S422 Introduction Dans la pemphigoïde bulleuse (PB), le décollement dermo-épidermique se développe de fac ¸on prépondérante sur des lésions érythémateuses et/ou urticariennes. Les éosinophiles sont majoritairement présents au niveau des lésions et l’éosinophilie a été corrélée à l’activité et à l’étendue de la maladie, mais sans signification pronostique reconnue à ce jour. Après activation, les éosinophiles relarguent des granules secondaires contenant des protéines cationiques comme la major basic protein (MBP), l’eosinophil derived neurotoxin (EDN) et l’eosinophil cationic protein (ECP). Des travaux précédents ont montré la présence de ces protéines inflammatoires dans le sérum des malades atteints de PB sans définir leur relation avec la maladie. Matériel et méthodes Soixante et un malades avec PB étaient inclus dans une étude prospective, observationnelle, multicentrique avec une étude ancillaire des variations des protéines MBP, EDN et ECP entre le diagnostic et après 2 mois de traitement. L’analyse était réalisée en fonction de la survenue de récidives durant la 1re année de suivi. Au moment du diagnostic, des corrélations étaient aussi recherchées entre les concentrations sériques et des liquides de bulles. Résultats Les concentrations sériques de MBP, EDN et ECP étaient significativement élevées au diagnostic chez les malades PB versus des témoins sains (n = 20) appariés en sexe et en âge. Les concentrations d’EDN et d’ECP étaient encore plus élevées dans le liquide de bulle (respectivement p < 0,01 ; p < 0,05), avec une corrélation entre les concentrations d’EDN sériques et tissulaires (R = 0,46 ; p < 0,05). Inversement, une forte diminution de la concentration en MBP était observée dans le liquide de bulle (p < 0,001). Au diagnostic, aucune différence significative n’était observée entre les concentrations sériques de ces protéines en fonction de la sévérité ou de l’évolution de la maladie. En revanche, après 2 mois de traitement une diminution (p < 0,05) de la concentration sérique de l’ECP était observée chez les malades présentant une atteinte modérée et chez les malades sensibles au traitement avec une valeur prédictive positive de 81,1 % pour une réduction de 12,8 ng/mL de la concentration de l’ECP chez les patients PB en rémission définie par courbe ROC. Conclusion Notre étude confirme le rôle important des éosinophiles dans le processus inflammatoire lié à la PB et met en évidence des profils de concentrations sériques et tissulaires spécifiques pour chacune de ces trois protéines cationiques. Ces profils suggèrent que ces protéines pourraient être sécrétées à des phases distinctes de la maladie ou impliquées dans différents processus pathophysiologiques associés à la PB. De plus, l’étude des variations des concentrations sériques de l’ECP présente un intérêt clinique majeur puisque qu’elle permet d’identifier les malades à risque de rechute dans la 1re année de traitement. Mots clés Éosinophiles ; Inflammation ; Pemphigoïde bulleuse Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2016.09.056 CO05
Éude de la réponse clinique et de l’impact sur les lymphocytes B auto-réactifs du rituximab comme traitement de la pemphigoïde bulleuse Nicolas Berkani 1 , Sebastien Calbo 1 , Frederique Caillot 1 , Annick Lim 2 , Gaetan Riou 1 , Pascal Joly 1 , Philippe Musette ∗,1 1 Inserm U905, université de Rouen, CHU de Rouen, Rouen, France 2 Biotherapy and vaccin unit, Institut Pasteur, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Introduction La pemphigoïde bulleuse (PB) est une maladie autoimmune caractérisée par la production d’auto-anticorps ciblant des protéines de l’épiderme (BP180 et BP230). La fixation de ces auto-anticorps induit le décollement du derme et de l’épiderme
CARD 2016 formant des bulles. Le rituximab provoque une déplétion des lymphocytes B et a montré son efficacité dans d’autres pathologies lympho-proliferatives ou auto-immunes. L’efficacité du rituximab a été testée sur des patients atteints de PB récalcitrante pour mettre en évidence des différences biologiques phénotypiques ou moléculaires entre les patients répondeurs et non répondeurs pour expliquer les phénomènes de rechute. Matériel et méthodes Dix-septs atteints de PB ont été traités par rituximab et suivis durant 2 ans. Les taux d’auto-anticorps antiBP180 et anti-BP230 ont été mesurés par Elisa. Les sous-populations de lymphocytes B ont été suivis par cytométrie. L’utilisation d’un peptide recombinant de la BP180 nous a permis de trier les lymphocytes B spécifiques de la pathologie individuellement, de séquencer leur CDR3 de leur BCR. De plus, leur profil d’expression de 25 gènes de cytokine a été effectué pour déterminer la fonctionnalité de ces cellules. Résultats Sur 17 patients, 5 sont décédés, 3 sont sortis d’études et 9 terminent l’essai clinique en rémission complète dont 7 qui ont subi au moins une rechute et sont encore sous traitement. Le suivi clinique montre la disparition des bulles chez tous les patients après traitement par rituximab parallèlement à une diminution des taux d’auto-anticorps. Le suivi biologique des populations de lymphocytes B confirme la déplétion durant 9 mois. Le retour des lymphocytes B est caractérisé par un fort taux de B naïfs. Nous avons montré que le taux de lymphocytes B spécifiques de la pathologie diminue mais ces cellules restent présentes même chez les patients en rémission complète. Le séquenc ¸age de leur BCR nous indique un changement dans les profils d’utilisation de gènes VH après rituximab ainsi que la présence d’un motif de sélection sur le CDR3 (glycine en 114) des lymphocytes auto-immuns. L’analyse de leur profil d’expression des gènes de cytokines montre une diminution d’un contingent exprimant de l’IL-15, de l’IL-1 et de l’IL-6 au profit d’une population exprimant l’IL-10 et l’IL-1RA retrouvée chez les patients en rémission complète. Discussion Cette étude montre que le rituximab est un traitement efficace même si les rechutes persistent. Les lymphocytes B auto-réactifs ont un profil pro-inflammatoire avant traitement qui diminue chez les patients en rémission complète au profit d’une population régulatrice anti-inflammatoire. Conclusion Ces éléments permettent de mieux comprendre la physiopathologie de la PB mais aussi d’émettre des hypothèses sur les mécanismes de rechute et enfin d’identifier des nouvelles voies de contrôle de l’auto-immunité après traitement par rituximab. Mots clés Lymphocyte B ; Pemphigoïde bulleuse ; Rituximab Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2016.09.057 CO06
Expansion massive de lymphocytes T CD8+ clonotypiques et polycytotoxiques au cours de la nécrolyse épidermique toxique Axel P. Villani 1,∗ , Aurore Rozières 1 , Benoît Bensaid 1 , Floriane Albert 1 , Virigine MuteZ 1 , Marc Pallardy 2 , Janet Maryanski 3 , Jean-Franc ¸ois Nicolas 1 , Osami Kanagawa 1 , 1 Marc Vocanson 1 Inserm U1111, Ciri, Lyon, France 2 Inserm UMR 996, Paris, France 3 Université Sophia-Antipolis, Nice, France ∗ Auteur correspondant. Introduction La nécrolyse épidermique toxique (NET) est une réaction cutanée médicamenteuse avec un taux de mortalité élevé (10—30 %) et caractérisée par un décollement bulleux du fait d’une nécrose épidermique massive. Plusieurs études ont montré la présence d’un infiltrat cutané riche en lymphocytes cytotoxiques
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(T, NK) et en monocytes inflammatoires à la phase aiguë de la NET. Matériel et méthodes Dans cette étude, nous avons cherché à mieux caractériser le phénotype des lymphocytes infiltrant la peau, à la phase aiguë de 14 patients NET. À ce titre, nous avons analysé les cellules présentes dans les bulles par cytométrie en flux ou de masse et par séquenc ¸age nouvelle génération des récepteurs T (TCR). Résultats Nos résultats confirment que les lymphocytes T CD8+ conventionnels (CD45 + TCR␣+CD8+) et, à un moindre degré, les lymphocytes T CD4+ sont les principales sous-populations trouvées dans le liquide de bulle des patients NET. Nous avons observé une inversion du ratio TCD8/TCD4 dans les bulles (moyenne : 1,4) en comparaison à la peau de donneur sain (moyenne : 0,3). En outre, nous n’avons pas retrouvé d’infiltration majeure de cellules NK (CD45 + TCR␣+NKP46 + ) ou cellules NKT (CD45 + TCR␣+TCRV␣24 + ). L’analyse du répertoire des récepteurs T présents dans l’infiltrat cutané de 6 patients NET a mis en évidence un usage préférentiel de certaines chaînes V sur les lymphocytes T CD8+, corrélé avec une expansion massive de rares clones (après analyse des boucles CDR3 caractérisées par séquenc ¸age). L’analyse par cytométrie de masse des cellules T CD8+ surexprimant certaines chaînes V dans le liquide de bulle a montré que ces cellules présentent essentiellement un phénotype effecteur mémoire CD45RA-CD27+ et polycytotoxique avec co-expression de nombreux marqueurs de cytotoxicité : granulysine, granzyme B, granzyme A, perforine et TWEAK. De fac ¸on intéressante, nous n’avons pas détecté de biais préférentiel dans le répertoire TCR des lymphocytes T infiltrant la peau de patients atteints de toxidermies moins sévères (exanthème maculo-papuleux ou Dress), ni de phénotype polycytotoxique exprimé par ces cellules. Conclusion Nos résultats mettent en évidence une expansion massive de lymphocytes T CD8+ clonotypiques et polycytotoxiques dans les cellules de bulles à la phase aiguë de la NET. L’importance de cette expansion pourrait expliquer la sévérité de cette réaction mortelle. Mots clés Nécrolyse épidermique toxique ; Polycytotoxique ; Répertoire T Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
de l’absence d’une analyse approfondie sur les modèles humains et animaux reproduisant clairement la complexité de la maladie. Ainsi, l’objectif de notre travail est d’étudier le rôle des lymphocytes T effecteurs mémoires (LTEM ) dans la dépigmentation au cours du vitiligo. Matériel et méthodes L’analyse multiparamétrique du profil phénotypique et fonctionnel des populations lymphocytaires TEM CD4+ et CD8+ circulantes et cutanées de patients atteints de vitiligo et de sujets sains a été réalisée par cytométrie en flux. Les effets des cytokines produites par ces populations lymphocytaires ont ensuite été évalués in vitro sur des cultures primaires de mélanocytes et des épidermes reconstruits pigmentés par PCR quantitative et par Elisa. Résultats Nos résultats montrent une diminution de la fréquence des LTEM circulants CD4+ et CD8+ exprimant le CXCR3 chez les patients atteints du vitiligo par rapport aux sujets sains, suggérant un recrutement de ces populations du compartiment sanguin vers la peau, ce que nous avons confirmé au niveau cutané. Par ailleurs, un pourcentage important de ces lymphocytes TEM présente un phénotype résident mémoire, exprimant les marqueurs CD103 et CD69. Au niveau cutané, ces LTEM produisent des niveaux élevés d’interféron (IFN)-g et de « tumor necrosis factor » (TNF)-a, deux cytokines inflammatoires connues pour leur implication dans plusieurs pathologies auto-immunes. L’étude des effets de ces deux cytokines in vitro a révélé un effet synergique dans l’inhibition de la fonction et l’adhésion du mélanocyte, reproduisant les observations réalisées chez les patients. Par ailleurs, l’IFNg et le TNFa induisent la production de chimiokines et cytokines pro-inflammatoires à la fois par les kératinocytes et les mélanocytes, permettant ainsi le maintien de la réponse inflammatoire à l’origine de la dépigmentation. Conclusion Nos résultats apportent une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques impliqués dans la pathogénie du vitiligo et permettent ainsi d’établir un lien direct entre immunité, facteurs solubles inflammatoires et perte des mélanocytes afin de définir de nouvelles cibles thérapeutiques prometteuses. Mots clés Cytokines ; Lymphocytes T effecteurs mémoires ; Vitiligo Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2016.09.058
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Rôle des lymphocytes T effecteurs mémoires CD4+ et CD8+ CXCR3+ dans la perte du mélanocyte au cours du vitiligo Nesrine Boukhedouni 1,∗ , Clément Jacquemin 1 , Anne-Sophie Darrigade 2 , Benoît Dessarthe 1 , Jérôme Rambert 3 , Denis Thiolat 1 , Fabienne Lucchese 1 , Antoine Bertolotti 2 , Alain Taieb 2 , Khaled Ezzedine 4 , Julien Seneschal 2 , Katia Boniface 1 1 Inserm U 1035, BMGIC, équipe immuno-dermatologie Atip-Avenir, université de Bordeaux 2 Service de dermatologie, hôpital Saint-André, Bordeaux, France 3 AQUIDERM, Bordeaux, France 4 Service de dermatologie, AP—HP, hôpital Henri-Mondor, Créteil, France ∗ Auteur correspondant. Introduction Le vitiligo est une dermatose dépigmentante multifactorielle, caractérisée par la disparition progressive des mélanocytes. Cette pathologie reste à ce jour orpheline de traitement efficace. Le rôle de l’auto-immunité dans la perte des mélanocytes a été bien décrit dans la littérature, impliquant à la fois des lymphocytes T (LT) CD4+ et CD8+ . Toutefois, le phénotype et la fonction de ces cellules restent à ce jour controversés en raison
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Surexpression kératinocytaire de PPARß/␦ chez la souris : un modèle de psoriasis ? Frédéric Dezoteux 1,∗,2 , Sandrine Quemener 2 , Sébastien Fleury 2 , Olivier Molendi-Coste 2 , Laurent Pineau 2 , Denis Mogilenko 2 , Quentin Dhalluin 2 , Céline Gheeraert 2 , Philippe Lefebvre 2 , Bart Staels 2 , David Dombrowicz 2 , Barbara Gross 2 , Delphine Staumont-Sallé 1,2 1 Service de dermatologie, hôpital Claude-Huriez 2 Institut Pasteur de Lille, université de Lille, Inserm, CHU de Lille, U1011-EGID, Lille, France ∗ Auteur correspondant. Introduction Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau fréquemment associée à des comorbidités métaboliques. Le récepteur nucléaire peroxisome proliferator activator receptor (PPAR/␦) est un régulateur de l’homéostasie métabolique. De plus, sa surexpression dans les kératinocytes est