76e congrès SNFMI, Paris, 6 au 8 décembre 2017 / La Revue de médecine interne 38S (2017) A109–A248
Introduction En 2016, 1 million de personnes sont décédées d’une ou des causes liées au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) dans le monde. Selon l’OMS, la région africaine est la plus touchée avec 25,6 millions de personnes infectées. L’infection par le VIH est une affection globale qui peut atteindre tous les organes du corps humain. La connaissance de ces atteintes est importante dans la mesure où elles amènent à proposer un diagnostic et une prise en charge précoce. Le but de notre travail est de décrire la diversité des manifestations cliniques révélant une infection VIH dans un service de médecine interne. Patients et méthodes Notre travail est une étude descriptive portant sur 13 patients admis au service de médecine interne, chez qui le diagnostic de l’infection au VIH a été retenu. La collecte des données a été réalisée de manière rétrospective sur des dossiers de malades suivis entre 2000 et 2016. La technique diagnostique de l’infection VIH utilisée était le test Elisa, avec une confirmation par le test de Westernblot pour tous les patients. Résultats Sur 13 patients, 8 étaient des femmes. Au total, 66,6 % étaient admis pour suspicion d’une maladie de système. Aussi, 76,9 % présentaient des signes généraux à type de fièvre prolongée, asthénie, anorexie et amaigrissement, 76,9 % une symptomatologie articulaire à type de polyarthrite, oligoarthrite ou des arthralgies inflammatoires diffuses, 61,5 % une atteinte cutanéomuqueuse majoritairement faite de candidose bucco-génitale et d’ulcérations. Une atteinte oculaire à type de vascularite rétinienne avait motivé la consultation de 2 patients. D’autres signes systémiques étaient également notés chez plusieurs patients : respiratoires (toux, dyspnée), digestifs (diarrhées, rectorragies, vomissements) et neurologiques (moteurs et sensitifs). Sur le plan biologique, une lymphopénie était notée chez 84,6 % des patients, une anémie chez 61,5 % des cas, dont 75 % était hypochrome microcytaire, un syndrome inflammatoire chez 53,8 %. Le bilan immunologique réalisé chez 10 patients était positif chez une seule patiente ou un lupus associé au VIH était retenu. Dès la confirmation du diagnostic, les patients étaient transférés au service de médecine infectieuse pour complément de bilan et prise en charge. Malheureusement, une patiente était décédée suite à des complications neurologiques avant de démarrer le traitement antirétroviral. Conclusion L’infection rétrovirale au VIH peut parfaitement mimer une maladie de système, vue l’atteinte possible de multiples organes, ce qui peut retarder à la fois le diagnostic et la prise en charge thérapeutique qui devraient être précoce. Ce travail vise à sensibiliser les médecins quant à la réalisation systématique du test de dépistage du VIH. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2017.10.254 CA246
Adénite à Propionibacterium (Cutibacterium) : deux observations V. Ernest 1 , F. Janvier 2 , T. Richecoeur 1 , A.V. Tortat 1 , C. Mettler 3 , J.P. Terrier 4 , A. Cambon 1 , E. Poisnel 1 , F. Dutasta 1 , J.F. Paris 1 , G. Defuentes 1,∗ 1 Médecine interne, hôpital d’instruction des Armées Sainte-Anne, Toulon 2 Fédération des laboratoires, hôpital d’instruction des Armées Sainte-Anne, Toulon 3 Dermatologie, hôpital d’instruction des Armées Sainte-Anne, Toulon 4 Anatomie pathologique, laboratoire de médecins pathologistes indépendants Medipath, Toulon ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (G. Defuentes) Introduction Saprophyte de la peau et des voies respiratoires hautes, Propionibacterium (Cutibacterium) acnes est une
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bactérie anaérobie Gram positif. Elle peut être responsable d’infections sévères, notamment cutanées et ostéoarticulaires, et d’endocardites. Plus rarement, il s’agit d’infections révélées par un syndrome tumoral ganglionnaire : nous en rapportons deux nouvelles observations. Observation Observation no 1 : une adénopathie isolée, suspecte de localisation métastatique d’un mélanome. Un patient de 68 ans, aux antécédents de mélanome du mollet droit opéré cinq mois auparavant, consultait pour une adénomégalie inguinale droite, retrouvée à l’examen physique, non inflammatoire, sans autre adénopathie suspecte ou syndrome tumoral hépato-splénique. Les résultats biologiques montraient l’absence de syndrome inflammatoire et la séronégativité VIH, VHB, VHC, EBV, CMV et Bartonella. Un TEP-FDG décrivait des adénopathies hypermétaboliques inguinales droites et interaortico-caves suspectes de malignité. L’analyse histologique du ganglion inguinal droit documentait une adénite granulomateuse caséo-folliculaire nécrosante sans argument pour une métastase ganglionnaire, une mycobactériose ou une hémopathie. Les cultures étaient positives à Propionibacterium acnes. L’évolution était favorable après une antibiothérapie par clindamycine per os pendant six semaines, bien corrélée à la disparition de l’hypermétabolisme ganglionnaire en TEP-FDG. Observation no 2 : une présentation pseudo-lymphomateuse. Un patient de 22 ans consultait pour une altération de l’état général, des poly-adénopathies cervicales et une urticaire intermittente d’effort. Le bilan biologique et les examens immunologiques étaient normaux, sans syndrome inflammatoire ni cause classique d’urticaire retrouvée. Les résultats biologiques montraient également l’absence de syndrome inflammatoire et la séronéga® tivité VIH, VHB, VHC, EBV, CMV et Bartonella. Le Quantiferon était négatif. En TEP-FDG, des adénopathies jugulo-carotidiennes (13 mm à droite et 12 mm à gauche), le cavum et l’oropharynx étaient hypermétaboliques. La biopsie ostéomédullaire décrivait une moelle active de richesse normale sans signe de malignité. Des biopsies du cavum montraient une hyperplasie lymphoïde réactionnelle, sans argument pour une lymphoprolifération. La biopsie ganglionnaire cervicale mettait en évidence une architecture conservée, une hyperplasie lymphoïde globale, aspécifique et réactionnelle. Les cultures ganglionnaires étaient positives à Staphylococcus epidermidis et Propionibacterium granulosum et stériles pour les mycobactéries. Les cultures des biopsies du cavum étaient positives à Propionibacterium acnes. L’évolution clinicomorphologique était favorable après un traitement antibiotique par clindamycine pendant six semaines. Discussion Propionibacterium est une bactérie rarement pathogène chez l’homme. Elle est impliquée dans les processus inflammatoires de l’acné : elle prolifère par inhibition de FoxO1 et augmente la sécrétion d’interleukine-1. Son rôle dans le développement du syndrome SAPHO (synovite, acné, pustulose, hyperostose et ostéite) et dans la sarcoïdose reste débattu. Elle peut être également responsable de processus infectieux, dont des tableaux d’adénite, unique ou multiple, rarement compliquée de suppuration. Les adénites à Propionibacterium sont un des diagnostics différentiels des syndromes tumoraux ganglionnaires, volontiers granulomateux, une fois les infections mycobactériennes et les hémopathies malignes éliminées. Conclusion Les présentations cliniques des adénites à Propionibacterium peuvent varier, de la forme nodale aux polyadénopathies diffuses. Nos observations, hautement suspectes d’affections ganglionnaires malignes, ont nécessité une démarche imposant histologie et culture, pour en permettre le diagnostic et le traitement. Elles soulignent originalement l’intérêt du TEP-FDG en terme d’évaluation thérapeutique. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Pour en savoir plus 1. Berthelot JM, Corvec S, Hayem G. Sapho, Autophagy, IL-1, FoxO1, and Propionibacterium (Cutibacterium) acnes. Joint Bone Spine 2017. pii : S1297-319.
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2. Perry AL, Lambert PA. Propionibacterium acnes. Lett Appl Microbiol 2006; 42:185–8. 3. Chanet V, Romaszko JP, Rolain JM, Beytout J. Propionobacterium acnes adenitis. Presse Med 2005; 34:1005–6. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2017.10.255 CA247
Endocardite infectieuse à Propionibacterium acnes révélée par des myalgies M. Garric 1,∗ , G. Moulis 2 , X. Boumaza 1 , K. Paricaud 1 , L. Astudillo 1 , L. Porte 3 , P. Lansalot-Matras 3 , F. Bos 1 , G. Pugnet 1 , L. Sailler 2 1 Service de médecine interne, CHU Toulouse Purpan, Toulouse 2 Service de médecine interne, centre hospitalier universitaire de Toulouse, Toulouse 3 Service de maladies infectieuses et tropicales, hôpital Purpan, Toulouse ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Garric) Introduction Propionibacterium acnes est une bactérie Gram positif anaérobie, commensale de la peau et de pousse longue. Les endocardites infectieuses à Propionibacterium acnes sont rares et de diagnostic difficile. Nous rapportons le cas d’une infection d’endoprothèse aortique à Propionibacterium acnes mimant une fasciite. Observation Un patient de 54 ans présentait mensuellement depuis début 2017 des myalgies des membres inférieurs fébriles, cédant spontanément en un jour. Il avait comme seul antécédent une réimplantation de la valve native aortique dans une endoprothèse aortique en 2014. Des hémocultures ont été réalisées au cours d’une crise, stériles. Fin mai il est hospitalisé pour des myalgies hyperalgiques morphino-réquérantes. Il était apyrétique et présentait uniquement un souffle d’insuffisance aortique connu et non modifié. Le bilan biologique montrait un syndrome inflammatoire avec une CRP à 100 mg/L et une hyperleucocytose. Les hémocultures étaient stériles à 5 jours. Les enzymes musculaires étaient normales. Devant la majoration des douleurs avec apparition d’une arthrite de cheville gauche fébrile un scanner thoraco-abdomino-pelvien et des membres inférieurs a été réalisé montrant un aspect de fasciite des membres inférieurs sans autre lésion. Une antibiothérapie par amoxicilline-acide clavulanique, clindamycine et gentamycine par voie intraveineuse a été initiée permettant d’obtenir l’apyrexie et l’amélioration des myalgies rapide. L’échographie transoesophagienne (ETO) a révélé une insuffisance aortique grade 2/4, sans végétation. La tomographie par émission de positron (TEP-scanner) a montré des hypermétabolismes intramusculaires des membres inférieurs prédominants à gauche ainsi qu’un hypermétabolisme de la prothèse aortique. L’IRM musculaire a mis en évidence des plages inflammatoires avec thromboses artérielles étagées prédominant sur la jambe gauche. L’IRM cérébrale était normale. Les hémocultures sont revenues positives à Propionibacterium acnes dix jours après leur prélèvement. L’antibiothérapie a été modifiée par amoxicilline 12 g/jour par voie intraveineuse. Le matériel a été enlevé et un Bentall réalisé. Les prélèvements peropératoires de la prothèse poussaient à Propionibacterium acnes. La valve native était stérile. Une antibiothérapie par amoxicilline et rifampicine a été poursuivie pour 3 mois avec un relais par amoxicilline per os à 15 jours de la chirurgie. Avec quatre mois de suivi l’évolution est favorable sans séquelle. Discussion Les endocardites à Propionibacterium acnes sont rares, prédominent chez les hommes (plus de 90 % des cas) et sont souvent des infections sur matériel (plus de 80 % des cas) survenant des années après la chirurgie (5 à 156 mois) avec un retard diagnostique fréquent. Le temps médian de positivité des hémocultures est de 7 jours. [1–3]. On retrouve dans la littérature une forte pré-
valence des complications cardiaques (volumineuses végétations, abcès). Dans notre observation, le TEP-scanner fût utile car l’ETO et le scanner injecté n’avaient pas détecté d’argument pour une infection de prothèse. Selon les dernières recommandations de l’ESC en 2015, le TEP-scanner peut être utilisé pour le diagnostic des localisations emboliques et pour étayer le diagnostic des endocardites probables selon les critères de Duke. La présence d’emboles périphériques est présente dans 16–17 % des endocardites à Propionibacterium acnes. De fac¸on intéressante pour l’interniste, il s’agissait chez notre patient de la présentation initiale et de la plainte principale de notre patient. Conclusion Devant une symptomatologie atypique chez un homme porteur d’une prothèse endovasculaire une infection à Propionibacterium acnes doit être évoquée avec réalisation d’hémocultures à culture longue (plus de 14 jours). En cas de suspicion d’endocardite infectieuse avec une échographie cardiaque non contributive les examens de médecine nucléaire peuvent être utiles au diagnostic. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références 1 Banzon JM, Rehm SJ, Gordon SM, Hussain ST, Pettersson GB, Shrestha NK. Propionibacterium acnes endocarditis: a case series. Clin Microbiol Infect Off Publ Eur Soc Clin Microbiol Infect Dis 2017;23(6):396–9. 2 Sohail MR, Gray AL, Baddour LM, Tleyjeh IM, Virk A. Infective endocarditis due to Propionibacterium species. Clin Microbiol Infect 2009;15(4):387–94. 3 van Valen R, de Lind van Wijngaarden RAF, Verkaik NJ, Mokhles MM, Bogers AJJC. Prosthetic valve endocarditis due to Propionibacterium acnes. Interact Cardiovasc Thorac Surg 2016;23(1):150–5. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2017.10.256 CA248
À propos de deux cas de sporothricose cutanée en Nouvelle-Calédonie F. Gaches 1,∗ , E. Descloux 2 , E. Klement 2 , G. Le Fahler 3 , E. Hubsch 2 , H. Moatti 2 , C. Cazorla 2 1 Médecine interne, hôpital Joseph-Ducuing, Toulouse 2 Médecine interne, CHT Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Calédonie 3 Médecine interne, centre hospitalier de Béziers, Béziers ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (F. Gaches) Introduction La sporotrichose est surtout connue en Afrique du sud et Amérique latine. Nous rapportons deux cas en NouvelleCalédonie. Observation Un patient de 20 ans présente depuis quelques semaines une ulcération d’environ 3 cm suintante, sur la face antéro-interne de la jambe gauche en sus malléolaire ; une dizaine de nodules palpables sont disposés en chapelet le long de l’axe lymphatique jusqu’à mi-cuisse dont certains sont excoriés. L’étude anatomopathologique montre un épiderme ulcéré avec une dermo-hypodermite non spécifique sans vascularite. Cette ulcération avec dissémination lymphatique évoque une sporotrichose dont le diagnostic est confirmé par la culture qui permet d’isoler rapidement du Sporothrix schenckii. Un traitement par sporanox est débuté. Une dame de 82 ans présente depuis des années des lésions cutanées violacées papuleuses longitudinales de la main et de l’avant bras droit et quelques lésions similaires de l’avant bras gauche. Le culture de biopsie cutanée met en évidence du Sporothrix schenkii et la biopsie cutanée montre des granulomes epithélio-gigantocellulaires sans nécrose. Un traitement par Sporanox est instauré. Discussion La sporotrichose est une infection cutanée rare en France, connue surtout en Afrique du sud, en Amérique latine et au Japon. En France il y a eu des cas en Alsace et en Corse. Il n’y