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Une technique d’analgésie au XIXe : « l’éveilleur de vie » de Baunscheidt
Le Praticien en anesthésie réanimation (2016) 20, 201—202
Disponible en ligne sur
ScienceDirect www.sciencedirect.com
HISTOIRE DE L’ANESTHÉSIE
Une technique d’analgésie au XIXe : « l’éveilleur de vie » de Baunscheidt Jean-Bernard Cazalaà 1 Paris, France Disponible sur Internet le 25 aoˆ ut 2016
Hippocrate (460—370 avant JC) écrit dans ses célèbres aphorismes (Section II-46) : « Si deux douleurs éclatent à la fois dans des lieux différents, la plus forte obscurcit la plus faible ». Cette notion est toujours d’actualité et le traitement de la douleur a varié au cours du temps. En 1847, Karl Baunscheidt (1809—1873), inventeur et mécanicien allemand (Fig. 1), remarqua que sa douleur d’arthrose à la main avait disparu à la suite de piqûres de moustiques dans la même région. Son esprit inventif lui fit penser que ces piqûres de moustiques avaient perforé et irrité la peau permettant de drainer les substances causant sa douleur arthritique. Il inventa alors le Lebenswecker (« éveilleur de la vie »). Cet appareil (Fig. 2 et 3) de 25 cm de long se composait d’un corps en bois noir (ébène ?) contenant un axe mobile qui se terminait par une trentaine d’aiguille fines disposées en rond. À l’intérieur du corps, un ressort entourait l’axe mobile. En tirant puis relâchant cet axe, le ressort comprimé projetait les aiguilles contre la peau. Pour parfaire le traitement, un révulsif imprégnait les aiguilles ou la peau. Ainsi, une réaction exanthématique apparaissait. Les produits révulsifs étaient divers et plus ou moins secrets. Le manque d’hygiène provoquait des infections et la difficulté de désinfection des aiguilles ne semblait pas gêner les utilisateurs.
Adresse e-mail : [email protected] Club d’Histoire de l’anesthésie et de la réanimation : http://www.char-fr.net. 1
http://dx.doi.org/10.1016/j.pratan.2016.07.001 1279-7960/
Figure 1.
Karl Baunscheidt (1809—1873).
Cependant, « L’éveilleur de vie » eut un énorme succès pendant plus de 30 ans dans le monde entier permettant de soigner certes les douleurs mais aussi toutes les maladies dont la coqueluche, devenant ainsi un outil providentiel pour les escrocs.
202
J.-B. Cazalaà Cette méthode se rapproche de la méthode chinoise du « qi xing zhen » toujours employée en Asie et est une lointaine ancêtre de la mésothérapie, qui elle, a fait ses preuves sur le traitement de la douleur selon l’Anaes. Baunscheidt a bâti sa théorie sur les idées de son siècle, mais étant mécanicien on peut douter qu’il se soit servi de l’aphorisme d’Hippocrate cité dans l’introduction.
Figure 2. Appareil de Baunscheidt vue générale bouchon fermé et bouchon ouvert (collection personnelle J.B. Cazalaà).
Figure 3. Appareil de Baunscheidt détail les aiguilles (collection personnelle J.B. Cazalaà).
Disponible en ligne sur
ScienceDirect www.sciencedirect.com
HISTOIRE DE L’ANESTHÉSIE
Une technique d’analgésie au XIXe : « l’éveilleur de vie » de Baunscheidt Jean-Bernard Cazalaà 1 Paris, France Disponible sur Internet le 25 aoˆ ut 2016
Hippocrate (460—370 avant JC) écrit dans ses célèbres aphorismes (Section II-46) : « Si deux douleurs éclatent à la fois dans des lieux différents, la plus forte obscurcit la plus faible ». Cette notion est toujours d’actualité et le traitement de la douleur a varié au cours du temps. En 1847, Karl Baunscheidt (1809—1873), inventeur et mécanicien allemand (Fig. 1), remarqua que sa douleur d’arthrose à la main avait disparu à la suite de piqûres de moustiques dans la même région. Son esprit inventif lui fit penser que ces piqûres de moustiques avaient perforé et irrité la peau permettant de drainer les substances causant sa douleur arthritique. Il inventa alors le Lebenswecker (« éveilleur de la vie »). Cet appareil (Fig. 2 et 3) de 25 cm de long se composait d’un corps en bois noir (ébène ?) contenant un axe mobile qui se terminait par une trentaine d’aiguille fines disposées en rond. À l’intérieur du corps, un ressort entourait l’axe mobile. En tirant puis relâchant cet axe, le ressort comprimé projetait les aiguilles contre la peau. Pour parfaire le traitement, un révulsif imprégnait les aiguilles ou la peau. Ainsi, une réaction exanthématique apparaissait. Les produits révulsifs étaient divers et plus ou moins secrets. Le manque d’hygiène provoquait des infections et la difficulté de désinfection des aiguilles ne semblait pas gêner les utilisateurs.
Adresse e-mail : [email protected] Club d’Histoire de l’anesthésie et de la réanimation : http://www.char-fr.net. 1
http://dx.doi.org/10.1016/j.pratan.2016.07.001 1279-7960/
Figure 1.
Karl Baunscheidt (1809—1873).
Cependant, « L’éveilleur de vie » eut un énorme succès pendant plus de 30 ans dans le monde entier permettant de soigner certes les douleurs mais aussi toutes les maladies dont la coqueluche, devenant ainsi un outil providentiel pour les escrocs.
202
J.-B. Cazalaà Cette méthode se rapproche de la méthode chinoise du « qi xing zhen » toujours employée en Asie et est une lointaine ancêtre de la mésothérapie, qui elle, a fait ses preuves sur le traitement de la douleur selon l’Anaes. Baunscheidt a bâti sa théorie sur les idées de son siècle, mais étant mécanicien on peut douter qu’il se soit servi de l’aphorisme d’Hippocrate cité dans l’introduction.
Figure 2. Appareil de Baunscheidt vue générale bouchon fermé et bouchon ouvert (collection personnelle J.B. Cazalaà).
Figure 3. Appareil de Baunscheidt détail les aiguilles (collection personnelle J.B. Cazalaà).