ he´modynamique. L’existence d’une opacite´ non syste´matise´e de la base pulmonaire droite a` la radiographie a conduit a` la re´alisation d’une fibroscopie bronchique, qui n’a re´ve´le´ aucune le´sion de l’arbre trache´obronchique, puis a` celle d’un scanner cervicothoracique. Celui-ci a permis le diagnostic de perforation œsophagienne avec fistule œso-pleurale droite a` son tiers moyen. Une thoracotomie poste´rolate´rale droite centre´e sur le cinquie`me espace intercostal a e´te´ pratique´e dans la soire´e. Une perforation œsophagienne a e´te´ retrouve´e au niveau du tiers moyen juste sous la care`ne : plaie d’environ 1 cm au niveau de la muqueuse mais d’environ 2 cm sur la musculeuse. Un drain de Kerr a e´te´ mis en place dans la bre`che œsophagienne avec deux points de Vicryl de part et d’autre du drain, qui suturent le bre`che. La cavite´ de thoracotomie a e´te´ ferme´e sur deux drains aspiratifs dont un poste´rieur au contact de la fistule permettant a` celle-ci d’eˆtre dirige´e secondairement. Une je´junostomie d’alimentation a e´te´ re´alise´e dans le meˆme temps. L’antibiothe´rapie a compris initialement l’association pipe´racilline–tazobactam et amikacine puis l’association amoxicilline–acide clavulanique, a` partir de j5. L’e´volution postope´ratoire a e´te´ favorable avec re´gression de la pneumopathie en quelques jours et absence de fuite œsopha gienne au scanner de j19. L’intubation trache´ale peut exceptionnellement de se compliquer d’une perforation œsophagienne [2], la sonde venant le´ser la
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muqueuse le plus souvent situe´e dans le triangle de Laimer constitue´ par la jonction entre le muscle cricopharyngien et les ˆ au muscles constricteurs du larynx. Le traumatisme est du mandrin long be´quille´ dans notre observation. Ce dispositif est indique´ en cas d’intubation difficile impre´vue [3], sa pre´sence dans le chariot d’intubation difficile est pre´conise´e [4]. Son usage a transforme´ la prise en charge des patients lorsque le risque de ventilation ou d’intubation difficile n’avait pas e´te´ pre´vu lors de l’e´valuation pre´anesthe´sique et que la laryngoscopie met en e´vidence un grade de Cormack et Lehane III ou IV. Cela avait e´te´ confirme´ par une e´tude observationnelle mene´e sur huit ans par Detave et al. [5]. Ces auteurs ont rapporte´ leur expe´rience portant sur 15 657 intubations dont 301 intubations avaient e´te´ difficiles avec utilisation d’un mandrin d’Eschmann dans 276 cas et succe`s quasi-constant de cette technique. Il existe de nombreux mandrins disponibles sur le marche´ et seule une e´tude sur mannequin permet une comparaison dans des conditions satisfaisantes. Gibert et al. [6] ont compare´ trois mandrins (mandrin VBM, VBM France ; mandrin Portex, SMITHS Me´dical France ; mandrin Frova, Cook Me´dical) sur une mannequin-simulateur d’anesthe´sie (SimMan, Laerdal1, Laerdal Me´dical, Limonest, France) dont la programmation simulait une exposition glottique correspondant a` un grade 3 dans la classification de Cormack et Lehane. Le mandrin Frova, en plastique semi-rigide, a e´te´ juge´ comme le plus satisfaisant tant pour la maniabilite´ que pour la rigidite´. Le mandrin VBM a e´te´ juge´ trop rigide et le mandrin Portex trop souple. Cette e´tude de performance ne pouvait s’associer a` celle des risques inhe´rents a` l’utilisation des mandrins. Notre observation, au cours de laquelle fut utilise´ un guide souple Frova (Cook1), se rapproche de celle de Bensghir et al. [1] qui avaient utilise´ un mandrin Satin-slipTM (Mallinckrodt1, Irlande), mode`le non e´tudie´ par Gibert et al. [6]. Ces observations apparaissent exceptionnelles au regard de la fre´quence d’utilisation de ces mandrins. Elles ne doivent bien entendu pas modifier la conduite recommande´e en cas d’intubation difficile non pre´vue mais elles doivent inviter a` une re´alisation pre´cautionneuse des gestes et a` une attention particulie`re en postope´ratoire. L’apparition d’une douleur cervicale ou thoracique, de signes respiratoires, d’un emphyse`me sous-cutane´ doit faire e´voquer un traumatisme œsophagien et/ou trache´al ayant complique´ les manœuvres d’intubation et conduire a` une exploration radiologique. ˆt Conflit d’inte´re Aucun. Re´fe´rences [1] Bensghir M, Azendour H, Elwali A, Belyamani L, Atmani M, Drissi-Kamili N. Perforation iatroge`ne de l’œsophage suite a` une intubation trache´ale difficile impre´visible. Ann Fr Anesth Reanim 2007;26:999–1001. [2] Sippel M, Putensen C, Hirner A, Wolff M. Tracheal rupture after endotracheal intubation: experience with management in 13 cases. Thorac Cardiovasc Surg 2006;54:51–6. [3] Langeron O, Bourgain JL, Laccoureye O, Legras A, Orliaguet G. Strate´gies et algorithmes de prise en charge d’une difficulte´ de controˆle des voies ae´riennes : Question 5. Confe´rence d’experts, Socie´te´ franc¸aise d’anesthe´sie et de re´animation. Ann Fr Anesth Reanim 2008;27:41–5. [4] Combes X, Pean D, Lenfant F, Francon D, Marciniak D, Legros A. Mate´riels d’intubation et de ventilation utilisables en cas de controˆle difficile des voies ae´riennes. Le´gislation et maintenance : Question 4. Ann Fr Anesth Reanim 2008;27:33–40. [5] Detave M, Shiniara M, Leborgne JM. Utilisation d’un mandrin d’Eschmann dans l’intubation orotracheale difficile, e´valuation d’une pratique professionnelle sur huit ans. Ann Fr Anesth Reanim 2008;27:154–7. [6] Gibert F, Lenfant F, Avena C, Albertini S, Cailliod R, Freysz M. E´valuation comparative de mandrins longs be´quille´s a` usage unique sur un mannequin de simulation (SimMAN). Ann Fr Anesth Reanim 2009;28:255–6.
K. Sievert, M. Fischler* Service d’anesthe´sie, hoˆpital Foch, 92151 Suresnes, France *Auteur correspondant Adresse e-mail : m.fi
[email protected] (M. Fischler). Disponible sur Internet le 15 septembre 2010 doi:10.1016/j.annfar.2010.07.010
Luxation mandibulaire survenant a` l’ablation d’un masque larynge´ Temporomandibular joint dislocation occurring by removing an LMA I N F O A R T I C L E
Mots cle´s : Anesthe´sie ge´ne´rale Masque larynge´ Luxation Complications Keywords: General anaesthesia Intubating laryngeal mask Temporomandibular Joint disorder Complication
En anesthe´sie, la survenue d’une luxation de l’articulation temporomandibulaire (ATM) est une complication rarement observe´e. Elle est, ne´anmoins, rapporte´e lors de la laryngoscopie ou de la mise en place d’un masque larynge´ mais e´galement en cas de ventilation difficile au masque facial [1–3]. Nous rapportons un cas de luxation de l’ATM survenant a` l’ablation d’un masque larynge´ a` usage unique chez une patiente sans facteur de risque. Une patiente de 42 ans, de score American Society of Anesthesiologie (ASA) 1, 1,54 m pour 55 kg (indice de masse corporelle [IMC] a` 23,2), e´tait ope´re´e d’une exe´re`se de mate´riel d’oste´osynthe`se de cheville dans le cadre d’une prise en charge ambulatoire. Lors de la consultation d’anesthe´sie, aucun ante´ce´dent particulier n’avait e´te´ note´. La patiente ne pre´sentait pas de facteurs pre´dictifs de ventilation ni d’intubation difficile (score de Mallampati cote´ a` 1, distance thyromentonnie`re > 60 mm, ouverture de bouche > 35 mm). La patiente refusant une anesthe´sie locore´gionale, une anesthe´sie ge´ne´rale e´tait alors re´alise´e par l’administration de propofol et de re´mifentanil. La ventilation au masque facial n’a pre´sente´ aucune difficulte´ et la mise en place d’un masque larynge´ LMA/Unique1 de taille 4 a e´te´ re´alise´e avec succe`s de`s la premie`re tentative. Aucune be´ance buccale ou difficulte´ a` la fermeture de la bouche n’e´tait note´e. La pe´riode perope´ratoire s’est de´roule´e sans incident. A` la fin de l’intervention, la patiente e´tait transfe´re´e en SSPI. Rapidement apre`s son admission, aide´e par un soignant, la patiente retirait son masque larynge´ sans difficulte´. On constatait imme´diatement une be´ance buccale irre´ductible associe´e a` une vive douleur de l’ATM. Le diagnostic de luxation ante´rieure bloque´e de l’ATM e´tait pose´. Graˆce a` la manœuvre de Ne´laton et sans recours a` une se´dation, la luxation e´tait re´duite par un stomatologue dix minutes apre`s avoir e´te´ constate´e. La patiente quittait la SSPI 45 minutes apre`s la