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Communications orales / Néphrologie & Thérapeutique 8 (2012) 259–277
Introduction.– La présence d’une insuffisance rénale chronique (IRC) chez les malades hospitalisés est connue pour être un facteur de mauvais pronostic. Nous avons initié un essai prospectif randomisé chez des patients hospitalisés avec IRC stade IIIb-V afin de déterminer l’impact après leur sortie de l’hôpital d’un suivi régulier par des néphrologues comparé à un suivi par des médecins de premier recours assistés par des directives de bonne pratique clinique et des consultations de néphrologie à leur demande sur : – le pronostic des patients ; – l’initiation d’une suppléance extra-rénale (en urgence versus planifiée) ; – la satisfaction des patients. Patients et méthodes.– Critères d’inclusion : patients hospitalisés avec IRC stade IIIb-IV (TFG estimé < 45 mL/min et > 15 ml/min selon la formule MDRD) et âgés de 18–80 ans ; critères d’exclusion : patients déjà suivis par un néphrologue, transplantés, incapables de discernement, ayant une espérance de vie estimée à moins de deux ans ou refus du consentement éclairé. (Les patients refusant de participer peuvent cependant signer un consentement nous permettant d’obtenir des renseignements annuels auprès de leur médecin traitant sur l’évolution de leur état de santé). Critères de jugement clinique : principal (composite) : décès et hospitalisation durant les 24 mois suivant l’inclusion ; secondaires : mise en dialyse en urgence, diminutions de la fonction rénale à deux ans et de la qualité de vie. Dessein de l’étude : Identification des patients avec IRC stage IIIb - IV durant l’hospitalisation dans les services de médecine et de chirurgie des Hôpitaux Universitaires de Genève. Randomisation après obtention du consentement éclairé à un suivi dans le service de Néphrologie des HUG (3-4 visites/an) versus suivi habituel (médecins traitants préalablement informés des bonnes pratiques cliniques et pouvant obtenir des consultations néphrologiques sur demande) La qualité de vie des patients est estimée annuellement avec l’aide du questionnaire Kidney Disease Quality of Life (version franc¸aise). Résultats.– L’étude a débuté en novembre 2009. À fin avril 2012, 194 patients avaient été randomisés La moyenne d’âge était de 69 ± 9 ans, 68 % était de sexe masculin, 40 % des patients étaient diabétiques, les TFG et la protéinurie à l’inclusion étaient respectivement de 33 ± 9 mL/mn et de 1,24 ± 1,9 g/24 h. À fin avril 2012, 60 % des patients dans le groupe suivi spécialisé avaient atteint le critère de jugement clinique principal versus 55 % dans le groupe médecins de premier recours. La mortalité s’élève à 11 % dans le groupe suivi spécialisé contre 15 % dans le groupe médecins de premier recours. L’intervalle de temps libre jusqu’à la prochaine hospitalisation était de 313 (280) jours dans le groupe suivi spécialisé versus 304 (256) jours dans le groupe médecins de premier recours. Discussion et conclusion.– Ces résultats préliminaires ne montrent pas d’avantage d’un suivi spécialisé de routine par un néphrologue en termes d’espérance de vie ou de réhospitalisation chez des malades en IRC stade IIIb-IV détectés lors d’une hospitalisation. http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2012.07.313 CE 07
Épidémiologie de la polykystose rénale autosomique dominante en Bretagne : résultats du registre Genkyst E. Cornec le Gall a , C. Vigneau b , M.-P. Guillodo c , E. Michez d , C. Chamontin e , P. Siohan f , P.-Y. Durand g , D. Le Grand h , K. Goulesque i , T. Sawadogo e , S. Gie j , Y. Le Meur a , Genkyst a Néphrologie, dialyse et transplantation rénale, CHRU de Brest, Brest, France b Néphrologie dialyse et transplantation rénale, CHU de Rennes, Rennes, France c Néphrologie et hémodialyse, association des urémiques de Bretagne, Brest, France
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Néphrologie et hémodialyse, centre hospitalier de Bretagne Atlantique, Vannes, France e Néphrologie et hémodialyse, centre hospitalier de Lorient, Lorient, France f Néphrologie et hémodialyse, centre hospitalier de Cornouaille, Quimper, France g Néphrologie et hémodialyse, association des urémiques de Bretagne, Quimper, France h Néphrologie et hémodialyse, association des urémiques de Bretagne, Lorient, France i Hémodialyse, centre de dialyse d’Armorique, Brest, France j Néphrologie et hémodialyse, association des urémiques de Bretagne, Rennes, France Introduction.– L’objectif du registre Genkyst est de décrire les caractéristiques cliniques et de génétique moléculaire d’une population de patients atteints de polykystose rénale autosomique dominante (PKAD) et vivant en Bretagne. Patients et méthodes.– Nous avons colligé les données cliniques et de génétique moléculaire d’une population de 819 patients issus de 579 familles, après information et recueil de consentement. La survie rénale de la population a été étudiée grâce au modèle de Kaplan Meier, et les différentes survies comparées à l’aide d’un test de Log-Rank. L’âge de l’IRT est défini par l’âge à la mise en dialyse ou à la réalisation d’une transplantation rénale préemptive. Résultats.– Les 819 patients (360 hommes et 459 femmes), avaient un âge moyen de 54,2 ans [5,5-89,5 ans]. Le délai moyen entre le diagnostic et l’inclusion était de 17,8 ans [0–47 ans]. L’âge moyen au diagnostic était de 36,9 ans [1–85 ans], sans différence statistiquement significative entre les deux sexes. Parmi les principaux modes de diagnostic, seuls 28,6 % des patients avaient un diagnostic porté à l’occasion d’une enquête familiale, 24,7 % des PKAD avaient été diagnostiquées de fac¸on fortuite sur l’imagerie, 12,5 % à l’occasion d’un bilan d’HTA, et pour 20,3 % d’entre eux, le diagnostic avait été posé à l’occasion d’une complication urologique de la maladie (hématurie, infection ou lithiase). Un ou des épisodes d’hématurie macroscopique étaient rapportés par 30 % des patients, 16,5 % des patients avaient souffert d’infection de kyste et 18,4 % rapportaient un ou des épisodes de lithiase rénale, avec ou sans complication. Les douleurs lombaires avaient concerné 38,3 % des patients. La notion de diverticulose colique était connue chez 9,4 % des patients. Parmi les 528 patients n’ayant pas atteint le stade d’IRT, 78,6 % présentaient une HTA. L’âge moyen de prise en charge de l’HTA était de 41,1 ans, et 63,8 % des patients hypertendus recevaient un antagoniste du système rénine angiotensine. Parmi les patients non dialysés ou transplantés à l’inclusion, 17,4 % étaient au stade 1 de l’IRC, 32,3 % au stade 2, 28 % au stade 3, 17,9 % au stade 4 et 4,3 % au stade 5. Les patients au stade 1 de l’IRC étaient souvent symptomatiques : 46,4 % étaient hypertendus, 50 % avaient présenté des douleurs en rapport avec les kystes et 12,7 % au moins un épisode d’hématurie macroscopique. Deux cent quatre-vingt onze des 808 patients avaient atteint le stade d’IRT à l’âge médian de 66,5 ans [IC 0,95 : 61,8–68,1]. Parmi eux, 74 % ont bénéficié d’une transplantation rénale, dont 49,5 % après néphrectomie. Nous n’avons pas mis en évidence d’influence du sexe sur la survie rénale (p = 0,55). L’analyse moléculaire, chez les 609 patients pour lesquels elle est terminée, a mis en évidence une mutation dans 90,4 % des cas, avec une mutation du gène PKD1 dans 74,9 % des familles associée à un âge médian d’IRT de 57,5 ans et une mutation du gène PKD2 pour 16,5 % des patients associés à un âge médian d’IRT de 78 ans. Discussion et conclusion.– Il s’agit de la plus grande série de patients atteints de PKAD rapportée en France. Une meilleure connaissance de la maladie, notamment à son stade précoce, est importante tant pour la mise en place de mesures néphro-protectrices que dans la perspective de l’accès prochain à des thérapies ciblées efficaces. http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2012.07.314