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Admissions obstétricales en réanimation : des le¸cons à tirer pour l’organisation des soins ? Marie-Pierre Bonnet 1,2,∗ , Anne Chantry 2,3 , Aurélien Seco 2 , Coralie Chiesa-Dubruille 2 , Jeanne Fresson 2,4 , Marie-Hélène Bouvier-Colle 2 , Catherine Deneux-Tharaux 2 1 Anesthésie-réanimation, hôpital Cochin, AP—HP, Paris, France 2 Équipe Épopé, Inserm U1153, Paris, France 3 École de sage-femme de Port Royal, Paris, France 4 Département d’information médicale, CHRU, Nancy, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M.-P. Bonnet) Introduction L’hospitalisation en réanimation et en unité de soins intensifs (USI) des femmes dans le contexte obstétrical est encore peu explorée en France et pourrait dépendre non seulement de la sévérité du tableau clinique, mais aussi de l’offre de soins [1]. L’objectif principal de ce travail était de décrire en population le taux d’admissions obstétricales en réanimation et en USI, ainsi que l’organisation des soins, globalement et en fonction des régions francaises. ¸ Matériel et méthodes Nous avons réalisé une étude prospective en population sur la morbidité maternelle sévère—étude EPIMOMS—dans 6 régions de France (Alsace, Auvergne, Basse-Normandie, Îlede-France, Lorraine, Rhône-Alpes, 183 000 accouchements, mai 2012—mai 2013). Ceci nous a permis de décrire l’incidence des admissions obstétricales en réanimation et en USI pour l’ensemble des régions, puis séparément par région et par type de service (réanimation ou USI). La proportion par région des maternités disposant d’une unité de soins continus (USC) a été également rapportée. Nous avons enfin décrit globalement et par région la proportion des admissions pour hémorragie obstétricale en réanimation ou en USI. Résultats Parmi les 2708 femmes ayant présenté un évènement maternel morbide sévère et qui ont été incluses dans EPIMOMS, 521 ont été admises en réanimation et/ou en USI, soit 2,9 femmes pour 1000 accouchements. Ce taux d’incidence était plus élevé en Alsace (4,4/1000) et en Île-de-France (3,3/1000) et plus faible en Auvergne (1,5/1000) et Lorraine (1,6/1000). Seulement 18 % (93/521) des femmes ont été hospitalisées en USI. Cette proportion était plus faible en Île-de-France (12 %) et en Rhône-Alpes (13 %) et plus élevée en Auvergne et en Lorraine (37 % et 33 % respectivement). Dans ces 2 dernières régions, la quasi-totalité des maternités étaient associées à une USC contre 60 % en Alsace, 77 % en Rhône-Alpes et 79 % en Île-de-France. Globalement, l’indication la plus fréquente d’admission obstétricale en réanimation ou en USI était l’hémorragie obstétricale (45 % des admissions obstétricales en réanimation ou en USI, 1,3/1000 accouchements). Cette proportion était plus faible en Auvergne (37 %) et en Lorraine (28 %) qu’en Île-de-France (45 %) et en Rhône-Alpes (56 %). Discussion Le taux d’admissions obstétricales en réanimation et USI varie beaucoup d’une région à l’autre et est plus faible dans les régions ou les maternités sont associées à une USC, notamment les hospitalisations pour hémorragie obstétricale. Ces résultats suggèrent que l’offre de soins disponible localement influence la stratégie de prise en charge des femmes présentant une complication obstétricale grave. L’analyse des circuits de soins permettrait de préciser l’effet de l’offre sur la santé des femmes.
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Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Référence [1] Crit Care Med 2015;43:78—86. http://dx.doi.org/10.1016/j.anrea.2015.07.182 R182
Facteurs pronostiques de mortalité maternelle au cours de l’éclampsie (à propos de 1130 cas) Hamida Ardhaoui ∗ , Ihssane Moussaid , Hamid Mountij , Smail Elyoussoufi , Said Salmi Réanimation obstétricale et gynécologique, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (H. Ardhaoui) Introduction L’éclampsie est une complication grave de la grossesse, responsable d’une lourde morbi-mortalité maternelle et fœtale, et se voit encore fréquemment au Maroc. L’objectif de notre étude consiste à établir le profil épidémiologique de notre population d’étude et dégager tous les facteurs pronostiques de mortalité maternelle au cours de l’éclampsie. Matériel et méthodes Notre travail consiste en une étude longitudinale rétrospective et analytique étendue sur une période de 12 ans de janvier 2002 à décembre 2013. Pour ce faire, nous avons réalisé dans un premier temps une étude descriptive visant à établir le profil épidémiologique de notre population d’étude, puis nous nous sommes intéressés à l’étude des facteurs pronostiques de mortalité maternelle que nous avons dégagés par le biais d’une analyse statistique univariée ainsi qu’en régression logistique binaire. Les facteurs étudiés concernent aussi bien les données démographiques, cliniques, paracliniques, obstétricales des parturientes que les différentes complications maternelles observées au cours de l’éclampsie. Résultats Durant cette période, 1130 patientes éclamptiques ont été prises en charge. L’incidence de l’éclampsie était de 1,05 %. L’âge moyen était de 27 ± 6,64 (15—48) ans, 63,4 % des patientes étaient primipares, 72,4 % avaient fait une éclampsie du pré-partum. La complication maternelle la plus fréquente était le HELLP syndrome (34,3 %), suivie par l’IRA (18,5 %), l’HRP (17,7 %) et les complications neurologiques (16,5 %), 55 patientes sont décédées, soit une incidence de 4,9 %, la première cause de décès était l’hémorragie cérébrale (25,5 %). Les facteurs pronostiques de mortalité maternelle au cours de l’éclampsie retenus dans notre étude en analyse statistique univariée étaient : l’âge maternel ≥ 30 ans, la survenue de l’éclampsie au cours du pré-partum, GCS ≤ 8, la présence de l’un des signes cliniques suivants : déficit sensitivomoteur—ictère-oligo-anurie, la présence de l’un des signes biologiques suivants : thrombopénie (plaquettes < 100 000) — ASAT > 70 UI/L — ALAT > 70 UI/L — LDH > 600 UI/L, la présence de l’une des complications suivantes : HELLP syndromeIRA-hémorragie cérébrale-CIVD-OAP-HPP-HSCF, l’administration d’anticonvulsivants autres que le sulfate de magnésium, ventilation assistée > 72 h. En régression logistique binaire :âge maternel > 30 ans — GCS ≤ 8—ALAT > 70 UI/L — l’hémorragie cérébraleOAP-CIVD-HSCF-ventilation assistée > 72 h. Discussion La meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques de la maladie éclamptique ces dernières années ainsi que l’introduction du sulfate de magnésium comme principal anticonvulsivant pour le traitement et la prévention des convulsions au cours de l’éclampsie n’ont pas permis de baisser l’incidence de la maladie dans les pays sous médicalisés où les principales difficultés à surmon-
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Morbidité obstétricale, pathologies obstétricales
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Communications libres — Jeudi 17 septembre 2015
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ter restent l’absence de suivi prénatal régulier pour les parturientes, les difficultés d’accès au soin ainsi que le manque de structures spécialisées. La réalisation de séries d’étude larges et prospectives est souhaitable afin de maîtriser les différents aspects de prise en charge de l’éclampsie et identifier tous les facteurs pronostiques pouvant avoir un impact sur la mortalité maternelle. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.anrea.2015.07.183 R183
Peut-on diagnostiquer une hémorragie du post-partum à partir de formules mathématiques intégrant des critères biologiques ? Bonnet 1,2,∗ ,
Goffinet 2,3 ,
Maillard 2 ,
Marie-Pierre Francois ¸ Francoise ¸ Charles-Marc Samama 1 , Catherine Deneux-Tharaux 2 1 Anesthésie-réanimation, hôpital Cochin, AP—HP, Paris, France 2 Équipe Épopé, Inserm U1153, Paris, France 3 Service d’obstétrique, maternité Port-Royal, AP—HP, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M.-P. Bonnet)
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Introduction Dans la pratique clinique comme dans la recherche, face aux difficultés à mesurer précisément les pertes sanguines (PS), des formules mathématiques théoriques intégrant le delta d’hématocrite (Ht) et le poids sont utilisées. En obstétrique, la formule de Shook est proposée [1] : PS Calculées (PSC) = poids × 0,85 (Ht pré-partum-Ht j2 post-partum)/Ht pré-partum. L’objectif de cette étude était d’explorer dans l’accouchement par voie basse : — la distribution des PSC à partir de la formule de Shook dans une population de femmes à bas risque ; — la corrélation entre les PSC et PS mesurées (PSM) au retrait du sac de recueil en salle de naissance. Matériel et méthodes La population d’étude est issue de l’essai TRACOR, étude multicentrique randomisée contrôlée ayant montré l’absence d’impact de la traction du cordon à l’expulsion standard du placenta sur l’incidence de l’HPP après accouchement voie basse (n = 4058). Dans cet essai, pour toutes les femmes, un sac de recueil était laissé en place jusqu’au tarissement complet des saignements en salle de naissance, et un dosage de l’Ht était réalisé en pré-partum et à j2 post-partum. Les femmes transfusées ont été exclues. Nous avons décrit les caractéristiques des femmes, et les moyennes des PSC et des PSM. L’incidence de l’HPP (> 500 mL) et celle de l’HPP sévère (> 1000 mL) ont été estimées à partir des PSC et PSM séparément. La corrélation entre PSC et les PSM était calculée dans l’ensemble de la population puis dans le sous-groupe des femmes présentant une HPP clinique (PSM > 500 mL). Résultats La population d’étude comportait 3802 femmes ayant accouché voie basse dont 52 % nullipares, d’âge et de poids moyens en début de grossesse respectivement de 30 ± 5 ans et 63 ± 12 kg. Le delta péri-partum de concentration d’hémoglobine moyen était de −0,9 ± 1,3 g/dL. La moyenne des PSC était de 330 ± 569 mL, celle des PSM de 208 ± 227 mL. L’incidence de l’HPP estimée à partir des PSM et des PSC était respectivement de 9,7 % et 38,7 % des accouchements ; celle de l’HPPP sévère respectivement de 1,7 % et de 16,3 %. Il n’existait pas de corrélation significative entre PSM et PSC : coefficient de 0,49 globalement et de 0,30 dans le sous-groupe de femmes
avec une HPP clinique (n = 367). Ce coefficient n’était pas modifié par l’exclusion des femmes ayant eu un remplissage par colloïde (n = ) et de celles présentant une pathologie hypertensive (n = ). Dans le sousgroupe des 621 femmes pour lesquelles le delta d’Ht était mesuré exactement entre j0 et j2 et par le même laboratoire, ce coefficient était de 0,58 (ns). Un quart des HPP et des HPP sévères identifiées à partir des PSM ne l’était pas à partir des PSC, et seulement 23 % des HPP et 12 % des HPP sévères identifiées par les PSC étaient diagnostiqués à partir des PSM. Discussion Les PSC à partir du delta d’Ht mesuré entre j0 et j2 postpartum sont en moyenne supérieures de 35 % par rapport aux PSM en salle de naissance. La corrélation entre PSC et PSM est mauvaise, même dans des conditions idéales de mesures. Le calcul des PS à partir d’une formule théorique n’est donc pas un outil diagnostique performant de l’HPP telle qu’elle est définie en pratique clinique. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Référence [1] Anesthesiology 2003;98:1. http://dx.doi.org/10.1016/j.anrea.2015.07.184 R184
Phénotype hyper-coagulable et pré-éclampsie : étude prospective de la génération de thrombine dans une population de patientes pré-éclamptiques Laure Masson 1 , Claudine Caron 2 , Camille Vermersch 1 , Véronique Houfflin-Debarge 1 , Max Gonzalez Estevez 3,∗ , Anne-Sophie Ducloy-Bouthors 3 1 Obstétrique, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Lille, Lille cedex, France 2 Hématologie, centre de biologie, CHRU de Lille, Lille cedex, France 3 Anesthésie-réanimation gynéco-obstétrique-PMA, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Lille, Lille cedex, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M.G. Estevez) Introduction La pré-éclampsie est classiquement associée à une activation de la coagulation [1]. Le test de génération de thrombine donne une vision globale du profil de coagulation. Cette étude a pour objectif de caractériser la coagulation et de vérifier l’hypothèse d’une hyper-coagulabilité associée à la pré-éclampsie à travers les paramètres de thrombinographie et les marqueurs classiques de la coagulation. Matériel et méthodes Cette étude prospective biomédicale cas/témoins compare les marqueurs de la génération de thrombine utilisant la technique de thrombinographie (ETP Potentiel endogène de thrombine, pic de thrombine, temps de latence et vélocité) et les taux de facteur II, facteur V, fibrinogène, complexes TAT, antithrombine, monomères de fibrine et D dimères entre des patientes pré-éclamptiques (n = 111) et des patientes témoins (n = 207) à l’inclusion, à l’accouchement et en post-partum. L’évolution de ces paramètres au cours du temps a été étudiée au sein de la population pré-éclamptique. Une analyse multivariée a été réalisée. Résultats En analyse multivariée, à l’inclusion, l’ETP et les taux de facteurs II, facteur V, les complexes TAT et les D dimères sont supérieurs et le taux d’antithrombine est inférieur dans le groupe prééclampsie (p < 0,05). Le test de génération de thrombine révèle un retard de l’initiation et de l’inhibition de la formation de la thrombine. À
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