L’Encéphale 45 (2019) 474–481
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Article de recherche
Facteurs associés à la cyberaddiction chez les adolescents Tunisiens Factors associated with Internet addiction among Tunisian adolescents J. Ben Thabet a , A.S. Ellouze a,∗ , N. Ghorbel b , M. Maalej a , S. Yaich c , S. Omri a , R. Feki a , N. Zouari a , L. Zouari a , J. Dammak c , N. Charfi a , M. Maalej a a b c
Service de psychiatrie C, faculte de medecine de Sfax, CHU de Hédi-Chaker, Université de Sfax, Sfax, Tunisie Faculté de médecine de Tunis, hôpital Razi, La Manouba, Tunisie Service de médecine communautaire et d’épidémiologie, faculte de medecine de Sfax, CHU de Hédi-Chaker, Université de Sfax, Sfax, Tunisie
i n f o
a r t i c l e
Historique de l’article : Rec¸u le 17 septembre 2018 Accepté le 6 mai 2019 Disponible sur Internet le 14 août 2019 Mots clés : Cyberaddiction Adolescent Famille Dépression Anxiété
r é s u m é Introduction. – La cyberaddiction, phénomène relativement nouveau, relève d’un champ de recherches récentes en santé mentale, particulièrement juvénile. Elle paraît interagir avec plusieurs facteurs individuels et environnementaux. Objectifs. – Repérer la cyberaddiction dans une population d’adolescents tunisiens, et d’étudier ses rapports avec les facteurs personnels, familiaux ainsi qu’avec les comorbidités anxieuses et dépressives. Sujets et méthodes. – Nous avons mené une étude transversale portant sur 253 adolescents recrutés dans des lieux publics dans la ville de Sfax, en Tunisie. Nous avons recueilli les données sociodémographiques ainsi que celles décrivant la dynamique familiale. La cyberaddiction a été évaluée par le questionnaire de Young et les éventuelles comorbidités anxieuses et dépressives à l’aide de l’échelle HADS. Résultats. – La prévalence de la cyberaddiction était de 43,9 %. L’âge moyen des cyberdépendants était de 16,34 ans. Le sexe masculin était lié au risque de cyberaddiction. La durée moyenne de connexion ainsi que les activités à vertu socialisante étaient significativement associées à la cyberaddiction. Les conduites rappelant les addictions sans substances étaient significativement associées à la cyberaddiction. L’attitude restrictive des parents et l’usage d’Internet par les parents et la fratrie étaient significativement associés au risque de cyberaddiction. La dynamique familiale était un facteur déterminant dans la cyberaddiction. L’anxiété était significativement corrélée au risque de cyberaddiction. Il n’y avait pas de corrélation significative entre la dépression ce risque. Conclusion. – L’adolescent tunisien semble à grand risque de cyberaddiction. Une action ciblée sur les facteurs modifiables notamment ceux touchant les interactions familiales serait d’une grande utilité dans la prévention. ´ Paris. © 2019 L’Encephale,
a b s t r a c t Keywords: Internet addiction Adolescent Family Depression Anxiety
Introduction. – Internet addiction, a relatively new phenomenon, is a field of recent research in mental health, particularly within young populations. It seems to interact with several individual and environmental factors. Objectives. – We aim to spot internet addiction in a Tunisian adolescent population, and to study its relationship with personal and family factors, as well as with anxious and depressive comorbidities. Methods. – We conducted a cross-sectional study of 253 adolescents recruited in public places in the city of Sfax in the south of Tunisia. We collected biographical and personal data as well as data describing family dynamics. The internet addiction was assessed by Young’s questionnaire. Depressive and anxious co-morbidities were assessed using the HADS scale. The comparative study was based on the chi-square test and the Student’s test, with a significance level of 5 %.
∗ Auteur correspondant : 13, avenue Farhat Hached, 3000 Sfax, Tunisie. Adresse e-mail :
[email protected] (A.S. Ellouze). https://doi.org/10.1016/j.encep.2019.05.006 ´ 0013-7006/© 2019 L’Encephale, Paris.
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Results. – The prevalence of internet addiction was 43.9 %. The average age of internet-addicts was 16.34 years, the male sex was the most represented (54.1 %) and increased the risk of internet addiction (OR a = 2.805). The average duration of connection among Internet addicts was 4.6 hours per day and was significantly related to internet addiction; P < 0.001). Socializing activities were found in the majority of the internet-addicted adolescents (86.5 %). The type of online activity was significantly associated with internet addiction (P = 0.03 and OR a = 3.256). Other behavioral addictions were frequently reported: 35.13% for excessive use of video games and 43.25 % for pathological purchases. These two behaviors were significantly associated with internet addiction (with respectively P = 0.001 and P = 0.002 with OR = 3.283). The internet-addicted adolescents lived with both parents in 91.9 % of cases. The mother’s regular professional activity was significantly associated with internet addiction risk (P = 0.04) as was the use of the Internet by parents and siblings (with respectively P = 0.002 and P < 0.001 with OR = 3.256). The restrictive attitude of the parents was significantly associated with internet addiction risk (P < 0.001 OR = 2.57). Family dynamics, particularly at the level of adolescent-parent interactions, were a determining factor in internet addiction. Anxiety was more frequently found than depression among our cyber-dependent adolescents with frequencies of 65.8 % and 18.9 %, respectively. Anxiety was significantly correlated with the risk of internet addiction (P = 0.003, OR a = 2.15). There was no significant correlation between depression and the risk of internet addiction. Conclusion. – The Tunisian adolescent seems at great risk of internet addiction. Targeted action on modifiable factors, especially those affecting family interactions, would be very useful in prevention. ´ © 2019 L’Encephale, Paris.
1. Introduction La cyberaddiction est un phénomène faisant partie des nouvelles addictions sans drogues. Young, pionnière dans la recherche sur la cyberaddiction, l’a définie comme « une nouvelle maladie mentale caractérisée par la difficulté à contrôler ses impulsions, l’incapacité à se déconnecter d’Internet, et dont le tableau clinique est assimilable au jeu compulsif » [1]. Ce phénomène relativement nouveau de dépendance à Internet, relève d’un champ de recherches et d’études récent en santé mentale, particulièrement juvénile. Il paraît interagir avec plusieurs facteurs individuels (facteurs biographiques, fragilité psychologique de l’individu. . .) et environnementaux (familiaux, scolaires, entourage amical. . .). Les adolescents, en particulier par la problématique initiatique propre à cette période du développement et la souffrance psychologique qui lui est inhérente, constituent une population à risque à la fois pour les addictions et pour les états anxio-dépressifs. Dans cette étude, nous nous sommes proposés de repérer la cyberaddiction dans une population d’adolescents tunisiens, et d’étudier ses rapports avec les facteurs personnels, familiaux ainsi qu’avec les comorbidités anxieuses et dépressives.
2. Sujets et méthodes Nous avons mené une étude transversale descriptive et analytique, portant sur 253 adolescents âgés de 12 à 20 ans, sur une période de six mois. Notre étude a été réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la population cible, recruté au hasard dans des établissements scolaires de la région. Pour calculer la taille minimale de l’échantillon, nous nous sommes basés sur les résultats d’une pré-enquête réalisée auprès de 120 adolescents de la région de Sfax et qui nous a permis d’estimer à 44 % la prévalence de la cyberaddiction. Pour une précision de 8 %, un intervalle de confiance de 95 %, l’effectif minimal de l’échantillon a été estimé à 148 adolescents. Nous avons utilisé un auto-questionnaire anonyme en langue franc¸aise (les questions sont traduites oralement en arabe par le médecin enquêteur si le participant ne maîtrise pas la langue franc¸aise) recueillant des données sociales personnelles et familiales et le questionnaire de Young à huit items pour le dépistage de la cyberaddiction. Pour le dépistage de l’anxiété et de la
dépression, nous avons utilisé le Hospital Anxiety and Depression Scale (échelle HADS, de Zigmond et Snaith, 1983) [2]. La saisie des données et l’analyse statistique ont été réalisées par le logiciel « Statistical Package for the Social Sciences » (SPSS) dans sa 18e version. L’étude des associations entre les variables a été faite par les tests d’hypothèses. Nous avons comparé les groupes: « des cyberaddicts » et « des non cyberaddicts ». Nous avons identifié les variables associées à la cyberaddiction en utilisant le test de « Chi2 » de Pearson ou le test exact de « Fisher » lors de la comparaison des proportions, et le test de « Student » lors de la comparaison de deux moyennes de deux échantillons indépendants. Le seuil de signification choisi étant fixé à 5 %. Une régression logistique a été réalisée pour déterminer les facteurs de risque de la cyberaddiction, tout en neutralisant les facteurs de confusion. Nous avons choisi la méthode descendante de Wald. Au début, nous avons inclus dans le modèle toutes les variables qui ont été significativement liées à la cyberaddiction dans l’analyse univariée et/ou celles retrouvées comme facteurs de risque de la cyberaddiction dans la littérature. Le seuil de signification étant fixé à 10 %. L’adéquation du modèle final a été vérifiée selon le test de Hosmer et Lemeshow. Les résultats du risque de la cyberaddiction ont été exprimés par les Odds Ratio ajustés (OR a) avec leurs intervalles de confiance à 95 % (IC 95 %). La différence étant considérée comme significative si p < 0,05.
3. Résultats Notre population était constituée de 131 filles et 122 garc¸ons, avec un sex-ratio H/F = 0,93 et un âge moyen de 16,28 ans ± 1,68. Ces adolescents étaient dépendants à Internet dans 43,9 % des cas selon les critères de Young de la cyberaddiction. Ils se connectaient à l’internet en moyenne 3,57 heures par jour (trois ne l’utilisant qu’exceptionnellement et un qui se connectait 17 heures par jour), avec une liaison très significative entre la durée journalière moyenne de connexion et la cyberaddiction (p < 0,001). Ils préféraient les activités à visée socialisante dans 80,6 % des cas (essentiellement la plateforme Facebook dans 75,1 % des cas). Les activités à visée socialisantes étaient significativement associées à la cyberdépendance (p = 0,03).
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Tableau 1 Facteurs personnels associés à la cyberaddiction. Paramètres
Âge moyen (ans) Genre Masculin Féminin Type d’activité sur Internet Socialisantes Autres Temps de connexion/jour Activités de loisir (à part le net) Oui Non Loisir avec les amis Oui Non Achats pathologiques Oui Non Usage excessif de jeux vidéo sur console (> 3 h/j) Oui Non Consommation de tabac Oui Non Consommation d’alcool Oui Non Consommation d’autres substances psychoactives Oui Non
Population totale (%)
Cyberdépendants
p
Oui (%)
Non (%)
16,28 ans
16,34 ans
16,2 ans
0,6
48,2 51,8
54,1 45,9
43,7 56,3
0,1
80,6 19,4 3,57 heures
86,5 13,5 4,6 heures
75,5 24,5 2,76 heures
0,03
69,2 30,8
57,66 42,34
78,17 21,83
< 0,001
73,5 26,5
70,27 29,73
76,05 23,95
0,3
32,8 67,2
43,25 56,75
24,65 75,35
0,002
25,3 74,7
35,13 64,87
17,6 82,4
0,001
26,13 73,87
19,72 80,28
0,22
10,8 89,2
10,56 89,44
0,9
5,4 94,6
2,1 97,9
0,18
La navigation sur Internet était considérée comme l’unique moyen de loisir par 30, 8 % des participants. Quant aux activités de loisir hors ligne, un quart de notre population jouait de fac¸on excessive (> 3 heures par jour) aux jeux vidéo sur console et un tiers devrait passer beaucoup de temps à des conduites rappelant les achats pathologiques, avec une corrélation significative avec la cyberaddiction (p respectivement = 0,001 et 0,002). Par ailleurs, 73,5 % partageaient des activités de loisir en groupe avec leurs amis. Concernant la consommation de substances psycho-actives, celle de tabac concernait plus souvent les adolescents cyberdépendants que non dépendants (26,13 % versus 19,72 %). Il en est de même pour la consommation d’autres substances psycho actives (café, solvants organiques, colle, psychotropes) (5,4 % versus 2,1 %), sans différence significative entre les deux groupes. La consommation d’alcool était similaire (10,8 % versus 10,56 %) (Tableau 1). Les sujets de notre étude vivaient en famille en présence de leurs parents dans 86,5 % des cas. La monoparentalité était associée au moindre risque de cyberdépendance. Les pères des sujets étaient professionnellement actifs dans 92,5 % des cas, leurs mères ne l’étaient que dans 52,6 % des cas. L’activité professionnelle de la mère était significativement corrélée avec le risque de cyberaddiction (p = 0,04). Leurs parents utilisaient Internet au quotidien dans 39,5 %, et la télévision de fac¸on excessive (> 3 heures par jour) dans 64 % des cas. Les membres de la fratrie étaient décrits comme des usagers excessifs du net (> 3 heures par jour) dans 64 % des cas. L’usage parental d’Internet ainsi que celui de la fratrie étaient aussi significativement associés à la cyberaddiction (avec p respectivement 0,002 et < 0,001). Concernant la dynamique familiale, la quasi-totalité des paramètres étudiant la dynamique familiale selon la perception des participants étaient très significativement corrélés à la cyberaddiction. Les liens entre les différents facteurs familiaux et la cyberaddiction sont résumés dans le Tableau 2. Dans notre échantillon, 55,3 % des participants répondaient aux critères de l’anxiété et 16,2 % aux critères de la dépression
< 0,001
selon l’échelle HADS. La comorbidité cyberaddiction/anxiété était diagnostiquée dans 29,2 % des cas et celle de la cyberaddiction/dépression dans 8,7 % des cas. L’anxiété chez les adolescents était significativement corrélée à la cyberaddiction (p = 0,003). Cependant, on n’a pas trouvé de corrélation significative entre dépression et cyberaddiction. Dans l’analyse multivariée, les facteurs qui ont été retenus dans le modèle final ont été: le genre, le type de l’activité sur Internet (socialisante ou autre), les achats pathologiques, l’utilisation d’Internet par la fratrie, l’absence de communication avec les parents, la restriction du champ de liberté donné à l’adolescent, et l’existence d’une anxiété. Plusieurs facteurs étaient ainsi associés à la cyberaddiction chez les adolescents. Les plus importants étaient les achats pathologiques et l’usage de la fratrie de l’Internet (OR ajusté successivement de 3,283 et 3,256). Viennent ensuite le genre masculin de la population, le type d’activités socialisantes sur le net et certains paramètres étudiant la dynamique familiale, dont la communication avec les parents et le champ de liberté donné aux adolescents avec des odds ratios ajustés oscillant autour de 3, et enfin l’anxiété avec un OR ajusté de 1,99 (Tableau 3). 4. Discussion 4.1. Résultats de l’étude 4.1.1. Prévalence de la cyberaddiction La prévalence de la cyberaddiction chez les adolescents était de 43,9 %. Dans la littérature, les chiffres sont très disparates, avec des prévalences variant fortement (Tableau 4). Le taux relativement élevé de cyberaddiction dans notre étude pourrait être expliqué par la démocratisation et la facilité de l’accès à l’internet. L’internet est devenu de plus en plus accessible à toutes les catégories sociales surtout après la révolution de 14 janvier 2011 et la levée de la censure imposée par l’ancien régime politique. En effet, la parole s’est libérée dans la rue, sur les places, dans des lieux ouverts, à
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Tableau 2 Facteurs familiaux associés à la cyberaddiction. Paramètres
Population totale (%)
Situation matrimoniale des parents Mariés Divorcés/veufs Activité professionnelle de la mère Régulière Nulle (inactive, à la retraite) Usage parental de l’Internet Oui Non Usage parental excessif de la télévision (> 2 h/j) Oui Non Usage de la fratrie de l’Internet Oui Non Communication avec les parents Satisfaisante Insatisfaisante Disponibilité des parents Suffisante Insuffisante Entente avec les parents Satisfaisante Insatisfaisante Conflits avec les parents à propos d’Internet ou d’autres sujets Oui Non Champs de liberté Suffisant Insuffisant Réaction des parents/usage de l’adolescent d’Internet Permissive Restrictive Indifférence Disputes fréquentes des parents Oui Non
Cyberdépendants
p
Oui (%)
Non (%)
86,5 13,5
91,9 8,1
82,4 17,6
0,02
52,6 47,4
55 45
43 57
0,04
39,5 60,5
50,5 49,5
31 69
0,002
64 36
68,5 31,5
60,6 39,4
0,19
64 36
76,9 23,1
54,2 45,8
< 0,001
72,7 27,3
59,5 40,5
83,1 16,9
< 0,001
77,5 22,5
65,8 34,2
86,6 13,4
< 0,001
65,6 34,4
54,1 45,9
74,6 25,4
0,001
36,8 63,2
70,3 29,7
44,4 55,6
< 0,001
60,9 39,1
48,6 51,4
70,4 29,6
< 0,001
44,7 30 25,3
31,5 46,9 21,6
54,9 16,9 28,2
< 0,001
37,5 62,5
45,9 54,1
31 69
0,01
Tableau 3 Facteurs associés à la cyberaddiction. Variables
Genre masculin Achats pathologiques Usage excessif de jeux vidéo (> 2 h/j) Type de l’activité sur Internet (activités socialisantes) Usage parental de l’Internet Usage de la fratrie de l’Internet Communication insatisfaisante avec les parents Disponibilité insuffisante des parents Champ de liberté insuffisant donné aux adolescents Anxiété
Analyse univariée
Analyse multivariée
OR
p
OR ajusté
IC 95 %
p
1,518 2,329 2,535 2,072 2,268 2,803 3,352 3,370 2,513 2,150
0,101 0,002 0,001 0,032 0,002 < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,001 0,003
2,805 3,283
[1499–5251]
0,001 < 0,001
2,649
[1172–5988]
0,019
3,256 2,836
[1677–6322] [1354–5936]
< 0,001 0,006
2,574 1,99
[1321–5015] [1091–3628]
0,005 0,025
l’université et aussi bien sur l’internet et les réseaux sociaux. Ces derniers ont joué un rôle important lors des événements de la révolution tunisienne et continuent à jouer ce rôle dans la vie sociale et politique tunisienne [3].
4.1.2. Facteurs personnels associés à la cyberaddiction 4.1.2.1. L’âge. La moyenne d’âge des cyberdépendants était de 16,34 ans sachant que nous nous sommes exclusivement intéressés à une population d’adolescents âgés de 12 à 20 ans. Cette tranche d’âge parait plus à risque de cyberaddiction que les adultes [4,5], notamment du fait de ses particularités psychoaffectives. La prégnance de la problématique identitaire liée à l’adolescence génère de profonds questionnements, une préoccupation par la maturité et un désir d’être traité comme adulte. Ces problèmes pourraient
facilement être résolus via la connexion aux sites du réseau dédiés à l’éducation des adolescents et par l’anonymat du net où les préjugés liés à l’âge ne peuvent exister.
4.1.2.2. Le genre. Il s’est avéré dans notre étude que le sexe masculin contribuait à augmenter le risque de cyberaddiction avec un OR ajusté = 2,805. Des résultats similaires ont été objectivés dans d’autres études [6–8]. Il est établi que les femmes font un usage des TIC qui diffère sensiblement de celui des hommes. Ces derniers surfent plus fréquemment que les femmes sur Internet [9] et ils ont une longueur d’avance sur elles en ce qui concerne la pratique de jeux sur écran [10,9]. Certains travaux remettent en question cette prédominance masculine en matière de cyberdépendance [11,12]. L’étude de Young (1996) [1] n’a montré aucune différence en
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Tableau 4 Prévalence de la cyberaddiction chez les adolescents selon certaines études. Nom de l’auteur
Pays
Test diagnostic
Âge moyen des adolescents
Chou C. et al. [14] (2000)
Taïwan
21,11 ans
Leung [38] (2004) Johansson et al. [39] (2004) Siomos et al. [40] (2006) Jee Hyun Haa et al. [41] (2007) Sheng-Wan et al. [4] (2006) S Canbaz et al. [42] (2009) Ghassemzadeh et al. [43] (2008) Reda et al. [44] (2006) Nazir al. [45] (2012) Ellouze et al. [19] (2015) Ferreira et al. (2017) [46] Lu Li et al. (2018) [47] Mellouli et al. (2018) [48] Notre étude
Hong Kong Norvège Grèce Corée du Sud Taïwan Turquie Iran Égypte Liban Tunisie Portugal Chine Tunisie Tunisie
IRABI YQ-8 YQ-8 YQ-8 YQ-8 IAT – IAT IAT IAT IAT YQ-8 IAT IAT/YQ-8/YQ-10/CIAS IAS YQ-8
16–24 ans 12–18 ans 12–18 ans 15,8 ans – 15,2 ans – 11–18 ans 10–22ans 21,9 ans 13 ans 16–25 ans 21,8 ans 12–20 ans
Prévalence (%) 5,90 37,90 1,98 5,80 30,80 18,60 1,20 3,80 0,8 4,2 26,80 19 11,3 54 43,90
IRABI : Internet-Related Addictive Behavior Inventory ; YQ : Young Questionnaire ; IAT : Internet Addiction Test ; CIAS : Chen Internet Addiction Scale.
fonction du sexe. Il pourrait même y avoir une prédominance féminine quant à certains types d’activités sur Internet qui pourraient être pourvoyeuse de dépendance [13]. 4.1.2.3. Les activités de loisir. Les adolescents cyberdépendants avaient significativement moins d’activités de loisir autres qu’Internet comparativement aux usagers normaux du média. On pourrait expliquer ce résultat par le fait que les cyberdépendants éprouvent un plaisir particulier procuré par l’expérience d’Internet. Cette sensation de plaisir serait plus facile à atteindre qu’avec d’autres moyens de loisir. Selon Chou et Hsiao [14], plus l’adolescent vit cette expérience comme divertissante et interactive plus il y a de risque d’en faire une utilisation abondante. D’ailleurs, le divertissement et le loisir ont été recensés par Wan et Chiou [4] en tête des besoins auxquels répondent les jeux en ligne. La difficulté d’accès aux activités de loisir engendre chez les adolescents l’ennui et le sentiment de vide qui les poussent à plonger dans le monde d’Internet. Le coût relativement élevé des autres moyens de loisir ainsi que la peur des conséquences d’éventuelles mauvaises fréquentations de leurs enfants pourrait expliquer la répugnance des parents tunisiens conservateurs à encourager leur enfant de participer à ces activités en ligne. Les parents se sentiraient ainsi plus rassurés en voyant leur enfant devant un ordinateur [15], que de les savoir « traînant » dans la rue et ne sachant pas ce qu’ils y font. 4.1.2.4. Les autres addictions comportementales. La cyberaddiction chez nos adolescents était significativement corrélée à la pratique excessive de jeux vidéo sur console et à des conduites rappelant les achats pathologiques. Selon la littérature, elles paraissent partager certains facteurs de risque avec la cyberaddiction et contribueraient à augmenter le risque de la cyberdépendance [16,17] Semaille (2009) [18] a rapporté la parenté entre les divers troubles correspondant aux addictions comportementales, et aussi entre les addictions comportementales et aux substances. D’où l’intérêt de la recherche systématique de polyaddictions chez tout sujet souffrant de n’importe quelle forme d’addiction. 4.1.2.5. La consommation de substances psycho-actives. L’association de la cyberaddiction à la consommation ou l’addiction aux substances est documentée dans la littérature. Selon plusieurs auteurs [18], les abus de substances figurent parmi les pathologies les plus fréquemment associées à la cyberaddiction. Cette association fréquente a été expliquée, entre autres, par les caractéristiques communes des addictions: neurobiologiques, cliniques et psychopathologique ainsi que les facteurs socio-familiaux communs. La disparité de nos résultats avec ceux de la littérature quant à la
significativité du lien entre la cyberdépendance et la consommation des substances psychoactives pourrait être expliquée par le fait que dans notre étude il s’agissait justement de consommation contrairement aux autres études où on trouve des addictions véritables. En plus, on pourrait envisager que les adolescents participants à notre étude ont dissimulé certaines de leurs conduites addictives, sévèrement jugées dans notre contexte socioculturel, par crainte d’une éventuelle réaction rejetante. On peut postuler aussi que notre adolescent tunisien se serait orienté vers Internet comme objet de dépendance au détriment des substances. Ceci pourrait s’expliquer par la grande facilité d’accès à cet outil, son acceptabilité voire l’encouragement à l’usage de l’ordinateur et l’Internet par les parents, et enfin par le manque d’information et de sensibilisation quant aux risques de cyberdépendance.
4.1.2.6. Les activités privilégiées sur internet. Les activités en ligne à vertu socialisante captivaient significativement plus l’adolescent cyberdépendant que non dépendant. L’activité en ligne la plus fréquemment pratiquée par les adolescents de notre étude était Facebook (75,1 %). Selon Ferron B [10], les cyberdépendants appréciaient les applications hautement interactives. Ces applications sont toutes accessibles via Facebook, ce qui pourrait expliquer l’intérêt majeur de nos adolescents cyberdépendants pour ce site. Dans notre étude, les jeux vidéo en ligne paraissaient intéresser les adolescents de fac¸on moindre que le Facebook. Une étude tunisienne menée sur des étudiants [19], a conclu au même résultat. L’usage des jeux vidéo en ligne semble moins popularisé en Tunisie qu’ailleurs. Griffiths a montré la nature addictive des jeux vidéo sur console et en ligne en offrant au joueur de fortes récompenses psychologiques [20,21]. Toutefois, les jeux en ligne à plus grand potentiel addictif peuvent relever d’un système d’abonnement payant [13]. Ceci pourrait expliquer la limitation de l’accès de l’adolescent tunisien à ce type de jeux.
4.1.2.7. La durée de connexion sur internet. La durée de connexion était fortement corrélée à la cyberaddiction. Les recherches à ce sujet donnent des résultats relativement variables. Pour Sherer (1997) [22], le meilleur signal d’alerte de dépendance est le fait de passer deux fois plus de temps en ligne qu’un non dépendant. Nos résultats paraissaient répondre à ce critère. Toutefois, rapporter la dépendance à la seule durée de connexion est non significatif selon d’autres auteurs [16,23]. Le critère temps devrait donc être manié avec prudence; il s’agit plutôt de prendre en considération un ensemble d’aspects de l’usage du média comme la perte de contrôle durant la connexion et ces conséquences négatives.
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4.1.3. Facteurs familiaux associés à la cyberaddiction 4.1.3.1. Parents et fratrie. La majorité des cyberdépendants de notre échantillon vivaient avec leurs parents. Paradoxalement, la monoparentalité semblait significativement associée à un moindre risque de cyberdépendance. Cette situation particulière du couple parental était décrite comme un des facteurs de risque environnementaux de la cyberdépendance [15]. Bien au contraire, il parait que le parent tunisien, lorsqu’il se trouve seul serait plus préoccupé par la sécurité de son enfant aussi bien dans la vie réelle que virtuelle, comme s’il essaye de compenser l’absence de l’autre parent. Dans notre population, le rapport de la famille avec les médias de masse paraît aussi conditionner le risque de la cyberdépendance. En effet, l’usage d’Internet aussi bien par les parents que la fratrie était significativement associé au risque de cyberdépendance chez nos adolescents. Ceci vient conforter le rôle de l’entourage dans l’initiation de l’adolescent à Internet. Le phénomène d’appartenance groupale a été décrit comme un facteur de renforcement positif de cette addiction [24]. 4.1.3.2. Cyberaddiction et dynamique familiale. Le lien entre la dynamique familiale et la cyberdépendance des adolescents était clair. La grande majorité des paramètres étudiant la dynamique familiale étaient significativement corrélés à la cyberaddiction. Les parents étaient plus permissifs que restrictifs par rapport à l’usage d’Internet. Cette attitude restrictive et la limitation des champs de libertés étaient significativement associées à un plus grand risque de cyberdépendance. Dans une étude longitudinale sur 3 ans à Hong Kong, le contrôle parental était un facteur prédictif de cyberaddiction [25]. L’attractivité de l’interdit pourrait sous tendre ce phénomène. Cette attitude restrictive pourrait émaner d’un manque d’information des parents par rapport aux règles d’usage et aux mesures de protection de l’enfant sur le net [21]. D’ailleurs, selon Auxéméry [26], dans tous les cas d’un usage pathologique du net, le fonctionnement de la dynamique familiale met fréquemment en évidence une difficulté des figures parentales à imposer les règles d’usage d’Internet. La qualité de la relation des parents avec leurs enfants et au sein même du couple parental est déterminante. Plus elle est conflictuelle, plus l’adolescent se réfugie dans son monde virtuel, comme cela était objectivé dans notre population où les conflits familiaux étaient associés à un plus grand risque de cyberdépendance. L’effet des conflits entre les parents sur la cyberaddiction serait médié par l’anxiété et la dépression [27]. 4.1.4. Anxiété, dépression et cyberaddiction L’anxiété était significativement corrélée au risque de cyberdépendance mais ce n’était pas le cas pour la dépression. L’anxiété et la dépression sont parmi les comorbidités psychiatriques les plus largement recherchées avec la cyberdépendance. La dépression, la phobie sociale, l’hostilité, l’hyperactivité et le déficit de l’attention sont les pathologies le plus souvent associées à la cyberaddiction chez les enfants et les adolescents [6,8]. Une revue de 20 études intéressées aux corrélations entre l’usage problématique d’Internet et divers troubles mentaux [28] a révélé que 75 % ont trouvé des corrélations significatives avec la dépression et 57 % avec l’anxiété. L’adolescence est une période de réorganisation interne, de tensions importantes, d’angoisses, de sentiment de dévalorisation ou, à l’inverse, de survalorisation [29]. Le monde virtuel d’Internet sert à l’adolescent de refuge de la souffrance psychologique et d’un espace de renforcement narcissique. La nature du lien de cause à effet entre la cyberaddiction et ces deux comorbidités reste difficile à établir. D’une part, l’une d’elles ou les deux pourraient conduire à un usage compulsif et abusif d’Internet au point de l’addiction dans la quête d’une solution aux troubles primaires.
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D’une autre part, la cyberdépendance permettrait l’expression, et souvent l’aggravation de troubles psychiatriques latents [16]. 4.2. Concepts de la cyberaddiction 4.2.1. Controverses sur la définition de la cyberaddiction Le concept de la cyberaddiction n’a pas fait l’objet d’une définition consensuelle. Cette variabilité pourrait être partiellement en rapport avec l’ambiguïté et l’imprécision du concept de l’addiction au sens large dont la définition n’a cessé d’évoluer [30]. Young [1] a fait la première présentation sérieuse concernant la cyberaddiction. Les critères diagnostiques de Young de la cyberaddiction inspirés de ceux du jeu pathologique du DSM IV paraissent simples, clairs et très utilisés d’autant plus qu’il n’y a pas encore de consensus sur le sujet. Même dans le DSM V, la notion de cyberaddiction n’est pas encore répertoriée comme une entité à part entière. Le sujet paraît nécessiter encore plus de recherches et le terme Internet Gaming Disorder [31] ou trouble de jeux sur Internet paraît faire allusion à la cyberaddiction. Cependant, les critères de cette condition sont limités aux jeux sur Internet et ne comprennent pas l’utilisation générale de l’Internet. Cette nouvelle entité est rapportée dans la section III du DSM V dans la rubrique des conditions nécessitant des études plus approfondies. En effet, les controverses et les difficultés de classification de ce trouble dans un cadre nosographique caractérisé ne cessent de s’imposer. Dans ce sens, plusieurs auteurs [16] s’accordèrent à considérer la cyberaddiction comme une dépendance comportementale vis-à-vis de l’utilisation d’Internet. D’autres [12,32,33] ont pu l’identifier comme étant un désordre de contrôle des impulsions reliées à certaines applications d’Internet. Certains [6] ont considéré la cyberdépendance comme un trouble d’ordre obsessionnel et compulsif. 4.2.2. Instruments et mesures utilisés pour retenir le diagnostic de la cyberaddiction Les données de la littérature illustrent le grand nombre des instruments de dépistage et de diagnostic de la cyberdépendance proposés depuis l’introduction de ce concept. Il n’existe cependant pas, à l’heure actuelle, d’échelle validée pour le dépistage et l’évaluation de la cyberaddiction [18] ce qui pourrait être à l’origine de la disparité des résultats de la littérature. Dans notre étude, nous avons utilisé le questionnaire de Young à huit items. Étant conc¸u par analogie aux critères du diagnostic du jeu pathologique, ce fut le premier test diagnostique de la cyberdépendance et a été fréquemment adoptée par diverses études [18]. 4.2.3. Populations étudiées et méthodes de recrutement Les importantes différences constatées dans la littérature concernant la prévalence de la cyberaddiction pourraient aussi s’expliquer par la nature des publics cibles, les contextes socioculturels dans lesquels ils évoluent et les méthodes de sélection. Selon plusieurs études sur l’usage d’Internet menées en population générale [34], les adolescents semblent plus touchés par la cyberaddiction que les adultes, ce qui pourrait expliquer, en partie, la prévalence plutôt élevée de ce phénomène dans notre population. 4.2.4. Outils statistiques utilisés pour l’analyse des données D’une fac¸on générale, les outils statistiques, de part leurs diversités, pourraient influencer les résultats des plus grandes études ainsi que leur comparabilité. En effet, il faut toujours en évaluer l’utilité du test statistique dans la pratique [35]. Concernant notre sujet d’étude « la cyberaddiction », et comme l’a montré la méta-analyse de Byun et al. (2009) [11], la plupart des études étaient descriptives explorant les divers aspects de ce phénomène. La régression logistique était la forme la plus fréquente des méthodes statistiques
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utilisées dans l’étude de la dépendance à Internet [14,36]. La méthodologie de notre étude se rapproche ainsi de celles rapportées dans la littérature. 4.2.5. Conceptualisation psychologique D’un point de vue psychopathologique, la cyberaddiction tout en étant une forme d’addiction sans substance implique une pathologie du lien à l’objet classiquement atypique dans les addictions. Il s’agit de la dépendance à un objet unique et la soumission inconsciente à l’instinct de mort (thanatos) par le biais de « la compulsion de répétition ». Le lien est totalitaire, l’objet élu comble le sujet mais au prix de l’asservir. Le lien implique une fixation et une perversion de l’objet du désir avec un effacement du désir au profit du besoin. Le désir de s’attacher à un objet unique de manière répétitive et contraignante, ce qui est plus proche du besoin d’oxygène que du désir d’amour ou de connaissance [37]. 4.3. Limites de l’étude Notre étude était de type transversal. Ce type d’étude constitue une investigation de courte durée ne permettant toutefois pas d’assurer une vision longitudinale de la santé mentale des adolescents, notamment des risques de cyberaddiction, anxiété et dépression. Ces états psychoaffectifs, leurs interactions réciproques et avec des facteurs extrinsèques notamment socio familiaux, peuvent en effet varier dans le temps. Concernant les instruments de mesure, nous avons utilisé le questionnaire de Young à huit items qui est très simple et n’est pas très spécifique pour estimer la prévalence de la cyberaddiction. Enfin, La majorité des paramètres recherchés comportait une part de subjectivité, notamment les paramètres étudiant la dynamique familiale. 5. Conclusion La démocratisation de l’usage d’Internet a donné naissance à diverses fac¸ons de son utilisation allant de l’usage simple jusqu’à la dépendance. Les adolescents Tunisiens semblent être à haut risque à cette addiction. En effet dans notre étude, près de la moitié des participants étaient dépendants à l’internet. Cela paraît énorme et alarmant: va-t-on vers un « tous addicts »? De multiples facteurs personnels et familiaux sont associés à la cyberdépendance comme le type d’activités socialisantes sur l’internet, la durée de connexion par jour, certaines autres addictions comportementales ainsi que les perturbations de la dynamique familiale. Les comorbidités anxieuses et dépressives semblent également y être associées mais la nature des liens demeure discutable, ce qui nous ramène à nous questionner sur l’impact à long terme des écrans, de la surconsommation, sur l’apparition de troubles psychiques et la perturbation des liens sociaux. Les cliniciens devraient être sensibilisés au sujet du dépistage systématique des pathologies anxio-dépressives et les autres conduites addictives chez tout adolescent ayant un problème avec l’usage d’Internet et vice-versa, ceci en vue d’une optimisation de la prise en charge de chaque trouble. Les mesures préventives de la cyberaddiction dépendent de plusieurs facteurs notamment la tranche d’âges concernés et le milieu socioculturel. Il semble que les meilleurs facteurs de protection se construisent au sein de la cellule familiale. Enfin, ne serait-il pas intéressant de réaliser une analyse qualitative en questionnant les adolescents sur ce qu’ils en pensent? Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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