pratique bucco-dentaire
Une bonne hygiène bucco-dentaire pour prévenir les caries La carie, résultante d’une dissolution des substances minérales dentaires, a des conséquences directes et indirectes sur l’individu. Le pharmacien d’officine joue un rôle majeur en termes de prévention et d’hygiène bucco-dentaire, à travers conseils et recommandations. Il doit également savoir orienter vers un chirurgien-dentiste lorsque cela est nécessaire.
Julie BONNOT François PILLON
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Good dental hygiene to prevent caries. Caries, the result of the dissolution of the tooth’s mineral substances, has direct and indirect consequences on the individual. Community pharmacists play a major role in terms of prevention and dental health, by giving advice and recommendations. They must also know how to direct people towards a dental surgeon when necessary. © 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved
La carie La carie est une maladie infectieuse multifactorielle qui se caractérise par une dissolution lente et localisée
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des substances minérales dentaires (émail, cément, dentine), sous l’action des acides bactériens produits par la plaque dentaire. Ce processus de dissolution, appelé déminéralisation, aboutit, à terme, à la formation d’une cavité.
augmentent, la salive est alors “débordée” et ne peut plus neutraliser l’acidité produite : la carie se développe. Les causes de ce déséquilibre sont diverses et propres à chaque individu. F La flore bactérienne : une flore riche en bactéries cariogènes (S. mutans) augmente la production d’acides. F Le temps : la durée et la fréquence des attaques acides auxquelles est soumis l’émail sont
Les bactéries de la cavité buccale La présence de bactéries dans la cavité buccale est l’un des facteurs primordiaux de formation des caries. En effet, elles utilisent les sucres de notre alimentation et les transforment en acides pour produire l’énergie nécessaire à leur survie : ce processus, appelé glycolyse, est à l’origine des phénomènes de déminéralisation de l’émail. Les bactéries responsables de la formation de caries sont dites cariogènes. Plusieurs agents bactériens sont impliqués, toutefois les deux principaux sont Streptococcus mutans et Lactobacillus casei.
La formation de la carie Il existe un équilibre dans la cavité buccale entre les dents, les bactéries, l’alimentation et le temps. Lorsqu’il n’est plus respecté, les processus de déminéralisation
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ne mauvaise hygiène bucco-dentaire a des conséquences économiques personnelles ou communautaires, des conséquences psychologiques personnelles et, bien évidemment, des conséquences, directes et indirectes, sur la santé de l’individu. D’où l’importance de savoir où et comment agir pour prévenir les maux. Seul le chirurgien-dentiste peut intervenir à tous les stades de la prévention, notamment au stade tertiaire qui constitue l’élément essentiel de son art. Le stade secondaire de la prévention est du ressort du médecin, du pharmacien et du chirurgien-dentiste. Il concerne, entre autres, les conseils sur la prise de fluor sous forme de fluorure, mais également la prévention des effets secondaires de certains médicaments. À ce stade, le professionnel de santé peut prodiguer un certain nombre de recommandations et diriger le patient vers son chirurgien-dentiste. Quant au stade primaire, il concerne tout le monde.
Un nettoyage régulier des dents permet de se protéger du processus carieux et des maladies parodontales.
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Mots clés • Brossage des dents • Carie • Fluorure • Hygiène bucco-dentaire • Prévention • Recommandation
Keywords • Caries • Dental health • Fluoride • Prevention • Recommendation • Tooth brushing
Auteur correspondant Julie BONNOT
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également importantes. Un émail exposé fréquemment ou pendant longtemps aux acides est susceptible d’être le siège de caries. F Le régime alimentaire : un apport de sucres trop important ou fréquent (grignotage) augmente le risque carieux (encadré 1). F La denture : l’émail est parfois plus sensible aux attaques acides, quand les dents sont temporaires par exemple, ou lorsque le port de prothèses, d’appareils orthodontiques, ainsi que la caractéristique des espaces interdentaires rendent la denture difficile à nettoyer. La carie débute lorsque l’équilibre entre les processus de déminéralisation et de reminéralisation bascule en faveur de la déminéralisation de l’émail. Il est bien évident qu’une hygiène bucco-dentaire inadéquate ou insuffisante favorise l’accumulation de plaque dentaire, sous forme de biofilm, au niveau des surfaces dentaires, et augmente le risque carieux. Il existe également des facteurs de risque supplémentaires comme les déficits salivaires.
Le développement d’une carie Lors du processus carieux, les bactéries de la plaque dentaire commencent à déminéraliser l’émail par la production d’acides, puis la dentine. Elles infectent ensuite la pulpe
Encadré 1. Les facteurs de risque carieux Collectifs : niveau socio-économique/ éducatif ; état dentaire des parents/ fratrie ; maladie/handicap ; facteur favorisant la rétention de plaque ; prématurité/petit poids de naissance. Individuels : < 1 brossage/jour ; pas d’exposition au fluor ; sucres hors des repas ; flux salivaire altéré ; plaque ou gingivite ; anomalies de structure ; antécédents de caries...
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dentaire, jusqu’à l’apex de la dent dans les stades les plus ultimes.
La prévention des caries Un nettoyage régulier des dents permet d’éliminer la plaque dentaire contenant les bactéries responsables des pathologies buccodentaires, d’éviter la mauvaise haleine et de conserver des dents saines le plus longtemps possible en se protégeant du processus carieux et des maladies parodontales. Un germe se multiplie toutes les 20 minutes. Les bactéries disposant, dans la bouche, des nutriments nécessaires pour se développer, la plaque dentaire se reforme seulement quelques minutes après que l’on a mangé. Pour cette raison, il est primordial de se brosser les dents après chaque repas. Pour conserver une bonne hygiène dentaire, il faut : • des apports en fluorure adéquats ; • une alimentation de qualité ; • un nettoyage régulier avec un matériel adapté.
Des apports adéquats en fluorure Le fluorure constitue un élément nutritif essentiel à la formation des dents et des os, au même titre que le calcium, le phosphore et les autres éléments ingérés par le biais des aliments et de l’eau. Les fluorures contribuent au maintien de la santé bucco-dentaire et à la prévention des affections. F En réduisant la solubilité de l’émail : l’apport de fluor se traduit par l’incorporation d’ions fluorures. Se forme alors des cristaux de fluoro apatite, nettement moins solubles par les acides produits que les hydroxyapatites. Le fluor procure à l’émail une plus grande résistance. F En augmentant la résistance de l’émail à l’action déminéralisante des acides : le fluor, mis en contact avec la surface des dents,
pénètre facilement dans les zones déminéralisées, où il s’accumule en quantité importante. F En reminéralisant les lésions carieuses initiales : il s’agit de l’un des principaux mécanismes cariostatiques du fluor. L’apport fréquent de faible concentration de fluorure est le plus bénéfique car l’on remarque un échange constant de minéraux à la surface de la dent. F En diminuant le développement de la plaque bactérienne : les fluorures constituent un agent antibactérien et antiplaque efficace. En effet, dans la plaque dentaire, le fluor inhibe l’énolase (enzyme de la glycolyse) et empêche les bactéries de produire des polysaccharides, puis de se fixer sur la surface dentaire. Ainsi, lorsque le taux de fluor augmente, une diminution de la quantité de plaque formée présente sur la surface dentaire peut être observée. Il est aussi possible de noter une diminution du nombre de bactéries S. mutans à l’occasion de l’utilisation d’un dentifrice fluoré. Les fluorures ralentissent la formation de la plaque dentaire, diminuent la formation d’acide lactique et contribuent à prévenir la carie. Les fluorures seuls ne suffisent pas à rendre la plaque dentaire non pathogène, ils ralentissent uniquement le métabolisme des bactéries. Cette action antibactérienne du fluor nécessite cependant des doses importantes in vivo ou une molécule associée possédant elle-même ces propriétés (fluorure d’amines par exemple).
Le fluor dans l’eau de boisson À petites doses (1 mg/L dans l’eau de boisson), le fluor favorise la santé dentaire. La concentration optimale du fluorure dans l’eau de boisson se situe entre 0,2 et 1,2 ppm. Certaines eaux embouteillées sont riches en fluorure, quelques-unes étant même trop fluorées pour être consommées par les enfants. L’eau
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en bouteille utilisée dans les biberons doit ainsi contenir un taux de fluorure inférieur à 0,7 mg/L. Il convient de déconseiller toutes les eaux minérales en contenant plus de 1 mg/L chez les enfants de moins de 12 ans. Enfin, il faut proscrire les eaux de Vichy Célestin® (5,8 mg/L) et Saint-Yorre® (8 mg/L) jusqu’à l’âge de 12 ans.
Le sel de cuisine fluoré Le sel de table est disponible fluoré à 250 mg/kg. Bien que représentant une voie d’apport pratique, il ne doit pas être consommé si l’eau de boisson contient plus de 0,3 mg/L de fluorure.
Le dentifrice fluoré Parmi les dentifrices disponibles sur le marché, 99 % sont fluorés. La législation française attribue un statut différent aux dentifrices selon leur dosage en fluorure : • supérieur à 1 500 ppm (1,5 mg de fluorure/gramme de pâte), le dentifrice doit alors avoir une autorisation de mise sur le marché (AMM) et n’est vendu qu’en pharmacie ; • inférieur à 1 500 ppm, le dentifrice a un statut de produit cosmétique et peut donc être vendu hors pharmacie. La plupart des dentifrices pour adultes contiennent des concentrations en fluorure allant de 1 000 à 1 500 ppm, ceux destiné aux enfants ayant des concentrations inférieures ou égales à 500 ppm. Considérant qu’un enfant de 2-3 ans avale en moyenne 59 % du dentifrice, qu’à 4 ans, il en ingère 48 % et 39 % à 5 ans, il est nécessaire d’établir quelques règles simples : • avant l’âge de 3 ans, le dentifrice doit être faiblement dosé (250 à 500 ppm de fluorure) ; • de 3 à 6 ans, le dentifrice doit contenir 500 ppm de fluorure (jusqu’à 6 ans, une petite quantité de dentifrice, de la taille d’un petit
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pois, est apposée sur la brosse de l’enfant) ; • à partir de 6 ans, un dentifrice contenant 1 000 à 1 500 ppm de fluorure peut être utilisé (Elgydium® protection caries, Elmex® protection carie, Sensodyne® soin complet, Sanogyl® blanc).
Les bains de bouche fluorés Avec le dentifrice fluoré, les bains de bouche fluorés constituent la méthode la plus courante pour lutter contre les caries. Ils peuvent être utilisés en prévention chez les enfants à partir de 6 ans (pour limiter le risque d’ingestion) et les adultes. Un à trois bains de bouche par jour peuvent être réalisés après le brossage des dents (Fluocaril® bifluoré, Elmex® protection carie, réservés à l’adulte et à l’enfant de plus de 6 ans).
Les gels fluorés ou les dentifrices hautement fluorurés La teneur en fluor des gels fluorés est au-dessus de 1 500 ppm de fluorure. Une mince couche de gel fluoré (Fluocaril® 20 000 ppm fluorure, par exemple) doit être déposée dans des gouttières individuelles préparées par le praticien. Cette méthode est réservée aux patients à haut risque ou sous radiothérapie. Par ailleurs, certains dentifrices, indiqués chez les patients à risque carieux, sont à haute teneur en fluorure : • Fluocaril Bi-fluoré®, qui ne peut être utilisé qu’à partir de 10 ans car il contient 2 500 ppm de fluorure ; • Duraphat® dentifrice 5 000 ppm fluorure, qui ne peut être utilisé qu’à partir de 16 ans.
Les comprimés ou gouttes fluorés Le mécanisme d’action du fluorure étant essentiellement post-éruptif, il n’est pas justifié de recommander la prise de suppléments fluorés avant l’éruption des dents (± 6 mois). A fortiori, une prescription prénatale est inutile. Ces compléments fluorés ne doivent pas être prescrits lorsque : • l’eau de boisson comporte 0,3 mg/L de fluorure ; • l’enfant consomme du sel fluoré ; • l’enfant bénéficie d’un brossage régulier avec un dentifrice fluoré. Les comprimés ou les gouttes sont indiqués chez les patients présentant un risque carieux élevé et doivent être sucés afin qu’un effet topique soit obtenu sur les dents. Ces prescriptions sont établies à partir d’un bilan fluoré qui prend en compte le contenu en fluorure de l’eau de boisson, le sel consommé par la famille, les produits d’hygiène bucco-dentaire utilisés et les habitudes alimentaires. La prescription s’évalue comme suit : • de 6 mois à 3 ans, 0,25 mg de fluorure/jour (rien si l’eau de boisson a une concentration en fluorure > 0,3 ppm ou mg/L) ; • de 3 à 6 ans, 0,50 mg de fluorure/ jour (0,25 mg si l’eau de boisson a une concentration en fluorure > 0,3 ppm, et rien si elle est > 0,6 mg) ; • au-delà de 6 ans et jusqu’à 12 ans, 1 mg de fluorure/jour si le sel fluoré n’est pas utilisé (0,50 mg si l’eau de boisson a une concentration en fluorure > 0,3 ppm, et rien si elle est > 0,6 mg). Zymaduo® 150 et 300 (0,25 mg pour 4 gouttes) et Zymafluor® (comprimés de 0,25 et 1 mg) sont, entre autres, disponibles.
Les gommes à mâcher Fluogum® sans sucre, fluorure de sodium, utilisable à partir de 6 ans, à raison de 1 à 6 tablettes par jour, contient 0,25 mg de fluorure de sodium par tablette.
Les vernis fluorés Les vernis fluorés peuvent être utilisés chez les jeunes enfants qui ne sont pas capables de cracher car il n’y a pas de risque d’ingestion, à
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raison de 2 à 4 fois/an lorsque le risque carieux est élevé.
La fluorose À des concentrations de fluorure ingéré > 1,5 mg/jour, la fluorose dentaire est favorisée. Cette pathologie apparaît souvent sous la forme d’une modification de l’émail dentaire, provoquant des tâches jaunes ou marron, ou sous une apparence opaque crayeuse avec des stries ou des piqûres. Une concentration ingérée supérieure à 5 mg/L peut provoquer la perte des dents et entraîner la fluorose osseuse, caractérisée par une hypercalcification des os (encadré 2). L’ingestion prolongée ou accidentelle d’une concentration en ions fluorure supérieure à dix fois la norme admise représente un danger important d’intoxication. La dose toxique est de 5 mg de fluorure/kg et les signes de toxicité sont : l’apparition de taches sur les dents en voie de formation ; des altérations des tissus osseux (ostéoporose) ; des vomissements ; des diarrhées ; des douleurs abdominales. En pratique, il faut rester vigilant face au cumul des apports en fluorure
(dentifrices, sels, eaux, supplémentation médicamenteuse) et privilégier une seule source d’apport de fluorure par voie systémique (sel ou eau, ou médicamenteuse). La voie topique est, quant à elle, prioritaire afin d’obtenir l’effet dentaire.
Une alimentation de qualité Il existe une corrélation directe entre l’alimentation et les problèmes dentaires. L’impact des aliments cariogènes dépend davantage de la fréquence de leur consommation que de leur quantité totale pendant le repas. Les aliments riches en hydrates de carbone (“sucres”) accentuent la production d’acides par les bactéries. La salive favorise la recristallisation des minéraux grâce aux ions qu’elle contient et elle possède, de plus, une action antibactérienne grâce aux enzymes et aux immunoglobulines salivaires. Son débit assure un autonettoyage. Ainsi, si de nombreux petits repas se succèdent, l’action de la salive est limitée dans le temps ; le “grignotage” doit donc être évité. Il est également utile de boire un litre d’eau par jour afin de stimuler les glandes salivaires.
Encadré 2. Apports de fluorure recommandés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé1 F Chez l’enfant de moins de 6 mois : prescription inutile de fluor. F Chez l’enfant de plus de 6 mois : • l’usage des fluorures par voie orale doit être modulé en fonction du risque de carie chez l’enfant (grignotage, consommation de boissons sucrées…) ; • si l’enfant est à haut risque carieux, la supplémentation en fluorures se réalise, par voie orale (comprimés ou gouttes), à la posologie de 0,05 mg de fluor/jour/kg, sans jamais dépasser 1 mg par jour en raison du risque de fluorose. Cette supplémentation
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complète l’action topique par le brossage biquotidien avec un dentifrice fluoré ; • si l’enfant est à bas risque carieux, le brossage des dents avec un dentifrice fluoré est recommandé au minimum 2 fois/jour. Le dentifrice doit avoir une teneur en fluor adaptée à l’âge de l’enfant.
1 Afssaps. Mise au point. Utilisation du fluor dans la prévention de la carie dentaire avant l’âge de 18 ans. Octobre 2008. http://ansm.sante.fr/var/ ansm_site/storage/original/application/7db1d82 db7f5636b56170f59e844dd3a.pdf
Le potentiel cariogénique des aliments est lié à leur contenu en hydrates de carbone. Les sucres le plus fréquemment rencontrés dans l’alimentation sont le glucose et le fructose, le saccharose, le maltose, le lactose et l’amidon. Le saccharose est la forme sucrée la plus courante ; il s’agit du sucre le plus cariogénique. Il est facilement fermentescible par les bactéries de la plaque et favorise la colonisation par S. mutans. Le lactose est le sucre le moins cariogénique. En cas d’apport trop important et/ ou prolongé en glucides fermentescibles, un abaissement du pH au sein de la plaque dentaire est observé ; cet abaissement au pH critique de dissolution de l’émail dentaire est vecteur de caries. Les substituts non caloriques du saccharose sont non cariogéniques. La saccharine, le cyclamate, la thaumatine, l’acésulfam K et l’aspartame sont utilisés comme édulcorants dans les boissons. Les alcools de sucre comme le sorbitol ont un potentiel cariogénique faible et celui du xylitol est nul. Il diminue le nombre, la transmission et l’adhérence de S. mutans, et la quantité de plaque. Il permet d’améliorer la quantité et qualité de la salive et permet de déminéraliser l’émail. Les aliments sucrés qui restent collés aux dents, tels le chocolat, les caramels, les biscuits, les pâtisseries et les chips sont hautement cariogènes car, sans brossage, l’hydrate de carbone séjourne plus longtemps dans la cavité buccale, de l’ordre de 20 à 40 minutes. En revanche, les aliments de consistance fibreuse comme les fruits et les légumes sont plus rapidement éliminés de la cavité buccale (en 5 minutes) et sont, par conséquent, peu cariogènes. À l’occasion des collations, il est important de privilégier une alimentation peu collante et pauvre en sucre comme le pain ou les céréales (sans sucre ajouté), surtout lorsqu’un brossage des dents n’est pas possible.
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Chez l’enfant Alimenter l’enfant au sein prévient l’apparition des caries : cela lui permet de constituer son capital osseux et dentaire. De plus, les muscles faciaux de la mâchoire sont ainsi plus développés et les dents mieux alignées. Par ailleurs, mastiquer soigneusement plutôt qu’avaler rapidement favorise le bon développement de l’appareil masticateur et osseux, et évite les malpositions ultérieures des dents qui nécessitent des traitements orthodontiques. La carie étant une maladie infectieuse due à S. mutans, il est conseillé d’éviter de lécher les doigts de l’enfant ou de goûter sa purée avec la même cuillère.
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Chez l’adulte jeune La nature du produit comme sa composition chimique préviennent ou accentuent les caries : • le chocolat fond dans la bouche, s’élimine rapidement et apporte des tanins, du fluor et des phosphates protecteurs ; • le fromage augmente la sécrétion de salive et apporte du calcium ainsi que du phosphore, utiles à la minéralisation de l’émail ; • le citrate de zinc et la vitamine E, antioxydante, renforcent la gencive et préviennent les attaques de la plaque dentaire ; • le riz a, en revanche, un effet acidifiant et les aliments trop cuits provoquent une baisse de la mastication ; • les aliments complets doivent être préférés aux aliments raffinés, pauvres en vitamines et sels minéraux ; • une consommation trop fréquente de sucre et un temps de contact long avec les dents favorisent les caries ; • des vomissements ou un reflux gastro-œsophagien, riches en acide gastrique qui attaque l’émail, nécessitent de se rincer la bouche avec du bicarbonate et de l’eau, et de se brosser ses dents avec un dentifrice fluoruré ou,
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mieux, à base d’étain pour protéger l’émail des attaques acides ; après la consommation d’un aliment ou d’une boisson sucrée, il est conseillé, lorsque le brossage n’est pas possible, de boire ou de se rincer avec de l’eau ou un bain de bouche fluoré afin d’éliminer rapidement les sucres de la cavité buccale. Il est également possible d’utiliser une gomme à mâcher sans sucre (Fluogum®, Homeogum®, Arkofresh®), d’autant plus que l’action mécanique favorise la production de salive ; manger des sucreries en une fois est moins nocif pour les dents que de consommer la même quantité par petites portions. Plus la fréquence de consommation des sucres est élevée, plus il y a risque de caries dentaires ; la consommation des aliments et des boissons sucrées doit se faire au plus près d’un repas principal ou pendant celui-ci ; les aliments non cariogènes sont les fruits frais, les légumes, le poisson et la viande ; les aliments cariogènes sont les caramels, les bonbons, les chewinggums avec sucre, le chocolat au lait, les fruits secs, les chips, le miel, les pâtisseries, les sirops, les limonades sucrées et les sodas.
Un nettoyage régulier avec un matériel adapté Quelques règles sont essentielles pour prévenir les caries : • utiliser des brossettes interdentaires (éviter les cure-dents, responsables d’irritations) afin de déloger les résidus restés coincés dans les espaces interdentaires. Les brossettes en cônes doivent être utilisées au niveau des molaires et les cylindriques au niveau des incisives. Les brossettes à section triangulaire existent également et s’adaptent parfaitement à l’espace interdentaire, sans difficulté de maniement pour les débutants ;
• utiliser du fil dentaire brut ou ciré mentholé pour nettoyer les surfaces interproximales des dents, en complément du brossage ; • recourir aux jets dentaires ou hydro-propulseurs pour éliminer les déchets ; • utiliser un dentifrice spécifique pour les gencives sensibles ou irritées, antiseptique, anti-inflammatoire et fluoré ; • utiliser un dentifrice pour dents sensibles (douleur au chaud ou au froid) qui favorise l’obturation des canalicules dentinaires ouverts exposés à la cavité buccale pour une action durable, ou à base de sels de potassium pour réduire la sensibilité aux stimuli douloureux ; • utiliser une brosse à dents électrique (vers l’âge de 6 ans), sans oublier qu’une telle brosse hâtivement employée est moins efficace qu’un brossage minutieux effectué manuellement ; • utiliser une brosse à dents manuelle de qualité, sélectionnée en fonction du degré d’inflammation gingivale, de la sensibilité dentinaire, des espaces interdentaires et de la dextérité de l’utilisateur. Elle doit être adaptée à la main de la personne et la tête, petite de préférence, doit posséder des brins souples ou médium en nylon, ainsi que des extrémités arrondies ou microfines. Les brins durs créent des micro-abrasions lors des frottements, abîment la gencive et, de plus, nettoient moins bien. Il faut bien comprendre que le brossage permet d’éliminer la plaque dentaire qui apparaît quelques heures seulement après la fixation de la bactérie sur son support. Elle se présente, dans un premier temps, sous forme de slims, ou pellicule (mucus bactérien gélatineux et adhésif), pour ensuite s’organiser en biofilm si elle n’est pas éliminée. Cette plaque dentaire, constituée de bactéries, de phospho-carbonates et de substances organiques,
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Prévention des caries, les conseils à l’officine F Se brosser les dents minutieusement 3 fois par jour (après chaque repas), avec une brosse à dents souple et un dentifrice fluoré contenant un antiseptique en cas de problèmes de gencives. Ne pas oublier les espaces inter-dentaires. Terminer par un rinçage soigneux. F Respecter le temps de brossage de 3 minutes, nécessaire à l’efficacité du nettoyage ainsi qu’à celle des actifs contenus dans le dentifrice. F Renouveler sa brosse à dents tous les 3 mois ou plus souvent si elle est abîmée. F Si les gencives saignent, utiliser une brosse à dents souple et des dentifrices antiseptiques, mais ne pas stopper les brossages.
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Les auteurs Julie BONNOT Docteur en pharmacie, 6 rue Joseph-Chapelle, 69008 Lyon, France
[email protected]
François PILLON Service de pharmacologie clinique, Faculté de médecine Laennec, 8 rue GuillaumeParadin, 69008 Lyon, France
[email protected]
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peut se minéraliser en fonction de la composition salivaire minérale et, dans un deuxième temps, se transformer en tartre : elle devient dure, très résistante, comme “soudée” à la dent. En conséquence, il est inutile de frotter et d’appuyer sur sa brosse, car cela pourrait entraîner une récession de la gencive et une exposition des collets dentaires car seul le chirurgien-dentiste peut en venir parfaitement à bout grâce à un nettoyage professionnel. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on recommande deux visites par an (sinon plus) chez le spécialiste en vue d’un contrôle général et d’un détartrage qui fait partie de la prévention.
Les techniques de brossage Le brossage doit s’effectuer en douceur, en respectant les techniques suivantes : • la technique du “rouleau” pour brosser les dents et les gencives consiste à placer la brosse contre le sillon gingival à 45 degrés et à effectuer, grâce à la torsion du poignet, un mouvement de balayage de la gencive vers la dent, du “rouge vers le blanc” ;
F Prévoir une visite chez le chirurgien-dentiste une fois par an afin de contrôler la denture et d’effectuer un détartrage. F Ne pas effectuer quotidiennement des bains de bouche antiseptiques sur une longue période. En revanche, les solutions dentaires fluorées peuvent être utilisées au long cours. F Se brosser les dents après la prise de granules, de pastilles et de sirops, notamment le soir avant le coucher (en cas de prise de granules homéopathiques, espacer le brossage de 30 minutes).
• la technique de “bass” consiste à positionner la tête de la brosse à 45 degrés au niveau du sillon gingivo-dentaire, inclinée du haut vers le bas (gencive), et à pratiquer des petits mouvements en secousses le long de la même dent pendant 10 secondes, avant de déplacer la tête de la brosse vers une dent contiguë ; • la technique de “charter”, quasiment identique à la précédente, consiste à placer la tête de la brosse à 45 degrés, les brins étant toutefois dirigés vers le haut (vers les dents). Il est également possible d’effectuer de petits mouvements circulaires ; • le nettoyage des incisives s’effectue en plaçant la brosse à dents perpendiculairement derrière les dents, de façon à sentir les brins sur le bord de la gencive, ce qui évite le réflexe nauséeux déclenché si la brosse est trop enfoncée.
Le brossage en pratique Le brossage est un geste de prévention essentiel, nécessaire pour préserver la santé des dents dès le plus jeune âge.
Il faut d’abord se laver les mains avant le brossage et utiliser “sa” brosse à dents (pas d’échange). Il est déconseillé de la mouiller : cela évite que le dentifrice déposé sur les brins ne se dilue et perde de son efficacité. La prise en main de la brosse à dents doit se faire selon la méthode “du stylo”, entre le pouce et l’index, particulièrement conseillée à ceux qui appuient fortement sur le manche en écrasant les brins de la brosse et, de ce fait, anéantissent l’effet recherché dans le brossage. La prise dite “à la paume”, typique chez les enfants, permet de tenir fermement le manche. Elle est conseillée aux personnes qui appuient doucement sur le manche afin d’avoir une meilleure maîtrise des mouvements. Pour acquérir un automatisme, il est nécessaire de suivre toujours le même ordre : par exemple, brosser d’abord le maxillaire inférieur, puis le supérieur. La partie intérieure des dents doit être nettoyée en partant des molaires de gauche pour aller vers la droite, là où le nettoyage est le plus difficile. En effet, le sillon gingival, difficile d’accès, entre la dent et la gencive, peut se creuser et former des poches parodontales, véritables nids bactériens. Il y a alors déplétion d’oxygène, multiplication des germes anaérobies et accumulation de plaque dentaire. Les mouvements doivent ensuite être dirigés sur la partie externe des dents, de droite à gauche. Les faces occlusales (les surfaces qui mastiquent) doivent être nettoyées en effectuant trois ou quatre mouvements de va-et-vient, de droite à gauche, par groupe de deux dents. Enfin, le brossage se termine par celui des faces proximales (côtés des dents) externes ou internes, soit la face mésiale et la face distale. w
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