Communications libres
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Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (C. Buleon)
Introduction Le leadership et la gestion du stress représentent des défis nécessitant de hauts niveaux de compétence pour les internes en soins intensifs lors de la prise en charge des patients en défaillance vitale. L’entraînement en simulation a prouvé son intérêt pour améliorer les performances non médicales en situation de crise médicale, mais cela a peu été utilisé pour les internes non anesthésistesréanimateurs [1]. Cette étude a pour but d’observer l’impact de la simulation sur les compétences techniques (CT), le leadership et le stress des internes d’hépato-gastro-entérologie. Matériel et méthodes Il s’agissait d’une étude prospective randomisée sur simulateur réalisée à Caen après accord du comité d’éthique. Les internes d’hépato-gastro-entérologie étaient évalués immédiatement après simulation en équipe (un interne, 2 infirmières et une aide-soignante travaillant en hépato-gastro-entérologie) sur 3 scenarii différents (détresse respiratoire aiguë chez un patient ayant une pancréatite aiguë, choc hémorragique chez un patient cirrhotique et arrêt cardiorespiratoire après hémorragie digestive) au début (M0), à 1 (M1) et 5 mois (M5). Le critère de jugement principal était l’amélioration des CT évaluée sur une grille allant de 0 à 20. Les critères secondaires étaient l’amélioration du stress (échelle de la NASA de charge de travail, score global sur 600, 6 items allant de 0 à 100) et du leadership (questionnaire descriptif du comportement de leader (LBDQ) adapté, 9 questions de 0 à 4 avec 0 = jamais et 4 = toujours) [2,3]. Résultats Douze internes ont été évalués sur 36 simulations. Il y avait une amélioration significative des CT (14,3 à M0 vs 16,3 à M5, p = 0,03) (Fig. 1), du leadership (27 à M0 vs 29 à M5, p = 0,035), du stress global (346 à M0 vs 278 à M5 ; p = 0,012). Il y avait une amélioration significative de l’item « réussite » (M0 vs M5 ; p = 0,0055 et M1 vs M5 ; p = 0,03) ainsi qu’une diminution significative de l’item « frustration » (M0 vs M5 ; p = 0,032 et M1 vs M5 ; p = 0,045). Il n’y avait pas de différence significative pour les CT, le leadership et le stress entre les 3 scenarii. Il existait une corrélation négative et significative entre les CT et le stress à M0 (p = 0,019), qui n’a pas été retrouvée à M1 (p = 0,68) ni à M5 (p = 0,41). Il y avait une corrélation positive et significative entre les CT et le leadership à M5 (p = 0,019). Discussion L’entraînement en simulation améliore les compétences (techniques et non techniques) des internes d’hépato-gastroentérologie. L’amélioration du leadership et la diminution du stress étaient liées avec l’amélioration des CT. Les internes d’autres spécialités médicales pourraient bénéficier d’entraînement en simulation pour améliorer la qualité et la gestion de situations critiques, notamment en soins intensifs.
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Fig. 1
Évolution des performances techniques de M0 à M5.
Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Høyer CB, Christensen EF, Eika B. Junior physician skill and behaviour in resuscitation: a simulation study. Resuscitation 2009;80:244—8. [2] NASA Task Load Index. http://humansystems.arc.nasa.gov/ groups/tlx/downloads/TLXScale.pdf. [16 mars 2015]. [3] Cooper S, Wakelam A. Leadership of resuscitation teams: “Lighthouse Leadership”. Resuscitation 1999;42:27—45. http://dx.doi.org/10.1016/j.anrea.2015.07.364 R362
Comparaison des courbes d’apprentissage chez une population de juniors et de séniors d’une procédure de ponction lombaire écho-repérée sur modèle de rachis Mélody Moya 1,∗ , Ghislain Richard 1 , Jean-Yves Lardeur 1 , Olivier Mimoz 2 , Thomas Kerforne 2 1 Service d’accueil des urgences adultes 2 Service d’anesthésie-réanimation, CHU, Poitiers, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Moya) Introduction La ponction lombaire (PL) est un geste diagnostic usuel dans les services hospitaliers pour infirmer ou confirmer certaines pathologies graves (hémorragie méningée, méningite bactérienne). Le recueil du LCR est dépendant de la technique de ponction et surtout des repérages anatomiques. Dans la littérature, les repérages anatomiques sont inadéquats dans 30 % des cas voir impossible chez certains patients. L’utilisation de l’échographie est une aide à la réalisation de la PL lorsque les repérages anatomiques sont difficilement palpables. Aucune étude publiée à ce jour n’évalue la courbe d’apprentissage de cette technique. Le but ce cette étude est de déterminer les performances et les courbes d’apprentissage de la réalisation d’une PL après repérages échographiques sur un modèle de rachis chez une population de médecins juniors et séniors travaillant aux urgences. Matériel et méthodes Un modèle a été réalisé à partir d’un rachis de mouton. Dix médecins séniors et 10 internes ont été formés (par diaporama et vidéo) puis évalués. Chaque participant a réalisé 10 procédures comportant un écho-repérage (acquisition d’une coupe transversale médiane et une coupe longitudinale) suivi d’une ponction. Pour chacune des procédures ont été relevés le temps de la procédure (temps de repérage de la zone de ponction et temps de ponction), la charge mentale (NASA-TLX) et le succès/échec. Les courbes d’apprentissage ont été analysées selon la méthode de LC-CUSUM [1]. Résultats Le taux de succès est de 85 % avant la 6e procédure et de 100 % après la 6e procédure dans le groupe internes (différence significative entre les 2 taux de succès) (15 % ; IC95 [3 ; 27] ; p < 0,01) et de 90 % avant la 4e procédure et de 100 % après la 4e procédure pour les séniors (différence significative entre les 2 taux de succès) (10 % ; IC95 [2,7 ; 17,3] ; p < 0,02). Le temps de repérage de la zone de ponction est significativement plus court à partir de la 7e procédure (163 ± 54 s vs 100 ± 30 s ; p < 0,05) dans le groupe internes. Il n’existe aucune différence entre la 1re et la 10e procédure (115 ± 40 s vs 77 ± 35 s) pour les séniors. Le temps de réalisation de la ponction est significativement plus court à partir de la 7e procédure dans les deux groupes (77 ± 24 s vs 23 ± 24 s ; p < 0,05) pour les internes, et (75 ± 40 s vs 22 ± 14 s ; p < 0,05) pour les séniors. Le temps de réalisation de la procédure est significativement plus court à partir de la 7e procédure dans les 2 groupes (240 ± 70 s vs 119 ± 35 s ; p < 0,05) pour
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Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Référence [1] Anesth Analg 2002;95:411—6. http://dx.doi.org/10.1016/j.anrea.2015.07.365 R363
Formation à la pose d’une perfusion sur voie veineuse périphérique en simulation : étude randomisée contrôlée comparant enseignement traditionnel et apprentissage encadré par des tuteurs étudiants Sophie Pelloux 1,∗ , Arnaud Grégoire 1,2 , Patrice Kirmizigul 1 , Bernard Bui-Xuan 1 , Guy Llorca 1 , Jean-Jacques Lehot 1 , Thomas Rimmelé 1,2 1 Centre Lyonnais d’enseignement par la simulation en santé, université Claude-Bernard Lyon 1 2 Service d’anesthésie-réanimation, hôpital Édouard-Herriot, Lyon, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (S. Pelloux) Introduction La pose d’une voie veineuse périphérique (VVP) et d’une perfusion sont des gestes techniques de base que tout étudiant en médecine devrait savoir réaliser en fin de 2e cycle dans le respect des règles d’hygiène et de sécurité. La formation actuellement en place à la faculté de médecine Lyon Est est limitée à un petit nombre d’étudiants, et n’a jamais été évaluée. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’efficacité de la formation à la pose d’une perfusion sur VVP encadrée par des tuteurs étudiants en comparaison à un enseignement traditionnel, dans le but d’une généralisation à l’ensemble des étudiants de la faculté. Patients et méthodes Il s’agit d’une étude prospective et comparative réalisée dans le cadre d’un module optionnel de la faculté de médecine Lyon Est au cours de l’année 2014—2015. Parmi les 89 étudiants en 2e cycle inscrits à ce module, 86 ont été inclus après consentement. Les 2 groupes de 43 étudiants ont participé à une séance de formation de 2 h 30. Le groupe témoin a assisté à un enseignement traditionnel réalisé par un anesthésiste-réanimateur (diaporama, démonstration par l’enseignant, puis entraînement sur simulateur basse-fidélité). Le groupe test a assisté au même cours mais enregistré en vidéo par l’enseignant, incluant une démonstration filmée, puis s’est entraîné sur simulateurs basse-fidélité au cours de la séance encadrée par 2 tuteurs étudiants internes en médecine générale formés à ces gestes. Une évaluation a été conduite une semaine après au centre lyonnais d’enseignement par la simulation en santé. Le critère de jugement principal était la performance, évaluée par un infirmier ou un anesthésiste-réanimateur, à l’aide d’une grille
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standardisée basée sur les recommandations actuelles de la HAS et permettant le calcul d’un score sur 20. Le niveau d’aisance ressenti par les étudiants a également été évalué au moyen d’un questionnaire avec une échelle visuelle analogique sur 10. Résultats Parmi les 86 étudiants inclus, 73 ont participé à la séance d’évaluation dont 41 du groupe enseignement traditionnel et 32 du groupe encadré par des tuteurs étudiants. En moyenne le score des étudiants n’est pas significativement différent entre les deux groupes, mais le niveau d’aisance ressenti après l’évaluation est significativement supérieur dans le groupe encadré par des tuteurs étudiants (Tableau 1). En faisant l’hypothèse du biais maximum pour les 13 absents lors de l’évaluation, la proportion d’étudiants avec un score d’au moins 10/20 est identique dans les 2 groupes (65 %). Discussion Cette étude préliminaire permet de penser qu’une formation aux gestes techniques en médecine peut être encadrée par des tuteurs étudiants formés, si le protocole de référence est consensuel et de bonne qualité. Cette constatation est importante compte tenu du nombre d’étudiants à former si l’on souhaite une généralisation à l’ensemble des étudiants en médecine. Tableau 1 Enseignement traditionnel
Apprentissage encadré par des tuteurs
12,0 [8,0—15,0] 13,0 [11,0—15,0] Score à l’évaluation/20 médiane [25e —75e centiles] 7,6 [7,0—8,0] Niveau d’aisance/10 7,0 [5,0—8,0] médiane [25e —75e centiles]
p (test de Mann-Whitney) 0,430
0,026
Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.anrea.2015.07.366 R364
Intérêt de simulation et de son environnement pour mémoriser le traitement d’une intoxication grave aux anesthésiques locaux Ba Vinh Nguyen 1,∗ , Séverine Exbrayat 2 , Lorenn Bellamy 2 , Brigitte Huiban 2 , Olivier Huet 2 , Yves Ozier 2 , Erwan L’Her 2 , Morgan Jaffrelot 2 1 Pôle BARU, HIA Clermont Tonnerre 2 Pôle ARSIBOU, CHRU, Brest, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (B.V. Nguyen) Introduction Malgré l’expansion de la simulation, son intérêt pour mémoriser durablement les connaissances est débattu [1—3]. La simulation au bloc opératoire pourrait peut-être améliorer l’apprentissage. Mais ses avantages ne sont pas démontrés par rapport à la simulation en laboratoire. L’objectif principal de notre étude est d’évaluer si la simulation permet de mémoriser le traitement d’une intoxication grave aux anesthésiques locaux (AL) lors d’une ALR à 1 mois et jusqu’à 9 mois. L’objectif secondaire est d’étudier si le lieu de la simulation influence la mémorisation.
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les internes, et (190 ± 70 s vs 95 ± 35 s ; p < 0,05) pour les séniors. La charge mentale est significativement diminuée à partir de la 8e procédure dans les deux groupes (27 ± 7 UI vs 11 ± 4 UI ; p < 0,05) pour les internes, et (23 ± 9 UI vs 11 ± 3 UI ; p < 0,05) pour les séniors. Discussion Cette étude montre l’acquisition rapide des médecins juniors et séniors de la technique de repérage échographique avant ponction lombaire sur modèle expérimental. Une formation théorique comportant des vidéos, suivie d’au moins sept ponctions sur modèle expérimental semble suffisant au succès. Il conviendra de comparer ces résultats aux procédures réalisées chez des malades.
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Communications libres — Vendredi 18 septembre 2015