Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 104 (2018) 694–698
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Note de technique
Abord postérieur médian inter spinalis-longissimus dans l’ostéosynthèse mini-invasive des fractures thoraciques et thoracolombaires : note de technique夽 Inter-spinalis-longissimus mid-line approach for thoracic and thoracolumbar minimally invasive fixation: Technical note Jean-Louis Labbe ∗ , Olivier Peres , Olivier Leclair , Renaud Goulon , Patrice Scemama , Franc¸ois Jourdel , Sebastien Levy , Sarah Bakouche Centre hospitalier territorial de Nouméa, 7, avenue Paul-Doumer, 98849 Nouméa, Nouvelle-Calédonie
i n f o
a r t i c l e
Historique de l’article : Rec¸u le 18 mars 2018 ˆ 2018 Accepté le 22 aout Mots clés : Chirurgie mini-invasive Fixation percutanée Rachis thoracolombaire Muscles Spinalis-Longissimus
r é s u m é Les auteurs présentent une voie d’abord postérieure mini-invasive thoracique et thoracolombaire, avec incision médiane et dissection bilatérale de l’espace musculaire inter spinalis-longissimus (EISL) pour réaliser une fixation pédiculaire. Objectifs : préciser l’anatomie. Évaluer les résultats de cette voie comparée à l’abord paraspinal. Méthodes : une étude radio-anatomique IRM recherchait la position aponévrotique superficielle de l’EISL par rapport à la ligne médiane. La procédure chirurgicale est présentée. Une étude radio-clinique a évalué 24 patients, répartis en deux groupes opérés par voie médiane intermusculaire et par voie paraspinale présentant une fracture isolée Magerl A3 et B2, non neurologique, située entre T2 et L2. La douleur, les complications postopératoires ainsi que la qualité de la réduction et la satisfaction esthétique finale ont été évalué. Résultats : l’IRM confirmait le siège de l’EISL, constamment retrouvé, à 11,01 ± 0,9 mm (9,4 − 12,3) de la ligne médiane. Le groupe « voie médiane » montrait, une réduction significative de la DMS de 3 jours : 4 ± 1,9 j (2 − 8) (p:0,005), de la douleur de 2 niveaux EVA en postopératoire : 2,1 ± 1,4 (1 − 4) (p:0,032) et au jour de sortie : 0,3 ± 0,6 (0 − 1) (p:0,001) avec un aspect esthétique cicatriciel jugé très satisfaisant. Conclusion : la faible iatrogénie de cette voie d’abord simple et reproductible a amélioré significativement les suites postopératoires. © 2018 Publie´ par Elsevier Masson SAS.
1. Introduction La mise en place percutanée des vis pédiculaires thoracolombaires s’effectue le plus souvent à travers des incisions paraspinales bilatérales, transmusculaires [1,2]. Si cet abord respecte mieux l’anatomie que la chirurgie « ouverte » classique, elle ne résout pas totalement l’intégrité des tissus musculo-aponévrotiques
DOI de l’article original : https://doi.org/10.1016/j.otsr.2018.07.021. 夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc¸aise de cet article, mais celle de l’article original paru dans Orthopaedics & Traumatology: Surgery & Research, en utilisant le DOI ci-dessus. ∗ Auteur correspondant. CHT de Nouméa, BP J5, 98800 Nouméa, NouvelleCalédonie. Adresse e-mail :
[email protected] (J.-L. Labbe). https://doi.org/10.1016/j.rcot.2018.08.028 1877-0517/© 2018 Publie´ par Elsevier Masson SAS.
pendant l’ostéosynthèse. La plupart des publications décrivant une voie d’abord différentede celle de Foley et al. [1] utilisent un abord paraspinal et un espace intermusculaire distinct entre le m. transversospinalis (ou m. multifidus) et le m. longissimus [3,4]. Nous exposons un abord mini-invasif postérieur par incisions cutanées médianes et dissection bilatérale du plan de clivage naturel entre muscle spinalis et muscle longissimus (EISL). Les hypothèses de cette étude étaient : • à l’IRM, l’EISL était toujours retrouvé avec une distance constante par rapport à la ligne médiane ; • cet abord moins invasif améliorait cliniquement et radiologiquement la technique d’insertion des vis pédiculaires lors de la fixation des fractures Magerl A3 et B2 [5] du rachis thoracique et thoracolombaire.
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Fig. 2. RCO : coupe axiale IRM en T12. L’espace inter spinalis-longissimus est mesuré à 10,1 mm de la ligne médiane. 1 : m. spinalis ; 2 : m. longissimus ; 3 : m. iliocostalis. EISL : Espace Inter Spinalis-Longissimus. FTL : Fascia thoraco-lumbalis (lame dorsale et moyenne). Fig. 1. RCO : vue schématique postérieure de la charnière thoracolombaire localisant l’espace inter spinalis-longissimus. 1 : m. spinalis ; 2 : m. longissimus ; 3 : m. iliocostalis ; 4 : m. transversospinalis (= m. multifidus) ; 5 : m. latissimus dorsi + m. serratus posterior-inferior ; 6 : m. obliquus internus abdominis + m. transversus abdominis ; EISL : Espace inter spinalis-longissimus. FTL : Fascia thoraco-lumbalis (lame dorsale et moyenne) ; PI : pédicule vasculo-nerveux intercostal. BD : branches dorsales du pédicule intercostal dans le foramen vertébral dorsal.
2. Matériel et méthodes 2.1. Technique chirurgicale Sur un patient installé en décubitus ventral, l’incision cutanée était verticale médiane, centrée sur le niveau pédiculaire à instrumenter. Pour chaque niveau la longueur de l’incision était de 2–3 cm, agrandie à 3–4 cm pour 2 niveaux adjacents. Le tissu sous-cutané était incisé jusqu’à la saillie des processus épineux. Un décollement sous cutané séparait la peau et le tissu sous cutané du plan aponévrotique. Il permettait de récliner la peau latéralement alternativement des 2 côtés. À 1 cm de la ligne médiane, l’aponévrose du m. trapézius au niveau thoracique et du fascia thoracolumbaire à la charnière thoracolombaire était incisé verticalement sur 2 cm (NB superposition des 2 fascias au niveaux T6-T10 ± T12). Ainsi nous ouvrions la loge musculaire à l’aplomb de l’EISL. Le m. spinalis était inséré à l’apex des processus épineux T2-T8 et T11-L2. Le m. longissimus était inséré sur les 10 dernières côtes et les processus transverses thoracique et lombaires (Fig. 1 et 2). Quand le m. trapezius présentait une insertion tendineuse courte, ses fibres musculaires étaient latéralisées en regard de l’incision (Fig. 3). L’EISL était retrouvé constant, à environ 1 cm de la ligne médiane, dans toutes nos dissections anatomiques préliminaires et chez tous les patients opérés. La dissection de l’espace était réalisée jusqu’aux massifs articulaires et poursuivie au doigt sous l’aponévrose pour préserver le pédicule vasculo-nerveux intercostal dorsal, sur toute la hauteur prévue de l’ostéosynthèse (Fig. 1). Les trocarts introduits dans ce plan atteignaient, sous contrôle fluoroscopique, le point d’entrée idéal de la visée pédiculaire (Fig. 4). L’EISL ayant une direction oblique médio-latérale, le m. longissimus était latéralisé sans contrainte pour introduire des 2 côtés les tiges guides, avec une légère convergence dans les pédicules et les corps vertébraux L’insertion des vis pédiculaires canulées, des connecteurs vis-tiges, des tiges, leurs verrouillages définitifs et l’ablation de l’extension filetée des vis, ont été effectués d’un côté,
Fig. 3. Vue peropératoire au niveau T11-T12. L’espace inter spinalis-longissimus (EISL) est repéré par une rugine. Les fibres musculaires du muscle trapezius ont été latéralisées au travers de l’incision. CRAN (crânial), CAUD (caudal) D (droit), G (gauche).
Fig. 4. Vue peropératoire de la fixation d’une fracture Magerl A3.3 de L1. Les vis pédiculaires de diamètre 5 mm en T11 et T12 et 6 mm en L2 sont en place d’un côté avec extériorisation des extensions filetées. Les tige-guides sont en place du côté controlatéral.
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Tableau 1 Données démographiques des deux groupes.
Âge (années) Hommes/femmes IMC (Kg/cm2 ) (normal/surpoids/obèse) Niveau lésionnel Type de fracture (A31/A32/A33) Étiologie : chutes/AVP Délai préopératoire (heures/patients)
Voies Paraspinales (n = 12)
Voies Médianes (n = 12)
p
39,4 ± 14,7 (17 − 61) 8/4 25,3 ± 6,4 (19,5 − 42,7) (7/4/1) T10:1/T11:1/T12:1 L1:7/L2:2 A3:10/B2:2 (5/2/2) 6/6 ≤ 48 h: 8 > 48 h: 4 (2 − 7 jours)
39,3 ± 13,6 (17 − 57) 6/6 24,5 ± 5,8 (17,9 − 37) (6/4/2) T7:1/T11:1/T12:1 L1:6/L2:3 A3:10/B2:2 (2/2/6) 9/3 ≤ 48 h: 11 > 48 h: 1 (3 jours)
0,91 (MW) 0,68 (FT) 0,73 (MW) 1 (FT) 1 (FT) 0,40 (FT) 0,32 (FT)
n : nombre de patients ; AVP : accident de la voie publique ; IMC : indice de masse corporelle ; Statistiques : moyenne ± déviation standard (minimum–maximum), Analyse statistique comparative software : EPI-INFO 6 ; FT : Fisher Test (données qualitatives) ; MT : Mann–Whitney Test (données quantitatives). Caractère en gras : pour montrer les points important : L1 nombre identique de patients et niveau le plus atteint dans les 2 séries. Pour le type de fracture, il était important de montrer qu’il y avait plus de fractures A33, plus sévères, que de A1 dans les voies médianes, plus difficiles à traiter.
puis de l’autre, en jouant sur l’élasticité des tissus. L’introduction des tiges dans les connecteurs, immédiatement sous l’aponévrose, était facilitée par une visualisation directe proche de la surface cutanée. Le transfert « en bloc » du montage sur l’extension des vis jusqu’à leurs bases, dans l’EISL, n’a rencontré aucun obstacle musculaire ou aponévrotiques jusqu’au contact osseux. Le multifidus, de par sa finesse jusqu’à L2, restait protégé par l’écart résiduel siégeant entre la tige et le rachis (Fig. 1). Lorsque l’étroitesse des pédicules imposait l’utilisation de vis de diamètre 5 mm, une instrumentation à 2 niveaux adjacents était indiquée afin d’éviter le risque de flambage des vis pendant la réduction. La distraction optimale du foyer de fracture était obtenue lors du verrouillage final des vis par l’intermédiaire des connecteurs de « réalignement », Les vis polyaxiales devenaient alors monoaxiales, en s’orientant perpendiculairement aux tiges. Une cyphoplastie était effectuée par incisions punctiformes bilatérales, après stabilisation définitive du foyer de fracture par verrouillage de l’ostéosynthèse, évitant toute sollicitation du ciment phosphocalcique pendant sa phase de cristallisation. Les incisions ont été suturées, sans drainage.
sur 1 seul niveau, siégeant entre T2 et L2, sans déficit neurologique, sans lésions associées, de type Magerl A3 ou B2 [5]. Les données épidémiologiques étaient identiques dans les 2 groupes (Tableau 1). Une cyphoplastie complémentaire était réalisée 9 fois dans chaque groupe. Tous les patients étaient ostéosynthèsés sans ® arthrodèse, avec le même matériel PASS MIS (Société Medicrea, Rillieux-la-pape, France). La cyphoplastie utilisait un ciment ® phospho-tricalcique (KyphosFSMedtronic ), compte tenu d’une moyenne d’âge des patients de 30 ans. Un contrôle TDM postopératoire était réalisé de manière systématique. Nous avons relevé les données peropératoires ainsi que le jour du premier lever, la durée moyenne de séjour (DMS), la douleur sur l’échelle visuelle analogique (EVA) en pré- et postopératoire immédiat à j1 et le jour de la sortie. L’aspect esthétique cicatriciel subjectif a été évalué chez les 10 patientes par un questionnaire de satisfaction de 0 à 4 (Tableau 2). Les groupes ont été comparés dans le logiciel EPI-INFO 6 en utilisant le test de Fisher pour les données qualitatives et les tests Mann–Whitney pour les données quantitatives. Les groupes étaient différents pour une valeur de p < 0,05.
2.2. Étude radio-anatomique
3. Résultats
Une étude IRM portait sur 65 coupes axiales du rachis thoracique, provenant d’examens effectués en routine au CHT de Nouméa (2013–2016). Sur chaque coupes lues rétrospectivement, la distance moyenne entre la ligne médiane et l’origine juxtaaponévrotique de l’EISL était mesuré, de chaque côté (Fig. 2). Les patients relevant de la pédiatrie, de la gériatrie, avec antécédent de chirurgie rachidienne, ou présentant une anomalie structurelle ont été exclus. L’examen était réalisé avec une IRM GE Optima 1,5 Tesla et transfert sur le système PACS GE Entreprise Archive Version 4. Les mesures en millimètres ont été effectuées de T3 à T12 sur des coupes axiales pondérées en T2 à hauteur du point d’entrée pédiculaire. Les mesures ont été analysées par un radiologue indépendant avec le logiciel AW Serveur 3.2 de GE.
Les résultats de l’étude radio-anatomique sont présentés dans le Tableau 3. L’EISL était retrouvé sur toutes les coupes IRM. La distance moyenne relevée entre la ligne médiane et le point de raccordement de l’espace sur l’aponévrose superficielle était de 11,01 mm ± 0,9 (9,4−12,3). Il était identique pour les 2 côtés. Les résultats de l’étude clinique sont présentés dans le Tableau 2. Dans le groupe voie médiane intermusculaire, la DMS était significativement diminuée de 3 jours (p < 0,05). La douleur postopératoire était diminuée de 2 points sur l’EVA (p < 0,05). La diminution du temps opératoire de −14 mn était non significative, de même que le lever postopératoire plus précoce (75 % des patients à j1). Les résultats radiologiques sont présentés dans le Tableau 4. Il n’y avait pas de différence préopératoire significative entre les 2 groupes pour la cyphose vertébrale, la cyphose locale et l’inclinaison latérale. Le gain moyen de réduction de la cyphose vertébrale, de la cyphose locale et de l’inclinaison latérale était significativement meilleur dans le groupe voie médiane. Pour ce qui concerne les fractures A3 isolément le gain moyen de réduction de la cyphose vertébral était supérieur dans le groupe voie médiane intermusculaire (6 patients) avec 12,3◦ ± 4,6◦ (6 − 21,5◦ ), comparativement au groupe voie paraspinale (5 fractures) 9,6◦ ± 6,3◦ (0,8 − 20◦ ), p = 0,14.
2.3. Étude radio-clinique Une étude clinique rétrospective a été effectuée chez 24 patients sélectionnés sur la période d’octobre 2012 à juillet 2014. Les patients étaient répartis en 2 groupes de douze patients opérés par voie médiane intermusculaire et 12 patients par voie paraspinale. La période per- et postopératoire immédiate, la plus représentative de la chirurgie mini-invasive, était évaluée [1]. Les critères d’inclusions étaient les fractures thoraciques ou thoracolombaires
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Tableau 2 Procédure chirurgicale et évolution postopératoire, comparaisons entre les deux groupes.
Nombre de niveaux fixés/patients Diamètre des vis (en mm)/patients Nombre de fixations avec cyphoplastie Nombre de fixations seule (type de fracture) Temps opératoire (minutes) 1
er
Voies paraspinales (n = 12)
Voies médianes (n = 12)
p
2:10/3:2 5:3/ ≥ 5,5:7/mixte:2 9 3 (A31)
2:9/3:3 5:2/ ≥ 5,5:8/mixte:2 9 3 (A31:1/B2:2)
1 (FT) 1 (FT)
111,6 ± 30,3 (65 − 150)
97,4 ± 30,1 / 14 mn (55 − 170) = ≤ 24 h: 9 [75 %] (j2: 2/j3: 1) 4 ± 1,9 (2 − 8) >8 2,1 ± 1,4 (≤ 1:5/>1:7 [2−4]) 0,3 ± 0,6 (0: 8/ ≤ 1:3/2:1) Très satisfaites : 6
0,21 (MT)
≤ 24 h: 7 [58,3 %] (j2:2/j3:3) 7,1 ± 2,7 (2 − 11) >8 4,0 ± 2,6 (≤ 1:3/>1:9 [4−8]) 2,1 ± 1,4 (≤ 1:5/ > 1:7 [1−4]) Satisfaite : 1 Peu satisfaites : 2 Non satisfaite : 1
levé (heures-jours/patients)
DMS postopératoire (en jours) EVA préopératoire EVA j1 postopératoire (EVA/patients) EVA jour sortie (EVA/patients) Esthétisme cicatriciel Satisfaction/femmes
0,33 (FT) 0,005 (MT)a 0,032 (MT)a 0,001 (MT)a 0,004 (FT)a
DMS : durée moyenne de séjour ; EVA : échelle visuelle analogique d’auto évaluation de la douleur ; FT : Fisher Test ; MT : Mann–Whitney Test a Statistiquement significatif
Tableau 3 Distances moyennes entre la ligne médiane et l’EISL (juxta aponévrotique) sur coupes axiales IRM pondérées en T2, à hauteur pédiculaire de T3 à T12. Niveau vertébral
T3
T4
T5
T6
T7
T8
T9
T10
T11
T12
Moyenne ± écart-type (en mm) Extrêmes (en mm)
11,3 ± 1,5 10 − 13
12,3 ± 1,2 10 − 14
12,1 ± 1,1 11 − 14
11,5 ± 1 10 − 12
11 ± 0,7 10 − 12
10,2 ± 0,5 10 − 11
11,3 ± 1,5 10 − 14
11 ± 1,1 9 − 12
9,9 ± 1,2 8 − 12
9,3 ± 1,7 7 − 12
Tableau 4 Évaluation et comparaison des résultats radiologiques sur reconstructions sagittales et coronales TDM, entre les deux groupes.
Préopératoire (◦ )
Postopératoire (◦ )
Gain (◦ )
Cyphose vertébrale Cyphose locale Cobb Cyphose vertébrale Cyphose locale Cobb Cyphose vertébrale Cyphose locale Cobb
Voies Paraspinales (n = 12)
Voies Médianes (n = 12)
p (MW)
16,4 ± 7,2 (7,5 − 26,6) 10,7 ± 6,7 (1 − 24,7) 2,2 ± 3,3 (0 − 9) 6,6 ± 5 (0,4 − 18,4) 1,5 ± 10,6 (19 à −14) 1,1 ± 1,9 (0 − 5) 9,8 ± 6 (0,8 − 20) (p:0,0009) 8,3 ± 6 (2,6 − 19,8) (p:0,02) 1,1 ± 1,5 (0 − 4) (p:0,55)
15,2 ± 5,8 (6,2 − 24,1) 13,6 ± 9,5 (2 − 27,7) 1,4 ± 2,7 (0 − 8) 3,5 ± 3,8 (0,2 − 11,5) −1,3 ± 7,5 (15,7 à −13,2) 0,2 ± 0,5 (0 − 1,5) 11,7 ± 4,4 (6 − 21,5) (p:0,0001) 15,1 ± 7,1 (7 − 24) (p:0,0006) 1,2 ± 2,5 (0 − 8) (p:0,48)
0,71 0,93 0,43 0,18 0,67 0,25 0,19 0,02 0,58
Cobb : mesure de la déformation coronale (angle d’intersection des 2 droites tangentielles aux plateaux supérieur et inférieur des vertèbres sus et sous-jacentes de la vertèbre fracturée) ; −n◦ : en lordose ; MW : Mann–Whitney Test.
Le fait de fixer un côté puis l’autre n’induisait aucune perte angulaire coronale, ni limité la réduction de la cyphose. Nous avons relevé 2 vis extra pédiculaires sur les 106 posées. Aucune fuite de ciment vers le canal médullaire n’a été trouvée. Aucune perte sanguine n’a nécessité une transfusion. Il n’y a eu aucun problème secondaire d’hématome, de cicatrisation ou autres complications dans les 2 groupes. Les 6 femmes opérées par voie médiane ont été très satisfaites par l’aspect esthétique de leur cicatrice, comparativement aux 4 voies paraspinales (Fig. 5) (Tableau 2). 4. Discussion La voie d’abord mini-invasive médiane présentée, est inspirée de la voie « ouverte » paraspinale postérieure lombaire caudale de Wiltse et Spencer [6]. Ces auteurs conseillent de passer dans l’espace inter multifidus-longissimus, après avoir déconseillé l’abord médian. Dans la région thoracolombaire, entre T2-L2, cet espace chirurgicalement exploitable n’existe pas. Le seul espace exploitable, se situe entre le m. spinalis et le m. longissimus, accessible par voie médiane. L’espace inter Longissimus-Iliocostalis, trop
Fig. 5. Résultat cicatriciel à 6 mois postopératoire le jour de l’ablation du matériel.
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latéral, nécessiterait une désinsertion du m. longissimus pour accéder aux pédicules. De T2 à L2, le terme : « Voie de Wiltse » est donc impropre [3,4]. Le repérage du plan de clivage intermusculaire est nécessaire avant d’inciser le fascia sus-jacent. Au niveau lombaire plus caudal, Wiltse et Spencer recommandent d’inciser entre 1 à 4 inches (2,5–10 cm) de la ligne médiane [6]. Foley et al. recommandent entre 4–5 cm [1]. Si l’on maintient cette latéralisation entre T2-L2, l’EISL ne sera pas retrouvé. Notre étude IRM, inspirée de celle de Palmer et al. au niveau lombaire [7], a vérifié qu’il se situait en moyenne à 11 mm de la ligne médiane. Ces auteurs retrouvaient une distance de 7,9 mm ± 20 (2,8 − 14,1) en L1-L2, 10,4 mm ± 2,9 (4,3 − 23,4) en L2-L3 et n’ont décelé aucune corrélation entre cette distance et les items index de masse corporelle, âge, taille, poids, sexe (sauf aux niveaux L5-S1). L’introduction des vis au travers des muscles, par l’intermédiaire de dilatateurs, ne provoquerait pas de lésions notables [1,2]. Par contre, aucun système d’ostéosynthèse mini-invasif actuel ne permet de descendre les tiges au contact osseux jusqu’au verrouillage sans traverser et écraser les tissus musculo-aponévrotiques, même à l’aide de contre-incisions distales. Notre voie médiane intermusculaire évite d’écraser les muscles, avec pour conséquence directe, une diminution significative de la douleur postopératoire immédiate et secondaire et de meilleurs résultats que ceux rapportés dans la littérature (Tableaux 2–4) [2–4]. Le fait de média® liser les tiges PASS MIS , évite tout conflit du matériel avec le m. spinalis sus-jacent, dépourvu d’insertions sur les lames, et le m. longissimus plus latéral. De plus, l’accès des pédicules aux trocarts de cyphoplastie n’est pas contraint par la tige. La latéralisations des tiges impliquerait une désinsertion ou un écrasement du m. longissimus et limiterait l’inclinaison latérale du vissage pédiculaire. La voie d’abord médiane reste incontournable si une conversion en chirurgie « ouverte » s’avère nécessaire, sans préjudice esthétique. Ce préjudice ne devrait plus être considéré comme négligeable, du fait de la sollicitation de la population féminine qui représente 30–40 % des traumatismes rachidiens dont 60 % ont moins de 40 ans [8]. Les ablations du matériel ont été réalisées après le sixième mois postopératoire avec reprise de la même voie d’abord, sans difficulté, en recommandant l’utilisation d’écrous non sécables, plus facilement repérables. Avec plus de deux ans de recul, nous avons élargi cette technique à toutes les indications traitées en mini-invasif, jusqu’en S1 (en agrandissant l’incision médiane à 3–4 cm et abord de Wiltse sous L2) et fixations sur plusieurs niveaux. Une étude clinique plus large est en cours d’évaluation, avec analyse IRM des muscles spinaux après ablation du matériel d’ostéosynthèse. Les résultats IRM préliminaires comparant cette technique à celle de Foley, montreraient une diminution significative de l’atrophie et de l’involution
graisseuse musculaire qui prédominerait sur les muscles spinalis et longissimus. 5. Conclusion La voie médiane inter Spinalis-Longissimus bilatérale est une technique fiable, de réalisation facile et reproductible, moins invasive que la voie de Foley classique, à l’origine d’une amélioration significative des suites postopératoires. Source de financement Aucune. Contribution des auteurs J.L. Labbé, écriture et relecture de l’article. O. Peres, O. Leclair, R. Goulon, P. Scemama, F. Jourdel, S. Levy, aide en tant qu’opérateurs, révision des patients, conseillers sur l’élaboration de ce travail. S. Bakouche radiologue qui a supervisé l’étude radiologique TDM, sur la mesure de la distance entre la ligne médiane et l’espace intermusculaire décrit et sur les premiers résultats IRM obtenus sur l’aspect des loges musculaires postérieures. Déclaration de liens d’intérêts L’auteur : participation à l’élaboration du matériel PASS MIS ® Medicrea en tant que consultant, aucune rémunération. Coauteurs : déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Foley KT, Holly LT, Schwinger JD. Minimally invasive lumbar fusion. Spine 2003;28:S26–35. [2] Zairi F, Court C, Tropiano P, Charles YP, Tonetti J, Fuentes S, et al. French Society of Spine Surgery. Minimally invasive management of thoraco-lumbar fractures: combined percutaneous fixation and balloon kyphoplasty. Orthop Traumatol Surg Res 2012;98:S218–24. [3] Li H, Yang L, Xie H, Yu L, Wei H, Cao X. Surgical outcomes of mini-open Wiltse approach and conventional open approach in patients with single-segment thoracolumbar fractures without neurologic injury. J Biomed Res 2015;29:76–82. [4] Zhonghao L, Zhiqiang L, Deguo X, Hongwei G, Chuanliang P, Mingzhi G. Two different surgery approaches for treatment of thoracolumbar fracture. Int J Clin Exp Med 2015;8:22425–9. [5] Magerl F, Aebi M, Gertzbein SD, Harms J, Nazarian S. A comprehensive classification of thoracic and lumbar injuries. Eur Spine J 1994;3:184–201. [6] Wiltse LL, Spencer CW. New uses and refinements of the paraspinal approach to the lumbar spine. Spine 1988;13:696–706. [7] Palmer DK, Allen JL, Williams PA, Voss AE, Jadhav VWuDS, Cheng WK. Multilevel Magnetic Resonance Imaging analysis of Multifidus-longissimus cleavage planes in the lumbar spine and potential clinical applications to Wiltse’s paraspinal approach. Spine 2011;36:1263–7. [8] Hu R, Mustard CA, Burns C. Epidemiology of incident spinal fracture in a complete population. Spine 1996;21:492–9.