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dans deux services universitaires de médecine interne ont été inclus. Les facteurs prédictifs sont déterminés en analyse multivariée par un modèle de Cox. Résultats.– Quatre cent dix-neuf SGSp (hommes n = 42 ; âge moyen = 54 ans) ont été inclus. Trois cent quatre-vingt-deux patients (91 %) présentent une xérostomie et 390 (93 %) une xérophtalmie. Le syndrome sec est associé à des manifestations cliniques dès le moment du diagnostic chez 310 patients (74 %) : phénomène de Raynaud (n = 152 ; 36 %), manifestations articulaires (n = 143 ; 34 %), tuméfaction des glandes salivaires (n = 86 ; 20 %), vascularite cutanée (n = 62 ; 15 %), manifestations pulmonaires symptomatiques (n = 37 ; 9 %), neurologiques (n = 52 ; 12 %), rénales (n = 12 ; 3 %), digestives (n = 24 ; 6 %), musculaires (n = 41 ; 10 %), maladies auto-immunes (MAI) associées (n = 70 ; 17 %), asthénie et dépression (n = 42 ; 10 %). À l’issue du suivi, le syndrome sec ne reste isolé que dans 16 % des cas. Au moins une nouvelle complication clinique est apparue durant le suivi dans 46 % des cas. Dix-sept (4 %) patients développeront un lymphome B (13 femmes et quatre hommes ; délai diagnostic moyen entre le diagnostic de SGSp et de lymphome = 4,7 ans). L’analyse statistique en univariée identifie les tuméfactions des glandes salivaires (HR 4,7 ; p = 0,002), le sexe masculin (HR 3,3 ; p = 0,04), l’âge supérieur à 65 ans (HR 4,7 ; p = 0,004), les complications buccales (HR 3,6 ; p = 0,01) et les adénopathies (HR 5,4 ; p = 0,008) au diagnostic comme les variables prédictives de l’apparition secondaire d’un lymphome B. Seuls l’âge supérieur à 65 ans (HR 5,3 ; p = 0,006) et les tuméfactions des glandes salivaires accessoires (HR 6,3 ; p = 0,002) restent statistiquement significatives en analyse multivariée. Conclusion.– Les principaux facteurs prédictifs d’apparition d’un lymphome sont dans notre cohorte la présence de tuméfaction des glandes salivaires et un âge de plus de 65 ans au moment du diagnostic de SGSp. doi:10.1016/j.revmed.2008.03.101 Communications orales 6 : Médecine interne et maladies infectieuses CO073 Intérêt du dosage de l’adénosine désaminase dans la tuberculose pleurale D. Andriamanantena a , C. Rapp a , H. Le Floch a , F. Ceppa b , P. Burnat b , P. Imbert a , T. Debord a a Maladies infectieuses et tropicales, HIA Bégin, Saint-Mandé, France b Biochimie, HIA Bégin, Saint-Mandé, France Introduction.– L’adénosine désaminase est un marqueur diagnostique non invasif proposé dans le diagnostic de la tuberculose pleurale. Ses performances et sont utilité sont méconnues en France. Patients et méthodes.– Un dosage pleural d’adénosine désaminase (ADA) selon la méthode colorimétrique de Giusti (seuil de positivité supérieur à 24 UI/l) a été réalisé chez 85 patients
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admis de fac¸on consécutive pour une pleurésie sérofibrineuse entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2007. Les patients ont été classés en deux groupes : pleurésies tuberculeuses et pleurésies non tuberculeuses. La sensibilité (Se), la spécificité (Sp) et les valeurs prédictives positives (VPP) et négatives (VPN) ont été respectivement calculées avec un seuil d’ADA fixé à 50 UI/l. Résultats.– Les diagnostics étiologiques retenus chez les 85 patients étaient les suivants : 30 pleurésies tuberculeuses, 55 pleurésies non tuberculeuses (purulentes n = 23, parapneumonique n = 14, néoplasiques n = 12, divers n = 6). Le taux médian d’ADA du groupe des pleurésies tuberculeuses était significativement plus élevé que celui du groupe des pleurésies non tuberculeuses (132 UI/l versus 15 UI/l) ; p < 0,05). Quatre faux positifs ont été mis en évidence (trois pleurésies purulentes, un lymphome). Aucun faux négatif n’a été individualisé. Les performances diagnostiques globales étaient les suivantes : Se 100 %, Sp 90 %, VPP 88 % et VPN 100 %. Discussion.– En dépit de performances diagnostiques élevées validées en zone de forte endémie tuberculeuse, le dosage de l’ADA pleurale n’est pas recommandé par les conférences de consensus américaines (2000) et franc¸aises (2004). Notre étude confirme son excellente sensibilité. La spécificité altérée par la constatation de faux positif dans les pleurésies purulentes est en pratique améliorée par la prise en compte de la cytologie du liquide pleural et des données microbiologiques. Devant une pleurésie lymphocytaire, sa forte VPN permet d’éliminer une origine tuberculeuse même en zone de faible prévalence. Conclusion.– Dans notre pratique, l’utilisation systématique de ce marqueur pleural améliore la prise en charge des pleurésies tuberculeuses. doi:10.1016/j.revmed.2008.03.102 CO074 Épidémiologie de la syphilis en Martinique : un changement de profil épidémiologique H. Durox a , C. Derancourt a , R. Hélénon a , A. Alzoubi-Cavelier b , B. Liautaud c , B. Rollin c , R. Théodose d , D. Quist a a Dermatologie, CHU Pierre-Zobda-Quitman, Fort-de-France, France b IST, dispensaire Vernes, Fort-de-France, France c Maladies infectieuses, CHU Pierre-Zobda-Quitman, Fort-deFrance, France d Bactériologie, CHU Pierre-Zobd-Quitman, Fort-de-France, France Introduction.– La syphilis est une maladie sexuellement transmissible, touchant classiquement les homosexuels masculins, actuellement en recrudescence en France depuis 2000. Nous avons mené une étude épidémiologique descriptive rétrospective et prospective afin d’évaluer le profil épidémiologique de cette infection sur l’île de la Martinique. Patients et méthodes.– Nous avons inclus tous les patients ayant eu une syphilis précoce nouvellement diagnostiquée entre le 1er juillet 2007 et le 31 janvier 2008 au CHU et au dispensaire
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antivénérien de Fort-de-France. Les données suivantes ont été recueillies, notamment : le sexe, l’âge, le stade de la syphilis, le mode de contamination, le statut sérologique pour le VIH, l’usage de substance et contexte social. Résultats.– Vingt-six patients ont été inclus dont 13 hommes (50 %), d’âge moyen 40,1 ans [31–53], et 13 femmes (50 %), d’âge moyen 37,5 ans [28–46]. Quatre patients présentaient une syphilis primaire (chancre syphilitique), 15 une syphilis secondaire (éruption cutanée) et sept une syphilis latente précoce (absence de signes cliniques). L’orientation sexuelle était, notamment : homo-bisexualité (n = 3, un cas de prostitution) et hétérosexualité (n = 23, un cas de prostitution féminine). Huit patients étaient co-infectés par le VIH (31 %). Onze patients étaient usagers de substances (crack). Huit patients étaient en situation de grande précarité. L’incidence brute est estimée dans cette étude à 11,1/100 000 par an. Discussion.– L’incidence brute de la syphilis précoce estimée ici, sur une courte durée, est particulièrement élevée en comparaison aux données nationales déclaratives (InVS), et aux années précédentes en Martinique (14 cas sur 18 mois en 2004–2005). Aux cas de syphilis diagnostiqués en Martinique depuis début 2004 (épidémie persistante chez les hommes homosexuels infectés par le VIH) se surajoute une épidémie en phase d’attaque, semblant centrée sur les caractéristiques suivantes : toxicomanie, précarité, nombre élevé de femmes, prostitution. Cette épidémie semble comparable à l’épidémie guadeloupéenne de 2001, d’incidence similaire et contraste fortement avec l’épidémiologie métropolitaine. Conclusion.– La syphilis, maladie aux multiples facettes tant sur le plan clinique qu’épidémiologique, constitue un problème de santé publique aux Antilles. Cette épidémie martiniquaise en phase d’attaque justifie d’étendre les campagnes de prévention et d’élargir le dépistage au-delà de la population masculine homosexuelle [1, 2]. Références [1] Muller P, et al. BEH 2002;48:241–3. [2] Cabie A, et al. BASAG 2006;3:1–5. doi:10.1016/j.revmed.2008.03.103
CO075 Facteurs immunovirologiques et thérapeutiques associés au risqué de cancer classant et non classant sida chez les patients infectés par le VIH M. Bruyand a , R. Thiébaut a , S. Lawson-Ayayi a , P. Joly b , A. Sasco b , P. Mercié c , J.-L. Pellegrin c , M. Decoin d , D. Neau c , P. Morlat a , G. Chêne a , F. Bonnet c , Groupe d’épidémiologie clinique du sida en Aquitaine Inserm, U897, centre hospitalier universitaire, Bordeaux, France b Inserm, U897, Epidemiology For Cancer Prevention, centre hospitalier universitaire, 33076 Bordeaux, France c Services de médecine interne et maladies infectieuses, centre hospitalier universitaire, Bordeaux, France d Groupe d’épidémiologie clinique du sida en Aquitaine, centre hospitalier universitaire, Bordeaux, France a
Introduction.– Les patients infectés par le VIH ont un risque accru de cancer classant sida ou non classant. À coté des traditionnels déterminants, un rôle délétère spécifique du VIH, de l’immunodépression ou des traitements antrétroviraux ne peut être exclu. L’objectif de notre étude était d’étudier l’association entre le risque de cancer sida ou non sida et les caractéristiques immunovirologiques et thérapeutiques des patients infectés par le VIH. Patients et méthodes.– Les patients de la cohorte ANRS CO 3 Aquitaine cohort étaient inclus dans l’étude si leur suivi était supérieur à trois mois, si deux visites étaient disponibles dans la période d’étude (1998–2006) et si un ARN VIH et un taux de CD4 étaient enregistrés à la première visite. Le modèle d’analyse pronostique était un modèle de Cox à entrée retardée. Résultats.– Parmi les 4194 patients inclus, 251 ont présenté un premier cancer incident. La survenue d’un cancer classant sida (109 cas) était indépendamment associée à une exposition prolongée à une charge virale non contrôlée supérieure à 500 copies/mL (RR = 1,24 [IC 95 % : 1,12–1,38] par année d’exposition) et à une exposition prolongée à une immunodépression CD4 inférieure à 200 par millimètre cube (RR = 1,33 [IC 95 % : 1,18–1,51] par année d’exposition). En ce qui concerne les cancers non classant (142 cas), une augmentation d’incidence était indépendamment associée à une exposition prolongée à une immunodépression même modérée : CD4 inférieure à 500 par millimètre cube (RR = 1,18 [IC 95 % : 1,06–1,32] par année d’exposition) et une diminution d’incidence était associée au genre féminin (RR = 0,57 [IC 95 % 0,36–0,90]). Conclusion.– Une exposition prolongée à une charge virale VIH plasmatique élevée était associée à une augmentation de risque de cancer sida, indépendamment des CD4. Une exposition prolongée à une immunodépression, même modérée, était associée à une augmentation de risque de cancer classant et non classant. L’objectif du traitement antirétroviral doit être l’obtention et le maintien sur le long terme d’une charge virale indétectable et d’un taux de CD4 supérieur à 500 par millimètre
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