Des complications rares d’une otite moyenne aiguë chez une enfant de 2 ans

Des complications rares d’une otite moyenne aiguë chez une enfant de 2 ans

Lettres à l’éditeur / Annales françaises d’oto-rhino-laryngologie et de pathologie cervico-faciale 133 (2016) 407–410 409 Fig. 1. A. Ouverture cutan...

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Lettres à l’éditeur / Annales françaises d’oto-rhino-laryngologie et de pathologie cervico-faciale 133 (2016) 407–410

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Fig. 1. A. Ouverture cutanée de la lèvre supérieure sur la fistule de ligne médiane du sillon naso-labial – flèche bleue. B. Dissection de la fistule de la lèvre supérieure à travers une approche cutanée.

Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Sancho MA. Upper lip fistulas: three new cases. Cleft Palate Craniofac J 2002;39. [2] Baptista C, et al. Fistule congénitale médiane de la lèvre supérieure associée à un syndrome de Goldenhar : à propos d’un cas. Ann Chir Plast Esthet 2015 http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2015.04.008. [3] Rohart et J, et al. Tuméfaction labiale recidivante revelatrice d’une fistule congénitale médiane de la lèvre supérieure. Rev Stomatol Chir Maxillofac Chir Orale 2015:1–5. [4] Nakano Y, Somiya H, Shibui T, et al. A case of congenital midline fistula of upper the lip. Bull Tokyo Dent Coll 2010;51:31–4. [5] Salati SA, al Aithan B. Congenital median upper lip fistula. APSP J Case Rep 2012;3:11.

N. Tazi ∗ I. Barhmi M. Roubal M. Mahtar Service d’ORL et chirurgie cervico-faciale, hôpital 20-Août, 6, rue Lahssen-Elaarjoun, Casablanca, Maroc ∗ Auteur

correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Tazi) http://dx.doi.org/10.1016/j.aforl.2016.02.007

Des complications rares d’une otite moyenne aiguë chez une enfant de 2 ans夽 Rare complications of otitis media in a 2-year-old child 1. Observation Une enfant de 2 ans, sans antécédent, consulte aux urgences pour troubles de l’équilibre. Deux semaines avant, elle a eu une otite moyenne aiguë droite (OMA) qui a été traitée par amoxicilline (80 mg/kg/j). L’état général est altéré, sa température est à 38,9 ◦ C. L’otoscopie retrouve une otite moyenne aiguë collectée droite. Il n’y a ni rougeur ni comblement du sillon rétro-auriculaire. La démarche est ataxique, l’examen vestibulaire ne retrouve pas de latéralisation franche, ni de nystagmus spontané. Le reste de l’examen neurologique est normal, sans signe méningé.

夽 Ne pas utiliser pour citation la référence franc¸aise de cet article mais celle de l’article original paru dans European Annals of Otorhinolaryngology Head and Neck Diseases en utilisant le DOI ci-dessus.

L’examen biologique retrouve un syndrome inflammatoire : C reactive protein à 98 mg/L, leucocytes à 15,8 × 109 /L. Le scanner cérébral injecté montre un abcès cérébelleux droit ainsi que des empyèmes sous-duraux avec effet de masse, un début de dilatation des ventricules et d’engagement des amygdales cérébelleuses, ainsi qu’une opacité des cellules mastoïdiennes et de la caisse du tympan à droite (Fig. 1). L’enfant est hospitalisée. Les neurochirurgiens ne conseillent pas de drainage en urgence des empyèmes. Une paracentèse est effectuée et un traitement intraveineux par ceftriaxone (100 mg/kg/j) et métronidazole (30 mg/kg/j) est débuté. Une PCR ARN 16S sur le pus prélevé par paracentèse retrouve Alloiococcus otitidis. Le bilan immunologique (dosage pondéral des immunoglobulines, et des sous-populations lymphocytaires et sérologies postvaccinales) est normal. L’évolution clinique est favorable. L’apyrexie est obtenue rapidement. Le traitement antibiotique est poursuivi 8 semaines. À la fin du traitement, l’enfant n’a ni signe d’hypertension intracrânienne, ni de trouble de l’équilibre. Des IRM de contrôle montrent une régression progressive de l’abcès sous-périosté, des empyèmes sous-duraux et de l’abcès cérébelleux.

2. Discussion Les OMA sont fréquentes chez l’enfant, d’évolution habituellement favorable. Elles sont aussi connues pour engendrer des complications sévères, endo- ou exocrâniennes [1]. L’imagerie avec injection de produit de contraste est nécessaire pour en faire le diagnostic et doit être demandée en cas de signes neurologiques ou vestibulaires, même en l’absence de signe clinique de mastoïdite aiguë. En cas d’abcès intracrânien, il faut demander un avis neurochirurgical car, en fonction de la taille et de la localisation du ou des abcès, il faudra ou non un drainage chirurgical en plus du traitement antibiotique. Sur le plan microbiologique, les germes habituellement responsables sont Streptococcus pneumoniae et Haemophilus influenzae. Notre cas illustre l’émergence d’un nouveau pathogène : A. otitidis. Une étude japonaise montre une prévalence importante de A. otitidis : 50 % des OMA collectées, et 61 % des OMA suppurées [2] parfois malgré un traitement antibiotique antérieur par bêta-lactamase ou érythromycine. Ce germe est difficile à isoler en culture, et n’est souvent identifié que par PCR [3]. Cependant, le rôle pathogène de A. otitidis fait encore débat, certaines études suggérant que la bactérie fait partie de la flore bactérienne normale [4]. Notre cas illustre la gravité des complications des OMA. Les recommandations de bonne pratique suggèrent pour cette raison une réévaluation clinique à 48 heures de traitement. D’autre part, l’émergence de A. otitidis nécessite de plus amples explorations, en particulier quant à son rôle pathogène ou non.

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Lettres à l’éditeur / Annales françaises d’oto-rhino-laryngologie et de pathologie cervico-faciale 133 (2016) 407–410

Fig. 1. Scanner en coupe axiale et fenêtre parenchymateuse sans (à gauche) et avec (à droite) injection de produit de contraste montrant un abcès cérébelleux (flèche en pointillés) et des empyèmes sous-duraux (flèches pleines).

Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Penido Nde O, Borin A, Iha LC, et al. Intracranial complications of otitis media: 15 years old experience in 33 patients. Otolaryngol Head Neck Surg 2005;132:37–42. [2] Harimaya A, Takada R, et al. High incidence of Alloiococcus otitidis in children with otitis media, despite treatment with antibiotics. J Clin Microbiol 2006;44: 946–9. [3] Leskinen K, Hendolin P, Virolainen-Julkunen A, et al. Alloiococcus otitidis in acute otitis media. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 2004;68:51–6. [4] Tano K, von Essen R, Eriksson PO, et al. Alloiococcus otitidis––otitis media pathogen or normal bacterial flora? APMIS 2008;116:785–90.

A. Marhic R. Hervochon M. Franc¸ois ∗ Service d’ORL et de chirurgie cervicofaciale, CHU Robert-Debré, 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris, France ∗ Auteur

correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Franc¸ois) http://dx.doi.org/10.1016/j.aforl.2016.05.002