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Annales de re´adaptation et de me´decine physique 51 (2008) 301–307 http://france.elsevier.com/direct/ANNRMP/
Cas Clinique
Capsulite re´tractile de hanche : a` propos de trois cas R. Joassin a,*, M. Vandemeulebroucke b, J.-F. Nisolle b, P.H. Hanson b, T. Deltombe b b
a Service de me´decine physique et re´adaptation, CHR Namur, avenue Albert-1er, 185, 5000 Namur, Belgique Service de me´decine physique et re´adaptation, cliniques universitaires de Mont-Godinne, universite´ catholique de Louvain, 5530 Yvoir, Belgique
Rec¸u le 26 mars 2008 ; accepte´ le 28 mars 2008
Re´sume´ Objectif. – Revue de la litte´rature concernant la capsulite re´tractile de hanche a` partir de trois cas cliniques. ` partir de trois cas cliniques, de´crire la de´marche diagnostique et la prise en charge the´rapeutique. Me´thode. – A Discussion. – La capsulite de hanche, pathologie rare mais probablement sous-estime´e touche pre´fe´rentiellement les femmes d’aˆge moyen. L’examen clinique objective une limitation douloureuse de la mobilite´ articulaire de la hanche. Le diagnostic est confirme´ par la re´alisation d’une arthrographie qui de´montre une capacite´ articulaire infe´rieure a` 12 ml. L’arthrose et le syndrome douloureux re´gional complexe de type 1 sont les deux principaux diagnostics diffe´rentiels. Le traitement me´dical ou chirurgical est propose´ en fonction de l’e´tiologie. La re´e´ducation est fondamentale pour limiter les de´ficiences et incapacite´s fonctionnelles re´siduelles. Conclusion. – Peu de´crite dans la litte´rature, la capsulite re´tractile de hanche n’est cependant pas une rarete´ clinique. Fre´quemment idiopathique, elle peut aussi eˆtre associe´e a` une pathologie articulaire. Le traitement de base consiste en l’association d’injection intra-articulaire de corticoı¨de de´poˆt et d’une prise en charge en re´e´ducation. Arthroscopie et mobilisation sous anesthe´sie sont utiles pour les cas re´calcitrants. # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. Mots cle´s : Capsulite de hanche ; Arthrographie ; Re´e´ducation
1. Introduction
2. Cas clinique no 1
La capsulite re´tractile de hanche (CH) correspond a` une re´traction de la capsule articulaire de la hanche responsable d’une limitation douloureuse de celle-ci. La CH est de´crite pour la premie`re fois par Caroit et al. en 1963 [2]. Elle fait cependant depuis lors l’objet de peu de publications [3,8,9,12]. L’e´tiologie pre´cise est inconnue. Lequesne et al. de´crit des CH me´dicales (par exemple secondaire a` un diabe`te) et des CH chirurgicales (par exemple secondaire a` un oste´ochondromatose) [12]. L’examen clinique est comparable a` celui de la capsulite d’e´paule associant douleur et limitation de la mobilite´ articulaire y compris passive [12]. Le traitement peut eˆtre me´dical ou chirurgical. La re´e´ducation est fondamentale pour limiter les e´ventuelles de´ficiences et incapacite´s fonctionnelles re´siduelles. Cet article a` pour but, a` partir de trois cas cliniques, de faire le point diagnostique et the´rapeutique de cette pathologie sousestime´e [12].
Une patiente de 34 ans consulte pour douleur coxofe´morale droite. Dans ses ante´ce´dents, on note une allergie a` l’iode, un kyste he´morragique du corps jaune gauche ope´re´ (2006) et un syndrome fibromyalgique (2003) bien stabilise´. La symptomatologie est apparue progressivement en juillet 2004 dans les suites d’un lumbago. La patiente signale des douleurs me´caniques qui s’exacerbent aux chocs et lors de la mobilisation de la hanche. Le pe´rime`tre de marche est limite´ a` deux kilome`tres. ` l’examen clinique, il n’existe pas de trouble statique des A membres infe´rieurs. L’examen segmentaire du rachis lombaire et l’examen neurologique des membres infe´rieurs sont sans particularite´. On retrouve une douleur importante a` la palpation du pli inguinal droit cote´e a` 90/100 sur l’e´chelle visuelle analogique (EVA). La mobilite´ articulaire de la hanche droite est limite´e et douloureuse tant en passif qu’en actif avec une flexion/ extension a` 908/158 contre 1108/ 258 du coˆte´ controlate´ral, une rotation externe/interne a` 158/208 contre 208/308 du coˆte´ controlate´ral, une abduction/ adduction a` 158/158 contre 458/ 308 du coˆte´ controlate´ral. Sur le plan fonctionnel, la geˆne est
* Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (R. Joassin).
0168-6054/$ – see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.annrmp.2008.03.007
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tre`s importante avec un indice de Lequesne a` 12,5/26 et un indice de Merle d’Aubigne´ a` 11/18 (2-4-5). La patiente a de´ja` be´ne´ficie´ de la prise d’antalgiques de classe 1 et 2 et de se´ances de kine´sithe´rapie comportant un travail de mobilisation douce pour gain d’amplitude articulaire, massage et e´lectrothe´rapie antalgique (TENS). La biologie (NFS, bilan inflammatoire, bilan phosphocalcique sanguin, Waaler-Rose) est normale. Les radiographies standard de hanches (Fig. 1) objectivent une discre`te coxarthrose polaire poste´ro-interne droite avec absence de signes en faveur d’une oste´one´crose ou de coxarthrose rapidement destructrice. La RMN (Fig. 2) re´alise´e a` la recherche d’une e´tiologie secondaire e´ventuelle confirme la pre´sence de discre`tes le´sions de´ge´ne´ratives de type coxarthrose protrusive. Elle n’objective aucun argument pour une oste´ochodromatose primitive ou de le´sion sous-chondrale ni d’impaction au niveau de la teˆte fe´morale. Sur base de l’examen clinique et de la relative normalite´ des Rx standards, une CH est suspecte´e. Compte tenu de l’allergie a` l’iode, une mesure de la capacite´ articulaire de la hanche est re´alise´e. La technique, re´alise´e sous controˆle scopique) consiste a` mesurer la quantite´ (en millilitres) de produits de contraste injecte´ dans l’articulation coxofe´morale jusqu’a` l’obtention
d’un reflux franc, avec douleur provoque´e ou, au minimum, une sensation de ple´nitude). Compte tenu de son allergie a` l’iode, le produit de contraste sera remplace´ par de la Lidocaı¨ne (Xylocaı¨ne1). Seul huit millilitres de lidocaı¨ne pourront eˆtre injecte´ (norme supe´rieure a` 15 ml) e´voquant le diagnostic de CH. Dans le meˆme temps, un corticoı¨de de´poˆt (Lederspan1) est injecte´. La proce´dure est particulie`rement douloureuse ce qui est un argument de plus en faveur du diagnostique [8]. L’e´volution est, suite a` cette infiltration, marque´e par une re´duction des douleurs sur l’e´chelle visuelle analogique passant de 90 a` 10/100 avec maintien des amplitudes articulaires par rapport a` l’examen clinique d’entre´e. Des se´ances de kine´sithe´rapie sont alors propose´es pour ame´liorer la mobilite´ articulaire. Le programme consiste en une mobilisation douce et progressive en abduction et rotation pour gain d’amplitude articulaire, des exercices en de´coaptation, des e´tirements musculaires doux sous le seuil de la douleur, un renforcement musculaire global initialement en isome´trique, puis secondairement en dynamique et enfin un travail proprioceptif en chaıˆne ouverte puis ferme´e. Jeune et motive´e, la patiente a be´ne´ficie´ d’une re´e´ducation quotidienne, cinq jours sur sept, avec une moyenne d’une heure par se´ance pendant deux mois.
Fig. 1. (a) Radiographies de hanches: cas clinique no 1. (b) Radiographies de bassin de face en charge : cas clinique no1.
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L’examen neurologique des membres infe´rieurs objective une abolition du re´flexe rotulien gauche. Sur le plan fonctionnel, la geˆne est peu importante avec un indice de Lequesne a` 4/26 et un indice de Merle d’Aubigne´ a` 14/18 (4-2-6). La biologie (NFS, bilan inflammatoire, bilan phosphocalcique sanguin, Waaler-Rose) est normale. L’e´lectromyogaphie de´montre des signes d’atteinte pluriradiculaire L3 L4 L5 et S1 bilate´ralement chroniques, mode´re´s a` francs, compatible avec un canal lombaire e´troit confirme´ par IRM lombaire. Les radiographies standard de hanche visualisent une discre`te coxarthrose bilate´rale, syme´trique, a` pre´dominance poste´rieure (Fig. 3). L’arthrographie de la hanche (Fig. 4a-b-c) objective une re´duction de la capacite´ articulaire a` dix millilitres avec multiples nodules oste´ochondromateux au sein des re´cessus articulaires conse´cutifs, a` une coxarthrose polaire infe´rieure. Le diagnostic de CH secondaire a` une chondromatose est pose´. Une injection test d’anesthe´siques a permis d’apporter une re´duction de la symptomatologie douloureuse. Une infiltration de corticoı¨de de´poˆt a e´te´ re´alise´e dans le meˆme temps. Le patient refuse toute intervention chirurgicale mais accepte la re´alisation de se´ances de kine´sithe´rapie a` raison de trois fois par semaine pendant 12 mois. L’e´volution sera marque´e par une modeste re´duction des douleurs sur l’EVA passant de 60/100 a` 50/100, une faible ame´lioration des amplitudes articulaire (flexion 1008 et rotation 08) et un statut quo de l’indice de Lequesne et de l’indice de Merle d’Aubigne´. 4. Cas clinique no 3
Fig. 2. RMN de hanche : cas clinique no 1.
Suite a` une re´cidive algique (EVA 80/100), deux infiltrations supple´mentaires de corticoı¨de de´poˆt s’ave´reront, a` un mois d’intervalle, ne´cessaires permettant en paralle`le de la poursuite de la kine´sithe´rapie, a` raison de trois se´ances par semaine pendant 12 mois, l’ame´lioration des amplitudes articulaires (abduction a` 458, adduction a` 408, rotation interne et externe a` 358), une diminution des phe´nome`nes algiques a` 20/100 et une re´gression de l’indice de Lequesne a` 6/26 et un indice de Merle d’Aubigne´ a` 15/18. (5-5-5). 3. Cas clinique no 2 Un patient de 76 ans, connu pour lombosciatalgies chroniques, consulte pour une camptocormie progressive, associe´e a` une douleur de la hanche gauche e´voluant depuis quelques mois sans facteur de´clenchant. L’examen clinique du rachis lombaire et de la hanche droite est normal. La hanche gauche pre´sente une limitation significative de la mobilite´ articulaire passive avec un flexum de 258, une flexion de 908 et une rotation interne de 208.
Une patiente de 77 ans consulte pour coxalgie gauche e´voluant depuis un mois. L’examen clinique objective une limitation d’amplitude articulaire de la hanche gauche avec flexion a` 308 et une rotation interne et externe a` 08. L’examen locomoteur et neurologique est normal. La geˆne fonctionnelle est tre`s importante avec un indice de Lequesne a` 15/24 et un indice de Merle d’Aubigne´ a` 13/18 (5-2-3). Le bilan comple´mentaire objective une biologie normale, une arthrose poste´rieure mode´re´e sur les radiographies standards de hanche gauche (Fig. 5). Compte tenu de la disproportion radioclinique, une arthrographie de hanche est re´alise´e. Celle-ci objective une CH avec capacite´ articulaire a` neuf millilitres (Fig. 6). Le diagnostic de CH sur arthrose mode´re´e est pose´. Une synovectomie avec exe´re`se de fragments libres cartilagineux en intra-articulaire est re´alise´e. Malheureusement, ce geste n’a permis qu’une ame´lioration transitoire de la symptomatologie. Une arthroplastie de hanche pour coxarthrose invalidante est re´alise´e un an plus tard. 5. Discussion La CH se caracte´rise sur le plan clinique par l’association de deux symptoˆmes clefs : douleur et perte de mobilite´ articulaire. Lequesne et al. (1993) proposent de classer les CH en formes me´dicales et chirurgicales :
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Fig. 3. (a) Radiographies de face et de profil de la hanche : cas clinique no 2. (b) Radiographies de face et de profil de la hanche : cas clinique no 2. (c) Radiographies de face et de profil de la hanche : cas clinique no 2.
la CH me´dicale est rare. Elle est habituellement idiopathique ou secondaire a` un diabe`te ou a` une prise chronique de barbituriques ; la CH chirurgicale pre´sente cinq varie´te´s e´tiologiques. La plus fre´quemment e´voque´e est la chondromatose synoviale. Viennent ensuite l’oste´ome oste´oı¨de, la coxarthrose a` pincement interne et poste´rieur, une le´sion du labrum et la fissure ligamentaire [7,12].
La similitude avec la capsulite re´tractile d’e´paule (CE) est frappante. 5.1. E´tiologie, clasification et physiopathologie La capsulite d’e´paule (CE) est une pathologie fre´quente. Elle touche 2–5 % de la population ge´ne´rale. L’incidence de la CH est, en revanche, inconnue. Elle semble toucher
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Fig. 4. (a) Arthrographie de hanche : cas clinique no 2. (b) Arthrographie de hanche (feneˆtre osseuse) : cas clinique no 2. (c) Arthrographie de hanche (feneˆtre osseuse) : cas clinique no2.
pre´fe´rentiellement les femmes entre 35 et 50 ans [3,7,12]. Il semble que la CH soit plus fre´quente qu’il n’y paraıˆt [7–12]. McGrory et Enddrizzi [9] postulent que la faible fre´quence diagnostique re´sulte du fait qu’une limitation articulaire de hanche a de moindres re´percussions fonctionnelles que pour d’autres articulations (l’e´paule e.g.). Cette observation est similaire aux concepts propose´s par Griffin et al. [5]. Si les deux affections peuvent eˆtre idiopathiques ou secondaires a` une pathologie me´dicale ou orthope´dique, seule la CE peut de´couler de maladies neurologiques (he´miple´gie, maladie de parkinson), cardiologique (infarctus du myocarde) ou pulmonaire (pneumonie). La chondromatose synoviale de hanche est en revanche propre a` la CH. Enfin, alors que diverses pistes se de´gagent pour tenter d’expliquer la physiopathologie de la CE (ex : fibrose capsulaire, anomalie de la glyco-oxydation non enzymatique des prote´ines dans le diabe`te,. . .), la physiopathologie de la CH reste a` ce jour inconnue.
5.2. Examen clinique Les deux pathologies se caracte´risent par une limitation progressive et douloureuse de la mobilite´ articulaire tant active que passive. En cas de CH, la limitation est pre´sente dans les trois plans de l’espace (flexion–extension, rotations et abduction–adduction) [12]. 5.3. Comment poser le diagnostic En l’absence de pathologie de hanche (oste´one´crose, coxarthrose e´volue´e) ou en cas de discordance entre les plaintes et l’imagerien une CH doit eˆtre suspecte´e. Si les crite`res d’imagerie (IRM ou arthroscanner) de la CE sont actuellement bien codifie´s [4,6,10]. Deux e´quipes proposent des pratiques fort diffe´rentes pour poser le diagnostic de CH. Pour Lequesne et al. [7–8], l’arthrographie de la hanche apporte l’e´le´ment indispensable au diagnostic en objectivant
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Fig. 6. Arthrographie de hanche : cas clinique no 3.
fosse ace´tabulaire (crite`res arthroscopiques valide´s de CH) [12]. La connaissance de ces e´le´ments se´me´iologiques de´crits en arthroscopie ne nous a pas permis d’identifier des signes spe´cifiques lors de la lecture re´trospective des diffe´rents examens IRM re´alise´s chez nos patients. Notre attitude reste donc l’application des recommandations de l’e´quipe de Lequesne car seule l’arthrographie permet de chiffrer une diminution de capacite´ articulaire ce qui est finalement la condition sine quoi non pour parler sensu stricto de capsulite re´tractile de hanche. 5.4. Diagnostics diffe´rentiels Fig. 5. Radiographie hanche gauche : cas clinique no 3.
une capacite´ articulaire infe´rieure a` 12 ml [2,7–8]. En effet, la capacite´ articulaire normale est comprise entre 12 et 18 ml (en moyenne 15 ml). Byrd et al. sont plus re´serve´s quant a` l’inte´reˆt de l’arthrographie. Pour cette e´quipe, l’arthrographie n’est e´vocatrice d’une CH qu’en cas de capacite´ articulaire infe´rieure a` cinq millilitres. En cas de capacite´ articulaire comprise entre 5 et 12 ml, Byrd et al. proposent de re´aliser une arthrographie de la hanche controlate´rale saine afin de comparer les capacite´s articulaires de deux hanches. L’auteur conside`re qu’une diffe´rence de capacite´ de 25 % est e´vocatrice d’une CH. Byrd propose e´galement de re´aliser une arthro-RMN de hanche afin de de´tecter une pathologie osseuse ou cartilagineuse e´ventuelle. Il re´alise ensuite soit une arthroscopie the´rapeutique de l’affection causale objective´e lors de l’imagerie, soit une arthroscopie a` vise´e diagnostique et the´rapeutique pour les cas me´dicaux re´calcitrants avec imagerie sans particularite´. Lors du temps ope´ratoire, il confirme ou non une CH associe´e par la pre´sence de´bris fibrineux et he´morragiques dans le re´cessus pe´ricapsulaire et/ou dans la
Les coxites inflammatoires et tuberculeuses sont facilement diagnostique´s sur base du bilan sanguin et radiologique. Le syndrome complexe douloureux re´gional de type I doit eˆtre suspecte´ en cas de raideur articulaire douloureuse. Cette hypothe`se est e´voque´e lorsqu’il existe une oste´oporose importante des e´piphyses et des signes d’atteinte neurotrophique associe´s : œde`me et perturbations vasomotrices notamment. Ce diagnostic a e´te´ exclu chez nos trois patients compte tenu de l’absence d’oste´ope´nie, d’œde`me osseux ou de signes inflammatoires aux examens comple´mentaires (radiographie, arthroscanner, re´sonance magne´tique ou encore en scintigraphie). Nos trois patients pre´sentent une arthrose poste´rieure de se´ve´rite´ discre`te a` mode´re´e. La CH permet d’expliquer leur limitation de mobilite´ de hanche en pre´sence d’une coxarthrose de´butante. Si le coxarthose de localisation poste´rieure est connue et de´crite comme favorisant la survenue d’une CH, la question reste pose´e de savoir comment e´volue la capacite´ articulaire de la hanche chez les patients atteints de coxarthrose symptomatique. La limitation de la mobilite´ observe´e en cas de coxarthrose e´volue´e est-elle due a` des facteurs exclusivement osseux et cartilagineux ou a` une CH secondaire associe´e ? En d’autres termes, la CH n’est-elle pas beaucoup plus fre´quente
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qu’estime´e ? En l’absence d’e´tude, aucune re´ponse formelle ne peut eˆtre apporte´e. Une e´tude prospective controˆle´e par arthrographie syste´matique devrait eˆtre mene´e afin d’e´valuer la capacite´ articulaire aux divers stades de la coxarthrose avec comme conse´quence the´rapeutique une prise en charge re´e´ducative des coxarthoses de´butantes dont la symptomatologie est surtout lie´e a` une CH. 5.5. Traitement La CH me´dicale re´pond ge´ne´ralement favorablement au traitement conservateur associant de la kine´sithe´rapie a` des injections intra-articulaire de de´rive´s cortisone´s sous controˆle radiologique, toutes les deux a` quatre semaines, jusqu’a` un total selon Lequesne de cinq a` 12 injections [7]. Si les AINS et/ou injections intra-articulaires de corticoı¨des ame´liorent la composante algique dans la CH idiopathique, seule la kine´sithe´rapie permet de restaurer les amplitudes articulaires. Peu d’articles sur le sujet existent dans la litte´rature [8,12]. La pe´riode de prise en charge peut eˆtre longue et varie de cinq a` 24 mois. Les grandes lignes de re´e´ducation se conc¸oivent comme celles de la capsulite d’e´paule : kine´sithe´rapie avec travail d’e´tirements manuels progressifs de type excentrique dose´s par la douleur (obtenir une meilleure extensibilite´ du muscle) et de restauration de fonction musculaire par renforcement musculaire excentrique e´ventuellement couple´ a` une stimulation e´lectrique transcutane´e a` vise´e excitomotrice ; autore´e´ducation dans le maintien du gain de mobilite´ ; re´e´ducation proprioceptive pour un meilleur controˆle postural et une e´conomie articulaire ; balne´othe´rapie pour un meilleur ve´cu du mouvement. La fre´quence de traitement est quotidienne durant un mois, puis au rythme de trois se´ances par semaine durant au moins deux mois. La dure´e moyenne de suivi est de neuf mois a` partir du de´but de l’affection [1]. La CH chirurgicale requiert d’emble´e une capsulotomie ou une synovectomie de l’affection causale. Les cas me´dicaux re´calcitrants peuvent e´galement be´ne´ficier d’une arthroscopie [12]. Selon Byrd et Jones [12], le de´lai moyen est de 12 mois (extreˆmes : 4–21 mois) entre le de´but de la symptomatologie et la chirurgie et de 7,4 mois (extreˆmes : 2– 18 mois) entre le de´but de la re´e´ducation et la chirurgie. Ce meˆme auteur associe dans le meˆme temps chirurgie et mobilisation sous anesthe´sie. En effet, Mont et al. [11] rapportent un cas ou` l’arthroscopie seule a e´choue´. La non-re´alisation d’une mobilisation avant arthroscopie rendrait la distension capsulaire plus difficile et
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augmenterait le potentiel de dommages iatroge`nes ou d’e´checs de proce´dure [12]. Si l’arthroscopie s’ave`re obligatoire (CH secondaire ou CH idiopathique re´fractaire), les principes de re´e´ducation susmentionne´s restent les meˆmes et peuvent eˆtre commence´s de`s le deuxie`me jour postope´ratoire. L’utilisation de be´quilles pendant cinq a` sept jours semble conseille´e pour restaurer un pattern de marche normal [12]. On peut espe´rer, que dans l’avenir, une meilleure compre´hension des phe´nome`nes physiopathologiques et des interpre´tations d’imagerie permettront d’aider le clinicien a` poser ce diagnostic plus commune´ment et a` mettre sur pied une prise en charge structure´e et approprie´e. 6. Conclusion La capsulite de hanche n’est peut-eˆtre pas aussi rare que ne la laisserait supposer une litte´rature peu abondante. Touchant pre´fe´rentiellement les femmes d’aˆge moyen, les signes cliniques sont comparables a` la capsulite d’e´paule. Une pathologie intra-articulaire peut eˆtre associe´e. Le traitement de base consiste en l’association d’injection intra-articulaire de cortico-de´poˆts et d’une prise en charge en re´e´ducation. Arthroscopie et mobilisation sous anesthe´sie sont utiles pour les cas re´calcitrants. Re´fe´rences [1] Alvado A, Pe´lissier J, Be´naim C, Petiot S, He´risson C. Les traitements physiques dans la re´traction capsulaire de l’e´paule : revue de la litte´rature. Ann Readapt Med Phys 2001;44:59–71. [2] Caroit M, Djian A, Hubault A, Normandin C. Deux cas de capsulite re´tractile de la hanche. Rev Rhum Mal Oste´oartic 1963;30:784–9. [3] Chard MD, Jenner JR. The frozen hip: an underdiagnosed condition. Br Med J 1988;297(6648):596–7. [4] Lefevre-colau MM, Drape´ JL, Fayad F, Rannou F, Diche T, Minvielle F, et al. Magnetic resonance imaging of shoulders with idiopathic adhesive capsulitis: reliability of measures. Eur Radiol 2005;15:2415–22. [5] Griffin KM, Henry CO, Byrd JWT. Rehabilitation after hip arthroscopy. J Sports Rehabil 2000;9:77–8. [6] Jung JY, Jee WH, Chun HJ, Kim YS, Chung YG, Kim JM. Adhesive capsulitis of the shoulder: evaluation with MR arthrography. Eur Radiol 2006;16:791–6. [7] Lequesne M. La re´traction capsulaire de hanche. Ann Radiol 1993;36(1): 70–3. [8] Lequesne M, Becker J, Bard M, Witvoet J, Postel M. Capsular constriction of the hip: Arthrographic and clinical considerations. Skeletal Radiol 1981;6:1–10. [9] Mc Grory BJ, Endrizzi DP. Adhesive capsulitis of the hip after bilateral adhesive capsulitis of the shoulder. Am J Orthop 2000;457–60. [10] Mengiardi B, Pfirrmann C, Gerber C, Hodler J, Zanetti M. Frozen Shoulder: MR Arthrographic Findings. Radiology 2004;233:486–92. [11] Mont MA, Lindsey JM, Hungerford DS. Adhesive capsulitis of the hip. Orthopedics 1999;22:343–5. [12] Thomas Byrd JW, Jones KS. Adhesive capsulitis of the HIP. Arthroscopy 2006;22:89–94.