Revue de presse
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B. Dousset, Ph. de Mestier, C. Vons
La durée médiane de survie depuis le moment du diagnostic était de 22 mois (1-38) dans le groupe C et 23 mois (3-42) groupe R. La survie actuarielle à 2 ans était de 41 et 44 % (p = 0,75). À la fin de la période de suivi, 21 malades C étaient décédés versus 24 dans le groupe R (p = 0,8). Dans le groupe R la mortalité periopératoire était nulle, et 6/32 malades avaient eu une complication postopératoire (18 %). Dans le groupe C une occlusion est survenue chez 4/27 malades (27 %), sans autre complication. Il n’y a pas eu de mortalité sous chimiothérapie, mais un total de 26 malades ont eu une toxicité initiale de grade 3 ou 4 (10 C,et 16 R). La durée du séjour hospitalier était de 11 jours (C) versus 22 jours (R) (p = 0,003), mais dans le groupe R était comprise la durée de l’hospitalisation liée à la résection. Après chimiothérapie, 6 malades de chaque groupe ont pu avoir une résection hépatique associée à une résection colique pour le groupe C. Les auteurs concluent que la chimiothérapie systémique première chez les malades asymptomatiques porteurs d’un cancer colorectal métastatique synchrone non résécable est une alternative thérapeutique intéressante, en raison d’un séjour hospitalier plus court, d’un geste chirurgical évité chez 78 % des malades, et d’une survie comparable.
Commentaires
Facteurs pronostiques et survie à long terme après résection des carcinomes hépatocellulaires sur foie non cirrhotique
tions et 10 thermoablations par radiofréquence). En analyse multivariée, une transfusion sanguine, l’absence de capsule, la présence de nodules satellites et des marges de résection de moins de 1 cm, étaient significativement corrélées à la survie. Les auteurs concluent que le CHC sur foie sain, a un pronostic dominé par le risque de récidive intrahépatique précoce, lié à une dissémination métastatique. Seuls les facteurs histologiques sont prédictifs de récidives et de survie.
C. Laurent, J.F. Blanc, S. Nobili, A. Sa Cunha, B. le Bail, P. Bioulac-Sage, M. Capdepont, J. Saric
Prognostic factors and longterm survival after hepatic resection for hepatocellular carcinoma originating from noncirrhotic liver J Am Coll Surg 2005;201:656-662. Cent huit malades ayant un carcinome hépatocellulaire (CHC) (exclus les fibrolamellaires) sur foie non cirrhotique et traités par résection hépatique pendant une période de 18 ans dans ce centre français (1985-2002), ont été inclus dans cette étude rétrospective. Il y avait 89 hommes pour 19 femmes âgés en moyenne de 64 ans (23-87 ans). Quarante et un malades avaient une consommation excessive d’alcool (50 %), 35 malades étaient tabagiques (38 %), 24 avaient un diabète (20 %), 32 un surpoids (37 %) et 21 avaient des sérologies positives (25 %) (9 HbS positifs et 12 anti-HCV positifs). Une résection hépatique majeure a été réalisée chez 66 malades (> 3 segments) (61 %) et une résection mineure chez 42 (39 %). Deux malades ont été perdus de vue et la durée moyenne de suivi a été de 23 mois (de 0 à 180 mois). La mortalité a été de 6,5 % et la morbidité a été de 23 %. Trente cinq malades ont été transfusés en moyenne de 750 ml. Vingt deux malades avaient plus d’une tumeur. La taille moyenne des tumeurs était de 9,3 cm (1 à 25 cm). Un envahissement vasculaire microscopique existait dans 26 cas (macroscopique dans 23 cas). Trente quatre malades avaient un foie normal (pas d’hépatite, pas de fibrose, pas de surcharge ferrique, pas de stéatose). Cinquante et un malades avaient une fibrose, classée F1 chez 27 et F2 chez 24 (score METAVIR). Cinq malades avaient une stéatose hépatique sévère (> 50 %). Une résection complète a été réalisée chez 92 malades (85 %). La survie globale à 3 et à 5 ans a été de 55 et 43 %. La survie sans récidive à 3 et à 5 ans a été 43 et 29 %. Cinquante six malades ont eu une récidive (52 %) dont 49 intra-hépatiques. Dix sept malades (30 %) ont eu un traitement curatif (7 re-résec-
1) Pour ces malades arrivant d’emblée avec une maladie tumorale avancée, la chimiothérapie exclusive semble pouvoir éviter une intervention pour plus des trois quarts, avec une régression des métastases hépatiques pouvant rendre le malade opérable dans 20 % des cas. Ces résultats sont concordants avec ceux rapportés par d’autres études. 2) Le risque de survenue d’une occlusion au cours de la chimiothérapie est de l’ordre de 15 %, en sachant qu’une intervention peut dans certains cas être évitée par la pose d’une endoprothèse transtumorale. 3) La question de la chimiothérapie première dans cette situation est cruciale non seulement pour les arguments de cette série (survie semblable, chirurgie évitée chez 3/4 des malades) mais aussi pour augmenter le taux de réponse chez des malades ayant une maladie métastatique agressive. L’objectif essentiel, notamment avec l’avènement des thérapie ciblées, reste de rendre un maximum de malades accessibles à une chirurgie d’exérèse curative. Une étude multicentrique française randomisée est sur le point de débuter, sous l’égide de la FFCD et de FRENCH. Mots-clés : Colon. Traitement. Cancer. Chimiothérapie première.
Commentaires 1) Il s’agit de la 7e série rapportée de CHC sur foie non cirrhotique [1-6] et la troisième européenne [1, 6]. 2) La taille importante des tumeurs diagnostiquées chez ces malades au moment de symptômes a déjà été soulignée [1]. Les auteurs soulignent la faible proportion de malades en Europe, porteurs de virus (25 %), mais la forte proportion de malades ayant une consommation d’alcool excessive (50 %) ou de tabac (38 %), ou un diabète (20 %) ou un surpoids (37 %) vraisemblablement en raison de l’âge moyen relativement élevé des malades. Ceci n’avait pas été mentionné par les séries européennes précédentes [1, 6]. 3) Les facteurs pronostiques de récidive ne sont pas très différents de ceux des malades ayant un foie cirrhotique, ou des malades des autres séries de CHC sur foie non cirrhotique. Cependant, dans cette série, l’envahissement vasculaire n’avait pas de rôle pronostique à la différence des séries asiatiques [2, 3, 6]. 4) Les récidives ont été essentiellement intra-hépatiques. Les auteurs interprètent cela comme une diffusion métastatique intra-hépatique, les facteurs favorisant étant strictement liés aux caractéristiques de la tumeur (ce qui n’est pas différent pour les foies cirrhotiques) et au délai très court (6 mois) de la survenue de la récidive. Mots-clés : Foie. Pronostic. Carcinome hépatocellulaire. Foie non cirrhotique.
1. 2. 3. 4. 5. 6.
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