Des follicules dans tous leurs états

Des follicules dans tous leurs états

Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 38 (2010) 394 Quarante et unie`me Journe´e the´matique de la SFEF (Paris, 18 mars 2010) Des follicules dans t...

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Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 38 (2010) 394

Quarante et unie`me Journe´e the´matique de la SFEF (Paris, 18 mars 2010)

Des follicules dans tous leurs e´tats... All about follicles...

Cette anne´e, apre`s un large de´bat de´mocratique, nous avons de´cide´ que le follicule serait l’objet de toute notre attention, et succe´derait ainsi au spermatozoı¨de, lors de notre 41e Journe´e the´matique de la SFEF. Cette journe´e s’est tenue dans un contexte difficile pour ceux qui, en France, e´tudient la reproduction et l’ovaire en particulier. La restructuration des instituts de recherche acade´mique inquie`te et l’avenir semble plus que jamais incertain, surtout pour les plus jeunes, condamne´s a` « vivoter » de contrat a` dure´e de´termine´e (CDD) en CDD dans l’attente d’un poste incertain. Mais par-dessus tout, il semble que dans la France de 2010, les pouvoirs publics conside`rent que la recherche en me´decine de la reproduction n’est plus prioritaire. Ainsi, a` l’Inserm, par exemple, il est frappant de constater que le mot « reproduction » ne figure dans aucun intitule´ des dix instituts the´matiques qui, de´sormais composent cet organisme. De plus, il n’y a plus que deux unite´s Inserm dont la gonade est la pre´occupation centrale (contre 9 en 2001). Merci aux Aste´rix de l’Inra qui re´sistent encore !! Il est vrai que la connaissance de la physiologie ovarienne a beaucoup progresse´ ces dernie`res anne´es. Un roˆle de chef d’orchestre de la croissance folliculaire, au moins a` son de´but, a e´te´ reconnu a` l’ovocyte. Les facteurs locaux sont parfois redondants et permettent de palier a` la de´ficience de l’un d’entre eux. Les mode`les de souris transge´niques permettent de comprendre le lieu et le mode d’action de tel ou tel ge`ne, meˆme si, comme on nous l’a rappele´ aujourd’hui, la souris pre´sente quelques diffe´rences notables avec la femme. Et puis, AMH, dont on constate l’importance croissante dans la re´gulation du fonctionnement de l’ovaire. Que de chemin parcouru depuis les premiers articles publie´ dans les anne´es 1980, montrant que l’ovaire adulte produit de l’AMH, jusqu’a` la reconnaissance aujourd’hui que c’est un marqueur exceptionnel de l’aˆge ovarien et de la re´ponse folliculaire a` la stimulation, chez la femme et les bovins. Toutefois, ces avance´es ne peuvent faire oublier le chemin restant a` parcourir dans au moins deux directions. La premie`re concerne le syndrome de l’ovaire polykystique. Malgre´ des centaines de publications son e´tiologie reste mal connue ; comme il s’agit d’un syndrome multifactoriel, son traitement reste complexe. La seconde est lie´e a` l’insuffisance ovarienne pre´ma-

1297-9589/$ – see front matter ß 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.gyobfe.2010.04.011

ture´e. Spontane´e, elle a pour origine une anomalie ge´ne´tique, trop rarement identifie´e. Iatroge`ne, elle est une conse´quence des succe`s the´rapeutiques de la lutte anticance´reuse. La folliculogene`se in vitro, qui constitue un espoir pour obtenir des ovocytes compe´tents, susceptibles d’eˆtre fe´conde´s in vitro, est indispensable pour pallier les risques de la greffe autologue de fragments d’ovaires congele´s lorsque la tumeur primitive est tre`s invasive. Dans ce domaine de la restauration de la fertilite´, apre`s destruction ou e´puisement naturel de la re´serve ovarienne, la possibilite´ de trouver dans l’ovaire lui-meˆme, des cellules souches adultes capables de la re´ge´ne´rer reste d’actualite´ meˆme si sa mise en œuvre e´ventuelle apparaıˆt extreˆmement lourde. L’avenir, nous dit-on, est a` la ge´nomique fonctionnelle. De nombreuses e´quipes travaillent actuellement a` identifier les ge`nes active´s ou inactive´s lors de tel ou tel processus normal ou pathologique. Lorsque les difficulte´s techniques de ce type d’investigation sont de´passe´es, quelques ge`nes sont identifie´s. Ces ge`nes ne sont pas toujours re´pertorie´s. Il faut alors de´couvrir leur fonction, leur re´gulation, la nature et le roˆle de la prote´ine qu’ils codent. Cette e´tape ne´cessite le recours a` la « corporation » des morphologistes. Or, elle est tre`s menace´e car aucun jeune chercheur ne peut obtenir de cre´dit sur un projet faisant appel a` l’œil humain, juge´ trop subjectif. Et pourtant, il y a bien peu de publications majeures dans le domaine des sciences du vivant qui n’y fassent appel. Mal expertise´, les e´tudes morphologiques parfois baˆcle´es peuvent conduire a` de profondes erreurs d’interpre´tation comme je le montre dans mon intervention. Apre`s le toutge´ne´tique, on peut formuler l’espoir que les ge´ne´ticiens et biologistes mole´culaires, les inge´nieurs et physiciens, les morphologistes et les cliniciens pourront enfin travailler de concert pour tenter de percer les secrets de cet organe fascinant de complexite´ qu’est l’ovaire. A. Gougeon Inserm U-865 et Anipath, faculte´ de me´decine Laennec, 7, rue Guillaume-Paradin, 69732 Lyon cedex 08, France Adresse e-mail : [email protected] Disponible sur Internet le 2 juin 2010