Attention aux tuberculoses latentes

Attention aux tuberculoses latentes

É Philippe Letonturier C H A N G E S Revue de presse H É PAT O L O G I E PRÉVENTION Évaluation médico-économique du dépistage de l’hépatite C At...

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É

Philippe Letonturier

C H A N G E S

Revue de presse H É PAT O L O G I E

PRÉVENTION

Évaluation médico-économique du dépistage de l’hépatite C

Attention aux tuberculoses latentes

En France, environ 1 % de la population générale est infectée par le virus de l’hépatite C. Une hépatite chronique va se développer chez environ 80 % de ces sujets infectés, avec évolution vers une cirrhose au bout d’une vingtaine d’années dans 20 % des cas ; l’incidence annuelle des carcinomes hépatocellulaires chez ces patients cirrhotiques est de 3 à 10 %. Bien que la détection précoce de cette infection permette un traitement plus rapide et ainsi un meilleur pronostic, la moitié des sujets infectés en France ignorent leur séropositivité. Afin d’évaluer l’intérêt, d’un point de vue médico-économique, d’un dépistage ciblé sur des groupes à risque, une enquête a été réalisée en 1997 en Haute Normandie auprès de 127 généralistes, concernant 10041 patients. À côté de la stratégie de dépistage de référence chez les patients toxicomanes ou transfusés, 5 extensions de dépistage concernant d’autres groupes à risque ont été mises en place. Il s’agissait de sujets ayant des antécédents de gastroscopie, de procédures invasives (cathétérisme, aspiration liquidienne et examen cytologique, biopsie), de colonoscopie, de chirurgie, ou ayant été en contact avec une personne infectée. Cette extension du dépistage de l’hépatite C à d’autres groupes de sujets à risque est efficace, mais elle est à l’origine d’un surcoût important dont la prise en charge est liée à des choix collectifs. ■

Afin de parvenir à éradiquer la tuberculose aux États-Unis, le traitement de la tuberculose latente est considéré,par le département d’épidémiologie de Boston, comme un élément stratégique majeur. Un risque de réactivation de cette tuberculose au cours de l’existence a été établi dans différentes situations, sachant qu’il était jusqu’alors habituellement estimé entre 5 et 10 %. Il serait, selon cette étude, de 20 % ou plus en cas d’induration égale ou supérieure à 10 mm au test cutané à la tuberculine, associé soit à une infection par le VIH, soit à une tuberculose ancienne guérie évidente. Il serait encore de 10 à 20 % pour la plupart des sujets après virage récent de ce test cutané à la tuberculine, ainsi que pour ceux de moins de 35 ans traités par infliximab et chez lesquels le test cutané à la tuberculine donne lieu à une induration de 15 mm ou plus. Le risque de réactivation serait encore de 10 à 20 % chez les enfants âgés de 5 ans ou moins et dont le test cutané à la tuberculine entraîne un induration de 10 mm ou plus. Des efforts qualifiés d’intensifs devraient donc être entrepris chez ces sujets à risque afin de parvenir à un traitement mené jusqu’à son terme de leur tuberculose latente. ■ Horsburgh CR. Priorities for the treatment of latent tuberculosis infection in the United States. N Engl J Med 2004; 350: 2060-7.

ÉPIDÉMIOLOGIE

Une épidémiologie de fièvre typhoïde à Paris

Josset V et al. Efficiency of hepatitis C virus screening strategies in general practice.

Lésions œsophagiennes provoquées par le contact prolongé d’un médicament avec la muqueuse œsophagienne, les œsophagites médicamenteuses sont imputables,pour la majorité d’entre elles, à 4 produits:la doxycycline,le chlorure de potassium,le bromure d’émépronium,les bisphosphonates.Viennent ensuite les sels de fer, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, la quinidine et divers autres médicaments.Ces lésions d’origine médicamenteuse semblent rares,représentant moins de 1 % des cas d’œsophagite,mais leur fréquence est sous-estimée car la plupart des cas ne sont pas signalés. À la liste des médicaments responsables, il convient d’ajouter la quinine, comme le montre une observation rapportée après absorption de comprimés (pour traitement d’un accès palustre) avec très peu d’eau.Cette observation permet en outre de rappeler que la prévention de ces complications œsophagiennes passe par l’ingestion des comprimés ou des gélules avec suffisamment de liquide et en évitant le décubitus. ■

En France, comme dans les autres pays industrialisés, la fièvre typhoïde est devenue de plus en plus rare puisque 80 cas en moyenne sont notifiés chaque année dans le cadre de la déclaration obligatoire, plus de 80 % d’entre eux survenant au retour d’un séjour en pays endémique. Les 7 cas rapportés (6 certains, 1 probable) sont particuliers parce qu’ils sont survenus en septembre-octobre 2003 chez des sujets résidant en Île-de-France et n’ayant pas voyagé en pays endémique. Leur âge était compris entre 22 et 62 ans (âge moyen 35 ans) et il s’agissait 6 fois de femmes. Ils avaient tous fréquenté un même restaurant dans le 16e arrondissement de Paris où ils avaient consommé des salades composées dont aucun ingrédient n’était importé de pays endémique. L’enquête effectuée auprès du personnel du restaurant a révélé qu’un employé chargé de la préparation des salades avait séjourné en pays endémique en 2002; une des six coprocultures réalisées a été positive à S. typhi, tandis que des anticorps anti H ont été mis en évidence dans le sérum. Une cholécystectomie a été effectuée en raison d’une lithiase biliaire, celle-ci favorisant la persistance de S. typhi dans le tractus biliaire et prédisposant ainsi au portage chronique. Des épidémies autochtones de fièvre typhoïde se sont déjà produites ces dernières années en France: en 1997 dans les Alpes Maritimes, en 1998 en Ile-deFrance. Le diagnostic de fièvre typhoïde est donc à évoquer même en l’absence de voyage. Les cas doivent être déclarés rapidement aux Ddass, et les origines possibles de la contamination sont à chercher systématiquement par un interrogatoire approfondi du patient et de son entourage. ■

Sawadogo A, Ilboudo D. Les œsophagites médicamenteuses: la quinine aussi. Gas-

Vaillant V et al. Cas groupés de fièvre typhoïde liés à un établissement de restauration à

troenterol Clin Biol 2004; 28: 406-7.

Paris, 2003. BEH 2004; n°21: 85-6.

Gastroenterol Clin Biol 2004; 28: 351-7.

I AT R O G É N I E

Œsophagite après prise de quinine

10 juillet 2004 • tome 33 • n°12 • cahier 1

La Presse Médicale - 837