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Avant-Propos: Foie et pathologies
FOIE ET PATHOLOGIES
Foie et pathologies
© SPL BSIP
Bruno Baudin a,*
A VA N T - P R O P O S
O
n se rappelle tous du « bouclier Arverne » où le pauvre Abraracourcix souffre d’un affreux mal au ventre après avoir trop fait bombance ; le malicieux Panoramix pointe son doigt vers le foie souffreteux faisant sortir un horrible cri de douleur (« ouaille ! ») au chef du village trop gourmand. En fait, ce ne sont que des fariboles car on n’a pas mal au foie, mais c’est lui qui peut horriblement souffrir : de mal éliminer la bile qu’il fabrique, de se transformer en stéatose, fibrose, cirrhose ou carcinome, d’éclater sous l’attaque de virus, parasites, toxiques et autres médicaments. Et parfois, on ne sait pas d’où cela vient, mais la génétique donne des pistes. Les conséquences sont souvent graves et difficiles à traiter ; on ne guérit pas toujours d’une maladie du foie. Nous ne sommes même pas sûrs que les cholagogues et autres cholérétiques soient vraiment
a Pôle de Biologie Médicale et Pathologie Service de Biochimie Responsable de l’UF de Biochimie Spécialisée Hôpital Saint-Antoine - Bât. R. André 184, rue du Fbg Saint-Antoine 75571 Paris cedex 12 et INSERM UMR 1193 – UFR Pharmacie – Châtenay-Malabry Université Paris-Sud
* Correspondance * [email protected] © 2017 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés.
efficaces, on conseille tout de même l’artichaut et le citrate de bétaïne ; on n’est pas potard pour rien ! Et la fameuse « crise de foie », selon les hépatologues, elle n’existerait pas vraiment, sinon par obstruction des voies biliaires ; le plus souvent ce n’est qu’une indigestion ou « dyspepsie », comme Abraracourcix après un festin bien arrosé. C’est donc plutôt l’estomac et l’intestin qui souffrent : « ça ne passe pas ; ça me reste sur l’estomac ». Attention tout de même si les signes persistent. Et se « faire de la bile », expression issue de la médecine de Galien et sa « bile noire », n’est que le reflet de l’imaginaire médical quand on ne connaissait ni l’anatomie ni la physiologie. L’imagerie et la biologie sont indispensables pour établir un diagnostic, suivre la maladie dans son évolution généralement sous traitement, souvent même pour définir une stratégie thérapeutique et avancer un pronostic. Il y a tant de choses à dire sur les maladies hépatiques et leur exploration biologique que deux dossiers leur sont réservés, le premier ce mois-ci et le deuxième le mois prochain. Nous avons souhaité introduire ce premier dossier par un rappel sur l’exploration biochimique du foie (« Exploration biochimique du foie en 2017 » par Bruno Baudin, Service de biochimie, Hôpital Saint-Antoine, Paris). Il est suivi d’un article développé par un grand spécialiste des maladies biliaires chroniques , le professeur Olivier Chazouillères, hépatologue à l’hôpital Saint-Antoine (« Biologie des maladies cholestatiques chroniques de l’adulte » par Sara Lemoinne et Olivier Chazouillères, Service d’hépatologie, Hôpital Saint-Antoine, Paris). REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MARS 2017 - N°490 //
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On trouvera ensuite l’article de nos collègues biologistes, Catherine Johanet et Eric Ballot pour faire le point sur l’auto-immunité dans les maladies du foie (« Auto-anticorps et pathologies hépatiques » par Catherine Johanet, Yannick Chantran et Eric Ballot, Département d’immunologie biologique, Hôpital Saint-Antoine, Paris). Les deux derniers articles de ce premier dossier traiteront de la cirrhose et de l’hépato-carcinome. Denis Massignon a eu pour misssion de trouver des collègues pour nous parler d’hémostase en hépatologie, et vous allez vous en rendre compte, cela valait la peine de décrasser ce sujet (« Cirrhose et hémostase » par Thomas Sinègre et Aurélien Lebreton, Service d’hématologie biologique, CHU Estaing, ClermontFerrand). « The last but not the least », Antoinette Lemoine s’est associée à des cliniciens et d’autres collègues pour nous donner les dernières nouveautés sur le carcinome hépatocellulaire (Antoinette Lemoine et collaborateurs, Service de biochimie et oncogénétique, Hôpital Paul Brousse, Villejuif). Exercez-vous sur les QCM en fin de dossier, et revenez au texte si des réponses vous tourmentent. Il nous reste du pain sur la planche avec, le mois prochain, les hépatites aiguës et chroniques, les scores de fibrose, le suivi biologique des transplantations hépatiques, la biologie de l’alcoolisme et les causes de kystes hydatiques. Toutes les pathologies du foie n’ont pas été envisagées, comme les hémochromatoses traitées récemment dans un dossier de la Revue Francophone des Laboratoires intitulé « Fer et pathologies » (N° 442, mai 2012) et les maladies héréditaires du métabolisme impliquant le foie, dont les
Sommaire thématique • Exploration biochimique du foie en 2017 ................ p. 25 • Biologie des maladies cholestatiques chroniques de l’adulte ...................................................................... p. 34 • Auto-anticorps et pathologies hépatiques ............................................................... p. 45 • Cirrhose et hémostase ................................ p. 56 • Cirrhose et carcinome hépatocellulaire : diagnostic et suivi biologique ............................................ p. 64 • QCM .............................................................................. p. 72
galactosémie et fructosémie congénitales et certaines glycogénoses, maladies là encore envisagées assez récemment dans le dossier « Biochimie métabolique et hérédité » (N° 425, octobre 2010). Nous n’avons aussi pas considéré les maladies rares comme la maladie de Wilson. Parions que dans 10 ans de nombreux progrès dans le diagnostic et la prise en charges des pathologies du foie justifieront de nouveaux dossiers scientifiques dans notre revue de biologie médicale.
La coordination de ce dossier a été assurée par le Pr Bruno Baudin, Pôle de Biologie Médicale et Pathologie Service de Biochimie - Hôpital Saint-Antoine.
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Foie et pathologies
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n se rappelle tous du « bouclier Arverne » où le pauvre Abraracourcix souffre d’un affreux mal au ventre après avoir trop fait bombance ; le malicieux Panoramix pointe son doigt vers le foie souffreteux faisant sortir un horrible cri de douleur (« ouaille ! ») au chef du village trop gourmand. En fait, ce ne sont que des fariboles car on n’a pas mal au foie, mais c’est lui qui peut horriblement souffrir : de mal éliminer la bile qu’il fabrique, de se transformer en stéatose, fibrose, cirrhose ou carcinome, d’éclater sous l’attaque de virus, parasites, toxiques et autres médicaments. Et parfois, on ne sait pas d’où cela vient, mais la génétique donne des pistes. Les conséquences sont souvent graves et difficiles à traiter ; on ne guérit pas toujours d’une maladie du foie. Nous ne sommes même pas sûrs que les cholagogues et autres cholérétiques soient vraiment
a Pôle de Biologie Médicale et Pathologie Service de Biochimie Responsable de l’UF de Biochimie Spécialisée Hôpital Saint-Antoine - Bât. R. André 184, rue du Fbg Saint-Antoine 75571 Paris cedex 12 et INSERM UMR 1193 – UFR Pharmacie – Châtenay-Malabry Université Paris-Sud
* Correspondance * [email protected] © 2017 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés.
efficaces, on conseille tout de même l’artichaut et le citrate de bétaïne ; on n’est pas potard pour rien ! Et la fameuse « crise de foie », selon les hépatologues, elle n’existerait pas vraiment, sinon par obstruction des voies biliaires ; le plus souvent ce n’est qu’une indigestion ou « dyspepsie », comme Abraracourcix après un festin bien arrosé. C’est donc plutôt l’estomac et l’intestin qui souffrent : « ça ne passe pas ; ça me reste sur l’estomac ». Attention tout de même si les signes persistent. Et se « faire de la bile », expression issue de la médecine de Galien et sa « bile noire », n’est que le reflet de l’imaginaire médical quand on ne connaissait ni l’anatomie ni la physiologie. L’imagerie et la biologie sont indispensables pour établir un diagnostic, suivre la maladie dans son évolution généralement sous traitement, souvent même pour définir une stratégie thérapeutique et avancer un pronostic. Il y a tant de choses à dire sur les maladies hépatiques et leur exploration biologique que deux dossiers leur sont réservés, le premier ce mois-ci et le deuxième le mois prochain. Nous avons souhaité introduire ce premier dossier par un rappel sur l’exploration biochimique du foie (« Exploration biochimique du foie en 2017 » par Bruno Baudin, Service de biochimie, Hôpital Saint-Antoine, Paris). Il est suivi d’un article développé par un grand spécialiste des maladies biliaires chroniques , le professeur Olivier Chazouillères, hépatologue à l’hôpital Saint-Antoine (« Biologie des maladies cholestatiques chroniques de l’adulte » par Sara Lemoinne et Olivier Chazouillères, Service d’hépatologie, Hôpital Saint-Antoine, Paris). REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MARS 2017 - N°490 //
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On trouvera ensuite l’article de nos collègues biologistes, Catherine Johanet et Eric Ballot pour faire le point sur l’auto-immunité dans les maladies du foie (« Auto-anticorps et pathologies hépatiques » par Catherine Johanet, Yannick Chantran et Eric Ballot, Département d’immunologie biologique, Hôpital Saint-Antoine, Paris). Les deux derniers articles de ce premier dossier traiteront de la cirrhose et de l’hépato-carcinome. Denis Massignon a eu pour misssion de trouver des collègues pour nous parler d’hémostase en hépatologie, et vous allez vous en rendre compte, cela valait la peine de décrasser ce sujet (« Cirrhose et hémostase » par Thomas Sinègre et Aurélien Lebreton, Service d’hématologie biologique, CHU Estaing, ClermontFerrand). « The last but not the least », Antoinette Lemoine s’est associée à des cliniciens et d’autres collègues pour nous donner les dernières nouveautés sur le carcinome hépatocellulaire (Antoinette Lemoine et collaborateurs, Service de biochimie et oncogénétique, Hôpital Paul Brousse, Villejuif). Exercez-vous sur les QCM en fin de dossier, et revenez au texte si des réponses vous tourmentent. Il nous reste du pain sur la planche avec, le mois prochain, les hépatites aiguës et chroniques, les scores de fibrose, le suivi biologique des transplantations hépatiques, la biologie de l’alcoolisme et les causes de kystes hydatiques. Toutes les pathologies du foie n’ont pas été envisagées, comme les hémochromatoses traitées récemment dans un dossier de la Revue Francophone des Laboratoires intitulé « Fer et pathologies » (N° 442, mai 2012) et les maladies héréditaires du métabolisme impliquant le foie, dont les
Sommaire thématique • Exploration biochimique du foie en 2017 ................ p. 25 • Biologie des maladies cholestatiques chroniques de l’adulte ...................................................................... p. 34 • Auto-anticorps et pathologies hépatiques ............................................................... p. 45 • Cirrhose et hémostase ................................ p. 56 • Cirrhose et carcinome hépatocellulaire : diagnostic et suivi biologique ............................................ p. 64 • QCM .............................................................................. p. 72
galactosémie et fructosémie congénitales et certaines glycogénoses, maladies là encore envisagées assez récemment dans le dossier « Biochimie métabolique et hérédité » (N° 425, octobre 2010). Nous n’avons aussi pas considéré les maladies rares comme la maladie de Wilson. Parions que dans 10 ans de nombreux progrès dans le diagnostic et la prise en charges des pathologies du foie justifieront de nouveaux dossiers scientifiques dans notre revue de biologie médicale.
La coordination de ce dossier a été assurée par le Pr Bruno Baudin, Pôle de Biologie Médicale et Pathologie Service de Biochimie - Hôpital Saint-Antoine.
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