Une tumeur paratesticulaire rare

Une tumeur paratesticulaire rare

Annales de pathologie (2017) 37, 206—208 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com CAS POUR DIAGNOSTIC Une tumeur paratesticulai...

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Annales de pathologie (2017) 37, 206—208

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

CAS POUR DIAGNOSTIC

Une tumeur paratesticulaire rare A rare paratesticular tumor Gwladys Robinet a,∗, Nathalie Rioux-Leclercq a, Tarek Fardoun b, Romain Mathieu b, Solène-Florence Kammerer-Jacquet a a

Service d’anatomie et cytologie pathologiques, CHU Pontchaillou, 2, rue Henri-le-Guilloux, 35033 Rennes cedex 9, France b Service d’urologie, CHU Pontchaillou, 2, rue Henri-le-Guilloux, 35033 Rennes cedex 9, France Accepté pour publication le 4 octobre 2016

Observation Un patient de 58 ans, sans antécédent urologique, consultait pour la prise en charge d’un nodule du pôle inférieur du testicule gauche évoluant depuis 4 ans. L’examen clinique retrouvait une lésion nodulaire indurée du pôle inférieur du testicule gauche, au niveau de la queue de l’épididyme. La palpation testiculaire était sans particularité. Le reste de l’examen clinique était normal. Biologiquement, le taux sanguin de l’alpha-foetoprotéine et de la bêta HCG était normal. L’échographie confirmait la présence d’un syndrome de masse vascularisé, développé aux dépens de l’épididyme gauche dans sa partie caudale, mais ne permettait pas d’éliminer formellement une pathologie tumorale maligne. Compte tenu de l’âge du patient et des données échographiques, une orchidectomie totale gauche par voie inguinale a été réalisée. Les suites opératoires étaient simples. À l’examen macroscopique, la pièce d’orchidectomie présentait une tumeur polaire inférieure de 3 cm, ferme, blanchâtre fasciculée, n’infiltrant pas le testicule (Fig. 1). Histologiquement, la tumeur était constituée de petites cellules éosinophiles, formant des travées avec des recreusements glandulaires, dissociées par de larges faisceaux musculaires lisses, non atypiques et sans mitose, composant la majorité de la tumeur (Fig. 2). En immunohistochimie, le contingent éosinophile exprimait la cytokératine 7 et la calrétinine (Fig. 2). Le contingent musculaire lisse exprimait l’actine musculaire lisse et la desmine avec un index de prolifération Ki67 estimé à moins de 1 %.



Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (G. Robinet).

http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2016.10.003 0242-6498/© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.

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Figure 1. Aspect macroscopique : tumeur de l’épididyme de 3 cm, bien limitée, de consistance ferme et de couleur blanchâtre. Gross aspect: epididymal tumor measuring 3 cm, well circumscribed, whitish color and firm consistency.

Figure 2. Morphologie : tumeur léiomyoadénomatoïde avec une composante adénomatoïde ( ) et musculaire lisse ( ) à faible (a : HES × 100) et fort grossissement (b : HES × 200) ; immunohistochimie : expression de la calrétinine par la composante adénomatoïde (c × 50) et de l’actine muscle lisse par la composante musculaire lisse (d × 50). Morphology: leiomyoadenomatoid tumor with adenomatoid ( ) and smooth muscle ( ) components at low (a: HES × 100) and high magnification (b: HES × 200) ; immunohistochemistry: calretinine expression by adenomatoid component (c × 50) and smooth muscle actin by smooth muscle component (d × 50).

Quel est votre diagnostic ?

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Diagnostic Tumeur léiomyoadénomatoïde paratesticulaire de localisation épididymaire.

Discussion Les tumeurs adénomatoïdes sont des tumeurs bénignes, d’origine mésothéliale, survenant fréquemment au niveau du cordon spermatique et de l’épididyme chez l’homme et au niveau de l’utérus et des trompes de fallope chez la femme [1]. Les tumeurs adénomatoïdes épididymaires représentent 30 % des tumeurs paratesticulaires, avec un âge moyen de survenue entre 30 et 50 ans [1,2]. Elles sont le plus souvent localisées au niveau de la queue de l’épididyme et de taille inférieure à 2 cm, mais peuvent atteindre exceptionnellement 5 cm [1—3]. Les léiomyomes sont les deuxièmes tumeurs épididymaires les plus fréquentes [1]. En 1992, Epstein utilise pour la première fois le terme de tumeur léiomyoadénomatoïde pour décrire une variante de tumeur adénomatoïde associée à une composante musculaire lisse proéminente [1]. Dans la littérature, douze cas de tumeurs léiomyoadénomatoïdes ont été décrits : deux au niveau de l’épididyme et dix dans la paroi utérine [1,3,4]. Cliniquement, il s’agit de tumeur de petite taille, non douloureuse, ferme, bien limitée et de croissance lente [1,5]. Le bilan biologique est normal. L’échographie retrouve une lésion hétérogène, hypo- et hyperéchogène, extra-testiculaire, bien limitée et vascularisée, mais ne permet pas d’exclure formellement une pathologie maligne [1,5]. À l’examen macroscopique, cette tumeur apparaît sous la forme d’un nodule blanc circonscrit, de consistance ferme [1,5]. Deux cas dans la littérature présentaient des zones de nécrose pouvant faire suspecter une lésion maligne [1]. À l’examen histologique, la tumeur présente des faisceaux musculaires lisses, exprimant la desmine et l’actine musculaire lisse, mêlés à une composante adénomatoïde exprimant la calrétinine, la cytokératine 7 et l’HBME1 [1,5]. L’histologie est très évocatrice, néanmoins l’importance de la prolifération musculaire lisse peut conduire au diagnostic erroné de léiomyome [1]. La composante adénomatoïde

G. Robinet et al. est rarement prédominante, comme décrit chez notre patient, d’où la difficulté d’interprétation d’un examen extemporané si celui-ci est réalisé [1]. Aucune récidive ou transformation maligne n’a été rapportée à ce jour [1,5]. Comme dans les tumeurs adénomatoïdes, la prise en charge repose sur une exérèse simple et complète [1,5]. L’histogenèse des tumeurs léiomyoadénomatoïdes est débattue. Certains auteurs pensent qu’il s’agit d’une tumeur de collision [1]. D’autres suggèrent que cette entité correspond à une tumeur adénomatoïde associée à une hyperplasie musculaire lisse réactionnelle [1]. Enfin, certains considèrent que cette lésion est un sous-type de tumeur adénomatoïde avec une double différenciation mésothéliale et musculaire lisse [1,3]. La localisation épididymaire et la présence entremêlée d’une composante adénomatoïde et de faisceaux de muscles lisses sont plutôt en faveur de la dernière hypothèse [1,3].

Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références [1] Cazorla A, Algros MP, Bedgedjian I, Chabannes E, Camparo P, Valmary-Degano S. Epididymal leiomyoadenomatoid tumor: a case report and review of literature. Curr Urol 2014;7:195—8, http://dx.doi.org/10.1159/000365675. [2] Moch H, Humphrey PA, Ulbright TM, Reuter VE. WHO classification of tumors of the urinary system and male genital organs. 4th ed. Lyon: IARC; 2016. p. 246. [3] Sarma NH, Srinivasulu M, Suchitra MJ. Leiomyoadenomatoid tumor of the uterus: report of a rare entity and review of the literature. Indian J Pathol Microbiol 2014;57:450, http://dx.doi.org/10.4103/0377-4929.138759. [4] Ranjan R, Singh L, Nath D, Sable MN, Malhotra N, Bhatla N, et al. Uterine adenomatoid tumors: a study of five cases including three cases of the rare leiomyoadenomatoid variant. J Obstet Gynaecol India 2015;65:255—8, http://dx.doi.org/10.1007/s13224-014-0557-9. [5] Kausch I, Galle J, Büttner H, Böhle A, Jocham D. Leiomyoadenomatoid tumor of the epididymis. J Urol 2002;168:636, http://dx.doi.org/10.1016/S0022-5347(05)64697-6.