Histoire de la réanimation respiratoire vue à travers celle des noyés

Histoire de la réanimation respiratoire vue à travers celle des noyés

Ann Fr Anesfh RPanirn 1996;15:86-100 0 Elsevier,Paris Article spkcial Histoire de la &animation respiratoire vue A travers celle des noyks P Leveau ...

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Ann Fr Anesfh RPanirn 1996;15:86-100 0 Elsevier,Paris

Article spkcial

Histoire de la &animation respiratoire vue A travers celle des noyks P Leveau Service d’accueil des urp~~s,

centre hospitalier, avenue du Pr-Leriche, 67504 Haguemu, Frmce

RiSUMc Outre les techniques anecdotiques, issues des raisonnements galbniques d’avant la Renaissance, la methode pour rappeler les noy& B la vie du XVIV jusqu’au premier quart du xlxe si&cle peut surprendre, car on y trouve les techniques actuelles de ventilation artificielle par voie endotracheale. Pourtant, pendant plus d’un sihcle, celles-ci furent abandon&es, au profit de la ventilation artificielle par manceuvres externes basees sur I’expiration for&e, jusqu’en 1958 quand Peter Safar et son groupe d@montr&ent la supbriorite du bouche-a-bouche par rapport aux manceuvres externes. Cette eclipse trouve principalement sa source dans un memoire s( alarmant st de Leroy d’ttiolles en 1827, soulignant les dangers pleuropulmonaires de I’insufflation par voie endotrachbale et proposant des manceuvres externes car ne n&essitant aucun materiel sophistiqub, aisbment appliquables par le public, sans danger, mais jugees & tort tr&s efficaces. D&s lors, les soci&s philanthropiques europbennes retirerent I’insufflation de leurs recommandations dans la prise en charge des noyes et asphyxi6.s. anesthbie respiration

: histoire, artificielle

noyade / ventilation

mkanique

:

ABSTRACT History of respiratory intensive care with reference to first aid for nearly-drowned persons. In addition to anecdotal techniques originating from Galen’s reasoning, the methods for the treatment of nearly-drowned persons from the xvlllth century to the first quater of the xtxth century, are surprising as they still include the artificial internal ventilation techniques of today. Nevertheless for more than one century, these techniques were abandoned. External manual methods generating a forced expiration were preferred until 1958, when Peter Safar and coworkers demonstrated the value of mouth-to-mouth ventilation in comparison with manual methods. This eclipse finds itsorigin mainly in Leroyd’ctiolles’s

Re~ule 20dkcembre1993: accept6le 20septembre 1995

‘alarming’ dissertation produced in 1827, underlining the pleuro-pulmonary risks of endotracheal insufflation and recommending the external manual methods, considered as being easy to use by everybody, without risk, and however improperly given as being efficient. As a result, the European philantropic societiesabandonedbellows and positive pressure ventilation in their official resuscitation scheme for the nearly-drowned and asphyxiated. history

I first aid / near-drowning

I artifical

ventilation

Les accidents et les suicides par noyade ont longtemps 6tC la premiere cause de d&s accidentel. Entre 18.51 et 1855, elle entrainait 38,8 % des d&s accidentels [ 11. La noyade a suscitk de nombreux travaux et a contribd g I’Cmergence de la notion d’urgence vitale et A la formation des premiers secouristes. L’analyse des modalit&s de traitement des noyCs depuis la fin du XVII’ sikcle montre que les techniques actuelles ont &6 dkouvertes il y a plus de 200 ans, puis abandonnkes pendant plus d’un si&Ae.

I~VOLUTIONDE~CONNAI~~AN~E~ SURLANOYADE Jusqu’au milieu du XVIIF sikcle, la majorit des mCdetins pensaient que l’eau pCnCtrait dans l’estomac en respectant les voies akriennes : l’air reste emprisonk dans les poumons, et le noyt meurt en inspiration [2]. Les poumons &ant pleins d’air, l’eau ne pouvait y PCnCtrer puisque les mouvements respiratoires Ctaient abolis : s C’est ainsi h peu pr& que rien ne sort d’une bouteillepleine [d’air] dont le goulot est &twit, et tourne’ verticalement en embas [3] D. Pourtant, certains reconnaissaient la p6nCtration d’eau dans les poumons chez les noyCs comme la cause

Histoire de la tianimation we h travers celle des noyCs

de la mot-t. Celle-ci Ctait attribuee <(four k lafois ci la suppression de l’air et b l’inspiration de l’eau D. En 1719, LittrC a conclu de ses observations anatomiques que l’eau s’introduisait dans les poumons des noyes [4], mais <(il ne croit pas que 1‘eau qui est entree3 soit dans l’estomac, soit dans le poumon, cause la mort ; elle y est en trop petite quantite, surtout dans le poumon. Les Pulmoniques, les Asthmatiques, les Hidropiques ont le poumon bien autrement embarasse, et ne laissent pas de vivre. Cette fausse cause de mort &ant retranchee, il ne faut pas chercher la vraie bien loin. On ne respire plus l’air. >>Pour lui, l’eau ne peut &tre avalee que si le

noyC est vivant dans l’eau, ce qui ne s’observe jamais avec un mort immerge, d’ou sa suggestion mkdicolegale : G Est-ce lci un signe qui aide 2 reconnaitre si des corps qu’on a retire’ de l’eau y ont ette’jettes marts ou vivants ? N [4]. En 1752, a &te demontree de man&e

scientifique la penetration d’eau dans les branches, en noyant des chiens dans des eaux colorees, retrouvees dans les voies aeriennes lors de l’autopsie. Sur le plan medicolegal, ceci permit le diagnostic differentiel entre mort par noyade et mort avant immersion [2]. Puis furent differenciees deux sortes de noyade accidentelle : <
animi D,

l’actuelle syncope thermodifferentielle au tours de laquelle il n’y a pas d’inhalation d’eau, et N la submersion avec matiere B ou par N engouement des voiespulmonaires >>[5]. En 1931, Cot a montre par la noyade experimentale de chiens que v ce ne serait pas la privation directe de l’oxygene qui serait, dans la submersion, la cause directe de la mart, mais bien le choc cause’ par l’irruption de l’eau dans les poumons qui aurait le role capital dans le mecanisme de la mort D.

L’autopsie des animaux revelait une quantite considerable de c( mousse hydroatrique )b,melange d’air et de plasma sanguin. Ainsi, le mecanisme de la mort par submersion Ctait identique a celui de la mort dans l’cedeme aigu du poumon, ce qui justifie la saignee [6]. BVOLUTION ms TECHNIQUES DE RBANIMATION DES NOYkS Position Au xvtt’siecle, l’objectif &ant de vider le noye de l’eau ingurgide, il Ctait d’usage de l’installer a plat ventre sur une barrique, et de l’animer de mouvements de va-etvient. Une autre methode, jugee plus efficace, consistait a suspendre le noye par les pieds au-dessus d’un feu. Ainsi, il se vidait de son eau, la chaleur Cvaporait l’eau ingurgitee et le rechauffait, et l’inhalation de fumee Ctait un stimulant essentiel pour le retour a la vie [7]. Ce concept perdurera environ deux siircles, sous diffe-

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rentes formes. Une autre technique consistait a installer la victime a l’indrieur du tonneau, roule dans un sens puis dans l’autre, avec pour effet a la fois de vider l’estomac et d’exciter les mouvements des liquides de l’organisme, permettant le retablissement de la circulation 171. En 1773, Pia semble etre le premier a recommander le decubitus dorsal, ou l’actuelle position laterale de securite (PLS). En 1856, Hall proposait le decubitus ventral, un bras etant ramene sous le front de la victime. Ainsi, la chute en avant de la langue liberait et desobstruait l’oropharynx [6]. 11Ctait avec Vigne le premier a poser en 1835 le principe d’une d&obstruction des voies aeriennes superieures, avant d’entamer les manceuvres de reanimation [8]. Enfin, a la fin du XIX’ siecle, c’est a nouveau le dkubitus dorsal qui Ctait pr8ne. Cette position permettait d’effectuer la respiration artificielle par manceuvres externes, dont la plus celebre fut celle de Silvester (1858). A partir de 1927, c’est celle de Schafer, victime en decubitus ventral, qui sera officiellement recommandee [8]. Depuis les annees 1960, le retour au decubitus dorsal ou a la PLS permet l’acces aux voies aeriennes superieures et la ventilation artificielle par insufflations endotracheales, telle qu’elle est pratiquee actuellement. RCchauffement Le rechauffement Ctait unanimement considere comme le premier traitement a donner au noye. <
[9] D. Le deshabillage et la mise sous des couvertures Ctaient les gestes habituels, de preference aupres d’un feu. Des frictions Ctaient pratiqutes sur tout le corps. Elles avaient de plus une action stimulante. La tete etait coiffee d’un bonnet de laine ou de flanelle, tandis que la victime Ctait installee sur un matelas de paille. Certains utilisaient des linges ou du sable chaud et des bouillottes. Des 1773, un dispositif comprenant une sorte de rechaud a alcool etait install6 dans les boites de Pia, dispodes au bord des ponts de la Seine a Paris et destinies aux secours aux noyes [lo]. D’autres estimaient que le meilleur moyen Ctait de plonger la victime dans une baignoire, que l’on chauffait progressi-

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vement. M de Villiers recommandait l’usage de cendres pour couvrir le corps des noyes, car <
ville de Paris M deux plumes d’oie pour chatouiller la gorge >) [12]. Les frictions avaient une place particu-

tion des humeurs par l’alkali fixe les cendres qui les a si bien charriees a la vessie, a rendu la saignee inutile, en resolvant la viscosite’ catharrale qui rbulte de la froideur de l’eau (...) on est aussi trts Porte’ h croire que 1‘alkali des cendres, qui est trbs charge’d’air, ainsi qu’on peut s’en convaincre en le combinant avec quelqu ‘acide, en introduit par les pores (de la peau) et que c’est cet air en partie qui r&out sipromptement le sang coagule, fame de ce meme air qui s’est refugie’ dans le poumon qu’il gonfle et rend tres spongieux D [7]. Une

litre. Elles Ctaient effectuees a l’aide de frottoirs en flanelle ou en laine, parfois imbibes d’eau de Cologne, d’alcali volatil fluor ou de sels [7]. La plupart des auteurs s’accordaient pour reconnaitre que certaines parties etaient plus sensibles que d’autres. Ce sont les cuisses, les bras, la colonne vertebrale, la region du cceur, la paume des mains et la plante des pieds. Enfin, en cas d’echec des autres manceuvres de reanimation, le sauveteur devait cxfaire bruler sur le crew de l’estomac,

methode plus pittoresque consistait a rechauffer le noye en le couvrant de fumier, ou de peaux de betes fraichement t&es. En 1764, Wilkinson recommandait d’attacher le corps du noye, tCte en bas, entre deux chevaux en course : les chevaux transmettaient leur chaleur a la victime [7]. D’autres methodes, plus deuces, faisaient appel au recouvrement avec les sous-vetements des personnes presentes, ou encore a (Cla chaleur naturelle et deuce d’une ou de deux personnes en bonne Sante, couche’es nues de chaque c&e’ du noye’ : on met le malade sur un des c8t& et les personnes qui se couchent avec lui, appliquent le devant de leur corps sur les deux faces du noye’ N [9]. Plus tard, l’objectif fut de rechauf-

fer prioritairement le systeme nerveux, en particulier le bulbe. En 193 1, Cot proposait le massagede la nuque, l’application de compresseschaudes ou, mieux, l’usage d’un <(uppareil a air chaud b>[6]. I1 decrit Cgalement des tables chauffantes Clectriques, sur lesquelles le noye pouvait &tre install& qui Cquipaient la plupart des postes de secours pour noyes de la ville de Paris [ 81. Stimulation

mtkanique, thermique et chimique

La stimulation active Visait B faire I’organisme. Pour Ferchault de RCaumur, il faut stimuler l’organisme afin de permettre aux fibres musculaires du poumon et du diaphragme de reprendre leur tonus et ainsi retablir des mouvements respiratoires normaux [ 1I]. Ces stimulations etaient externes ou internes, selon I’Ctat de conscience de la victime, la voie orale etant dtconseillee en cas de coma. CCAvant que le malade donne quelques signes de vie, et qu’il soit capable d’avaler, il serait inutile et meme dangeureux de verser aucune liqueur duns la bouche [9] D.

L’excitation externe consistait a secouer la victime avec vigueur, ou a asperger violemment son visage avec de l’eau froide. Puis ce furent des excitations <(de la membrane pituitaire et des nerfs qui s’y distribuent >),par irritation des fosses nasales avec une plume

d’oiseau ou d’autres ustensiles. On trouvait dans les (
sur les cuisses et sur les bras, de petits d’amadou, de liege ou de papier F>[ 121.

morceaux

L’excitation interne se faisait par diverses voies. Au niveau des fosses nasales, on irritait avec des sels, de l’ammoniac, de I’alcali volatil fluor ou de la fumee de tabac. N On lui souflera dans les narines des poudres irritantes,

telles que celles de tabac ou de marjolaine

[9] )). Ces diverses substances Ctaient Cgalement utilisees par voie buccale ou par sonde gastrique [5]. Mais on conseillait surtout des potions a base d’alcool ou de vin, des expectorants et des Cmetiques. L’hypothetique vomissement induit par ces derniers Ctait suppose gB nerer une reprise reflexe de la respiration, et, en plus de la perte liquidienne, diminuer la stase pulmonaire [7]. Tissot recommandait 1’~ oxymel scillitique D, compose de deux parties de miel et d’une partie de CCvinaigre scillitique B (vinaigre d’oignon de Scille), (C remede propre a diviser les humeurs gluantes N [ 131. D’autres substances avaient des vertus stimulantes : le vinaigre, l’eau-de-vie ou les decoctions de poivre. Portal preferait I’eau de fleur d’oranger, la melisse ou encore du bon vin. La aussi, certains preconisaient des methodes originales, tel Louis qui, en 1752, versait de l’urine chaude dans la bouche ! La fumigation intrarectale etait une technique tres specifique de la reanimation des noyes [ 141.D’origine indienne nord-americaine [ 151, elle consistait a insuffler par voie rectale de la fumee de tabac. N La fume’e de tabac, introduite duns les intestins, &ant un des rembdes les plus necessaires au soulagement des noyes, pour simplifier cette operation et la mettre a la port&e de tout le monde, il a fallu entrer duns des details qui seraient minutieux en toute autre circonstance, et la placer apres le traitement, dont elle aurait trop coupe’ l’histoire, par l’e’tendue qu’exige la description. Voici les conditions a remplir : injecter par l’anus la fumee chaude et irritante du tabac, en &arrant le degofit que cette operation pourroit causer a l’artiste charge de l’appliquer [7] >>.La modalite la plus simple ttait l’in-

sufflation par le seul intermediaire d’un tuyau de pipe ou d’un morceau de sureau. Elle durait 1 a 2 minutes, et Ctait rep&e tous les quarts d’heure, en verifiant que

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le ventre ne se distende ni ne gonfle [16]. I\ la fin du XIX? sikcle, elle ne devait plus &tre exCcutCequ’en cas d’khec des autres techniques, et seulement par un mCdecin rompu 5 sa pratique [ 161.Un sikcle plus t8t, Kite avait signal6 les risques, notamment parce que effectuCe par des personnes inexpkrimendes, mkdecins ou non. De la mcme faGon, Portal <>cette stimulation, l’estimant dangereuse [ 171.En 1811, Benjamin Brodie montrait que l’administration intrarectale de quatre onces d’infusion de tabac (113,6 mL) tuait un chien. 11conclut B la prksence d’un poison cardiaque et contre-indiqua la fumigation en rkanimation [ 181. En 1827, Leroy d’ktiolles soulignait l’effet narcotique et toxique du tabac, prouvC par les expkiences de Brodie et d’orfila. I1 constata la distension abdominale, qui s’oppose B l’abaissement du diaphragme. En remplacement, il suggkra la stimulation Clectrique intestinale [ 191. Stimulation

Clectrique

Dkjja aux VW-VI” sikcles avant JC, Thalks dkcrivit l’&lectricitC statique et, plus tard, Aristote (384-322 avant JC) se servait de la dkcharge Clectrique du poissontorpille pour traiter une attaque de goutte [20]. <>g la fin du XVII” skcle, ses premkres indications thkrapeutiques furent les paralysies, comme le proposaient Nollet et Morand en 1743 [ 111, repris par Le Roy en 1755. En 1774, Changeux utilisait la stimulation Clectrique du diaphragme pour constater la mort des asphyxiks et des noyCs [ 111. En cette fin de XVIII’ sikcle, plusieurs mCdecins et physiologistes ktudikrent les effets de 1’ClectricitC sur des animaux noyCs (Bernouilli, Berthelon, Nicolas et Humboldt) [21]. En 1800, Fine utilisait l’ClectricitC, en cas de noyade ou d’asphyxie, pour accClCrer le dCbit sanguin. 11pensait stimuler le cceur, et ainsi restaurer la circulation [ 111. De la m&me faGon, vers 1836, Carraro reussit B rCanimer des animaux no$s en agissant sur le caeur. Pour les noyCs, Leroy d’Etiolles proposait l’&lectricitS, en 1827, comme substitut B la fumigation intrarectale par la fumCe de tabac. 11proposa une stimulation klectrique du tube digestif en Ctablissant un CCcourant galvanique [...I de la bouche 2 l’anus qui r&eilleruit aussi puissamment que le tabac la contractilite’ des intestins, et n’exposerait ni au danger de produire le narcotisme lie’ au tabac, ni aux inconvtfnients qui peuvent rtfsulter, pour le retour de la respiration, du ballonnement de l’abdomen >>[ 191. La mCme annCe, il proposa B 1’Aca-

dCmie des sciences une technique de respiration artificielle klectrique fondCe sur la stimulation Clectrique du diaphragme [22]. Toutefois, conscient des difficult& techniques de mise en ceuvre et de disponibilik de l’ap-

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pareillage, il proposa de commencer par les manceuvres externes de respiration artificielle [23]. En 1887?Brown-Sequard recommandait la faradisation des regions 1atCralesdu larynx. Jusque dans les anrkes 1930, deux mCthodes de ventilation artificielle par stimulation Clectrique Ctaient d&rites : la faradisation du nerf phrknique et celle des muscles pectoraux selon la technique de Villette [8]. SaignCe

D’usage millknaire, son indication ktait pour certains le disengorgement du cerveau. Pour d’autres, elle avait pour but de diminuer la stase sanguine veineuse en amont des poumons. C’est pourquoi la voie recommandCektait lajugulaire externe [ 111.Buchan ne conseillait la saignCe que lorsque le noyC Ctait rCanimC, et qu’il prksentait oppression, toux et fievre. CCQuelque bon effet qu ‘on attende de la saignge, il est important d’avertir qu’elle ne doit pas e^tre un des premiers secours employ&pour ranimer la vie [9] >>.Le volume prClevk

Ctait variable. En 1782, Tissot recommandait de ne retirer que huit B douze onces de sang (une once est 6gale au seizikme d’une livre, soit 30,594 g). A la mCme6poque, ThCvenot proposait deux palettes [ 141 (rkcipient servant B recueillir le sang de la saignke, d’une contenance de 60 2 80 g [24]). Vers 1930, Cot prkonisait une saignke de 500 mL [6]. Cette thkrapeutique faisait la quasi-unanimitk du corps mkdical. Toutefois, il y eut quelques opposants, mais qui ne furent pas entendus. En 1776, Hunter rkfutait cette mkthode, car <>.A la m&me kpoque, Gardanne

estimait que la mort par noyade n’est pas due & l’apoplexie cCrCbrale,en s’appuyant sur son expkrience. Sur 76 cas de reanimation rCussie, seulement sept avaient CtC saignks, alors que sur !8 noyks dC&dCs, sept l’avaient Cgalement &C [ 141.A l’inverse de la saignke, Fine proposa, en 1800, la transfusion de sang d’un animal ou d’un homme sain. AC&

aux voies akiennes

Trache’otomie Cette mkthode est connue depuis 1’AntiquitC. Au I”” si& cle avant JC, AsclCpiade incisait la trachke en cas de suffocation. Anthyllus: mkdecin romain du III” sikcle, pratiquait la trachkotomie pour les suffocations d’origine haute [ 111.11dkrivait la mkthode : incision transversale entre le 3” et le 4’ anneau tracheal, t&te placCe en hyperextension pour faciliter l’abord. Au XW sikcle, Avicenne employait la trachkotomie dans les <( esqui-

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nancies )> (inflammations, essentiellement diphteriques) suffocantes. Au XVI’ siecle, Fabrice d’Aquapendente introduisit une canule dans I’orifice tracheal [25]. En 1620, Nicolas Habicot Clargit les indications de cette methode. En plus des <(esquinancies >b,il la proposa en cas de corps &ranger larynge ou pharynge [ 111.Toutes ces indications concernaient des personnes en suffocation. Elles ne seront Clargies aux a&s respiratoires qu’au xvw siecle, bien qu’elles restassent discudes, et qu’elles ne fissent pas l’unanimite. Le bouche-a-bouthe et la tracheotomie Ctaient sur un plan d’egalite, la seconde ayant la preference des chirurgiens. En 178 1, Gardanne estimait que la noyade n’etait pas une indication de la tracheotomie, car on pouvait aussi facilement dilater la poitrine en soufflant de l’air par le nez [26]. A l’inverse, en 17 14, Detharding proposait de tracheotomiser les noyes pour faciliter la ventilation artificielle, fort de sa <>[ 1.51. En 1776, Portal proposa comme principal moyen de reanimation des noyes et des asphyxies l’introduction d’air dans la trachee, soit par tracheotomie, soit par intubation endotracheale [8], tandis qu’en 1783 de Poiteau conseillait la tracheotomie pour entreprendre une ventilation artificielle chez le noye [ 151. Zntubation tracht?ale ProposCepar Vesale au xvF siecle, avec un simple morceau de roseau en guise de sonde enfonce a travers la peau [27], l’intubation orotracheale a CtCproposee pour reanimer les noyes a partir de 1755 par Le Cat en France et Cullen en Angleterre. 11sutilisaient alors une sonde en cuir [ll]. En 1753, l’obstetricien Benjamin Pugh avait recours a une canule en cuir arm& introduite dans la bouche des nouveau-n& et guidee au doigt, afin d’assurer la permeabilite des voies aeriennes [ll]. Vers 1769, Monro proposa une c(sonde )>permettant d’intuber le nez en cas de difficult& pour exercer le bouchea-bouche : s Le Dr Monro propose & cet effet un tuyau de bois, dispose’ par une de ses extremites pour remplir la narine, et par 1‘autre, pour qu ‘une personne puisse y soufler avec la bouche, ou pour recevoir le tuyau d’un souflet qu’on emploiera duns la meme vue [9] >>.

Plus tard, les sondes metalliques furent utilisees. Des 1780, Francois Chaussier dota l’extremite de la sonde d’une collerette en Cponge afin d’augmenter l’etancheitC des voies aeriennes. Conscient de la difficult6 de l’intubation orotracheale, Kite, dans son Essay on the recovery of the apparently dead a decrit, en 1788, une technique d’intubation nasale chez les noyes avec un appareil de poche compose d’un tube intranasal sur lequel on pouvait soit adapter un soufflet, soit souffler avec la bouche par l’intermediaire d’un embout [ 151. Douze ans plus tot, William Cullen, dans A Letter to

Lord Cathcart: concerning the recovery of persons drowned and seemingly dead, recommandait l’intuba-

tion nasotracheale et la ventilation au soufflet plutot que le bouche-a-bouche. 11donnait aussi des consignes sur la position de la tete, ainsi que sur la compression du larynx, afin de garantir l’alignement des voies a& riennes superieures et limiter la dilatation gastrique [28]. La m&me annee, Hunter proposa la manceuvre : En 1788, Kite con-

seillait Cgalement la compression cricoidienne, que Sellick [29] decrira deux siecles plus tar-d, en 1961, pour limiter le risque de regurgitation et l’importance de la dilatation gastrique. Dans une ordonnance du 2 decembre 1822 Gconcernant les secours a donner aux noyes )>,la Prefecture de police recommandait l’usage d’une canule courbe en cuivre introduite dans une narine, en y adaptant un soufflet avec lequel on insufflera G en douceur >>de I’air dans les poumons [23]. Certains auteurs preferaient l’intubation endotracheale, plutot que I’intubation pharyngee ou I’intubation nasale, car pour une efficacite equivalente elle dilatait moins l’estomac et Cvitait le recours a la tracheotomie [28]. En 1827, Leroy d’Etiolles inventa un <) (fig 1) permettant l‘intubation orotracheale de faGon plus fiable [19]. Ventilation

artificielle

Les techniques de ventilation artificielle ont passe par trois etapes. PremiBre &ape : ventilation par insufflations endotrachkales Bouche-&bouche

Bien que conseillee d&s le xvc siecle aux sages-femmes pour les nouveau-n& en detresse respiratoire, le bouthe-Bbouche ne sera utilise a des fins de ventilation artificielle qu’au XVIIF siecle. 11fallut en particulier attendre l’abandon de la theorie de Detharding, selon laquelle I’epiglotte ferme la glotte de facon Ctanche au tours de la noyade, et l’apparition de la theorie de Louis demontrant I’inondation des voies aeriennes en cas de noyade. C’est Borelli qui est apparemment le premier a rapporter en 1669 une reanimation avec sucds par bouche-a-bouche. En 1744, Tossach rapporta devant la Societe medicale d’Edimbourg le cas d’un mineur as-

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il t&he d’enfler ses poumons ; ce moyen, pratique’dts les premiers momens, peut devenir aussi efJicace et me”me peut 2tre plus que celui d’introduire dans les intestins l’air ou la fume’e de tabac ; il n’exige aucun instrument et n’exclut pas les deux premiers articles (fumigation intrarectale et rtkhauffement) [7]. >>

Fig 1. Appareil pour faciliter I’introduction de la canuledansla trachCeet CC soufflet calibrk B de Leroy d’ktiolles en 1827[ 191.

En 1767, la Dutch Humane Society recommandait la ventilation artificielle par bouche-8-bouche en seconde position chronologique dans la prise en charge des noyCs, aprks le rkhauffement [ 181.Dans son Domestic medicine, Buchan dkrivit trks prkidment, en 1769, cette technique et prkcisa qu’au cas oti la bouche ou le nez ne permettent pas l’arrivke d’air aux poumons, il devenait nkessaire de pratiquer une trachiotomie [9]. En 1776, Hunter affirmait que la respiration artificielle Ctait la seule technique capable de sauver les victimes de la noyade. Suite a la communication de Tossach, Fothergill exposa les avantages du bouche-kbouche par rapport B l’usage des soufflets, dija propok pour la ventilation artificielle, en 1745. En particulier, la chaleur et 1’humiditC de I’air expiri Ctaient plus aptes B rCtablir la circulation que (( l’air glace’ d’un souflet N [l 11.Pour cette insufflation d’air par la bouche, les diffkrents auteurs prkconisaient l’utilisation d’un tuyau ou d’une canule intermkdiaire, pour kviter le contact et limiter un risque Cventuel de contagion. Outre des instruments spkifiques, les mkdecins et les sauveteurs utilisaient une plume ou le tuyau d’une pipe. Avec la dkcouverte de I’oxygkne et son rBle dans la physiologie respiratoire [ 301, le bouche-kbouche tombera en dksuktude, les auteurs considkrant que les gaz expirks, appauvris en oxygkne, ktaient moins efficaces que l’air atmosphkrique pour la survie des noyks et asphyxiks. Appareils

phyxiC qu’il <)par le bouche-kbouche en 1732 [18]. Initialement, cette technique ktait surtout destinke ?I stimuler et rkchauffer le noyC. Les auteurs du XVIW sikcle conseillaient I’insufflation d’air chaud ou de fumCe de tabac [26]. En 1740, Rkaumur, dans son Avis concernant les persones noyies, qui paraissent mortes,

affirmait que le bouche-kbouche Ctait la meilleure mCthode pour rCanimer les personnes apparemment noykes. En 1771, de Villiers mit en avant la technique du bouche-A-bouche pour son efficacitk et sa simplicitk. Mais elle n’apparait qu’en troisiiime position dans la hikrarchie des gestes qu’il proposait pour rkanimer les noyCs.
d’insufiation

Phase d’expansion Jusqu’au dCbut du XIX' sikcle, les techniques de ventilation artificielle en pression positive intermittente B l’aide d’un soufflet, avec ou sans intubation trachkale, ktaient prkf&Ces 2 la technique du bouche-g-bouche pour des raisons (>et physiologiques, l’air expirC Ctant plus pauvre en oxygkne. Pendant la seconde moitiC du XVIII’ sikcle, il existait trois types d’appareils : des pompes permettant des temps inspiratoire et expiratoire actifs (pompe de Nooth en 1788, pompe apodopnique de Courtois en 1790), des ballons (Chaussier en 1780, Kite en 1788) et surtout des soufflets rkalisant kgalement une expiration active (soufflet apodopnique de Gorcy en 1789, de Leroy d’fitiolles en 1827) [ 111. La premiere rkanimation respiratoire 5 l’aide d’un soufflet et couronke de succ~sest attribde, par Chausl

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Fig 2. CC Pulmotor >)de Drlger vers 1930 [34]

sier, a Paracelse en 1530, en intubant une narine avec la buse d’un soufflet de forgeron. La creation de la Royal Humane Society en 1774 par William Hawes stimula la recherche sur la respiration artificielle [ 1.51. A cette Cpoque, la plupart des auteurs recommandaient une expiration active, telle que la realisation de la compression manuelle de l’abdomen au tours du bouche-abouche, conseillee par Kite en 1788. Les appareils conGUSdans cette optique realisaient une veritable aspiration destinee a evacuer l’cedeme pulmonaire [ 15, 311. En 1827, Leroy d’Etiolles, conscient de la fragilite du tissu pulmonaire et de sa sensibilite aux variations brusques de pression, ameliore la securite des soufflets. Pour Cviter les accidents de surpression, il proposa de (>.Ainsi, apres avoir mesure la (> de plusieurs personnes d’bge different, il equipa son soufflet de rep&es correspondant aux ages, permettant de bloquer l’amplitude du soufflet, ainsi que d’un robinet controlant le debit de l’air insuffle (fig 1) [ 193.Deja, en 1789, Vicq d’ Azyr recommandait de ne pas insuffler l’air trop fortement, pour Cviter les ruptures vasculaires et alveolaires [ 141. D’autres soufflets de plus en plus perfectionnes virent le jour (Grehant en 1871, Fell en 1887, O’Dwyer en 1894, Laborde en 1894) [32, 331. Mais leur usage pour le secours aux noyes et asphyxies fut anecdotique et ils rest&rent entre les mains des physiologistes. Dans les annees 1930, divers ventilateurs mecaniques, dont le Pulmotor de Drager (fig 2), ne furent pas recommandes, bien qu’ils permissent une ventilation efficace, car c leurprincipal inconvenient etait de ne determiner aucun massage cardiaque, aucune oscillation des pressions intracavitaires >>[34].

l Phase de blocage. Complications des insufflations endotracheales par moyen instrumental En 1827, Leroy d’Etiolles presentait a 1’AcadCmie des sciences les resultats d’une etude portant sur la survie des patients reanimes par ventilation en pression positive intermittente, dans laquelle il affirmait que le nombre de decks Ctait plus important par rapport a la technique du bouche-a-bouche. 11 demontrait qu’il est possible et facile de tuer un animal en soufflant brutalement dans ses poumons, avec ou sans soufflet, en entrainant un emphyseme et un pneumothorax [22]. Fort de ce constat, et sachant que les premiers secours aux noyes Ctaient souvent portes par les hommes du peuple et N qu ‘il importe de ne point placer entre leurs mains des procedes ou des appareils qui peuvent donner la mort >>,Leroy d’kiolles proposa une technique de ventilation artificielle par manceuvres externes, plus physiologique que l’insufflation : CC Pendant la vie, ce n’est pas l’air qui distend la poitrine en y penetrant avec plus ou moins d’effort, c’est la poitrine qui se dilate pour donner acces a l’air [ 191 >>. A 1’AcadCmie des sciences, Dumeril et Magendie analydrent ce memoire avec rigueur : .La comparaison des statistiques de Pia (8 13 noyes et asphyxies sauves sur 934, entre 1772 et 1788) avec celles de la Prefecture de police (283 noyes sauves sur 368 secourus parmi 1 835 noyes retires de l’eau entre 1821 et 1826) leur fit conclure que G l’introduction de l’insuflation du poumon, telle qu’on lapratique depuis quelque tempsparmi les secours a donner aux asphyxies, n ‘a rien ajoute a leur efficacite, et il ne serait pas impossible qu’elle n’elit diminue la probabilite du retour a la vie B 1231. Deja en 1821, Brodie, personnage tres influent aupres de la Royal Humane Society, estimait l’insufflation inefficace en cas d’arret cardiaque et inutile en son absence, puisque ces noyes revenaient generalement aeux sans la moindre assistance [ 181. Ainsi, une interpretation physiopathologique incorrecte des techniques de ventilation par manceuvres externes, une interpretation partisane de la litterature pour conforter leur jugement et le soucis de ne pas nuire a une victime en detresse par l’usage amateur de techniques ou d’appareils sophistiques eurent-ils raison de la ventilation artificielle par insufflation pulmonaire. Beaucoup plus tard, en 193 1, l’insufflation est toujours mise en cause au profit de la ventilation pulmonaire par

Histoirede la rkanimationwe h traverscelle des noyCs expiration for&e (manceuvres externes) car ()[23]. Mkthodes manuelles Elles sont essentiellement au nombre de trois. La mCthode de Marshall Hall, datant de 1856, etait basCesur les changements de position du corps <[ 161.La victime ktait couchCe sur le ventre, un paquet sous la poitrine. Le corps ttait tournC sur le c&C, presque sur le dos (temps inspiratoire), puis Ctait subitement remis dans la position initiale, I’opkrateur exerGant alors une pression ferme entre les omoplates (temps expiratoire). Ce cycle ttait effect& environ quinze fois par minute [35]. La mCthode de Silvester, proposCeen 1858, consistait B reproduire les mouvements d’inspiration et d’expiration en manipulant les bras, mobilisant en particulier les muscles pectoraux. Cette mCthode fut adoptCe dans l’ordonnance de la Prefecture de police de Paris le 7 mai 1872 s concernant les secours C?donner aux noyks, asphyxiks et bless&s B [36]. Elle fut utiliske en France jusqu’en 1923 [8]. La victime Ctait couchke sur le dos et un aide maintenait les pieds. L’opCrateur, placC 2 la t&te du noyC, saisissait ses bras p&s des coudes, les avant-bras Ctant f&his ; les ayant fortement appuyCs sur la cage thoracique (temps expiratoire), il les portait au-dessus de la tZte en dCcrivant un arc de cercle (temps

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inspiratoire). Ce cycle Ctait rkpCtCenviron quinze fois par minute [37]. Compte tenu de I’obstruction des voies aCriennes, Jellinek proposait d’associer la traction de la langue au moyen d’un fil transfixiant ou d’une pince conque B cet effet [6]. Laborde suggCrait en 1892 B 1’AcadCmie de mCdecine la CCtraction rythmke de la langue B pour stimuler la reprise de la ventilation [38]. Son procCdCt?taitassociC2 la mCthode de Silvester [ 371. Enfin, on pouvait Cgalement y associer la manceuvre de Guilloz, consistant en une compression de l’abdomen, en direction du thorax [8]. Cette manowvre s’apparentait a celle proposCe par Leroy d’&iolles [23]. La mCthode de Schafer, professeur de physiologie 2 fidimbourg, datant de 1904, a CtCofficiellement prCconisCe en France par le d&ret du 23 janvier 1927 du minis&e des Travaux publics [8]. La victime Ctait Ctendue sur le ventre, bras allong&, tEte sur le c8tk ; 1’opB rateur s’agenouillait B cheval sur elle, tournC vers la t&te, et posait ses mains B plat B la base de chaque hCmithorax ; bras tendus, il pesait alors progressivement de tout son poids, en se portant en avant g la base du thorax (temps expiratoire) ; puis il cessait la pression en se redressant (temps inspiratoire). Ces mouvements Ctaient exCcut& B la frCquence de 15 B 20 par minute [6]. Cette mCthode &tait prCf&e Bcelle de Silvester, car elle ne comportait pas les inconvknients IiCs au dCcubitus dorsal (chute de la langue, risque d’inhalation). Mkthodes instrumentales Divers pro&d& mtcaniques ont t?tCrCali& pour automatiser la mCthode de Schafer, en dkterminant t
Fig 3. Appareilde Hederer en 1923 [34]

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Troisit?me &ape : retour ti la ventilation par insujjlation Bouche-h-bouche Nous avons vu precedemment l’anteriorite de cette technique, ainsi que sa faveur par rapport aux autres methodes, jusqu’aux travaux de Lavoisier a la suite desquels elle a ete supplantee par l’insufflation d’air, parfois enrichi d’oxygene. C’est en 1958 que Safar et son groupe demontrerent la meilleure efficacite du bouchea-bouche par rapport aux methodes non instrumentales de ventilation artificielle par manceuvres externes [41].

Fig4. N Biomotor B de Eisenmenger en 1918 [S]

methode du brancard basculant, mobilisait le contenu abdominal. Le sujet Ctant fixe sur un brancard, la tete et les pieds Ctaient alternativement abaisds de 45 degres en dessous de l’horizontale. Le contenu abdominal poussait le diaphragme dans le thorax, produisant une expiration en position tete basse, et une inspiration en position tCte haute. Huit a neuf mouvements Ctaient effectues par minute [39]. Des 1838, Dalziel inventa un <> qui ddterminait une pression negative autour du thorax du malade, entrainant l’expansion pulmonaire, done l’inspiration [8]. Le (,ancetre des G poumons d’acier >>,sera veritablement introduit en 1876 par von Hauke en Allemagne et Woillez en France. Ce dernier construisit le <x),volumineux cylindre metallique permettant de recevoir le corps d’un adulte, la t&te restant a l’exterieur. Le cou Ctait entoure d’une collerette Ctanche. Un soufflet aspirant creait une depression qui deplissait la cage thoracique et realisait une inspiration [40]. Bien que destine a la reanimation des noyes, il ne fut utilise que deux ou trois fois et avec un resultat peu probant [15]. On lui reprochait le delai de sa mise en ceuvre par rapport aux manceuvresmanuelles executables immediatement [36]. En 1880, Waldenburg construisit une machine reposant sur le mCme principe, mais ne recouvrant que le thorax de la victime. En 1918, le Biomotor de Eisenmenger (fig 4) reprit le concept de la machine de Waldenburg. Son auteur estimait que cet appareil realisait non seulement une veritable respiration artificielle, mais aussi une circulation artificielle [8]. D’autres appareils furent concus en 19 18 par Stewart et Rogoff, et en 1929 par Drinker et McKhann, destines a la ventilation des poliomyelitiques [ 151.

Ventilation mkanique Les Cpidemies de poliomyelite de 1950 a 1952 en Scandinavie ont CtCa l’origine du developpement de la ventilation instrumentale actuelle par voie endotracheale par Lassen [42] et Engstrom [43]. Les poumons d’acier etaient en effet peu nombreux et l’appareil d’anesthesie, depourvu a l’epoque d’un ventilateur. inadapte a la ventilation au long tours [44]. OxygCnothCrapie Histoire de l’oxygtne L’oxygene a et& decouvert en 1772 par Priestley et Lavoisier a compris son role essentiel dans le maintien de la vie a partir de 1775 [30]. Pour autant, il ne fut gdre utilise avant le XX' siecle, faute de disponibilite. Deja en 1788, Kite insistait sur les difficult& a se procurer l’oxygene pour reanimer les noyes et asphyxies [28]. 11 etait obtenu par reaction entre chaux et eau oxygenee, a des debits de 2 a 3 L.min-’ [8]. En 1837, il fut inscrit a la pharmacopee francaise et Ctait disponible dans les pharmacies des grandes villes, avec l’appareil de Limousin (fig 5) [ 161.Ce n’est qu’en 1905 que Claude l’a obtenu de facon industrielle par distillation fractionnee,

Fig 5. Appareil de Limousin destinC au transporter hl’administration d’oxygkne en 1891 [16].

Histoiredela rianimarionwe Btraverscelledesnoyts apr&s liquefaction d’air atmosphCrique purifiC, technique actuelle de production d’oxygi?ne medical. En 1923, Otto et Fry se sont in&es& g la production chimique, par dCcomposition de perchlorures. Cette technique fut explorCe notamment dans un but militaire, pour les avions et les sous-marins. Mais elle ne permettait pas d’obtenir un gaz B usage medical, car trop souillC et peu contralable [45]. Au dCbut du xxe sibcle, le physiologiste Henderson effectuait des recherches sur le gaz carbonique. Avec d’autres, tels que Bohr, Hasselbalch et Krogh, ils s’int&es&rent en particulier aux apnCes et asphyxies au tours des anesthksies gCnCrales. Pour eux, C
cause de regurgitation et de vomissements, et la chute en arrikre de la laneue. difficile B Cviter pour maintenir une bonne CtanchCitk du masque [8]. L’inhalation d’oxygkne sous masque Ctancheen ventilation spontanke ktait recommandee par le Service de santt des armies en 19 17 (masques de Legendre & Nicloux en m&al, de Fernez en caoutchouc, appareil de

tension de gaz carbonique dans le plasma faciliterait, en outre, la dissociation de l’oxygtne de l’he’moglobine, son passage dans le plasma et son utilisation dans les tissus >>[6]. C’est pourquoi, dans les andes 1920,

Henderson utilisait un mClange de 95 ~01% d’oxygkne avec 5 vol % de gaz carbonique (mClange dCnommC (( carbogkne ))), pour combattre les accidents d’asphyxie. C(Grcice 13cette mithode, il obtient des mouvements respiratoires d’amplitude beaucoup plus conside’rable et partant une ventilation pulmonaire dkcuple’e. >)En 1925, Drinker prCconisait l’inhalation

de ce mClange chez tous les asphyxi&, en particulier les noyks et les ClectrocutCs [8]. D’aprks Mouzon, citC par Cot, (Cle gaz carbonique, excitantphysiologique du centre bulbaire respiratoire, ve’ritable hormone, commande 2 la fois l’adaptation des mouvements respirutoires aux besoins en oxygt?ne de l’organisme, et la rkgulation de l’iquilibre acido-basique des humeurs N

[6]. II fut utilisC g partir de 193 1 par les pompiers de Paris. OxygtGtothtG-apiepar voie pulmonaire Depuis le troisi$me quart du XVIW sikcle, les poumons Ctaient la principale voie d’administration de ce (( principe vital )>pour le traitement des asphyxiCs. Jusqu’a la fin du XIX” sikcle, I’oxygbnothCrapie s’effectuait & partir d’un ballon rCservoir ou d’une vessie, prolongCes d’un tube et d’un embout buccal ou adaptable sur le mat6riel d’insufflation, tel l’appareil de Limousin [ 161. Au dCbut du XX~si&cle, I’oxyg&~othCrapie par voie pulmonaire se faisait par trois techniques. L’inhalation d’oxygkne en ventilation spontanCe se pratiquait soit avec un embout buccal, tel le pneumooxygknateur de Lian et Navarre [46], soit selon la technique de Nolf, c’est-i-dire en continu par une sonde nasale [6]. L’oxyg&oth&apie avec un ventilateur se pratiquait soit par une sonde d’intubation, soit plus souvent par un masque ttanche englobant le nez et la bouche. On lui reprochait une dilatation gastrique importante,

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Fig 6. AppareildeGuglielminetten 1903[47].

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Guglielminett (fig 6) [6,47]. Ces masques etaient utilises par les pompiers de Paris a partir de 1911, Oxygtkothbrapie par voie sow-cutanke Imaginee en 1777 par l’abbe Spallanzani, qui injecta de l’oxygene sous la peau chez l’animal et observa son absorption par les tissus, c’est Domine qui preconisa en 1900 cette methode dans les cas de typhus [6]. En 1895, Schneider-Preiswerk, medecin a Bale, proposait l’injection d’air par voie sous-cutanee au niveau du thorax afin de permettre aux naufrages de surnager sans effort [48] ! En 1910, Felix Ramond recommanda la pratique systematique de l’oxygenothtrapie sous-cutanee chez les asphyxies, quelle qu’en soit la cause. Nicloux l’a surtout 6tudiCe dans les intoxications oxycarbodes, oti cette technique a &tt associee a l’inhalation d’oxygene, et Cot I’indiqua dans les noyades, puisqu’il existe <>[6]. Apres la simple aiguille au

bout d’un tube relic a un ballon d’oxygene utilisee par Ramond, de nombreux appareils ont vu le jour, tels l’appareil de Bayeux, de Prevel (1922), de Lian et Navarre (fig 7) [49], de Nary (1926) ou d’ Agasse-Lafont et Douris (1925) [50]. L’injection s’effectuait sur la face externe de la cuisse, n’entravant pas de ce fait la ventilation artificielle. Une dose initiale de 500 mL Ctait recommandee, en ne depassant pas un debit de 100 mL.min-‘. Elle Ctait indiquee d’emblee en cas de noyade, et seulement en traitement complementaire aprits la phase aigue dans les asphyxies d’autre cause [6]. OxygtGzoth&apie par voie intraveineuse Pour Maisonnet, vers 1930, G cette methode est encore une methode d’exception, mais il est des maintenant demontre que les injections d’oxygene dans les veines sont d ‘une innocuite absolue. Les embolies gazeuses ne sontpas a craindre, le gaz inject6 lentement et a doses convenables se flxe sur le sang d’une faGon certaine et complete. L’oxygenothe’rapie intraveineuse est done indiquee dans les cas 02 l’hematose pulmonaire n’est plus possible et lorsqu’il faut agir d’extreme urgence B

[61. En 1865, Demarquay reprit les experiences de Nysten (181 l), qui injectait de l’oxygene dans les veines d’animaux. Mais c’est G&trier qui proposa cette methode en 1902 dans certains cas d’asphyxie, et la m&me annee Mariani realisa la premiere injection intraveineuse d’oxygene chez l’homme. 11s’agissait d’un tuberculeux au stade terminal [51]. En 1904, Stuertz rCservait cette technique aux suffocations par corps &ranger des voies aeriennes ou par cedemede la glotte. En 1915, Bayeux a publie des resultats encourageants en cas d’asphyxie, et la mcme annee Alexandro-Dresca

Fig 7. Appareil de Lian et Navarre destineB I’administration d’oxygkne par voie sowcutante vers 1920[8].

a utilise cette methode chez 100 malades. 11recommandait de ne pas depasser un debit de 8 a 9 mL.min-i. Pourtant, certains trouverent cette methode temeraire et injustifiee. En 193 1, deux techniques etaient proposees : soit l’injection intraveineuse directe d’oxygene avec une seringue de Lian a raison de 200 a 300 mL au maximum, saris depasser un debit de 8 a 9 mL.min-‘, soit H 1‘oxygenotherapie sanguine directe par autotransfusion apres reoxygenation sanguine >>grace a la serin-

gue de Cot, a double entree, dans laquelle s’effectuait le brassage du sang avec de l’oxygene, avant d’etre reinjecte au malade. Cot reservait cette technique a la voie intracardiaque pour les cas d’extreme urgence [6]. Medicaments Bien que la seringue avec corps de pompe et piston soit connue depuis Heron d’Alexandrie au JI’siecle avant JC, la voie intraveineuse n’a Cte utilisee qu’a la fin du XVII” siecle. En 1689, Mickael Ettmuller Ccrivit une Dissertatio de chirurgica infusoria, premier ouvrage ou etaient developpees les indications de cette methode. Pour cet auteur, I’infusion n’etait indiquee qu’en cas d’inefficacite des traitements classiques, ou chez les malades qui ne peuvent avaler, ou dans les affections aigues [52]. Apres une eclipse du XVIII’ siecle jusqu’au milieu du XIX~ siecle, cette methode est revenue a la mode avec l’invention de la seringue en verre a piston et de l’aiguille creuse, par Gabriel Pravaz. Au XVIII’ siccle, il n’y avait gdre de traitement specifique des noyades autre que les manceuvres de reanimation d&rites plus haut. Seuls etaient utilises les stimulants per OS, essentiellement a based’alcool. En 1933, Binet demon-

Histoire de la rkanimation we B travers celle des noyCs

trait l’efficaciti de la cafkine dans le traitement de l’inactivit& du centre respiratoire [53]. L’injection dans le liquide CCphalorachidien &ant connue d&s 1885, les mCdecins eurent 1’idCed’administrer par voie sous-arachnoi’dienne des drogues agissant directement sur les centres respiratoires. IsolCe de la Lobelia inflata (tabac indien), plante de la famille des campanulactes, par Wieland en 1924, la lobkline a Cte reconnue notamment comme un puissant stimulant du centre respiratoire bulbaire [6]. Les voies sous-cutade, intramusculaire et intraveineuse n’ayant qu’une durCe d’action d’environ 10 g 20 minutes, Janossy et Hazama essaykrent la voie sous-arachno’idienne : l’action est immediate, persistante et s’obtient avec des doses moindres. De plus, la 1obCline ayant des effets cardiodkpresseurs marques, cette voie d’administration semblait prCf&able. Cette thkrapeutique Ctait particulihement pr6nCe en 1931 chez les noy& et asphyxiCs, en alternance avec l’oxyg&oth&apie intraveineuse [ 61. La rkanimation cardiaque a commencC au xx” sikcle avec l’apparition des tonicardiaques. En dCbut de ce sikcle, cette classe thkrapeutique comportait la caf&ne, la spartCine et l’Cther, utilisCs en injections sous-cutanCes ou intramusculaires. UltCrieurement, leur usage a Ctk abandon& pour la reanimation des noyb, au profit de l’adrknaline, du camphre et de ses d&iv& [6]. L’adrinaline a CtCisolCe des glandes surrCnales par Takamine et Aldrich en 1901. Vers 1905, Dutaillis et Ledet obtinrent la reprise des battements du cceur aprks une injection intracardiaque. Mais les physiologistes Garrelon et Pascalis observant que
BVOLUTI~N DE LA PRISE EN CHARGE DES NOYb Organisation dessecours Au XVIII’ si&cle, la gratuitC des secours aux noyCs et un systkme de prime au sauvetage ont eu un effet paradoxal. En effet, si cette organisation permettait d’effectuer de nombreux sauvetages, ceux-ci Ctaient le plus souvent entrepris par un public non form& et ce fut sans doute une cause d’Cchec non negligeable. L’organisation des secours Ctait fondCe sur la proximite. Le public Ctait inform6 des mCthodes de rCanimation par les autoritks et par l’edition dans la presse de

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vCritables protocoles Ccrits par des medecins &put&. Tel fut le cas de l’edit royal de Louis XV en 1740 : j,de l’ordonnance de la Prefecture de police de Paris en 1872 <)de Reaumur publiC en 1740, rCCditC en 1759 et en 1769 et reproduit in extenso dans de nombreux journaux [lo]. Ces autoritCs, ainsi que les soci& tCsphilantropiques qui se multiplikrent 2 la fin du XVIII’ siPcle (Milan et Venise en 1768, Vienne en 1769, Paris en 1772, Dresde en 1773, Londres en 1774) [27], assuraient 1’Cquipement des rives des fleuves et des canaux des grandes villes europeennes (boRes de Pia sur les bord de la Seine B Paris en 1772>bo’ites de rkanimation des noy& &Amsterdam, Londres, Lyon). En 1790, prks de 130 villes franqaises Ctaient CquipCesde ces coffrets de premier secours, dans lesquels figurait tout le mat& riel jugC nCcessaire B cette rkanimation, ainsi que le protocole [28]. Pourtant, le contenu de ces boites n’Ctait pas contrale et des appareils disparaissaient. Ainsi, il Ctait frCquent que l’appareil fumigatoire et le soufflet soient vol&, les boites n’Ctant alors plus utilisables. En 1786, alors que 16 (k6taient Ctablies B Lyon, Desgranges presenta ?I 1’Acaddmie de mCdecine un mCmoire dans lequel il rendait compte des <),dont le r81e serait de visiter ces boites tous les 15 jours pour s’assurer de leur Ctat, qu’il n’y manque rien et pour renouveler les drogues [5]. 11constatait Cgalement l’insuffisance de la formation du public aux gestes de premikre urgence. En 1778, il proposa d’t?tablir des tours publics et gratuits sur les asphyxies, de crCer une &ole de natation et de rendre les lavoirs plus stirs (Cpour les personnes qui s’y rendent, et qui nagudre Ctoient trh-exposkes k se noyer >>[5]. En 1887, Nachtel crCa les C
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police qui, (
etendu sur

Des le XVIII’ siecle, les societes savantes ont egalement lutte contre cette croyance qui interdisait de sortir un noye de I’eau en l’absence d’une autorite judiciaire. <
prejuge tient sans doute dans la front&e entre mort definitive et &at de mort apparente, front&e floue pour les medecins et obscure pour le public. Plus tard, en 1833, le premier precepte dans la prise en charge des noyes Ctait toujours : <. Notion de I’urgence

Elle est like a la comprehension de la physiopathologie de la noyade et de la mort du noye. Au XVIII~ siecle, la mort Ctait definie par les rigidites, l’opacite de la cornee ou la putrefaction ! Deja en 1774, Duplanil distinguait l’etat de mort apparente et la mort definitive : <
est aussi un signe de mort [56]. A la fin du XIX” siecle, q
vivant elle est remplie de sdrosite, les doigts de la main deviennent opaques a la lumiere, desfrictions avec une brosse n’amenentplusde rougeur, la tempe’ratureprise sous l’aisselle est inferieure a 20 “C >b[ 161.

Paradoxalement, tres t8t l’urgence de la prise en charge des noyes a &te reconnue. En 1725, <
>>

et Senac expliquait que <>[3]. En 1753, Louis, dans sa Lettre sur la certitude des signes de la mart, demontra que l’entree d’eau

dans les voies aeriennes au tours de la noyade se produit t&s rapidement et que la mort survient en moins de 10 minutes. En 1755, Tissot, dans son Avisaupeuple sur sa Sante’, affirmait que <.Hunter rencherissait en Ccrivant que <j, comme Portal qui ttait

categorique sur l’urgence : c’est dans le bateau mtme qui a rep&he le noye qu’il faut commencer les secours [lo]. Deja en 174 1, Petit avait montre experimentalement que des mammiferes mouraient apres deux a deux minutes et demi d’immersion. 11 en conclut que l’homme ne devait saris doute pas survivre plus longtemps [57]. Alors que l’experimentation semblait demontrer la rapidite de la survenue de la mort dans les noyades et les asphyxies, les auteurs recommandaient d’engager une reanimation mtme apres plusieurs heures d’immersion. Une des raisons de ce paradoxe est l’abus de langage dans la definition mCme de la noyade, comme nous le montre le mtmoire de Petit en 1741 : K Les Hommes qui se noient se donnent toujours machinalement des mouvemens qui les font revenir a la surface de l’eau, 06 ils respirent par reprises, et 02 ils se remettent pour des instans a peu p&s dans l’e’tat nature1

[57] >>.Ainsi, ces victimes en train de se noyer depuis parfois une heure Ctaient considerees comme des noyes. En 1772, De Haen constatait que la foule surestimait constamment la duke d’immersion [ 181. D’autre part, chacun avait la hantise d’enterrer une personne vivante, et de nombreux temoignages Ctayaient cette crainte. L’experimentation semblait contredite par l’observation de cas de sauvetages extraordinaires. En mai 1757, Molin a par16 d’une fille de 18 ans, tombee dans une riviere et repechee seulement 2 heures apres, inconsciente et sans pouls, et finalement rappelee B la vie. Isnard, professeur a 1’AcadCmie des sciences, a rapportC le sauvetage d’un mousse rest6 18 minutes sous l’eau et la SociCtCd’Amsterdam a publie en 1768 l’exemple

Histoire de la &nimation

d’un jeune homme de 23 ans rest6 immergk 30 minutes, et rCanimC avec SIX&S [7]. Citons encore Tissot qui a relatC l’histoire d’un j).En 1932, Cot donnait comme recommandation aux secouristes :
vue B travers celle des noy&

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