Utilisation du toluène dans les laboratoires d’anatomie pathologique

Utilisation du toluène dans les laboratoires d’anatomie pathologique

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Utilisation du tolue`ne dans les laboratoires d’anatomie pathologique§ Use of toluene in pathology laboratories R. Garnier Consultation de pathologie professionnelle, hoˆpital Fernand-Widal, 200, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75475 Paris cedex, France

Question Je me permets de vous poser deux questions sur le tolue`ne utilise´ dans les laboratoires d’anatomie pathologique :  les femmes enceintes ne travaillent pas dans les pie`ces ou` l’on manipule du tolue`ne mais sont amene´es a` y pe´ne´trer de temps en temps. Cette situation pre´sente-t-elle des risques ?  la manipulation du xyle`ne a` la place du tolue`ne limiteraitelle le risque ? Dr M.A.T. (Paris). Re´ponse Le tolue`ne est classe´ en cate´gorie 3 des agents toxiques pour le de´veloppement fœtal dans l’Union europe´enne. Ce classement n’est pas motive´ par des donne´es expe´rimentales qui sont plutoˆt rassurantes (et, en particulier, ne montrent pas d’effet te´ratoge`ne), mais par l’observation d’un syndrome malformatif assez proche du syndrome d’alcoolisme fœtal, rapporte´ chez les enfants de femmes toxicomanes ayant sniffe´ du tolue`ne pendant leur grossesse. Il n’a jamais e´te´ de´crit chez des femmes plus mode´re´ment expose´es et en particulier, chez des femmes professionnellement expose´es au tolue`ne. Une recommandation de la Socie´te´ franc¸aise de me´decine du travail (SFMT) indique que pour des agents toxiques pour le de´veloppement fœtal de ce groupe, il est acceptable de tole´rer une exposition pendant la grossesse, a` condition de s’assurer qu’elle est certainement infe´rieure a`

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Toute question doit eˆtre transmise, par e´crit, avec vos coordonne´es pre´cises, au docteur Dominique Lafon, 85 bis, chemin du Bas-des-Ormes, 78160 Marly-le-Roi, France. E-mail : [email protected].

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Courrier des lecteurs

10 % des valeurs de re´fe´rence en milieu de travail [1] : en l’occurrence, que la concentration atmosphe´rique moyenne de tolue`ne est infe´rieure a` 10 % de la VME (50 ppm sur huit heures), soit infe´rieure a` 5 ppm et/ou que la concentration sanguine de tolue`ne est infe´rieure a` 10 % de la valeur-guide franc¸aise (1 mg/L), soit 0,1 mg/L en fin de poste. Les Ame´ricains de l’ACGIH proposent une BEI plus basse de 0,05 mg/L avant le dernier poste de la semaine. Aucun syndrome malformatif associe´ a` l’exposition aux xyle`nes n’a e´te´ de´crit. Cependant, comme le tolue`ne et tous les solvants organiques, les xyle`nes passent la barrie`re placentaire. A` forte dose, ils sont fœtotoxiques. Par ailleurs, d’assez nombreuses e´tudes e´pide´miologiques montrent un exce`s de risque d’avortement ou d’accouchement pre´mature´ associe´ a` l’exposition a` des solvants (quel qu’en soit le type) pendant la grossesse. Les effets sur le de´veloppement fœtal sont des effets a` seuil ; c’est-a`-dire qu’ils ne s’observent pas en dec¸a` d’un certain niveau d’exposition. C’est pourquoi, dans le document de´ja` cite´, la SFMT recommande de n’autoriser la poursuite de l’exposition aux solvants pendant la grossesse qu’a` condition d’avoir ve´rifie´ qu’elle e´tait infe´rieure a` 10 % des valeurs de re´fe´rence. Pour les xyle`nes, la concentration atmosphe´rique moyenne doit eˆtre infe´rieure a` 5 ppm (VME : 50 ppm sur 8 heures). En conse´quence, l’utilisation des xyle`nes plutoˆt que du tolue`ne ne pre´senterait qu’un inte´reˆt modeste, les xyle`nes e´tant un peu moins volatils que le tolue`ne. A` noter que s’il existe une polyexposition a` des solvants pendant la grossesse, la re`gle des 10 % doit tenir compte de l’additivite´ de leurs effets : autrement dit, il faut que la somme des rapports des concentrations mesure´es sur la valeur de re´fe´rence correspondante soit infe´rieure a` 0,1.

Re´fe´rence [1]

Conso F, Contassot JC, Falcy M, et al. Exposition des salarie´es enceintes a` des substances toxiques pour le de´veloppement fœtal. Arch Mal Prof Env 2006;67:559–60.

1775-8785X/$ - see front matter ß 2010 Publie´ par Elsevier Masson SAS. 10.1016/j.admp.2010.02.007 Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2010;71:180