Comment je fais… l’ablation des implants Essure® par voie laparoscopique ?

Comment je fais… l’ablation des implants Essure® par voie laparoscopique ?

Gyne´cologie Obste´trique Fertilite´ & Se´nologie 45 (2017) 316–319 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Comment je fais. . ...

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Gyne´cologie Obste´trique Fertilite´ & Se´nologie 45 (2017) 316–319

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Comment je fais. . .

Comment je fais. . . l’ablation des implants Essure1 par voie laparoscopique ? How I do. . . laparoscopic removal of Essure1 device? G. Chene a,*,b, P. Vidican a, C. Azzi a, K. Lebail Carval a, P. Chabert a, E. Beaufils a, G. Mellier a, G. Lamblin a a b

De´partement de gyne´cologie, hoˆpital Femme–Me`re–Enfant, HFME, hospices civils de Lyon, 59, boulevard Pinel, 69000 Lyon, France Universite´ Claude-Bernard Lyon 1, EMR 3738, 69000 Lyon, France

I N F O A R T I C L E

Historique de l’article : Rec¸u le 4 fe´vrier 2017 Accepte´ le 24 mars 2017 Disponible sur Internet le 29 avril 2017 Mots cle´s : Ste´rilisation tubaire Ligature tubaire Salpingectomie Hyste´roscopie Essure1 Cancer ovaire

Keywords: Tubal sterilization Tubal ligature Salpingectomy Hysteroscopy Essure1 Ovarian cancer

1. Introduction Depuis la re´cente pole´mique sur la ste´rilisation hyste´roscopique par me´thode Essure1 (Bayer , France) [1], nous assistons – a` tort ou a` raison – a` une demande exponentielle d’ablation de ces implants. Le Colle`ge national des gyne´cologues et obste´triciens franc¸ais CNGOF a d’ailleurs ouvert diffe´rentes pistes de re´flexion et propose´ des lettres d’information accessibles via l’adresse nume´rique www.cngof.fr/essure. Avant de re´aliser l’ablation des implants Essure1, il faut au pre´alable s’assurer qu’il n’y a pas d’autres e´tiologies responsables C

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (G. Chene). http://dx.doi.org/10.1016/j.gofs.2017.03.008 C 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve´s. 2468-7189/

des symptoˆmes de´crits par la patiente avec au minimum un examen clinique, une e´chographie pelvienne et bien souvent une IRM pelvienne. Il faut e´galement s’assurer que les deux implants Essure1 sont en bonne position tubaire graˆce a` l’e´chographie. En cas de doute ou de mauvaise visualisation de l’un des implants, une radiographie d’abdomen sans pre´paration pourra aider a` de´celer le ou les implants Essure1. L’implant Essure1 mesure 4 cm de long pour un diame`tre une fois de´ploye´e de 1,5 a` 2 mm et est constitue´ de deux parties [2] (cf Fig. 1) :  la partie interne : un dispositif interne en acier inoxydable sur lequel sont tisse´es des fibres de polyte´re´phtalate d’e´thyle`ne (plastique de type polyester sature´ connu sous son acronyme PET). Les fibres PET sont responsables de la re´action inflamma-

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L’ablation hyste´roscopique par traction douce a e´te´ de´crite dans de rares case-reports en cas d’expulsion partielle ou totale intraute´rine de l’Essure1 jusqu’a` 43 jours apre`s la pose [3,4]. Une e´quipe canadienne a par ailleurs de´crit une approche laparoscopique avec re´section de corne ute´rine [5]. Nous ne de´crirons pas ces deux techniques, mais le retrait laparoscopique par incision longitudinale de la trompe sans hyste´roscopie associe´e, permettant l’ablation totale des deux parties des Essure1, le controˆle d’un saignement e´ventuel de la trompe et/ou de la corne ute´rine et enfin la re´alisation d’une ligature tubaire (dans notre e´quipe, par salpingectomie totale pour la pre´vention du cancer de l’ovaire d’origine tubaire) [3,6,7]. Fig. 1. Repre´sentation du micro-implant Essure1. Remarquer les deux parties de l’implant avec la partie interne sur laquelle sont enroule´es les spires de la partie externe. Apre`s incision longitudinale de la trompe, l’ope´rateur doit voir l’extre´mite´ arrondie (A) et la saisir a` l’aide d’une pince pointue. Pour confirmer l’ablation comple`te de l’implant, l’ope´rateur doit pouvoir visualiser l’extre´mite´ rectiligne non enroule´e des spires (B). Dessin re´alise´ par le Dr Caroline Azzi.

toire locale initiale qui est maximale au cours des deux a` trois premie`res semaines suivant la pose des Essure1. Cette re´action inflammatoire diminue ensuite pour laisser place a` une fibrose responsable de l’occlusion tubaire et de l’ancrage de´finitif de l’implant au bout de 12 semaines environ [2] ;  la partie externe : ce sont des spires d’expansion de nitinol (alliage de nickel et de titane) dont le but est de fixer le dispositif dans la trompe. Si les deux constituants internes et externes des Essure1 sont solidaires l’un avec l’autre lors de l’introduction hyste´roscopique de l’Essure1, ils vont se de´solidariser lors de leur ablation ; il faudra donc bien veiller a` retirer comple`tement ces deux parties lors de l’ablation laparoscopique. L’inspection des implants, une fois ˆ r d’avoir retire´s, doit eˆtre minutieuse et comparative afin d’eˆtre su proce´de´ a` leur ablation : la visualisation de l’extre´mite´ arrondie de la partie interne (A sur la Fig. 1) et de l’extre´mite´ rectiligne non enroule´e des spires (B sur la Fig. 1) confirme l’ablation totale de l’implant.

2. Technique ope´ratoire La patiente est installe´e en de´cubitus dorsal, sous anesthe´sie ge´ne´rale, avec intubation oro-trache´ale, les jambes e´carte´es en flexion de 308, les deux bras le long du corps, les fesses de´bordant le´ge`rement de la table d’ope´ration, l’ute´rus canule´ soit par une bougie de Hegar soit par une canule de Cohen, la vessie sonde´e. Quatre trocarts sont ne´cessaires :  un trocart de 10 a` 12 mm en ombilical pour le cœlioscope ;  trois trocarts de 5 mm :  un trocart en fosse iliaque gauche,  un trocart en fosse iliaque droite a` deux travers de doigt de l’e´pine iliaque ante´ro-supe´rieure,  un trocard sus-pubien. La patiente est installe´e en position de Trendelenburg et les anses digestives sont refoule´es. Apre`s l’inspection premie`re de la cavite´ abdomino-pelvienne et des annexes, la portion proximale des trompes est visualise´e : l’implant peut eˆtre directement visible (Fig. 2A). Si tel n’est pas le cas, la palpation avec une pince feneˆtre´e de l’extre´mite´ proximale tubaire (perception d’une induration) voire sa visualisation en approchant au plus pre`s le cœlioscope par transillumination permettront d’en pre´ciser la localisation (Fig. 2B). Un comple´ment d’exploration perope´ratoire sous imagerie (scopie ou e´chographie)

Fig. 2. A. Implant directement visible au niveau de la portion proximale de la trompe gauche. B. Visualisation en approchant au plus pre`s le cœlioscope de l’extre´mite´ proximale tubaire gauche. C. Incision tubaire longitudinale aux ciseaux monopolaires le long de l’implant. D. L’incision doit comple`tement de´gager l’implant.

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peut eˆtre envisage´ afin de s’assurer de la situation du dispositif lorsque la localisation anatomique pose proble`me. Nous n’utilisons pas de pince bipolaire (risque possible de casser les spires), mais pre´fe´rons les ciseaux laparoscopiques couple´es a` l’e´nergie monopolaire place´es dans le trocart sus-pubien et une pince pointue dans le trocart late´ral. Il ne faut surtout pas sectionner transversalement la trompe. A` l’aide des ciseaux monopolaires, nous incisons longitudinalement la trompe le long de l’implant depuis la se´reuse tubaire jusqu’au contact de l’implant (Fig. 2C et D). Une fois l’extre´mite´ de l’implant de´gage´e (extre´mite´ A de l’implant sur la Fig. 1), nous saisissons celle-ci a` l’aide de la pince pointue pour comple`tement l’exte´rioriser de la lumie`re tubaire

(Fig. 3E, F, G et H). C’est la partie interne de l’implant qui se de´gage en premier (Fig. 4I). Puis, il faut tracter de´licatement sur la partie externe de l’implant (les spires) afin de comple`tement l’extraire (Fig. 4J, K et L) et de pouvoir visualiser l’extre´mite´ rectiligne non enroule´e des spires (extre´mite´ B de l’implant sur la Fig. 1 et Fig. 5M) qui e´tait auparavant dans la cavite´ endome´triale. La Fig. 5N donne une vue de la trompe, l’implant e´tant totalement retire´. S’il y a une re´sistance a` la traction douce d’une partie de l’implant, il ne faut pas forcer mais e´largir l’incision le long de l’implant, a` l’aide des ciseaux monopolaires, ce qui permettra de le de´gager plus facilement. En cas de fracture du dispositif au niveau de la partie interne, une incision a` l’aide des ciseaux monopolaires

Fig. 3. E a` H. Traction douce pour extraire comple`tement la partie interne de l’implant a` l’aide de la pince pointue.

Fig. 4. I. La partie interne est comple`tement exte´riorise´e. J a` L. Traction douce pour extraire comple`tement la partie externe de l’implant a` l’aide de la pince pointue.

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Fig. 5. M. L’extre´mite´ rectiligne non enroule´e de la partie externe de l’implant est extraite, confirmant que la totalite´ de l’implant Essure1 a e´te´ retire´e. N. Visualisation de la trompe gauche apre`s extraction de l’implant Essure1.

jusqu’au contact de l’implant re´siduel devrait permettre de le saisir avec la pince pointue et de poursuivre la proce´dure de retrait par traction douce. Si la fracture concerne la partie externe, nous conseillons e´galement d’inciser a` l’aide des ciseaux monopolaires jusqu’au contact des spires et ensuite de tracter de´licatement les spires. En cas d’e´chec, l’abord hyste´roscopique pourrait permettre de retirer les spires a` l’aide d’une pince a` pre´hension hyste´roscopique, a` la condition que l’extre´mite´ endome´triale des spires soit bien visible. Si la` encore, le retrait est impossible, nous proposons alors la re´section laparoscopique de la corne ute´rine [5]. L’inspection minutieuse et comparative des implants, une fois retire´s, confirme l’ablation totale et dispense d’un controˆle hyste´roscopique. Les deux parties de l’implant sont ensuite extraites par le trocart late´ral ou me´dian. Nous terminons l’intervention par une salpingectomie totale bilate´rale. Les trompes sont finalement extraites dans un sac laparoscopique par le trocart ombilical. Un lavage/aspiration pe´ritone´ale a` l’aide du syste`me d’aspiration/lave permettra finalement d’e´viter le risque hypothe´tique de persistance de microfragments au sein de la cavite´ abdominopelvienne. 3. Conclusion Cette approche laparoscopique est simple, rapide et reproductible. Il nous paraıˆt important de pre´ciser dans le compte rendu ope´ratoire l’exhaustivite´ de l’ablation des Essure1 et la pre´sence

e´ventuelle d’anomalies particulie`res pouvant expliquer certains des symptoˆmes de´crits par la patiente (le´sions d’endome´triose, fibromes, varices pelviennes, ute´rus re´troverse´, adhe´rences. . .). De´claration de liens d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de liens d’inte´reˆts. Remerciements Les auteurs remercient le Dr Caroline Azzi pour le dessin de l’implant Essure1. Re´fe´rences [1] Chene G, Lamblin G. Controversies in tubal sterilization. Gynecol Obstet Fertil 2016;44:539–40. [2] Valle RF, Carignan CS, Wright TC. Tissue response to the STOP microcoil transcervical permanent contraceptive device: results from a prehysterectomy study. Fertil Steril 2001;76:974–80. [3] Albright CM, Frishman GN, Bhagavath B, et al. Surgical aspects of removal of Essure1 microinsert. Contraception 2013;88:334–6. [4] Lannon BM, Lee SY. Techniques for removal of the Essure1 hysteroscopic tubal occlusion device. Fertil Steril 2007;88:497 [e13-4]. [5] Thiel L, Rattray D, Thiel J. Laparoscopic cornuectomy as a technique for removal of Essure1 microinserts. J Minim Invasive Gynecol 2017;24:10. [6] Casey J, Aguirre F, Yunker A. Outcomes of laparoscopic removal of the Essure1 sterilization device for pelvic pain: a case series. Contraception 2016;94:190–2. [7] Chene G, Rahimi K, Mes-Masson AM, Provencher D. Surgical implications of the potential new tubal pathway for ovarian carcinogenesis. J Minim Invasive Gynecol 2013;20:153–9.