Ecologie Bacterienne Du Sillon Sousgingival Chez Les Sujets Presentant Une Parodontopathie. Influence D'Un Traitement Par Cavitation

Ecologie Bacterienne Du Sillon Sousgingival Chez Les Sujets Presentant Une Parodontopathie. Influence D'Un Traitement Par Cavitation

TRAVAUX ORIGINAUX M~ct Mat Infect. 1990 ; 2 0 : 512- 8 ECOLOGIE BACTERIENNE DU SILLON SOUSGINGIVAL CHEZ LES SUJETS PRESENTANT UNE PARODONTOPATHIE. ...

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TRAVAUX ORIGINAUX

M~ct Mat Infect.

1990 ; 2 0 : 512- 8

ECOLOGIE BACTERIENNE DU SILLON SOUSGINGIVAL CHEZ LES SUJETS PRESENTANT UNE PARODONTOPATHIE. INFLUENCE D'UN TRAITEMENT PAR CAVITATION. p a r F. GIRARD-PIPAU", R. LECLERCQ", M. TREVOUX"*, C.J. SOUSSY'* et J. DUVAL'" RESUME

Le travail pr~sent~ ici nous a permis de mettre en ~vidence des modifications qualitatives et quantitatives de la flore bact~rienne des poches du sillon sousgingival sous l'effet d'un traitement par cavitation. I1 s'agit d'une diminution, voire d'une disparition des bact~ries appartenant au genre F u s o b a c t e r i u m de la partie dominante de c e t t e flore, ainsi que la colonisation secondaire de ces sites par des bact~ries du genre V e i l l o n e l l a . Peu de modifications significatives sont 8 noter en ce qui concerne les autres genres bact~riens presents ~ ce niveau. Mots-cl,~s : Sulcus gingival - Parodontopathie - Ecologie bact~rienne - F u s o b a c t e r i u m V e i l l o n e l l a - Cavitation.

De nombreux travaux ont ~t~ effectu~s sur la flore bact~rienne du sulcus, c'est-8-dire au niveau des poches sous-gingivales des sujets pr~sentant une parodontopathie, dans le but de pr~ciser si une ou plusieurs esp~ces bact~riennes pouvaient ~tre incrimin~es dans la gen~se de ces l~sions (8, 9, 10, 11, 12, 15, 19). Le travail r~alis~ ici a pour but d'~tudier les modifications qualitatives et quantitative s de la flore bact~rienne du sulcus gingivo-dentaire apr~s traitement par cavitation d'un groupe de sujets atteints de parodontopathies. La cavitation consiste en un traitement local par les ultrasons qui entraTnent, aux fr~quences utilis~es ici, de rordre de 6 0 0 0 Hz, l'implosion de minuscules cavit~s remplies de gaz ou de vapeur dans un liquide, en l'occurence un jet d'eau sous pression (20). Un traitement de ce type entraTnant une nette amelioration clinique, il ~tait int~ressant de chercher savoir s'il entratnait u n e modification de la flore bact~rienne locale et si une relation existait entre ces deux ph~nom~nes. On connalt par ailleurs le peu d'int~r~t des traitements antibiotiques lors des parodontopathies sinon dans un but prophylactique, c'est dire rimportance de r~tude du m~canisme d'action de ce traitement.par les agents physiques (2, 18, 21).

-

MATERIEL ET METHODES Pr~l~vements Dix patients consultant pour une parodontopathie et ne recevant aucun traitement antibiotique ont fait l'objet de cette ~tude. Les pr~l~vements ont ~t~ r~alis~s au niveau des poches sous-gingivales avec une curette de Hotz calibr~e contenant environ 1 mg de pr~l~vement, apr~s nettoyage de la gencive avoisinante ~ reau physiologique sterile. U~chantillon de sulcus pr~lev~ par la curette est plac~ imm~diatement dans un flacon sterile contenant 1 ml de bouillon de Schaedler, il est ensuite achemin~ le plus rapidement possible au Laboratoire de Bact~riologie (en moins d'une demi-heure habituellement) o~ l'~tude qualitative et quantitative est entreprise aussitOt. Un premier pr~l~vement est r~alis~ imm~diatement avant la premiere s~ance de cavitation (J0). Un second pr~l~vement est effectu~ une semaine plus tard ~ la fin de la deuxi~me s~ance de cavitation (J7). Enfin, un demier pr~l&vement est effectu~ en fin de troisi~me s~ance de cavitation (J15). S'agissant de consultants, les d~lais entre les diff~rents pr~l~vements n'ont pas toujours ~t~ respect~s et les intervalles entre les pr~l~vements successifs n'ont pas toujours ~t~ aussi rigoureux.

* Re~u le 10.2.1990. Acceptation d~finitive le 25.3.1990. *" Laboratoir¢ de Bact~riologie-Virologie-Hygi~ne, H6pital Henri-Mondor, I=-94010 Cr~teil cedex. **" D~partement d'Odontologie, HBpital Albert Chenevrier, F-94010 Cr~teil cede×.

Etude qualitative et quantitative D~s r~ception du pr~l~vement, ce demier est introduit dans une enceinte ana~robie o2 il est homog~-

512

TABLEAU I : Nombre de souches a6robies et ana~robies strictes par pr~l~vement. PRELEVEMENT I Aerobie Ana6robie

PRELEVEMENT II A~robie Ana6robie

Sit. Man. Jan. Lem. Mar. Rou. B~a. Pen. Ben. (Pr~l~v. inf.) Ben. (Pr61~v. sup.) Ren.

6 7 2 3 6 3 2 5 4 7 2

7 9 2 1 5 5 3 6 2 2 3

6 6 0 5 3 5 3 6 2 2

4 3 0 5 1 5 1 3 3 4 3

TOTAL

47

45

38

32

PRELEVEMENT III A~robie Ana~robie 4 4

2 0

1

2

4 3 1 1 7

5 3 3 4 7

25

26

TABLEAU II: Esp~ces ana~robies isol~es. N

1. Bacteroicles melaninogenicus 2. Bacteroides distasonis 3. Bacteroides oralis 4. Bacteroides succinogenes 5. Bacteroides intermedius 6. Bacteroides uniformis 7. Bacteroides praeacutus 8. Bacteroides capillosus 9. Bacteroides sp. 10. Fusobacterium necrophorum 11. Fusobacterium nucleatum 12. Fusobacterium varium 13. Fusobacterium gonidiaformans 14. Fusobacterium voisin de F. perfoetens 15. Fusobacterlum sp. 16. Veillonella parvula 17. Veillonella dispar 18. Selenomonas ruminantium 19. 20. 21. 22. 23. 24.

Peptostreptococcus Peptostreptococcus Peptostreptococcus Peptostreptococcus Peptostreptococcus Peptostreptococcus

25. 26. 27. 28.

Eubacterium lentum Eubacterium sp. Bifidobacterium sp. Propionibacterium sp.

Total

3 1 1 1 3 1 1 1 27

% AS

% Total Gram

8 I 5 4 1 9 10 5

anaeroblus micros magnus productus

39

37,8

18,3

28

27,1

13,1

15

14,5

7

2

1,9

0,9

11

10,6

5,1

8

7,7

3,7

-

84 esp~ces soit 81,5%

Gram +

sp. CDC groupe I

% AS : pourcentage par rapport aux ana~robies stricts

% Total: pourcentage par rapport au total des bact~ries isol~es (a~robies + ana~robies stricts) N :nombre de souches ou d'esp~ces Le num~.ro attribu~ ~ chaque esp~ce sera conserv~ pour tous les tableaux et figures ult~rieurs.

513

19 esp~ces soit 18,4 %

TABLEAU III : Esp~ces a~robies isol~es. N 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35.

Streptococcus Streptococcus Streptococcus Streptococcus Streptococcus Streptococcus

sangu[s sangu[s I sanguis II mitis milleri mutans

5 5 14 11 7 2

Streptocoque non groupable, non h~molytique

37. Corynebacterium sp.

Act[nomyces Act[nornyces Actinompces Actinomyces Actinomyces

43. 44. 45. 46.

Actinobaci!lus act[nornyceterncornitans Cardiobacterium hominis Eikenella corrodens Capnocytophaga ochracea

47. 48. 49. 50,

Haernophilus aphrophilus Haernopflilus parainfluenzae I Haernophilus influenzae VIII Haernopflilus influenzae III Neisseria rnucosa Neisseria sicca Neisserla tiara Neisseria sp.

51. 52. 53. 54.

55

% AS

50

% Total

25,82

Gram + 67 esp~ces soit 60,9 %

10 1

36: Streptococcus intermedius 38. 39. 40. 41. 42.

Total

odontolyticus meyeri denticolens israeli[ sp.

4

4

3,6

1,8

3 1 1 1 2

8

7,8

3,7

3 10 8

22

20

10,3

Gram

-

43 espt~ces soit 39 %

5 12

10,9

5,6

9

8,1

4,2

1 1 4 1 2 2

% A S : p o u r c e n t a g e p a r r a p p o r t aux ana~robies stricts % Total: p o u r c e n t a g e p a r r a p p o r t au total des bact~ries [solVes (a~robies + ana~robies stricts) N : n o m b r e de s o u c h e s ou d'esp~ces

n~is~ au Vortex pendant une minute (1). Un ~chantillon de ce liquide qui repr~sente une dilution 10 -3 est pr~lev~ pour rexamen direct apr~s coloration de Gram. II est ensuite isol~ sur les milieux de culture suivants : g~Iose au sang cuit (BioM~rieux), g~Iose de Schaedler au sang de mouton h~molys~ t~ 5 % (BioM~rieux), g~Iose au sang de mouton h~molys~ suppl~ment~ en kanamycine et vancomycine (BioM~rieux), g~lose Reinforced Clostridial Agar (BBL). Des dilutions en bouillon de Schaedler sont r~alis~es ~ partir de la suspension [nit[ale jusqu't~ des valeurs de 10 -7 en fonction de la richesse en germes t~ l'examen direct. Puis 0,25 ml de 3 dilutions successives (habituellement 10 -s, 10 -6, 10 -7) sont ~tal~s au rateau sur les m~.mes milieux. Les boItes de g~Iose au sang cuit sont incub~es t~ 37°C dans une ~tuve contenant une atmospht~re enrichie de 5 % de CO2. Les diff~rentes colonies bact~riennes apparaissant sur ces milieux de culture sont d~nombr~es et le r~sultat, rapport~ t~ la dilution, est exprim~ en nombre de bact~ries par mill[gramme (b/mg). Cha514

que colon[e, apparaissant sur les milieux incub6s e n enceinte ana~robie, est repiqu~e parall~lement sur g~lose au sang cult incub~e ~ 37°C dans une 6tuve dont l'atmosph~re contient 5 % de CO2. L'absence de culture apr~s 48 heures d'incubation dans de telles conditions, permet de v6rifier que ron a bien affaire ~ une bact(~rie ana6robie stricte. Nous n'avons pas ~tudi~ darts ce travail les populations bact~riennes pr~sentes t~ des valeurs inf,rieures t~ 104 b/mg. L'identification des bact~ries ana~robies strictes est r~alis~e avec la galerie APl-20-ana~robie compl~t~e par plusieurs tests biochimiques : la recherche d'une nitrate-r~ductase, d'une lipase, d'une l~cithinase, d'une g~latinase (m~thode du film), l'~tude de la sensibilit~ t~ la bile et au vert brillant, raction sur le lait toumesol~, l'hydrolyse de ram[don. Chaque souche est parall~lement cultiv~e en milieu PY et PYG, et les produits terminaux du catabolisme du glucose

sont ~tudi& en chromatographie en phase gazeuse, selon la technique d&rite par Moore et Holdeman, t~ raide d'un chromatographe Girdel E-30 ~quip~ d'un d~tecteur t~ ionisation de flamme et d'une colonne AT 1200 de 2 m~tres gamie de chromosorb W, H3PO4 1%, de 60 a 80 mEsh de porosit~ (5). La temp&ature du four est r~gl~e t~ 130°C pour la d~tection des acides volatils et t~ 110°C pour celle des acides m~thyl&. L'identification des bact~ries ana&obies strictes est r~alis~e selon les donn~es du Bergey's Manual of Systematic Bacteriology (4). L'identification des bact&ies a&obies strictes et a&o-ana&obies facultatives est effectu~e par des m~rhodes classiques.

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RESULTATS Trente pr~l~vements provenant de I0 malades ont ~t~ ~tudi& de cette fa¢on. Un malade (Ben) a ~t~ pr~lev~ au niveau de la gencive sup&ieure et de la gencive inf~rieure. Nous avons isol~ au total 213 souches, soit 103 souches de bact&ies ana~robies strictes et 110 souches de bact~ries a&obies strictes ou a&o-ana&obies facultatives. En moyenne, par pr~l~vement, on d~nombre 7,6 souches bact~riennes, i~ savoir 3,7 souches ana&obies strictes correspondant ~ 28 esp~ces appartenant ~ 8 genres diff~rents et 3,9 souches a&obies strictes ou a&o-ana& robies facultatives correspondant t~ 26 esp&es appartenant ~ 9 genres diffb.rents (Tableaux I, If, Ill). Parmi les bact&ies ana&obies strictes, on note une predominance des bact&ies Gram n~gatif qui repr&entent 81,5 % de cet ensemble bact&ien. Les Bacteroides y sont les e s p & e s dominantes suivis par les Fusobacteriurn, puis les Veillonella et les Selenomonas. En ce qui conceme les ana&obies stricts t~ Gram positif, on note une l~g&e predominance des cocci par rapport aux bacilles. Parmi les bact&ies a&obies strictes et a&o-ana&obies facultatives, on constate une predominance de bact&ies t~ Gram positif 60,9 %, par rapport aux bac.t&ies Gram n~gatii~39 %. Au total, les bact&ies t~ Gram n~gatif, a&obies et ana&obies, pr~dominent dans rensemble de nos pr~l~vements ; on en d~nombre 127 souches, contre 86 souches de bact&ies ~ Gram positif.

"I SIT

MAN

LEM

MAR R O U BEA PEN BEN inf.

BEN

KEN J A N

sup,

Fig. 1: Ier pr~l~vement 1

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34 ~8

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10 9 l0 s s

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10 7

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3s~ 10 s 10 4 10 3 10 2

SIT

MAN LEM MAR ROU BEA

PEN

BEN ink

BEN sup.

REN JAN

Fig. 2 : 2 ~me pr~l~vement L~gende figures 1, 2, 3 : En abscisse, les diff&ents patients, en ordonn~e, la n u m & a t i o n des diff&entes esp~ces. • Bacteroides - • Fusobacterium - • Veillonella - • Peptostreptococcus • Autres ana&obies Gram + v Streptococcus - • A c i n e t o m y c e t e s A Corynebacterium - 0 A u t r e s bacflles G r a m - a ~ r o - a n a & o b i e s 0 Haemophilus - 0 Neisseriaceae.

515

bleau IV). Pour certaines esp~ces a~roana~robies facultatives, les variations observ~es semblent peu correl~es avec les s~ances de cavitationl; il en est ainsi pour les streptocoques, les Capnocytophaga et les Haernophilus.

10 I0 10 9 IO s 10 7

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9

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17

33

35

39

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Deux remarques particuli~res peuvent ~tre faites : d'une part, nous avons isol~ 3 souches de Carcliobacterium hominis chez deux patients diff~rents; d'autre part, nous n'avons pas isol~, contrairement d'autres auteurs, d'ent~robact~ries, ni de bact~ries du genre Staphylococcus, ni de Moraxella ~ des valeurs au moins ~gales 104 b/mg (21). De m~me, il faut noter rabsence de Lactobacillus et de Clostri-

-16

1o

10 4

10 3

dium.

10 2

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_

LEM

MAR. R O U

BEA PEN

--

BEN inf.

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BEN sup.

-

REN

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DISCUSSION

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L'origine bact~rienne des parodontopathies est reconnue depuis Iongtemps, la plaque dentaire ~tant rendue responsable de l'apparition des alterations du parodonte. Au stade clinique ofJ le malade pr~sente des poches parodontales avec un d~collement de la gencive et un d~but de lyse osseuse, la flore bact~rienne contenue dans le sulcus est variable ; de tr~s nombreuses esp~ces bact~riennes peuvent y ~.tre isol~es avec des niveaux de colonisation ~lev~s : streptocoques, Bacteroides melaninogenicus,

Fig. 3 : 3 ~me pr~l~vement L'~tude de l'~volution de ces populations bact~riennes en fonction du temps et des traitements par cavitation permet de noter une variation sur le plan qualitatif et quantitatif (figures 1, 2 et 3). Lors du premier pr~l~vement, on note pour 9 malades sur 10 la presence de Fusobacteriurn ~ des valeurs ~lev~es, de rordre de 10 s b / m g en moyenne. Chez 7 malades sur 10, on note ~galement u n e colonisation importante par les Bacteroides. Lors du deuxi~me pr~l~vement, chez 5 malades sur 10, on isole encore de nombreux Fusobacterium. La modification la plus importante est observ~e lors du troisi~me pr~l~vement o~ trois malades seulement h~bergent encore des Fusobacteriurn, l'un avec un nombre ~lev~ : 107 b / m g ; par contre le second et le troisi~me ~ moins de 10 s b/mg. Au troisi~me pr~l~vement, les Bacteroides sont ~galement plus rarement isol~s et moins nombreux.

Bacteroides asaccharolyticus, Fusobacterium nucleatum, Eikenella corrodens, de m~me que Selenomonas et Capnocytophaga. Certains auteurs ont ~galement isol~ des tr~pon~mes caract~ris~s par leur grande taille ainsi que des Actinobacillus actinomycetemcomitans, des Actinomyces odontolyticus (9, 19).

L'~volution de la population des Veillonella est opposse ~hcelle des Fusobacterium. Pour un seul malade sur 10, on isole des Veillonella en nombre ~lev~ lors du premier pr~l~vement chez 4 / 1 0 au deuxi~me pr~l~vement, enfin pour 5 / 1 0 au troisi~me pr~l~vement. Les bact~ries ~ Gram positif a~robies pr~dominantes Iors du premier pr~l~vement sont reprOsent~es en majorit~ par les streptocoques ; il en est de m0.me lors du deuxi~me et du troisi~me pr~l~vement. Globalement, les titres moyens des bact~ries analrobies strictes mais aussi des bact~ries ana~robies strictes et a~ro-ana~robies facultatives, diminuent d'un log~0 apr~s chaque s~ance de cavitation (ta516

Cette richesse de la flore sous-gingivale peut ~tre illustr~e par un travail de Moore et Holdeman qui ont isol~ 171 taxons diff~rents sur 1900 souches isol~es Iors d'une ~tude portant sur 22 sujets (10). D'autres auteurs ont tent~ ~galement d'attribuer un r01e preponderant dans l'~tiologie des parodontopathies aux Bacteroides gingivalis, Bacteroides melaninogenicus, Bacteroides sp. ainsi qu'aux

Capnocytophaga, Actinobacillus actinomycetemcomitans et Eikenella corrodens mais sans en apporter une d~monstration nette (3, 14, 16). Certains ont retrouv~s des associations caract~ristiques entre ces diff~rentes bact~ries, par exemple par Moore et Holdeman dans les gingivites exp~rimentales de radulte jeune : Actinornyces naes-

lundii, Actinomyces odontolyticus, Fusobacterium nucleatum, Lactobacillus sp., Streptococcus

anginosus, Veillonella parvula et tr~pon~mes,

TABLEAU IV : Nombre moyen de bact~ries/milligramme de pr~l~vement.

flore complexe obtenue en fin d'~volution et succ~dant ~h une colonisation initiale par des streptocoques et des Actinornyces (8). Chez les sujets plus ages, pour Slots, l'association bact~rienne caract~ristique serait repr~sent~e par Bacteroides melaninogenicus et Fusobacterium nucleatum (15). La variabilit~ des resultats selon les cliff,rents auteurs est notable et semble li~e en partie ~ l'importance des moyens techniques mis en oeuvre, milieux ou materiels, ainsi qu'a la recherche, systOmatique ou non, de certaines esp~ces bact~riennes. Des ~tudes immunologiques ont 4galement permis dans certains cas de d~montrer une corr41ation quoiqu'imparfaite entre l'organisme predominant iso16 du sulcus et le titre d'anticorps s~riques dirig~s contre cet organisme (3, 13). Bien que nous n'ayions pas, dans ce travail, ~tudi~ les populations bact4riennes sous-dominantes, nos rOsultats sont en accord avec ceux obtenus par la plupart des auteurs ayant r~alis~ des 4tudes similaires (8, 9, 10, 19).

PrOl@v. A~robies Ana~robies Sit.

I II III

2,5.10 7 3,1.10 6 1,3.10 5

7,9.10 6 8,7.10 6 4,1.10 4

Man.

I II III

4,1.10 7 2,7.10 6 8,3.10 6

4,9.10 8 2,1.10 7

I II III

1,1.10 9

5,8.10 8

Jan.

Lem.

I II III

2,3.10 7 2,3.10 7 1.10 3

1,2.10 6 8,2.10 7. 6.10 3

Mar.

I II III

1,2.10 8 1.10 6

9,4.10 8 4.10 6

Rou.

I II Ill

3,2.10 8 6,3.10 8

2.10 9 8,7.10 8

!B4a.

I II III

2,7.10 6 4,3.10 5 3,9.10 8

2,1.10 6 8.10 5 4,8.10 7

Pen.

I II III

4.10 7 4,3.10 8 9,9.10 6

2,5.10 7 5,6.10 8 1,9.10 7

Ben. Pr~l~vement inf.

I II III

6.10 9 3,2.10 7 4,4.10 7

4,4.10 7 6,1.10 6 3,8.10 6

I II III

9,5.10 7

BED_. Pr41~vement sup.

8.10 5

1,5.10 8 5,1.10 7 8,9.10 6

I II III

1,8.10 6 2,6.10 6 2,7.10 7

7,6.10 6 5,9.10 7 1,1.10 7

Certaines bact@ries, comme les Neisseria, pourraient ~tre le t~moin d'une contamination de nos pr41@vements par la flore salivaire. I1 semble d'ailleurs quasiment impossible d'41iminer lors d'un pr61~vement du sulcus toute trace de la flore bact6rienne salivaire ou buccale qui est particuli~rement fiche et de composition voisine de celle isol~e du sulcus (17). L'am~lioration clinique observ~e chez les malades en fonction du nombre de s~ances de cavitation est, dans rensemble, nette, encore que chez certains sujets a rhygi~ne bucco-dentaire d6ficiente, l'importance des l~sions locales et le degr@ de colonisation bact~rienne paraissent diminuer plus lentement d'un pr~l~vement a l'autre que chez les malades ayant une hygi@ne bucco-dentaire satisfaisante. Cette am41ioration semble correl~e sur le plan bact6riologique avec la diminution ou la disparition des

Fusobacterium. Les chiffres ~lev~s de Veillonella observes apres la disparition des Fusobacterium sont vraisemblablement le t~moin d't~ne colonisation secondaire par la flore salivaire o~ le~ Veillonella sont habituellement pr~sentes en grand nombre, plutOt que d'une surinfection secondaire par ces bact~ries (6, 17). Le faible nombre d'Actinomycetes isol~s de ces pr~l~vemerits peut s'expliquer par le fait qu'ils font pattie des populations sous-dominantes de la flore du sup cus de nos sujets, c'est-a-dire de populations n'atteignant jamais plus de 10 5bact~ries par milligramme de prel~vement. La variation des Capnocytophaga presents en nombre ~lev~ chez 5 de nos 10 patients, ne paraTt pas correlSe avec l'am~lioration clinique, ce qui confirmerait rabsence de r01e ~tiologique de ces bact~ries clans les parodontopathies d~j~ envisag~e par certains (7).

517

Ren.

II ne para~t pas possible actuellement de d~terminer parmi les trois facteurs intervenant dans la caviration : ultra-sons, implosion de bulles gazeuses ou raction du jet d'eau sous pression, celui qui joue un r01e preponderant sur la flore bact~rienne. L'effet bactericide des ultra-sons sur la flore bact~rienne de la plaque dentaire est connu mais n'est probablement pas le seul facteur. Les r~ponses immunitaires locales jouent certainement un r01e non n4gligeable (3, 7, 13). De me.me, la suppression de la produc-

tion d'endotoxines, d'enzymes ou de produits de m6tabolisme d'origine bact6rienne poss~dant des propri~t6s cytotoxiques obtenue par la r6duction de la population bact~rienne pourrait ~tre impliqu~e dans l'am61ioration clinique observ~e (14).

cette notion de variation individuelle, une notion de variation salon la r~gion ou le pays ot~ a ~t~ r~alis~e l'~tude des diffb.rents patients, vraisemblablement li6e ~ des habitudes alimentaires ou d'hygi~ne buccodentaire diff~rentes.

II taut souligner raspect variable de la flare du sulcus dentaire d'un sujet ~ rautre et chez un m~me sujet en function du t e m p s ; nos r~sultats sont sur ce point en accord avec d'autres ~tudes similaires (8, 9, 10). Les flares isol~es de nos patients sont cependant l~g~rement diff~rentes de celles observb.es par les auteurs anglo-saxons. II taut donc ajouter

Ceci r e n d p a r t i c u l i ~ r e m e n t dOicate la d 6 t e r m i n a t i o n p r e c i s e d e l'esp~ce bactb~rienne, s'il n ' y e n a q u ' u n e , o u des a s s o c i a t i o n s b a c t ~ r i e n n e s r e s p o n s a b l e s o u favorisant l'apparition d'une parodontopathie.

SUMMARY

:

Remerciements

:

Nous tenons 8 remercier Madame L. Laperche pour son excellente collaboration technique.

B A C T E R I A L E C O L O G Y O F S U L C U S IN P A T I E N T S W I T H PERIODONTITIS. IMPORTANCE OF THE ULTRASONIC T R E A T M E N T (CAVITATION).

In this study, we analysed sulcus flora modifications caused by ultrasonic treatment ("cavitation") of periodontitis in ten subjects. In the course of treatment, a marked decrease in the number of bacteria belonging to the genus F u s o b a c t e r i u m was displayed. Then, parodontal pockets were secondarly colonized by microorganisms o f the genus Veillonella. Few modifications were observed for the other bacterial genera isolated from t h e s e samples. Key-words

: Sulcus - Periodontitis - Bacterial ecology - F u s o b a c t e r i u m - VeilloneUa. BIBLIOGRAPHIE

1. 2. 3. 4.

5.

6.

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