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330 Lettres à la rédaction [7] Kilincer C, Hamamcioglu MK, Simsek O, Hicdonmez T, Aydoslu B, Tansel O, et al. Nocardial brain abscess: review of clin...

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Lettres à la rédaction [7] Kilincer C, Hamamcioglu MK, Simsek O, Hicdonmez T, Aydoslu B, Tansel O, et al. Nocardial brain abscess: review of clinical management. J Clin Neurosci 2006;13:481—5.

R.A. Rakotoarivelo a,∗ , H.F.R. Raveloson b , S.H. Razafimahefa c , S. Farbos b , M.-C. Gemain b , F. Bonnal b a Service des maladies infectieuses, hôpital Joseph-Raseta, CHU d’Antananarivo, 101 Antananarivo, Madagascar b Service des maladies infectieuses, hôpital Saint-Léon, centre hospitalier de la Côte-Basque, 64109 Bayonne, France c Service de gastro-entérologie, hôpital Joseph-Raseta, CHU d’Antananarivo, 101 Antananarivo, Madagascar ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (R.A. Rakotoarivelo)

Figure 2. Scanner thoracique. Pleurésie bilatérale de moyenne abondance et images micronodulaires diffuses des deux champs pulmonaires.

doi:10.1016/j.pneumo.2011.01.002

Une extraction dentaire chèrement payée une résistance de 57,9 % à l’association sulfaméthoxazoletriméthoprime [1]. Mais certains auteurs ont rapporté l’existence d’une discordance entre la résistance in vitro et l’efficacité in vivo [4]. L’utilisation de l’association sulfaméthoxazole-triméthoprime comme un traitement de première intention reste toujours controversé [1,5,6]. Les associations de céphalosporines de troisième génération ou imipenème plus amikacine pourraient être la meilleure alternative [1,6,7]. Le relai per os est indiqué pour une durée totale du traitement de six à 12 mois en moyenne [6]. Devant une nocardiose pulmonaire, l’association à un cancer bronchopulmonaire ne doit pas être omise, et inversement. L’antibiogramme est indispensable car Nocardia sp. n’est pas toujours sensible à l’association sulfaméthoxazoletriméthoprime. Références [1] Mootsikapun P, Intarapoka B, Liawnoraset W. Nocardiosis in Srinagarind Hospital, Thailand: review of 70 cases from 1996—2001. Int J Infect Dis 2005;9:154—8. [2] Couraud S, Houot R, Coudurier M, Ravel AC, Coiffier B, Souquet PJ. Infection pulmonaire à Nocardia. Rev Mal Respir 2007;24:353—7. [3] Bonnichon A, Le Floch H, Rivière F, Staub E, Mairovitz A, Marotel C, et al. La dyspnée dans le cancer du poumon. Rev Pneumol Clin 2008;64:62—8. [4] Djossou F, Morlat P, Lacoste D, Bernard N, Bébéar C, Beylot J. Abcès intracérébral à Nocardia traité avec succès par sulfaméthoxazole-triméthoprime malgré l’absence de sensibilité in vitro. Med Mal Inf 2001;31:441—2. [5] Marnet D, Brasme L, Peruzzi P, Bazin A, Diallo R, Servettaz A, et al. Abcès cérébraux a Nocardia : caractéristiques radiocliniques et prise en charge thérapeutique. Rev Neurol 2009;165:52—62. [6] Rodriguez-Nava V, Zoropoguy A, Laurent F, Blaha D, Couble A, Mouniée D, et al. La nocardiose, une maladie en expansion. Antibiotiques 2008;10:115—27.

A dearly paid dental extraction

MOTS CLÉS Extraction dentaire ; Corps étranger intrabronchique KEYWORDS Dental extraction; Foreign body in the tracheobronchial tree

La présence d’un corps étranger au niveau des bronches est une pathologie qui peut engager la vie du patient en raison de son retentissement respiratoire et peut aboutir à des amputations parenchymateuses parfois importantes. Nous rapportons l’observation d’un enfant âgé de 12 ans, habitant Nouakchott (Mauritanie), hospitalisé dans notre formation pour prise en charge de bronchopneumopathies à répétition. Dans ses antécédents on trouve un syndrome de pénétration non daté et négligé et qui se plaint d’expectorations mucopurulentes avec hémoptysie depuis six mois. L’examen clinique trouve un syndrome de condensation gauche, la radiographie thoracique trouve un aspect de poumon gauche détruit (Fig. 1), le scanner thoracique objective des images de bronchiectasies gauches (Fig. 2). La fibroscopie bronchique souple réalisée à deux reprises objective la provenance de secrétions purulentes et abondantes provenant de la bronche souche gauche gênant toute exploration et la deuxième fibroscopie trouve une formation blanchâtre obstruant complètement l’orifice de la bronche souche gauche surmontée d’un granulome. Une cure chirurgicale, après une préparation (kinésithérapie, antibiothérapie et fibroaspiration) est de mise par thoracotomie postérolatérale gauche. L’exploration trouve

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Figure 2.

Figure 1. détruit.

La radiographie thoracique de face : poumon gauche

un poumon hépatisé, avec des lésions de bronchectasies kystiques, ne laissant aucune possibilité de conservation pulmonaire. Une pneumonectomie extrapéricardique avec une section de la bronche permet de retrouver dans la recoupe une dent (molaire) partiellement incrustée dans la paroi (Fig. 3). Les suites opératoires sont simples. A posteriori, l’interrogatoire retrouve la notion de syndrome de pénétration négligé par l’enfant et sa famille après une extraction dentaire qui lui a coûté une pneumonectomie. Les corps étrangers (CE) intrabronchiques par inhalation accidentelle sont particulièrement fréquents dans la première enfance avec une prédominance masculine [1] et constituent une urgence diagnostique et thérapeutique. Dans 90 % des cas, il est bronchique, de nature variable [2] et peut entraîner des complications respiratoires si le syndrome de pénétration est rapidement résolutif ou négligé par les parents. Les symptômes évocateurs sont d’origine respiratoire. Leur nature est fonction du délai entre le moment de l’inhalation où les symptômes sont ceux du syndrome de pénétration (quintes de toux sèche, accès de suffocation) et celui du diagnostic qui peut être variable de plusieurs mois à plusieurs années où les symptômes sont chroniques (toux grasse chronique, surinfections pulmonaires à répétition, hémoptysies, pleurésie purulente. . .) [3] comme c’est le cas de notre patient; ce retard diagnostique a été rapporté par plusieurs auteurs et peut être expliqué par la négligence du tableau clinique de syndrome d’inhalation, qui est souvent passager. En effet les symptômes sont peu intenses et peu marqués au début. En plus, l’âge jeune du patient, la nature végétale, la localisation gauche, l’absence de notion d’inhalation à l’interrogatoire et l’insuffisance de cet interrogatoire [4],

La TDM thoracique : aspect de bronchiectasies gauches.

la conjugaison de ces facteurs justifie le passage à la chronicité, la fixation endobronchique du corps étranger, et l’installation des lésions bronchopulmonaires (au-delà de 30 jours les lésions sont définitives). Cette symptomatologie peut être variable également selon que le CE dépasse ou non la carène. Ainsi le CE dépassant la carène, s’il s’enclave, il n’y a pas ou peu de symptômes, transitoirement du moins (un CE fixe ne fait pas parler de lui). La radiographie du thorax est essentielle au diagnostic. La possibilité de visualiser un corps étranger bronchique sur la radiographie varie cependant en fonction de sa localisation, sa nature, sa consistance, son aspect et sa taille. Dans notre cas, l’aspect calcique pourrait faciliter sa mise en évidence sauf qu’il était recouvert de granulome inflammatoire. Par ailleurs, l’image radiographique peut présenter différents aspects à type d’opacité, de syndrome obstructif et d’atélectasie partielle ou totale ou un aspect de poumon détruit, comme est le cas de notre

Figure 3.

Corps étranger inhalé : une molaire.

332 patient [4]. Ils traduisent l’atteinte du parenchyme pulmonaire et correspondent aux troubles de la ventilation, et à leurs conséquences évolutives. L’importance et l’étendue des lésions parenchymateuses sont fonction de la forme de l’objet inhalé, de sa taille, de sa topographie et de son niveau de fixation intrabronchique. En effet, plus cette forme est ronde et de petite taille, loin il ira dans sa migration intrabronchique et plus localisés seront les dégâts parenchymateux. Les corps étrangers plus volumineux et de forme moins arrondie ont tendance à se fixer plus haut dans l’arbre trachéobronchique. Ils entraînent de ce fait des dégâts parenchymateux plus étendus, comme c’est le cas chez notre patient [4]. Habituellement retrouvé en endoscopie, le corps étranger peut ne pas être visible lorsqu’il est recouvert par des bourgeons charnus inflammatoires ou si la vision est gênée par les sécrétions [5] (notre cas). De même, il peut ne pas être individualisé sur le cliché thoracique car il est trop petit et/ou faiblement radio-opaque. Cependant, une bronchoscopie négative n’élimine pas le diagnostic [6]. Les prélèvements bactériologiques sont souvent négatifs et l’aspect anatomopathologique correspond à un granulome réactionnel type corps étranger. Néanmoins, il peut mimer d’autres aspects histologiques (tumeur bronchique, tuberculose endobronchique, etc.) [1]. Elle peut constituer également un moyen thérapeutique permettant l’extraction du corps étranger bronchique. Elle nécessite pour cela une technique assez rigoureuse exigeant une collaboration entre l’endoscopiste et l’anesthésiste, puisqu’elle se fait sous anesthésie générale. Ce moyen thérapeutique n’a pas été indiqué chez notre patient, en raison du long délai d’évolution du tableau clinique confirmé par les images radiographiques d’atteintes parenchymateuses étendues. La littérature rapporte un taux d’échec élevé de cette technique [7]. Notre patient a bénéficié de la chirurgie. Cette chirurgie, de fac ¸on générale peut être radicale ou conservatrice. Lorsqu’elle est radicale, elle expose de fac ¸on très significative à moins de complications à type d’atélectasie par rapport au traitement conservateur [8]. Une thoracotomie pour exérèse, telle que réalisée chez notre patient, est ce que recommandent Sisenda et al. [9]. Les suites opératoires sont généralement simples. Nous pensons comme d’autres auteurs [7—9] qu’une fibroscopie bronchique à visée diagnostique est indispensable en cas de suspicion de corps étranger bronchique même si le bilan clinique et radiologique est normal. C’est le moyen d’éviter la rétention prolongée, et l’installation des lésions parenchymateuses pulmonaires. Le corps étranger intrabronchique est une pathologie respiratoire grave chez l’enfant. Sa mortalité n’est pas

Lettres à la rédaction négligeable en raison du diagnostic souvent tardif par négligence de la symptomatologie inaugurale et de la chronicité du tableau clinique. Cette chronicité entraîne des lésions parenchymateuses souvent irréversibles, nécessitant une chirurgie d’exérèse, comme dans cette observation. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Caidi M, Kabiri K, Lazrek I, El Maslout A. Chirurgie des corps étrangers intrabronchiques. Ann Chir 2002;127:456—60. [2] Viot A, Babin E, Bequignon A. Corps étrangers intrabronchiques de l’enfant. Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 2002;119:174—80. [3] Mohamed AAG, Timbo SK, Togola-Konipo F. Bronchotomie gauche pour corps étranger. Cah Otolaryngol Chir Cervicofac Audiophonol 2002;37:272—5. [4] Boussetta K, Amamou I, Hamrouni B. Les corps étrangers trachéo bronchiques chez l’enfant : aspects diagnostiques. Rev Maghrebine Pediatr 2000;10:185—91. [5] Tazi M, BenjelIoun B-D, Hassani A. Corps étrangers intrabronchiques à propos de 47 cas. Maroc med 2002;24:25—30. [6] Vagi Hl. Foreign bodies in the tracheobronchial tree Sudanese patients. J R colI Surg Edinburg 1997;42:235—7. [7] Basri Johan JAJ, Lee Kean TJ, Mahadevan J. Dental prosthesis ingested and impacted in the oesophagus and orolaryngophagus. J Otolaryngol 1998;27:190—4. [8] Adegboye VO, Osinowo O, Adebo OA. Bronchiectasies consequent upon prolonged foreign body retention. Cent Afr J Med 2003;49:53—8. [9] Wroblewski I, Pin I. Que deviennent les enfants ayant présenté un corps étranger bronchique ? Ann Fr Anesth Reanim 2003;22:668—70.

L. Herrak a,∗ , Y. Ouadnouni b , Y. Msougar b , M. Maidi b , H. Fennane b , F. Oouchen b , M. Bouchkh b , A. Achir b , M. Caidi b , M. Smahi b , S. Alaziz b , A. Benosman b , M.T. El Fassy Fihry a a

Service de pneumologie, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc b Service de chirurgie thoracique, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc ∗ Auteur correspondant. Rue Jaafer Essediq, Palmier « II », immeuble « C », appartement 8, Agdal, Rabat, Maroc. Adresse e-mail : [email protected] (L. Herrak)

doi:10.1016/j.pneumo.2011.02.002