Amaigrissement des patients ORL après tomothérapie : nécessité d’une optimisation de la prise en charge nutritionnelle

Amaigrissement des patients ORL après tomothérapie : nécessité d’une optimisation de la prise en charge nutritionnelle

540 Posters / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 524–581 lui-même, pour l’équipe soignante et dans le cas des enfants pour les parents. L’hypnose médica...

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Posters / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 524–581

lui-même, pour l’équipe soignante et dans le cas des enfants pour les parents. L’hypnose médicale n’est ni une panacée ni un traitement substitutif mais véritablement un traitement adjuvant mettant au cœur du soin, la relation au patient et l’art de communiquer. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.070 P045

Amaigrissement des patients ORL après tomothérapie : nécessité d’une optimisation de la prise en charge nutritionnelle B. Géry a,b,∗ , C. Florescu a,b , D. Blanchard a,b , J.-P. Rame a,b , D. De Raucourt a,b , M.-Y. Louis a,b , E. Babin a,b , C. Joubert a,b , M. Tran a,b , B. Poirée a,b , A. Véla a,b a Centre Franc¸ois-Baclesse, Caen, France b CHU Côte-de-Nacre, Caen, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (B. Géry) Objectifs.– La survenue fréquente d’une perte de poids chez les patients recevant une tomothérapie dans la sphère ORL conduit l’oncologue radiothérapeute, devant les modifications de l’anatomie des patients, à mettre en œuvre une nouvelle planification avec : – au pire une interruption du traitement sur quelques jours au prix de perturbations du planning difficilement gérables ; – au mieux la poursuite de l’irradiation si cela est jugé acceptable, ceci le temps de cette nouvelle planification dosimétrique. Cette étude rétrospective de nos premiers patients recevant une tomothérapie dans la sphère ORL avait pour objectif d’analyser les différentes modalités de prise en charge nutritionnelle et d’en évaluer leur efficacité en termes d’évolution du poids, de préciser les circonstances et l’impact des nouvelles planifications et de définir un groupe de patients plus à risque d’amaigrissement, dans le but d’optimiser les actions diététiques. Patients et méthodes.– Du 29 mars 2011 au 28 février 2012, 49 tomothérapies de la sphère ORL ont été réalisées au centre Franc¸ois-Baclesse chez 40 hommes et neuf femmes, d’âge moyen 58 ans (22–88). On dénombrait 28 patients (57 %) d’indice de performance selon l’Organisation mondiale de la santé de 0 pour 28 (37 %), 1 pour 18 (6 %) et 2 ou 3 pour trois. En intention de traitement, il s’agissait de 46 traitements à visée curative et trois palliative, 43 patients ont été traités pour une localisation ORL unique dont neuf pour une réirradiation, cinq pour deux localisations synchrones (ORL et œsophage), un pour trois localisations (ORL, œsophage, bronche). Vingt-deux patients n’ont rec¸u aucune chimiothérapie, neuf du cisplatine et du 5-fluorouracile en concomitance, dix du cisplatine après l’opération, trois du TPF (taxotère–cisplatine–5-fluoro-uracile) en induction, suivi d’une radiothérapie exclusive, un du TPF suivi d’une irradiation associée à du cisplatine et du 5-fluoro-uracile, trois du cetuximabet un de l’erlotinib. Aucun des patients réirradiés n’a rec¸u de chimiothérapie concomitante. Résultats.– Modification du poids : au moment de la consultation de prise de contact avec l’oncologue radiothérapeute, chez 20 patients (45,5 %) parmi les 44 informatifs, on notait une perte de poids moyenne de 7,2 kg (1–24) par rapport au poids de forme. Entre la consultation de prise de contact avec l’oncologue radiothérapeute et la première consultation en début d’irradiation, chez 11 patients (27 %) parmi les 41 informatifs, il y avait une perte de poids, alors que 16 patients (39 %) avaient pris du poids et que 14 (34 %) avaient gardé un poids stable. Entre la consultation de prise de contact avec l’oncologue radiothérapeute et la fin de traitement, 25 patients (61 %) parmi les 41 informatifs avaient perdu en moyenne 4,5 kg, trois (7,5 %) avaient gardé un poids stable et 13 (31,5 %) avaient pris en moyenne 3 kg. Entre le début et la fin de l’irradiation, parmi les 42 patients informatifs, 32 (76 %) avaient

perdu en moyenne 4 kg (0,5 à 9,3 kg), trois (7,5 %) avaient gardé un poids stable et sept (16,5 %) avaient pris en moyenne 2,3 kg (1 à 5 kg). Modalités de prise en charge nutritionnelle et évolution du poids : tous les patients ont bénéficié d’un suivi diététique dès le début du traitement et au moins tous les 15 jours, associé à : – la pose d’une gastrostomie d’emblée pour sept d’entre eux (14,5 %), 2,5 mois à sept jours avant le début de l’irradiation : quatre ont perdu du poids pendant l’irradiation ; – la pose d’une sonde nasogastrique 1,5 mois avant le début de l’irradiation jusqu’à 37 jours après chez quatre patients dont trois informatifs : deux ont perdu du poids ; – des compléments nutritionnels oraux seuls pour 20 patients (41 %), prescrits de 17 à 60 jours avant l’irradiation pour trois patients ou de 10 à 41 jours après pour 17 patients : deux patients sur trois ont maigri dans le groupe sous compléments nutritionnels oraux avant l’irradiation et 14 sur 17 dans le groupe sous compléments nutritionnels oraux en cours d’irradiation ; – des compléments nutritionnels oraux puis une sonde nasogastrique pour six patients (12 %) : perte de poids pour les cinq patients informatifs ; – des compléments nutritionnels oraux puis gastrostomie pour deux patients : perte de poids pour les deux patients ; – des compléments nutritionnels oraux puis sonde nasogastrique, puis gastrostomie pour un patient : perte de poids ; – un suivi diététique seul pour neuf patients (18 %) : cinq patients ont perdu du poids parmi les huit informatifs. Étude des nouvelles planifications : huit nouvelles planifications ont été nécessaires chez sept patients : un patient (atteint de double localisation, ORL et œsophagienne, dont le traitement a été une chimiothérapie d’induction, puis une chimioradiothérapie concomitante) a bénéficié d’une première nouvelle planification en début de traitement du fait d’un amaigrissement et de la fonte tumorale après la chimiothérapie d’induction, puis d’une seconde nouvelle planification à 48 Gy, suite à une perte de 8 kg et cela malgré la gastrostomie initiale. Pour les six autres patients (un patient dont le traitement était pour des cancers ORL, œsophagien et bronchique une chimioradiothérapie concomitante, deux patients traités par irradiation exclusive pour des cancers ORL et œsophagien, trois patients dont le traitement était une chimioradiothérapie postopératoire pour un cancer de l’oropharynx ou la cavité buccale), une seule nouvelle planification a été nécessaire. Chez ces patients, on constatait une perte de poids de 3 à 8 kg (moyenne = 6 kg) par rapport au poids initial, la nouvelle planification ayant lieu le plus souvent entre 46 et 56 Gy, avec une interruption dans le traitement de 0 à 4 jours. Conclusion.– Les trois-quarts des patients recevant une tomothérapie dans la sphère ont perdu du poids en cours de traitement, et cela malgré la prise en charge nutritionnelle systématique, quelle qu’en soit la modalité. L’amaigrissement conduit à irradier le patient dans des conditions anatomiques différentes de celles de la planification initiale, d’où le retentissement sur la qualité de la radiothérapie et le risque de devoir interrompre l’irradiation le temps nécessaire pour une nouvelle planification. Une réflexion est en cours sur l’optimisation de la prise en charge nutritionnelle : organisation d’une consultation diététique dès la prise en charge des nouveaux patients par les oto-rhino-laryngologistes, mise en place d’un suivi diététique dès la scanographie de planification, intensification du suivi diététique à partir de la troisième semaine du traitement en ciblant plus spécifiquement les patients les plus à risque (irradiation dans plusieurs localisations ou chimioradiothérapie postopératoire de l’oropharynx et la cavité buccale, isolement familial, conditions de vie, etc.), mise en place d’une nutrition entérale systématique prophylactique des patients à haut risque, signature par le patient et l’oncologue radiothérapeute d’un contrat d’engagement moral. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.071