78e Congrès de médecine interne – Grenoble du 12 au 14 décembre 2018 / La Revue de médecine interne 39 (2018) A103–A235
Le problème consiste donc en une érythtoblastopénie, associée temporairement à une pancytopénie, et précédée d’une hyperbilirubinémie probablement hémolytique. Nous complétons le bilan par un scanner afin d’éliminer un thymome. La pharmacovigilance écarte l’hypothèse d’une iatrogénie. L’imputabilité du lymphome lui-même est jugée faible par notre hématologue. Il n’y a pas d’argument pour une infection ou une maladie auto-immune. La première sérologie Parvovirus B19 (PVB19) est négative. Monsieur M. peut rentrer chez lui après quelques jours devant l’amélioration globale de ses symptômes. Le diagnostic est posé rétrospectivement à j15 grâce à la 2e sérologie PVB19 qui s’avère positive en IgM et IgG, permettant ainsi d’affirmer le diagnostic de primo-infection PVB19. Concernant l’implication des transfusions récentes dans cette infection, l’analyse des 4 CGR nous donne la réponse en révélant une PCR PVB19 positive pour l’un d’entre eux, avec un taux > 105 UI/mL (testé en P48). Nous pouvons donc conclure que notre patient a présenté une érythoblastopénie due à une infection PVB19 transmise par transfusion. Discussion Les infections PVB19 transmises par transfusion sont rares. Par exemple, le risque au Japon est d’environ 1 pour 6 millions [1]. Le cas échéant elles provoquent alors souvent des troubles hématologiques graves, avec des case-reports de pancytopénie, anémie ou thrombocytopénie grave [2]. mais il n’existe à notre connaissance aucun cas rapporté d’érythroblastopénie. La majorité de la population est immunisée contre le PVB19. L’ADN de PVB19 peut persister pendant plusieurs années, et se retrouve donc fréquemment dans le sang des donneurs (jusqu’à 1/260 en pics épidémique saisonnier) [3]. Le risque d’infection PVB19 transmise par transfusion concerne principalement les patients immunodéficients, les femmes enceintes séronégatives et les patients séronégatifs à risque d’hémolyse (drépanocytose, thalassémie. . .). Le risque semble également être lié à de hauts taux d’ADN de PVB19 et une absence d’anticorps protecteurs chez le donneur. Au Japon, le screening systématique des dons du sang pour le PVB19 a été introduit en 2008, avec un seuil de détection à 106,4 UI/mL. Il n’existe cependant aucun consensus concernant le seuil d’ADN de PVB19 tolérable [2]. La pharmacopée européenne a quant à elle rendu obligatoire la détection du PVB19 dans le plasma destiné à la fabrication des Ig anti-D et le plasma viro-atténué, avec un seuil fixé à 104 UI/mL [3]. Cependant, cette détection n’est pas généralisée aux autres produits sanguins. Conclusion Le rapport d’autres cas tels que le nôtre pourrait ainsi aider à évaluer la pertinence du screening systématique pour le PVB19 dans les dons du sang, et le cas échéant à définir le seuil de virémie acceptable. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Juhl D. Look-back study on recipients of Parvovirus B19 (B19V) DNA-positive blood components. Vox Sang 2015;109:305–11. [2] Nagaharu K. Persistent symptomatic parvovirus B19 infection with severe thrombocytopenia transmitted by red blood cell transfusion containing low parvovirus B19 DNA levels. Transfusion 2017;57(6):1414–8. [3] Barlet V. Prévalence des virus VHA et B19 dans les dons du sang: retour d’expérience à l’EFS. In: 18e congrès de la société franc¸aise de transfusion sanguine. 2017. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.10.154 CA146
Atteintes rénales au cours de l’endocardite infectieuse R. Karray 1,∗ , H. Amel 1 , B. Asma 1 , M. Hajji 2 , B. Samia 1 , F. Ben Hamida 3 , O. Mondher 1 , B.A. Taieb 1 1 Médecine interne A, hôpital Charles-Nicolle, Tunis, Tunisie 2 Néphrologie, Charles-Nicolle, Tunis, Tunisie
A181
3 Laboratoire de recherche de pathologie rénale lr00sp01, Charles-Nicolle, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (R. Karray)
Introduction L’endocardite infectieuse (EI) est une maladie systémique. Elle est responsable de nombreuses manifestations extracardiaques par plusieurs mécanismes. L’atteinte rénale est l’une des complications les plus fréquentes. L’objectif de notre étude est d’étudier les particularités cliniques, biologiques, immunologiques et histologiques de cette atteinte. Patients et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective faite chez les patients âgés de plus de 18 ans ayant été hospitalisés au service de médecine interne durant la période entre 1992–2017. Les patients ayant des antécédents de maladies rénales chroniques ou de connectivites ont été exclus. Les patients retenus sont ceux qui avaient une EI associée à une atteinte rénale. Le diagnostic d’EI a été retenu selon les critères de DUKE. Résultats Nous avons colligé 15 patients d’âge moyen 36 ± 12 ans dont 10 hommes et 5 femmes. Douze patients étaient à haut risque d’endocardite infectieuse : huit patients avaient des antécédents de valvulopathies rhumatismales, deux patients étaient porteurs de prothèse valvulaire, un patient avait une tératologie de fallot et un autre avait une communication interventriculaire. L’endocardite infectieuse était de localisation mitrale, aortiques, tricuspide, mitro-aortiques dans respectivement 4, 5, 4, 2 cas. Les circonstances de découverte de l’atteinte rénale étaient : une insuffisance rénale (IR) aiguë dans sept cas, un syndrome néphrétique dans quatre cas, un tableau de glomérulonéphrite rapidement progressive dans deux cas, une hématurie dans deux cas. À l’examen clinique, les manifestations extrarénales étaient un purpura vasculaire dans quatre cas, une hépatosplénomégalie dans 5 cas et un faux panaris d’Osler dans un cas. Tous les patients avaient une protéinurie > 0,5 g/24 h. Le taux moyen de la créatinine était 258 mmol/l (76–938) et de la protéinurie de 24 h était 3,7 g/24 h (0,6–18,9). Les hémocultures (HC) étaient positives dans 04 cas : 2 HC étaient positives à Staphylococus aureus et 2 HC positives à un germe du groupe HACEK. Un seul patient avait un ECBU positif à E. coli. Une cryoglobulinémie mixte était détecté dans deux cas. Quatre patients avaient des complexes immuns circulants. Les fractions du complément C3, C4, CH50 étaient bas dans respectivement 4, 2, 3 cas. Un seul patient avait un anticoagulant circulant. Les AAN était positifs chez un patient en dehors d’une connectivite associée. Sept patients ont bénéficié d’une ponction biopsie rénale (PBR) et qui a montré : une GN membranoproliférative dans 03 cas, GN segmentaire et focale dans deux cas, GN extracapillaire dans un cas, GN endocapillaire et extracapillaire dans un cas et une hyalinose segmentaire et focale dans un cas. L’antibiothérapie était une association à base de bêtalactamine ou glycopeptide et d’aminosides. Un seul patient a développé une insuffisance rénale réversible après l’arrêt de l’aminoside. L’évolution de la fonction rénale était favorable dans huit cas. Quatre patients ont gardé une IR qui était modérée dans deux cas et avancée au stade d’hémodialyse dans deux cas. Trois patients sont décédés suite à un choc cardiogénique dans un cas, un AVC par rupture d’anévrysme mycotique dans un cas et une tamponnade dans un autre cas. Conclusion Les atteints rénale au cours de l’EI sont polymorphes. Les circonstances de découverte les plus fréquentes étaient l’IR et un syndrome néphrétique. Les lésions histologiques prolifératives étaient les plus fréquentes. Une étude plus large est souhaitée pour confirmer ces résultats. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.10.155 CA147
Le virus derrière le purpura