Une vision du futur

Une vision du futur

Éditorial Une vision du futur Kinesither Rev 2009;(91):1-3 a souligné le besoin de recherche, de détection précoce et d’amélioration de délivrance d...

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Éditorial Une vision du futur

Kinesither Rev 2009;(91):1-3

a souligné le besoin de recherche, de détection précoce et d’amélioration de délivrance des soins pour les personnes touchées par le spectre autistique1 (autism spectrum disorders). Comme nous pouvions nous y attendre, le rôle des interventions du physiothérapeute pour aider à l’intégration sensori-motrice de ces personnes est étudié par des physiothérapeutes scientifiques [7]. Ce n’est pas inhabituel de trouver des physiothérapeutes scientifiques engagés dans des activités de recherche portant sur des sujets « chauds » ou des domaines comme la robotique ou la génétique [8]. Enfin, l’accès à la physiothérapie sans prescription médicale a été réalisé dans 48 des 50 états américains. Le rêve d’avoir une place à part entière et de manière égale dans l’équipe de santé ne sera pas réalisée, si les physiothérapeutes omettent d’utiliser la pratique basée sur des preuves pour guider leurs décisions pratiques. Beaucoup d’entre nous ont exercé dans un environnement où le médecin évaluait les besoins du patient/client et prescrivait une intervention très spécifique. Actuellement, les étudiants en cours de formation, pour être diplômés, doivent être compétents pour examiner le patient et en déduire un diagnostic et un pronostic qui leur permettront de construire leur plan de traitement [9]. Les étudiants apprennent à détecter les symptômes qui ne sont pas compatibles avec un diagnostic physiothérapique et à adresser les patients au médecin ou tout autre professionnel de santé approprié. Les niveaux de preuve sont utilisés pour justifier la sélection du plan de traitement, et les outils d’évaluation pour enregistrer les progrès et l’atteinte des objectifs en documentant de manière écrite les résultats. Imaginons un monde où tous les physiothérapeutes utiliseraient les preuves pour guider leur sélection de plan

1. Spectre autistique (note du traducteur): appelé aussi autism spectrum disorders (ASD) ou autism spectrum conditions (ASC) a élargi la vision de l’autisme, aux troubles envahissants du développement non spécifiés, au syndrome d’Asperger et au Syndrome de Rett. Traduction Pierre Trudelle. Texte original disponible sur www.emconsulte.com/revue/kine

Kinésithérapie la revue

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l m’a été demandé d’adresser un éditorial pour illustrer une vision du futur de la profession de physiothérapeute. Reconnaissez que ma perspective est limitée par mes propres expériences et colorée par une vue très optimiste de notre profession. Je vois un futur en accord avec la « vision 2 020 de l’Association Américaine de Physiothérapie » (American Physical Therapy Association) [1], où les physiothérapeutes seront considérés comme des membres égaux de l’équipe médicale, où ils pratiqueront dans une grande variété de lieux, au-delà de ceux d’exercices traditionnels de santé, et où les patients iront voir un physiothérapeute comme leur praticien de référence. Quelle que soit la manière dont je tourne la question, j’entends parler de nouvelles opportunités pour les physiothérapeutes pour proposer leurs services et je ne cesse d’écouter des discussions portant sur des modèles de pratiques différents. Des méthodes pour promouvoir la santé et prévenir le développement de maladie sont portées à l’attention du public chaque jour à travers des compte-rendus de travaux de recherche récents, des nouveaux articles, ou des avertissements. Certains sujets comme le rôle des exercices pour limiter l’obésité [2], le diabète [3], et l’effet de l’arthrose chez le sujet âgé [4] sont débatus régulièrement dans les médias et appartiennent certainement au champ d’exercice de la pratique des physiothérapeutes. Les chercheurs en physiothérapie à travers le monde sont engagés dans le développement de programme pour la promotion de la santé et la prévention des maladies, et ils conduisent des essais contrôlés randomisés pour examiner l’efficacité de chacune de ces interventions. Une étude récente apporte des preuves pour soutenir le rôle du physiothérapeute dans l’arène de l’activité physique en spécifiant que, chez des patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde, les exercices aérobies supervisés par un physiothérapeute sont plus efficaces pour améliorer les capacités aérobies qu’un programme d’exercices non-supervisé réalisé seul chez soi [5]. Dès son premier jour d’investiture, le nouveau Président américain, Barak Obama,

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thérapeutique ! Faisons un pas de plus, en imaginant un monde où tous les physiothérapeutes seraient d’accord pour utiliser les interventions les plus efficaces et seraient d’accord pour utiliser une batterie de tests et d’outils de mesure de performance cliniques commune pour évaluer les résultats de leurs patients. Le concept d’atteindre un consensus à propos des interventions les plus efficaces (et la manière de garantir que nous les pratiquons bien) est un pas énorme. Cette approche est pourtant nécessaire pour générer une énorme quantité de données utilisables pour la recherche clinique. Nous pourrions ainsi répondre à de nombreuses questions appropriées concernant notre activité. Nous pourrions identifier l’intensité adéquate des exercices, la durée des traitements, et la fréquence des interventions ; déterminer la durée la plus appropriée pour chaque intervention ; examiner les lieux d’intervention optimaux pour délivrer les soins (hôpital, centre de long séjour, domicile) ainsi que pouvoir calculer le rapport coût efficacité des traitements. Pour illustrer par des exemples ces challenges, nous pouvons regarder les investigations récentes qui fournissent un aperçu des pratiques cliniques actuelles aux Etats-Unis : – les physiothérapeutes qui ont été comparés entre eux pour évaluer leur capacité à effectuer un diagnostic correct sont plus performants si ils ont une certification de « spécialiste clinique » [10] ; – les praticiens expérimentés font davantage confiance à leur expérience qu’à des données probantes récemment publiées [11] ; – approximativement la moitié des physiothérapeutes ayant répondu à une enquête utilisent des outils de mesure standardisés pour mesurer les limitations d’activités et les restrictions de participation du patient [12]. La littérature scientifique fournit une compilation qui devrait amener à réfléchir sur les implications des travaux de recherche, car jusqu’à présent les praticiens négligent l’adoption des recommandations. Par exemple, le réseau canadien contre les accidents cérébrovasculaires (Canadian Stroke Network) a compilé les recommandations cliniques pour une meilleure prise en charge des patients ayant eu un AVC [13]. La traduction de ces résultats dans la pratique clinique actuelle a rencontré des résistances. Pourquoi ? Des travaux de recherche apparaissent pour détecter les barrières à la traduction du savoir vers la pratique clinique [14]. Une étude auprès de physiothérapeutes et ergothérapeutes (n = 243) a trouvé que le motif le plus répandu pour sélectionner une intervention était qu’il « l’avait apprise » pendant leur formation initiale, malgré le fait que les praticiens interrogés avaient eu leur diplôme depuis plus de 10 ans ! Nous devons développer des méthodes plus efficaces pour encourager les praticiens cliniques à utiliser la littérature scientifique. Il y a ainsi des recherches qui examinent les

approches pour aider le clinicien à adopter une stratégie basée sur les preuves, mais une des solutions proposées est d’employer quelqu’un pour réaliser cette tâche [15]. Même si cette approche est efficace, elle n’est pas réaliste dans le contexte économique actuel. Pour être optimiste, je dirai que nous accomplissons des progrès dans l’utilisation des données basées sur des preuves (EBP : evidence-based-practice), mais la réalité est que nous devons nous mobiliser rapidement pour inclure de manière plus efficiente et commune le changement dans nos pratiques. Plus longtemps nous continuerons à fournir des services sans une justification adéquate, tout en continuant à négliger des outils de mesures ayant une signification clinique pour déterminer si le traitement est efficace, plus longtemps cela nous prendra pour être vus par nos collègues médecins comme des membres vitaux de l’équipe de santé. Tout ceci requiert notre capacité à mettre nos émotions de côté quand nous nous engageons dans des discussions à propos des soins du patient. Nous ne sommes pas les seuls à chercher des méthodes pour encourager les praticiens à adopter les prises en charge les plus efficaces. Les médecins sont aussi en train de lutter pour l’adoption des recommandations de pratique clinique et autres sources de niveaux de preuves pour améliorer la qualité des soins [16]. Il y a un débat en cours chez les médecins pour développer leur motivation vers les meilleures pratiques comme le paiement à la performance (pay-for-performance) [17]. Les praticiens ont besoin de comprendre la valeur d’une approche basée sur l’EBP et d’être assistés pour développer des stratégies pour intégrer l’utilisation des preuves dans un environnement où le temps rime avec prime. Le manque d’accès à des données pertinentes de recherche clinique n’est plus un problème dans les pays développés ayant accès à un ordinateur. Il y a un grand nombre de bases de données qui fournissent des résumés et/ou une cotation des essais cliniques, des revues systématiques, et des recommandations de pratiques cliniques [18-20]. La base de données sur les preuves en physiothérapie (Physiotherapy Evidence Database : PEDro), par exemple, donne accès aux résumés de 14 200 essais cliniques randomisés, revues systématiques et recommandations de pratiques cliniques [20]. Accéder à la littérature, quoi qu’il en soit, constitue seulement le premier pas. Des opportunités doivent être développées pour aider le praticien à voir comment cette information peut être accessible facilement et efficacement et répondre immédiatement à une question clinique. Et nous devons fournir la motivation à utiliser cette information. Comme premier pas, nous devons développer des stratégies pour « répandre la bonne parole » plus efficacement. Pour cela nous avons besoin « de séminaires de formation certifiés », et de programmes de formation additionnels subventionnés qui aideraient les praticiens :

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Kinesither Rev 2009;(91):1-3

Kinésithérapie la revue

– à abandonner les interventions pour lesquelles il n’y a pas de preuves d’efficacité ; – à sélectionner les bons outils/moyens d’examen pour évaluer la performance de leurs patients ; – à comprendre la valeur de la signification clinique du changement du niveau de performance. Des échelons d’avancement dans la carrière clinique devraient récompenser les praticiens qui utilisent les preuves dans leurs décisions et qui mesurent le succès de leurs interventions en utilisant des outils de mesure cliniques sensibles aux changements. Les compétences cliniques devraient être évaluées en comparant les résultats thérapeutiques entre cliniciens. Je souhaiterais terminer avec mon rêve, qui je crois se réalisera : les praticiens adopteront l’utilisation de dossiers de patients médicaux électroniques. À chaque fois que nous aurons décidé d’un diagnostic pour nos patients, la base de données qui sera reliée à Internet suggèrera les interventions les plus efficaces. Cela nous permettra de les modifier en s’appuyant sur les caractéristiques spécifiques du patient, incluant ses stratégies d’apprentissage, ses capacités à faire face aux problèmes de santé, et son niveau d’auto-efficacité. Les dossiers de patients médicaux électroniques suggèreront également l’outil de mesure de résultat le plus efficace, que nous utiliserons pour déterminer si le patient a atteint les objectifs thérapeutiques déterminés. Ce n’est pas un rêve impossible, mais c’en est un qui requiert que tous les physiothérapeutes à travers le monde travaillent ensemble pour le bien commun de nos patients. ■ Rebecca L Craik, PT, PhD, FAPTA Rédactrice en chef de Physical Therapy http://www.ptjournal.org/ Professor and Chair Department of Physical Therapy Arcadia University 450 S Easton Road Glenside, PA 19 038-3 295 [email protected]

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