Enquête épidémiologique sur le dopage en milieu scolaire dans la région Midi-Pyrénées

Enquête épidémiologique sur le dopage en milieu scolaire dans la région Midi-Pyrénées

(1995) 10. 87-94 Science & Sports Q Elsevier, Paris Article original EnquGte Cpidkmiologique sur le dopage en milieu scolaire dans la rigion Midi-...

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(1995) 10. 87-94

Science & Sports

Q Elsevier, Paris

Article original

EnquGte Cpidkmiologique sur le dopage en milieu scolaire dans la rigion Midi-PyrWes P Turblinl*,

P Grosclaude*, F Navarro3, D Rivi&rel, M Garrigues’

’ Service de medecine du sport, hopital Purpan, 31059 Toulouse Cedex ; 2 Registre des cancers du Tarn chemin des Trois Tarn, 81000 Albi ; ’ Service medical du Rectorat de l’AcadPmie, 12. rue Mondran, 3IOcx) Toulouse, France

(Rey le 22 aotit 1994 ; accept6 le 20 mars 1995)

R6sum6 - Une enqu&e exploratoire sur le dopage en milieu scolaire a et6 realisee en !991, a la suite de la publication de chiffres alarmants concernant l’utilisation de produits dopants par de jeunes scolaires et/au sportifs aux Etats-Unis. Elle a et6 conduite aupri?s d’un tkhantillon reprksentatif de 2 425 Blbves de la region Midi-P@rks, au moyen d’un questionnaire anonyme autoadministrk. L’objectif poursuivi &ah de cemer la realit du dopage en milieu scolaire, de rechercher l’existence de marqueurs de risque associ6.set de degager des orientations educatives darts une optique de prevention. Les resultats de cette &rde ont month? qu’il existe une melIe vuln&abilite au phenomene du dopage chez les jeunes : environ 2% des Blevesde&rent s’etre deja dopes, tandis que 7,7% aftirment avoir peut-&tre deja pris un produit dopant (saris connahre l’efticacite rkelle du produit), 8.9% hre Cventuellementtentis par le dopage, 7.7% avoir deja eu des propositions de produits dopants ou peut-&We dopants et 10.3% connahre un copain qui s’est deja dope. La pratique dun sport et l’utilisation de produits dopants sont plus importantes chez les garcons que chez les filles. Les d&clarations de dopage ou la tentation du dopage augmentent avec le niveau et I’intensite de la pratique sportive. Certains sports comme la musculation ou les sports de combat semblent plus touches par ce phenomene. dopage

1 population

scolaire

I pratique

sportive

1 enquste

Cpid6miologique

I Midi-Pyr6nnCes

Summary - Epidemiologic survey of doping in school’s of me french Midi-Pyrenees region. A survey of doping in schools has been conductedfollowing the publication of alarmingfigures on the consumption of doping substances in young amateur athletes in the United States. The study was done in the Midi-PyrenLes region, apilot area in Francefor thejght against doping, with a representative sample of 2425 students who filled out an anonymous questionnaire. The aim of this survey was threefold: to get a clearer picture of doping in schools; to search for possible associated risk markers andfinall: to highlight the educational trends for prevemive purposes. The results of this survey showed the incidence ofdoping in the population studied to be less than thatofAnglo-Saxon series used as reference: about 2% admitted to the use of doping substances. However, the other percentages obtainedfrom this survey showed the possible extension of doping in youngsters: 7.7% of the whole population suweyed admitted that they hod probably used a #aping substance (without knowing the real eficiency of the product), 8.9% recognised that they felt tempted by doping, while 7.7% confessed to having already been proposed doping products or other substances with a possible doping effect andfinally 10.3% had a friend who had already used a doping substance. Study findings indicate that sport practice is more important in males (63.4%) than in females (42.1%). and that for both genders it decreases with age. More than I/2 males and I/5 females compete. Doping, or temptation by doping, is also higher in males. Doping, or temptation by doping, increases with level and intensity of sport practice. Among the 67 young national level athletes, 20.3% admited that they had already used a doping or maybe doping substance, 37.9% said they were regularly taking something before competition, Examination of results indicate that some sports are more concerned by doping: 18% of the body builders (outside competition) and 15.3% of those practicing martial arts admited to being tempted by doping, and respectively 17.4% and 16.4% having used a doping or maybe doping substance. The level of the consumption of doping substances in France is much lower than that observed in North America Yettwo types of consumption in youngsters are emerging: one to improve their body image, the other to improve their performances in sports. doping/school

* Correspondance

children

et tires

I sport practice

I epidemiologic

study I Midi-Pyrenees

d part : P Turblin, 23, rue des Chalets, 3 1000 Toulouse.

France

88

P Turblin et al

Tableau I. Comparaison de l’kchantillon avec la population des kltves de Midi-PyrtWes. l&hantilion Effectif‘

Rcfgion

%

%

Sexe

GarGons Filles Non-rkponse

1 246 1 179 0

51,4 48,6

52,9 47.1

Age

12-15 ans 16-17 ans 18ansetplus Non-rtponse

688 819 928 10

27,6 33.8 38,2 0,4

28.2 33.3 38.5

Section

CES LP Lycke classique ou technique Non-riponse

812 555 1 058

33,5 22,9 43.6

33.6 22,8 43,6

Arikge Aveyron Haute-Garonne Gers Lot Hautes-Pyr&ks Tarn Tam-et-Gruonne

146 218 915 184 179 243 314 190

Si l’usagede produits dopants restetoujours pr&ccupant dansle milieu sportif de haut niveau, sonextension dans les milieux sportifs amateurs,jusque chez les jeunes, apparaitrait encore bien plus inquietante. Des chiffres alarmants concernant l’utilisation de substances ergogeniques interdites par de jeunes athktes, sontrkgulibrementpublits aux &tats-Unis, depuis que l’kvaluation en est faite. Ainsi, un rapport am&Cain de l’lnspecteur gCnCra1 du dipartement de la sank et desserviceshumainsestimait, en 1990, que 226 000 adolescentsutilisaient, ou avaient utilisk, desstko’ides anabolisants(5 g 11% des garqonset 0,5 B 2,5% des filles en sge scolaire) (Yesalis, 1991). Plus rkemment, une ttude r&aliste au Canada en 1993 Cvaluait ti pr&s de 83 000 les jeunes canadiens, 2gts de 11 a 18 ans, ayant fait usagede stkdides anabolisantsau cows des 12 demiersmois (CCDS, 1993). Le rectorat de l’acadktnie de Toulouse, associCau service de mklecine du sport du CHU, a menddansce sens,uneenqu&teexploratoire auprttsdesjeunesscolarisks de la rCgionMidi-Pyrkkes. Cette enqdte, conduite auprks d’un Cchantillon reprtsentatif de 2 425 Cl&es de 12 B20 ans, avait pour objectif d’kvaluer la pratique sportive et l’image du dopage en milieu scolaire, de rechercher desmarqueurs associtsau risquede dopageet de dCgagerdesorientations Cducativesdansun but prkventif.

0

6.0 9,O 39,2 736 7.4 10,o 12,9 7.8

MATkRIEL

6.1 8.8

39.0 7.1

65

10,7 13,9 7.9

ET MhTHODE

L’enqu&te,de type transversal,a tti rCalisCe au tours des moisdemarset avril 1991, auprksd’un kchantillonde 1 179 tilleset 1246garpons, ScolarisCs dansl’enseignement public dela rCgionMidi-PyrknCes. Cet khantillon a Ctkconstitk en rkalisantun sondage en grappe par tirage au sort de classes sur la liste de l’ensemble desclasses foumieparle rectoratdel’acadkmiedeToulouse. Tous les Clbvesdesclasses d&+&es Ctaientinterrogks.Le sondage ttait stratificsurle niveauscolaire,letype d’ktablissementfriquenti (CES: collkged’enseignement secondaire, LP : 1ycCe professionnel, Lyc&e: 1ycCed’enseignement gCn&al et technologique). Pourprendreen comptela diversitk gkographique, le sondageCtaitaussistratifibsurle dCpartement.L’kchantillonobtenuestainsiglobalement reprksentatif de la populationCtudiCe (115 357&EvesscolarisCs dans 347Ctablissements) (tableauI). Les sectionssport-etude,qui ne reprksententque 140 Cl&esau total dansla rkgion,ont et6 excluesdu champde l’enqu&tepourfaire l’objet d’une&valuationultkieure plus spkcifique. Les infonnationsont CtCcollectkesBpartir d’un questionnaire autoadministrk anonyme, cornpIt%? en tours d’&ducation physique et sportive, sous la direction d’un mkdecin enqu&teur. Ce dernier devait, au prkalable, p&enter le motif de I’enqu&te, rappeler la dkfinition du dopage et spkcifier le caractkre anonyme et personnel des rbponses.

Lx dopage en milieu scolaire Tableau

89

II. Pratique du sport en fonction de 1’8ge et du sexe. Filles % Age

Test

TOUS

< 16 am

16-17 am

t 18 am

I 246

342

411

416

p
63,4

55,8

42.9

30,l

326

408

512

Pratique rbguliere d’un sport

72.3

63.8

57.5

Pratique en cow d’EPS

96s

94.2

95.6

NS

95,4

96,7

95.6

Pratique dans un club

66.6

63.2

52.8

p
59.8

47,8

43.0

Pratique en com#tition dont competion scolaire

56,7 27,8

45.1 22.3

40.2 19.5

p
46.1 22.6

27,5

18.8

Competition : niveau national niveau regional

18.7

5.6 12.5

3.3 1295

Plus de trois tpreuves par mois

33.1

32.1

28,7

Effidf

1.2

p < 0.05

NS

3.5

0.9

14,l

6.4

31.1

9.6

Test

Toutes I 169

p
42,l

90,o

p < 0.05

94.0

30,l

p
39,9

22.1 12.0

14,2 7.4

p <

p
20,9 12,4

3.2 5.6

1.4 6.3

10.2

8.4

I,9

6.1 NS

9,4

NS = difference non signifrcative

RlbULTATS Le questionnaire comportait 88 questions et pouvait &tre rempli en une vingtaine de minutes. I1 permettait de connaitre l’importance et le niveau de l’activite physique ou sportive, la nature des sports pratiques et les motivations de cette pratique. Les questions abordaient ensuite le probleme du dopage (opinion sur le dopage, proposition ou consommation de produit dopant ou Cventuellement dopant, consommation d’autres produits ou de medicaments). Cette Ctude etait basee sur les declarations des Cl&es. Le choix d’utiliser un questionnaire autoadministre a limit& la complexite des questions qui pouvaient Ctre posees, il ttait en particulier tres difticile de connaitre la nature exacte des produits utilises par les jeunes dkclarant faire usage de prcduits dopants. Le nom du produit utilist a cependant Cte demand6 aux Cl&es qui declaraient prendre regulierement une substance avant une competition et code en fonction de la liste de rtference des specialites pharmaceutiques franqaises contenant des substances dopantes. La faisabilite du questionnaire a initialement CtCtest&e aup&s de jeunes Venus dans le service de medecine du sport du CHU et aupres d’eleves de classe de quatrieme. L’analyse des do&es a Cte r&&&e sur logiciel DM90 (specialise dans l’analyse statistique de donntes mtdicales). Les associations entre variables ont CtCtestees par test du ~2 de Pearson.

Pratique d’un sport L’etude de la pratique d’une activite sportive a montre une nette predominance masculine (p < O,OOl), quel que soit le niveau de pratique (reguliere, en tours d’EPS, dansun club ou en competition). Cette pratique diminuait avec l’age, pour les deux sexes,tout au long de la scolarite @ < 0,001). On retrouvait un groupe de 821 eleves pratiquant un sport en competition, soit 46,1% desgarconset 20,9% desfilles ; 67 d’entre eux pratiquaient la competition a un niveau national alors que 248 le pratiquaient a un niveau regional (tableau II). Notons aussi que 3l,l% des garcons et 9,4% des filles disaient participer a plus de trois epreuvessportives par mois Par ailleurs, 24% desCl&es pratiquant un sport en competition ont repondu &tre surclasses(c’est-a-dire faire de la competition dansune categoric d’age superieure). Un large eventail de sports,tant collectifs qu’individuels,&it pratiquepar cesCl&es. Lespluscitesont ete : - pour les garcons : football (32,5%), rugby (10,4%), tennis (10,2%), sports de combat (6,8%), cyclisme (4,7%), athlttisme (4,9%), basket-ball(3,6%), natation (3,2%), volley-ball (2,9%) et handball (2,9%) ; - pour lesfilles : danse(14,6%), tennis(10,6%), athlt-

90 Tableau

P Turblin III. Dopage

en fonction

et a/

de l’dge et du sexe. I Gargons 9%

Age

< 16nn.Y

Efiect$

326

408

512

11,7

14.1

1 I,0

Ihe tent6 par le dopage Proposition

de produits

1617ans

2 18a,w

NS

Tous

< 16am

1 246

342

16-17ans 411

2 18am 4I6

12.2

5,l

63

4.9

Test

To&es 1 I69

NS

5,4

NS

3,4

32

12

1.2

I,9

7,4

3,2

3,9

3.2

88,2

89.4

95,6

94,4

94.9

95.1

3.1

23

0,9

1.7

1,5

1,4

1,3

4,5

3,4

dopants

6.9

65

8.4

aucune proposition

91.8

89,l

1.3

4.1

DBclare avoir pris des produits dopants : peut Ctre dopants aucune prise Avoir des copains qui se dopent NS = difference

Te.rt

:

dopants peut-&tre

Filles %

8.0

11.2

10.1

90,8

84.7

86,8

61

13,9

13.1

NS

NS

p
9.9

4,4

6.9

4,9

87,2

94,7

91.3

93,6

11,5

5,1

IO,2

ll,o

1,5

NS

5,5 93,l

p < 0,Ol

9.0

non significative

tisme (lo%), basket-ball (9,6%), natation (8,3%), volley-ball (7,9%), equitation (6,6%), gymnastique (5,3%), handball (5,1%) et cyclisme (3,4%). L’etude de I’environnement sportif a montre, enfin, que le choix de pratiquer un sport dans un club ou en competition, est influence principalement (plusieurs reponses possibles) par les parents (42% des cas), par des N vedettes N (37% des cas) et par le professeur B’EPS (28% des cas). Dopage

Sur I’effectif total, nous avons recense : - 51 Cl&es (2,2%) ayant repondu s’etre deja dopes, dont 35 gar9ons (2,9%) et 16 filles (1,4%). Parmi ceuxci, 23 faisaient de la competition ; - 181 eleves (7,7%) ayant repondu s’etre peut-Ctre deja dopes (sans savoir si le produit utilise etait reellement dopant), dont 118 garcons (9,9%) et 63 filles (5,5%). Parmi ceux-ci, 96 faisaient de la competition. Ces produits dits dopants ou peut-&tre dopants ont Cte administres dans 12,5% des cas sous forme injectable (n =17). Aux dires des Cleves, ces produits dopants (ou peut-etre dopants) leur ont CtCproposes par : un copain (48,8%), l’entraineur (36,5%), le medecin (29,6%), les parents (9,9%), une autre personne (41,7%). Une predominance masculine a pu etre mise en evidence en ce qui concerne la tent&ion, la proposition ou

l’usage de produits dopants. 11n’existe en revanche aucurie difference en fonction de l’age. On note cependant une frtquence ltgerement suptrieure mais non significative de la consommation chez les sujets de I6- 17 ans (tableau III). 11existe des differences en fonction des sports : les Cl&es pratiquant la musculation, un sport de combat, et a un degrt moindre, un sport collectif, ont declare plus frequemment faire usage et se voir proposer des produits dopants ou avoir la tentation d’en utiliser (tableau IV). En ce qui concerne le niveau de la pratique sportive, on observe une plus grande frequence de reponses positives aux questions concernant le dopage chez les sujets faisant de la competition au niveau national par rapport aux niveaux regional et scolaire (tableau V). Sur les 821 Cleves pratiquant un sport en competition, 20% (n = 261) ont, par ailleurs, indique prendre regulierement un produit avant la competition : 2,7% (n =22) a chaque fois, 2,9% (n = 23) souvent et 14,4% (n = 116) de temps en temps. Quand ces produits ont pu &tre identifies, puis codes en fonction de la liste de reference des specialit& pharmaceutiques francaises contenant des substances dopantes, il s’agissait : - d’un produit de confort, dans la majorite des cas (83,9%) : vitamines, sucre, boissons ou produits energetiques ; - d’un produit actif non dopant, dans 13,6% des cas,

Le dopage en milieu scolaire Tableau

IV.

91

Dopage et type de sport pratiqd. sports

Tennis

collectijk

%

Sports de combat %

804

207

101

250

94

24

505

l&e tent6 par le dopage

1 I,2

6,4

15,3

6.7

7.7

18.2

8,O

D&km avoir pris des produits dopants :

23

1.1

8,7

I,4

% Efectif

A thl&isme Natation %

Cyclisme 70

Musculation %

Awes %

27

2.0

3.1

peut- &tre dopants

9.5

9.0

13,3

61

6.5

8,7

7,l

aucuneprise

87,s

89.1

83.7

91,0

92,5

82.6

91.4

9.9

12.0

17.9

9,4

635

30,4

v-3

Avoir des copains qui se dopent

c’est-i-dire, soit d’un mklicament rkf&k dans le dictionnaire Vidal et n’appartenant pas ?I la liste de ref& rence (ex : anti-inflamatoire), soit d’un mkdicament ou d’une substance dont le caractbe dopant dkpend d’un dosage quantitatif (et ne pouvant done pas Ctre prkid par un report qualitatif, ex : cafkine), soit d’un produit actif pour lequel une rCf&ence 2 un traitement sptcia1isC pour pathologie intercurrente &it indiqute 2 la question du suivi mtklical (salbutamol) ; - d’un produit dopant appartenant 2 la liste de rkf& rence dans seulement 1,7% des cas (classe 1 : amphCtamines et autres excitants, clobenzorex, par exemHe). Enfin, le comportement vis-&vis du dopage varie aussi avec l’attitude des jeunes face au sport. Ceux qui recherchent avant tout la performance ou la victoire se disent plus tent& ou prttendent plus souvent avoir dkj2 pris des produits dopants. En revanche, lorsque le sport est assock! B 1’idCe de santk, le dopage est moins tentant (tableau VI).

L’analyse des rksultats met en Cvidence un nombre important de jeunes sportifs ayant plus de trois kpreuves par mois, ainsi qu’un nombre Clevt de surclassements. Nous pourrions peut-&tre trouver dans ces donntes d’autres raisons 21cette diminution de la pratique, likes 3 une lassitude face aux contraintes qu’implique la compktition ou g d’kventuelles blessures. Le r6le tducatif de l’entourage (parents, professeurs d’EPS, entraineurs ou medecins) devrait, sans doute, davantage s’orienter vers une pratique rkgulibre, variCe et mod&e des activitCs physiques et sportives, durant toute la pCriode de l’adolescence. Plus que les critkres de performances et de victoires (qui pourraient dkjja pousser certains vers le dopage), cette pkriode de croissance et de maturation devrait pouvoir respecter un dkveloppement harmonieux entre physique et psychisme chez l’adolescent.

DISCUSSION

Les pourcentages obtenus doivent &e analysks avec toutes les restrictions inhkrentes aux techniques d’enq&e par auto-tvaluation (McClary et al, 1985 ; Smart et al, 1978). 11 existe, en effet, une certaine part de s&valuation associCea une sous-Cvaluation des r&ultats obtenus par cette mkthode de report anonyme : - la surCvaluation concerne les kponses faussement positives (report par vantardise, par confusion avec les consommations de drogues ou par analogie avec des mddicaments prescrits pour une pathologie existante, asthme par exemple) ; - la soustvaluation concerne les rkponses faussement nkgatives par d&i, oubli, interprktation inaddquate ou mauvaise compr6hension du questionnaire, et, essentiellement, par dksir de cacher une pratique illicite et rCprouvCe.

Pratique sportive

L’ttude de la pratique sportive met en Cvidence des diffkrences significatives selon le sexe et 1’2ge : - la prkdominance masculine, notamment au niveau de la pratique compCtitive (deux fois plus de garqons que de filles), reste une tendance traditionnelle, quel que soit le type d’activitks sportives ; - la diminution globale de la pratique sportive, observte quel que soit le sexe avec l’avance en 2ge, est Cgalement significative. Elle s’explique sans doute par un manque de temps, d’int&t ou de rksultats, surtout aprks 1’2ge de 17-18 ans.

Dopage

92 Tableau

P Turblin V. Dopage

et pratique

sportive. Niveau Comp&ition

l&e tent6 par le dopage Proposition

de produits

de pratique

Comp&ition

niveau national 8 Effectif

er nl

niveau

rf?gional %

sportive CompPtition autre niveau %

Pas de comp&ition %

67

248

506

1 604

20.3

IO,4

12,2

7-l

7s

1.6

3.4

1,9

peut-@tre dopants

20,9

7.0

7,7

33

aucune proposition

71,6

91.4

88.9

94,3

7,7

2.5

2.4

21.5

14,0

9-7

55

Declare avoir pris des produits dopants : dopants

70.8

835

87.9

Avoir des copains qui se dopent

18,8

10,o

10,5

9,9

Prendre regulierement quelque chose avant les competitions

37,9

22.4

16.5

aucune prise

car certains effectifs

NI

123 92.7

NI = test non interpretable

p < 0,001

:

dopants

peut-btre

Test

NI

p
sont trop faibles

Cependant, m&me si l’exactitude des reponses ne peut &tre certaine, la rigueur de la methodologie permet de s’approcher de la realite. De plus, des recherches sur la validite des reponses fournies par autoquestionnaire chez les jeunes estiment que leurs reponses sont satisfaisantes. Ces derniers ont probablement moins d’arrieres pensees en terme de gain, d’image ou de reputation que les sportifs de haut niveau (Yesalis, 199 1). Soulignons, enfin, que l’intervention directe du medecin enqueteur dans les classes de tours per-met d’obtenir un taux de rtponse pour l’ensemble des questions superieur a 95%, minimisant ainsi les erreurs d’interpretation liees aux non-reponses. Les resultats de l’enquhe, qui ne permettent pas d’affirmer le caractbe reel de tous les reports d’utilisation de produits dopants par cette methode de sondage (en dehors des produits pris avant la competition et qui ont Cteindiqds), montrent cependant l’existence, dans des proportions non negligeables de reponses, d’une attitude, deja precoce, pouvant conduire ulterieurement & la pratique du dopage confirrk : car en dehors des 2,2% d’eltves de l’effectif total qui ont rtpondu s’&tre deja dopes, il faut porter notre vigilance sur les 7,7% qui ont repondu s’etre peut-Ctre deja dopes, les 8,9% qui disent Ctre tent& par le dopage, les 7,7% qui auraient deja eu

une proposition de produit dopant (ou peut-&tre dopant) et enfin les 10,3% qui connaitraient un ou des copains qui se dopent. Ces resultats restent, cependant, globalement inferieurs a ceux des series anglo-saxonnes qui nous ont servi de references, d’autant que ces dernieres ttudient essentiellement le dopage par sterdides anabolisants (SA), veritable fleau social chez ces adolescents. Une douzaine d’etudes ont pu &tre recensees, de 1986 a 1991. Elles sont toutes nord-americaines, les don&es sur la consommation de SA (en milieu scolaire) ayant CtCpublites beaucoup plus tot en raison de l’appartenance des SA au repertoire des drogues <> faisant l’objet d’enquetes (Laberge et al, 1993). Les rtsultats de ces enquetes montrent des proportions de consommateurs de SA assez variables ; qui vont de 2,4% (Ross et al, 1989) a 18% (Polen et al, 1986). La premiere enquete recensee est celle de Newman (1986) qui retrouve 3% d’usagers parmi 5 029 tleves de secondaire. D’autres, par la suite, estiment a 2,5% (NIDA, 1991), 2,9% et 3% (Johnston et al, 1990 et 1991), 4,4% (Terney et al, 1990) et 10,9% (Vaughan et al, 199 1) d’usagers de SA (chaque incidence &ant fonction de l’echantillon Ctudit et de la methodologie employee).

93

Le dopage en milieu scolaire Tableau

VI. Dopage et image du sport. Dans le sport, je recherche la performance

he

Oui %

Non %

Effectif

I 288

848

tent6 par le dopage

10.6

6.6

23

I,3

83

69

88.3

91.8

:

Pour moi. la victoire la santd

Test p
trk importante

est :

pas trk importante

70

%

Oui %

Non %

I 861

335

Test

707

1614

Test

7,7

13,7

p < 0,001

12.6

7,4

p < 0,001

1,7

4,4

2s

7.4

9.7

11.1

LO 6.2

p < 0,001

90,9

85,8

86.3

91,8

D&he avoir pris des produits : dopants peut-&tre

dopants

aucune prise

p < 0,05

Pour les enquetes les plus recentes et les plus importantes, on retrouve : - 6,6% d’usagers parmi un tchantillon de 3 403 Cl&es gargons de 12” annee du secondaire issus de 46 ecoles de 24 Ctats des Etats-Unis (taux de reponse de 50%) (Buckley et al, 1988) ; - 5,7% d’usagers (11% de garcons et 05% de filles) parmi un echantillon de 1 775 bleves de 1le annee de secondaire issus de six Ccoles de 1’Arkansas (taux de reponse de 995%) (Johnson et al, 1989) ; - 3% d’usagers (5% de garcons et 1,4% de filles) parmi un echantillon de 910 Cl&es de 9e ?I 12e annee de secondaire issus de dix Ccoles du Texas (taux de reponse de 89%) (Windsor et al, 1989) ; - 8% d’usagers (12% de garcons et 4% de filles) parmi un Cchantillon de 5 252 Cl&es de 10e a 12e annee de secondaire issus de 12 Ccoles du Michigan (Hubbel, 1990). Contrairement aux etudes prtcedemment citees, notre enquete n’a pas cherche a identifier le type de substances consommees, mais visait plutbt a connaitre les usagers potentiels de produits, interdits par les reglements sportifs et utilises pour ameliorer les performances. En effet, nous avons pen& que les jeunes colltgiens et lyceens ne connaissaient pas forctment toutes les classes de produits dopants et, qu’en cas d’usage, ils ne disposaient pas de ressources leur permettant d’en vB rilier le reel caractere dopant (d’ou le double choix : prise de produits dopants et prise de produits peut-&tre dopants). Une enqdte recente, realisee chez de jeunes athletes QuCbCcois, allait Cgalement dans ce sens la (Laberge et al, 1993).

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Les donnees recueillies nous ont permis, en revanche, d’identifier et de classer les substances prises rtgulierement avant les Cpreuves par les tleves pratiquant la competition : les produits de confort ou les produits actifs non dopants representent une tres large majorite des cas, les produits actifs dopants n’ttant cites que dans 1,7% des cas. Cette prise de substances avant une competition, affirmee par 161 des 821 Cl&es pratiquant un sport en competition (20%) peut tout de mCme now interroger, l’idee insidieuse que certains elements exterieurs deviennent indispensables a laperformance pouvant ainsi se developper et exister dans ce contexte. La propension du sexe masculin a etre tent6 ou a declarer faire usage de produits dopants est retrouvee dans la majorite des etudes. Nos pourcentages sont en moyenne deux fois plus ClevCs chez les garcons, mais a niveau tgal de pratique sportive, les proportions sont les memes pour les deux sexes. De meme, l’absence d’augmentation de consommation de produits dopants avec l’age doit, en partie, &tre attribuee a la plus faible proportion de compttiteurs chez les sujets les plus ages. 11 semblerait, cependant, que laperiode centrale de l’adolescence, <(moment critique du besoin d’affirmation de l’identite, de gofit du risque et de mise au defi des limites >>soit propice a l’essai de substances visant a ameliorer les performances physiques (Jessor, 1982). Tout programme de prevention (ou d’education) devrait done commencer d&s le debut de l’adolescence, afin d’accentuer les valeurs positives attribuees au sport et de dissuader des comportements tendant a banaliser le dopage (Yesalis, 1991).

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P Turblin er al

Certains sports apparaissent plus associes a cette apparente banalisation du dopage. 11semblerait, malgre les faibles effectifs observes, que la musculation soit plus propice a developper une certaine attirance. Les sports de combat apparaissent Cgalement plus pourvoyeurs de deviances que les autres sports individuels et, a un degrt5 moindre, les sports collectifs. Toute action preventive devrait done viser prior&l rement ces sports (en particulier la musculation), mais devrait aussi &tre &endue a l’ensemble des activites sportives susceptibles de tricherie. Cette prevention devrait promouvoir un changement de comportement face aux valeurs sociales de performances, de victoires <<21tout prix B mais aussi d’apparence physique. L’action preventive porter& ainsi sur la clarification des valeurs individuelles, des connaissances de base, des croyances et des attitudes, tant chez le jeune que chez les parents, les professeurs, les entrainews ou autres personnes influentes dans le domaine de l’education. Ces changements devraient ainsi seproduire a un niveau personnel et a un niveau collectif (Yesalis, 1991). Lc cadre scolaire serait, enlin, propice a cette education comportementale, bade sur des crit&es affectifs, des valeurs positives et des alternatives (nutritives, techniques de musculation, confiance en soi, etc) susceptibles d’atteindre la motivation intrindque de l’eleve. La participation active de ce demier (par methode d’apprentissage actif audiovisuel, par exemple) entrainerait une meilleure compliance au programme educatif et preventif (Turblin, 1994). CONCLUSION Cette enquete exploratoire, sur l’usage de substances ergogeniques en milieu scolaire, nous a permis d’apporter une premiere information SWle dopage chez les adolescents. Mtme si les resultats obtenus, avec les limites d’interprctation likes aux methodes d’&aluation par autoquestionnaire anonyme, apparaissent bien moins inquittants que ceux retrouvts dans les etudes nord-americaines, ils indiquent, cependant, qu’il existe, pour un poutcentage faible mais non ntgligeable de jeunes de notre khantillon, un terrain propice a une certaine banalisation de l’usage de produits dopants. La mise en route de programmes de prevention, mCme s’ils ne pourront a eux seuls enrayer le probleme, sera le temoin de la reconnaissance du role d’une certaine education dans la modification de ces tendances. Lc milieu scolaire que nous avons &udit, n’&ant pas specialement representatif du milieu sportif en general, d’autres &udes, plus spkifiques, devraient etre conduites au niveau des sections sport-etude, des CREPS ou m&me

des clubs sportifs, afin de poursuivre l’evaluation ces deviances dans une optique preventive.

de

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