Efficacité précoce de l’implant de dexaméthasone (OZURDEX®) évaluée en vraie vie dans le traitement de l’œdème maculaire diabétique

Efficacité précoce de l’implant de dexaméthasone (OZURDEX®) évaluée en vraie vie dans le traitement de l’œdème maculaire diabétique

Journal français d’ophtalmologie (2017) 40, 408—413 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com COMMUNICATION DE LA SFO Efficacité ...

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Journal français d’ophtalmologie (2017) 40, 408—413

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

COMMUNICATION DE LA SFO

Efficacité précoce de l’implant de ® dexaméthasone (OZURDEX ) évaluée en vraie vie dans le traitement de l’œdème maculaire diabétique夽 ® Early efficacy of dexamethasone implant (OZURDEX ) in diabetic macular edema: Real life study V. Sarda a, F. Fajnkuchen a,b, S. Nghiem-Buffet a,b, T. Grenet a,b, G. Chaine a, A. Giocanti-Auregan a,∗ a

Service d’ophtalmologie, hôpital Avicenne, DHU vision et handicaps, 125, rue de Stalingrad, 93000 Bobigny, France b Centre ophtalmologique d’imagerie et de laser, 75015 Paris, France evrier 2016 ; accepté le 14 octobre 2016 Rec ¸u le 28 f´ Disponible sur Internet le 21 mars 2017

MOTS CLÉS Œdème maculaire diabétique ; Implant de dexaméthasone ; Étude de vraie vie ; Injections intra-vitréennes

夽 ∗

Résumé But. — Évaluer l’efficacité précoce lors du pic d’efficacité 2 mois après injection d’un implant ® intra-vitréen de 0,7 mg de dexaméthasone (OZURDEX ) chez des patients présentant une baisse d’acuité visuelle secondaire à un œdème maculaire diabétique (OMD). Patients et méthodes. — Étude rétrospective et monocentrique. Les critères d’inclusion étaient une meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC) maximale ≤ 70 lettres ETDRS et une épaisseur rétinienne centrale (ERC) ≥ 300 ␮m (Cirrus 2, Carl Zeiss Meditec, Inc, Dublin) secondaire à un OMD. Les patients inclus pouvaient être naïfs de tout traitement ou non (après échec d’une photocoagulation au laser et/ou d’un traitement anti-VEGF). La durée du suivi était d’au moins 6 mois. Notre critère de jugement principal était le gain de MAVC à M2 après injection. Les critères secondaires étaient la meilleure acuité visuelle corrigée à 2 et 4 mois, l’épaisseur rétinienne centrale à 2 et 4 mois, l’intervalle moyen entre 2 injections, ainsi que les effets secondaires du traitement.

Communication orale présentée lors du 122e congrès de la Société franc ¸aise d’ophtalmologie en mai 2016. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Giocanti-Auregan).

http://dx.doi.org/10.1016/j.jfo.2016.10.017 0181-5512/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.

Efficacité précoce de l’implant de dexaméthasone

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Résultats. — Dix-neuf yeux de 19 patients ont été inclus dans cette étude. L’âge moyen était de 67,45 ans, le sex-ratio était de 2,17 hommes/1 femme et les patients étaient tous diabétiques de type 2. Trois patients sur 19 étaient naïfs d’injection intra-vitréenne d’anti-VEGF et 52,3 % étaient pseudophaques (10 patients sur 19). Le gain de MAVC à M2 était de +7,7 lettres. La MAVC moyenne était de 51,1 lettres ETDRS à l’inclusion et 58,8 lettres à 2 mois (M2). L’ERC moyenne était de 568,9 ␮m à l’inclusion et 291,2 ␮m à M2 (—277,7 ␮m). Une hypertonie ≥ 25 mmHg a été retrouvée chez deux patients, traités et contrôlés médicalement. Aucune chirurgie filtrante de glaucome n’a été réalisée. ® Conclusion. — L’implant intra-vitréen de dexaméthasone (OZURDEX ) permet une amélioration anatomique et fonctionnelle chez les patients souffrant de baisse de vision en rapport avec un OMD. Dans cette série, cet implant est bien toléré. © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.

KEYWORDS Diabetic macular edema; Dexamethasone implant; Real life; Intravitreal injection

Summary ® Purpose. — To assess early efficacy of dexamethasone intravitreal implant 0.7 mg (OZURDEX ) at the time of peak efficacy (2 months after injection) in patients with decreased visual acuity secondary to diabetic macular edema (DME). Materials and methods. — Retrospective monocentric study. Inclusion criteria were bestcorrected visual acuity (BCVA) ≤ 70 letters (20/40) due to DME and central retinal thickness (CRT) ≥ 300 microns (Cirrus 2, Carl Zeiss Meditec, Inc, Dublin). Enrolled patients could be treatment naive or not (after failure of laser photocoagulation and/or anti-VEGF therapy). Follow-up was at least 6 months. Our primary endpoint was BCVA gain at M2 after injection. Secondary endpoints were best-corrected visual acuity at 2 and 4 months, central retinal thickness at 2 and 4 months, mean interval between 2 injections, and adverse events. Result. — Nineteen eyes of 19 patients were included in this study. The mean age was 67.45 years, sex ratio was 2.17 men/women, and the patients were all type 2 diabetics. Three of 19 patients were treatment naive for anti-VEGF intravitreal injection, and 52.3% were pseudophakic (10/19 patients). The mean gain of BCVA at M2 was +7.7 letters. The mean BCVA was 51.1 ETDRS letters at baseline and 58.8 at M2. Mean CRT was 568.9 ␮m at baseline and 291.2 ␮m at M2. Treatment with dexamethasone implant was mainly a second-line treatment after failure of other treatments (macular laser photocoagulation and/or intravitreal injection of anti-VEGF). Three patients were naive of anti-VEGF treatment. Intraocular pressure ≥ 25 mmHg was found in 2 patients, and controlled medically. No glaucoma surgery was performed. ® Conclusion. — The dexamethasone implant (OZURDEX ) allows an anatomical and functional improvement in patients suffering from vision loss due to DME. In this series, the implant was well tolerated. © 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction L’œdème maculaire diabétique (OMD) constitue la principale cause de malvoyance chez les patients diabétiques [1]. Sa prévalence varie de 4 % à 14 % de la population diabétique en fonction de différents facteurs : la durée du diabète, la sévérité de la rétinopathie diabétique, l’équilibre du diabète et une hypertension artérielle associée [2—4]. Après 20 ans d’évolution du diabète, la prévalence de l’OMD atteint 28 % [5]. Le traitement de l’OMD, qui fait l’objet de recommandations en France [6], a pour base l’équilibre glycémique et tensionnel qui permet dans certains cas de faire régresser l’OMD. Dans les cas d’OMD focal extra-central, la photocoagulation focale au laser est une option thérapeutique. En cas

d’OMD central responsable d’une baisse d’acuité visuelle, le traitement passe par des injections intra-vitréennes (IVT) d’anti-VEGF ou de corticoïdes. Les IVT d’anti-VEGF ont prouvé leur efficacité dans le traitement de l’OMD, au cours des grandes études pivotales [7,8]. Cependant, certains patients peuvent présenter une résistance partielle ou totale aux anti-VEGF. L’implant de dexaméthasone ® (OZURDEX ; Allergan, Irvine, CA) qui a obtenu le remboursement en France dans cette indication en septembre 2015, par son action anti-inflammatoire, anti-VEGF modérée et de rétablissement des jonctions serrées endothéliales permet également une amélioration anatomique et fonctionnelle de l’OMD [9]. Les critères de retraitement concernant l’implant de dexaméthasone ne sont toutefois pas aussi clairement

410 définis que lors d’un traitement par anti-VEGF comme en témoignent les données de la littérature qui exposent selon les études des schémas de retraitement d’une grande variabilité [10—12]. Cette variabilité (retraitement après récidive fonctionnelle, anatomique, ou les 2, et intervalle minimum excluant toute réinjection) conduit à des résultats fonctionnels inconstants au cours des études allant de —0,3 lettre [11] de gain visuel à M12 à +7,6 lettres [12] à M6. C’est pourquoi dans cette étude nous avons souhaité nous abstraire de la variabilité inhérente aux schémas de traitement et déterminer l’efficacité précoce de l’implant de dexaméthasone en vraie vie lors de son pic d’efficacité [9], à 2 mois après injection (M2). Le but de notre étude était d’évaluer l’efficacité intrinsèque et la tolérance d’un implant intra-vitréen de 0,7 mg ® de dexaméthasone (OZURDEX ) chez 19 patients présentant une baisse d’acuité visuelle secondaire à un OMD.

Matériels et méthodes Notre avons conduit une étude rétrospective, monocentrique au sein d’un département franc ¸ais à prévalence élevée de diabète [13]. Tous les patients consécutivement ® traités par IVT d’implant de dexaméthasone (OZURDEX ) dans notre département durant une période de 6 mois ont été rétrospectivement inclus. Les critères d’inclusion étaient : l’âge > 18 ans, un diabète de type 1 ou 2 avec HbA1C < 12 %, une épaisseur rétinienne centrale initiale (ERC) ≥ 300 ␮m sur les coupes SD-OCT (Cirrus 2, Carl Zeiss Meditec, Inc, Dublin), meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC) score ≤ 70 lettres sur l’échelle de l’Early Treatment DiabeticRetinopathy Study (ETDRS). Les patients inclus pouvaient être naïfs ou non de tout traitement préalable de l’OMD. Les critères d’exclusion étaient : une rétinopathie diabétique proliférante sans panphotocoagulation efficace ou compliquée d’hémorragie intra-vitréenne ou de décollement de rétine tractionnel, l’existence d’une maculopathie ischémique, un glaucome non contrôlé ou nécessitant plus de 2 traitements hypotonisants ou tout autre pathologie oculaire contribuant à la baisse d’acuité visuelle. Tous les patients ont bénéficié d’un examen ophtalmologique complet incluant une mesure de la MAVC sur l’échelle ETDRS, un examen à la lampe à fente, un examen du fond d’œil non contacté (Superfield Volk) ainsi qu’une mesure de la pression intraoculaire. Une angiographie à la fluorescéine (Topcon TRC-50DX Retinal Camera, Topcon Medical Systems, Inc, Japan) et un OCT étaient réalisés lors de la consultation initiale. L’OMD était défini par une ERC ≥ 300 ␮m en SD-OCT. L’angiographie à la fluorescéine était réalisée lors de l’examen initial dans le but d’exclure une maculopathie ischémique. Les patients ont tous rec ¸u une IVT de dexaméthasone puis ont été examinés toutes les 4 à 6 semaines. Lors de chaque visite, la MAVC et la pression intraoculaire étaient mesurées, une photographie du fond d’œil et un OCT avec détermination de l’ERC étaient réalisés. Nos critères de retraitement étaient basés sur l’acuité visuelle (perte supérieure ou égale à 5 lettres ETDRS) ou sur toute augmentation de l’ERC cliniquement significative

V. Sarda et al.

Figure 1. Variation moyenne de la meilleure acuité visuelle corrigée exprimée en lettres ETDRS au cours du temps. AV0 : correspond à l’acuité visuelle moyenne initiale (avant traitement) puis à 1, 2, 3 et 4 mois après traitement.

selon le jugement de l’investigateur (épaississement supérieure ou égal à 50 ␮m). L’objectif principal était d’évaluer l’efficacité fonctionnelle (gain d’acuité visuelle) et anatomique (diminution de l’épaisseur rétinienne centrale) sous traitement par implant ® de dexaméthasone (OZURDEX ) entre la consultation initiale et la consultation à M2 (2 mois après IVT). Notre critère de jugement principal était le gain de MAVC à M2. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer la MAVC moyenne à M2 et M4, l’ERC moyenne à M2, et M4, l’intervalle de retraitement, et la tolérance (taux de chirurgie de cataracte et d’hypertonie oculaire). Une analyse statistique utilisant un test de Chi2 a été réalisée pour l’analyse des pourcentages. Un p < 0,05 a été considéré comme statistiquement significatif.

Résultats Dix-neuf yeux de 19 patients présentant une baisse d’acuité visuelle (AV) secondaire à un OMD ont été inclus. Les caractéristiques démographiques des patients inclus sont présentées dans le Tableau 1. Parmi les 19 patients inclus, 16 avaient étaient préalablement traités par IVT d’anti® VEGF de ranibizumab (Lucentis ), 1 patient préalablement traité par photocoagulation focale sans IVT d’anti-VEGF et 2 patients étaient naïfs de tout traitement. À l’inclusion, les patients avaient une MAVC de 51,1 lettres ETDRS, une ERC moyenne de 568,9 ␮m et une pression intraoculaire de 14,4 mmHg sans traitement (Tableau 1). La MAVC moyenne (Fig. 1) passait à 58,8 lettres à 2 mois (M2) (p = 0,02) et 52,3 lettres à M4 (p = 0,085) (Fig. 1), le gain moyen de MAVC sous traitement était de +7,7 lettres ETDRS à M2. Un gain de MAVC ≥ 15 lettres ETDRS était noté chez 26,31 % des patients et un gain de MAVC ≥ 10 lettres ETDRS chez 36,84 % des patients. Le gain de MAVC était ≥ 15 lettres ETDRS chez les 3 patients naïfs d’IVT d’anti-VEGF avec un gain moyen de +19,7 lettres. Les 16 patients préalablement traités par anti-VEGF ont eu en moyenne 9,06 IVT avant le changement de traitement. Sept patients ont bénéficié d’un changement de traitement

Efficacité précoce de l’implant de dexaméthasone Tableau 1

Caractéristiques démographiques des patients inclus dans l’étude.

Âge (années) Sexe féminina Type diabètea Insulinea Durée diabète (années) HbA1Ca Pseudophaquesa PPR complètea Antécédent de laser focala AV initiale (lettres ETDRS) ERC initiale (␮m) TO initiale (mmHg) a

411

Non naïfs + naïfs n = 19

Non naïfs n = 16

67,5 31,6 100 57,9 13,9 7,3 52,6 57,9 47,4 51,2 568,9 14,4

66,7 31,3 100 68,7 14,2 7,3 56,3 56,3 50 50,5 589,9 14

Naïfs n=3 71,6 33,3 100 0 13,8 7,7 33,3 66,7 33,3 55 449,7 17

Pourcentage.

Figure 2. Variation moyenne de l’épaisseur rétinienne centrale exprimée en micromètres (␮m) au cours du temps. ERC0 : correspond à l’épaisseur rétinienne centrale initiale (avant traitement) puis à 1, 2, 3 et 4 mois après traitement.

après 3 IVT d’anti-VEGF face à une absence d’amélioration significative fonctionnelle et anatomique, 1 patient a bénéficié d’un changement thérapeutique après 6 IVT d’anti-VEGF face à une absence d’amélioration significative fonctionnelle et anatomique, et 8 patients ont bénéficié d’un changement thérapeutique face à des récidives jugées trop fréquentes, au seul arbitrage du médecin. Parmi les 16 patients précédemment traités par antiVEGF, le gain moyen de MAVC était de +6,5 lettres à M2, leur ERC moyenne à M2 était réduite de 232,8 ␮m et seuls 2 patients ont réduit leur ERC de moins de 10 % suite à l’injection de dexaméthasone (ces 2 patients étaient insuffisamment répondeurs au ranibizumab également avant inclusion). Il n’existait pas de différence significative en termes de MAVC entre les patients phaques (59,3 lettres à M2) et pseudophaques (55 lettres à M2) (p > 0,05). Un total de 31,58 % des patients avaient une MAVC ≥ 70 lettres ETDRS à M2 après IVT de dexaméthasone. En termes de résultats anatomiques (Fig. 2), la diminution de l’ERC moyenne était de —277,7 ␮m à M2. L’ERC

moyenne était de 568,85 ␮m à l’inclusion et 291,15 ␮m à M2 (p = 0,0001) et 466,8 ␮m à M4 (p = 0,048). Un total de 57,89 % des patients ont une ERC ≤ 300 ␮m à M2. Vingt et un pour cent des patients ont une rétine asséchée sans amélioration de leur MAVC. En termes de récidive de l’OMD après la première IVT ® de l’implant de dexaméthasone (OZURDEX ), l’intervalle moyen de retraitement parmi les sujets traités 2 fois était de 4,1 mois. Le taux de retraitement par implant de dexaméthasone de notre étude était de 42,10 % (8 patients sur 19). Les patients ont été retraités sur les critères suivants : augmentation de l’ERC sans baisse d’acuité visuelle significative dans 45,5 % des cas (selon les critères définis dans le paragraphe Méthodes) et 54,5 % des patients ont été retraités sur une augmentation de l’ERC combinée à une baisse de la MAVC ≥ 5 lettres, en cas d’efficacité de la première injection. Au moment du retraitement (8 patients), la perte moyenne d’acuité visuelle des patients réinjectés était de —8,0 lettres par rapport à l’acuité visuelle à M2, l’acuité visuelle initiale était chez ces patients de 50,5 lettres ETDRS, 62,7 lettres à M2 et 54,8 avant retraitement. L’ERC moyenne initiale était de 587,4 ␮m chez ces patients, 285,6 ␮m à M2 et 469,3 ␮m avant retraitement. Ces patients présentaient une augmentation d’ERC moyenne de 183,7 ␮m depuis M2, avant le retraitement. Le devenir des patients non réinjectés au cours des 6 mois de suivi est le suivant : 5 patients ont été asséchés sans gain fonctionnel, 1 patient a été traité par vitrectomie, 2 patients ont été switché vers de l’aflibercept suite à une absence d’efficacité du traitement par dexaméthasone, 1 patient n’a pas récidivé au cours des 6 mois et 2 patients ont développé une hypertonie oculaire et n’ont pas été réinjectés pour cette raison durant les 6 mois de suivi. Les évènements indésirables notés durant l’étude sont : 1 chirurgie de la cataracte et deux hypertonies intraoculaires ≥ 25 mmHg (10,5 %) 1 mois après l’injection, maîtrisées par un traitement local, sans chirurgie filtrante nécessaire. Aucune endophtalmie n’a été enregistrée.

412

Discussion Dans notre série de 19 yeux atteints d’OMD et traités par implant de dexaméthasone, composée majoritairement de patients précédemment traités par IVT de ranibizumab, nous observons une bonne réponse anatomique et fonctionnelle sous traitement. En effet, un gain de +7,7 lettres et une amélioration anatomique de l’ERC de —277,7 ␮m sont observés 2 mois après injection. Les caractéristiques des patients de l’étude sont proches des caractéristiques des patients d’autres études sur le même sujet. Dans l’étude pivotale MEAD [9], les auteurs retrouvent un âge moyen de 62,3 ans versus 67,45 dans notre étude, une durée moyenne du diabète de 15,8 ans versus 13,9 ans, une hémoglobine glyquée moyenne majoritairement inférieure à 8 % dans les 2 études. Notre critère de jugement principal concernant le gain de MAVC a été délibérément placé a M2, pic d’efficacité du traitement [9], afin de déterminer l’efficacité intrinsèque de ce traitement par IVT de dexaméthasone et de s’abstraire de l’influence des différents régimes de traitement employés (pro-re-nata [PRN], régime fixe à intervalle variable) et de l’effet cataractogène qui apparaît en général après 2 à 3 injections [9]. En effet, les variations des résultats fonctionnels des différentes études cliniques portant sur l’utilisation de l’implant de dexaméthasone dans l’OMD témoignent de l’existence de nombreux facteurs intervenant dans le schéma de retraitement après la période du premier pic d’efficacité post-injection ou d’un délai variable avant traitement intra-vitréen (notamment en cas de traitement laser préalable). L’étude OZDRY [10], comparant prospectivement à 1 an un régime fixe d’IVT de dexaméthasone avec réinjections tous les 5 mois versus un régime PRN chez des patients atteints d’OMD réfractaires retrouve un gain d’acuité visuelle de +1,48 lettre dans le groupe régime fixe versus —0,17 dans le groupe PRN. L’étude OZLASE [11] compare de fac ¸on également prospective l’efficacité à 1 an de la combinaison d’un traitement par laser focal associé à des injections d’implant de dexaméthasone (injection à l’inclusion, puis à 16 semaines puis retraitement selon un régime PRN) et retrouve un gain de —0,3 lettres dans le groupe traitement combiné versus +0,4 lettres dans le groupe Laser seul. En effet, concernant l’implant de dexaméthasone il n’existe pas de critères de retraitement robustes et consensuels comme au cours d’un traitement par anti-VEGF. Ceci est probablement lié à la crainte des effets secondaires du traitement en cas de retraitement trop rapproché. L’intervalle de retraitement est d’ailleurs un critère hautement variable d’une étude à l’autre notamment dans les études de vraie vie. Le gain moyen d’acuité visuelle des patients de notre étude est de +7,7 lettres ETDRS à M2. Dans l’étude MEAD [9], le gain de MAVC à M2 après la première IVT de dexaméthasone était proche de +7 lettres ETDRS. Les gains de MAVC se dégradent ensuite dans l’étude du fait d’injections espacées et réalisées uniquement tous les 6 mois comme défini dans le protocole initial de l’étude et du développement d’une cataracte dans le groupe des patients phaques. Le gain moyen d’acuité visuelle de nos 3 patients naïfs de traitement par anti-VEGF est ≥ 15 lettres ETDRS mais l’échantillon est trop faible pour en tirer des conclusions. Cependant, dans une étude séparant les patients naïfs

V. Sarda et al. des patients réfractaires aux anti-VEGF [14], les auteurs montrent un gain d’acuité visuelle supérieur dans le groupe naïf (+14 lettres ETDRS) que le groupe non naïf (+8 lettres ETDRS). La récupération fonctionnelle dépend probablement des lésions de la rétine interne et/ou externe associées et secondaires à l’OMD, probablement en rapport avec la chronicité de l’œdème. L’intervalle de retraitement dans notre étude est de 4,1 mois. Panozzo et al. [15] retrouvaient un intervalle de réinjection de l’implant de dexaméthasone en régime PRN de 5,3 mois. Leurs critères de retraitement étaient à la fois fonctionnels (perte d’acuité visuelle supérieure ou égale à 5 lettres ETDRS) et anatomiques (augmentation de l’épaisseur rétinienne centrale supérieure ou égale à 50 ␮m) alors que nous avions choisi de retraiter en cas de récidive de l’un ou l’autre de ces paramètres (anatomique ou fonctionnel) ce qui peut expliquer l’intervalle de retraitement plus précoce. Dans l’étude Bevordex [16], 2,7 IVT de dexaméthasone ont été réalisées en moyenne sur une période de 12 mois, soit tous les 4,4 mois. Zhioua et al. [17], dans une étude portant sur 13 yeux de 12 patients résistants à un traitement par ranibizumab comportant au moins 6 injections de ranibizumab, retrouvaient un gain de MAVC de +5,6 lettres à M1, +4,6 à M3. L’ERC passaient de 594 ␮m initialement à 402 ␮m à M1, 428 ␮m à M3. Malgré un gain fonctionnel proche de notre étude, il semble que l’efficacité anatomique soit dans cette étude un peu inférieure, ceci pourrait être dû aux petits échantillons de patients inclus dans ces 2 études, ou aux bons résultats de nos 3 patients naïfs d’IVT de ranibizumab qui peuvent participer à améliorer le résultat anatomique global à M2. Guigou et al. [12], dans une étude multicentrique de vraie vie, incluant patients naïfs et non naïfs, rapportent également des résultats visuels et anatomiques comparables aux nôtres qui semblent toutefois un peu plus prolongés dans le temps puisqu’ils retrouvent un plateau de MAVC stable entre 2 et 4 mois et un intervalle de réinjection moyen plus long de 5,4 mois. De même que dans notre étude, les résultats visuels de leurs 14 patients naïfs sont statistiquement meilleurs, avec une MAVC moyenne à M4 de 71,2 lettres versus 60,3 lettres chez les sujets non naïfs. Il est intéressant également de considérer, dans notre étude, le pourcentage de patients asséchés par l’implant de dexaméthasone après changement de traitement (pour insuffisance d’efficacité ou retraitement trop fréquent par IVT d’anti-VEGF). Dans notre étude, 57,89 % des patients traités par implant de dexaméthasone pour un OMD réfractaire aux anti-VEGF étaient secs à M2, malgré une ERC initiale avant IVT de dexaméthasone importante de 532,5 ␮m. Cette donnée est importante car la finalité des changements de traitement dans l’OMD reste l’assèchement, qui permet de déterminer les capacités fonctionnelles de récupération de la rétine. Enfin, la tolérance de l’implant dans notre étude, en vie réelle, est bonne en termes de tension oculaire avec 2 hypertonies oculaires (10,53 %) contrôlées médicalement sans recours à une chirurgie. Par ailleurs, le taux de cataracte n’est pas représentatif car le suivi est court. Notre étude présente toutefois de nombreuses faiblesses qu’il faut souligner tout d’abord son caractère rétrospectif, l’hétérogénéité des patients inclus puisqu’il s’agit d’une

Efficacité précoce de l’implant de dexaméthasone étude de « vraie vie », l’effectif faible, le fort taux de patients déjà traités et enfin le suivi court.

Conclusion L’implant intra-vitréen de 0,7 mg de dexaméthasone ® (OZURDEX ) permet chez des patients atteints de baisse d’acuité visuelle au cours d’un OMD d’améliorer à court terme la vision et de réduire l’épaisseur centrale rétinienne au cours de son utilisation en vie réelle. Ces données confirment les résultats à court terme des études pivotales. Dans notre étude, l’implant de dexaméthasone est bien toléré, la récidive survient essentiellement à 4 mois et nécessite donc tout de même un suivi rapproché et suggère des intervalles de retraitement courts pour maintenir les résultats fonctionnels.

Déclaration de liens d’intérêts F. Fajnkuchen et A. Giocanti-Auregan sont consultants pour Novartis, Bayer, Allergan, Alimera. T. Grenet et S. NghiemBuffet sont consultantes pour Novartis et Bayer. V. Sarda et G. Chaine déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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