Incidence du syndrome de Reye en France

Incidence du syndrome de Reye en France

Lettres à la rédaction lité. Elle souligne la préoccupation globale des pédiatres concernant le devenir de ces enfants à risque de troubles du dévelo...

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Lettres à la rédaction

lité. Elle souligne la préoccupation globale des pédiatres concernant le devenir de ces enfants à risque de troubles du développement. C’est cette même préoccupation qui a suscité l’enquête nationale Epipage, destinée à établir des données fiables à partir d’une population de grands prématurés nés en 1997. Cette enquête s’est heurtée à d’énormes difficultés pour recueillir le suivi à deux ans. Le recueil des données à cinq ans se révèle être encore plus problématique. La fidélisation des patients et la disponibilité des médecins traitants pour répondre avec précision aux demandes de nouvelles sont malheureusement loin d’être généralisées. Ces enfants ont accès aux systèmes de soins (PMI, pédiatres libéraux, etc.) mais le « suivi » et le retour des informations aux néonatologistes est extrêmement aléatoire. Les familles, surtout en milieu urbain, font couramment du « shopping médical », ce qui nuit gravement à une prise en charge adéquate si des troubles du développement apparaissent. Les néonatologistes essaient de combler les lacunes de suivi en favorisant les consultations hospitalières, avec l’espoir de fidéliser les familles, mais ce n’est hélas pas toujours couronné de succès et c’est difficilement gérable. La solution pour assurer le suivi des grands prématurés passe par des systèmes de réseaux de soins ville–hôpital mais il ne suffit pas de créer un réseau pour qu’il soit effectif. Les bonnes volontés ne manquent pas mais il faut du temps et des moyens financiers pour coordonner les ressources existantes. Je comprends l’agacement et le désarroi du docteur Blanc face au gâchis d’énergie et à la méconnaissance des compétences des pédiatres libéraux. C’est surtout un problème de communication mais la communication nécessite elle-même beaucoup de temps et beaucoup d’énergie. J’espère simplement que des solutions se mettront progressivement en place. Je donnerai pour exemple la création récente d’un réseau de suivi des grands prématurés dans la région sud-ouest de l’Îlede-France. Le centre de niveau III (Antoine–Béclère) délègue le suivi aux centres de niveau II qui reçoivent les enfants après leur passage en réanimation. Ces centres de niveaux II ont eux-même pour mission de développer un réseau local ville−hôpital. Des fiches standardisées de suivi ont été établies (à un an, deux ans, trois ans) permettant de récupérer les informations essentielles sur la santé et le développement psychomoteur de l’enfant [2]. Le Groupe d’études en néonatologie de l’Île-de-France travaille d’ailleurs aujourd’hui à cette idée de fiches communes pour le suivi des populations à risque. Alors peut-être bientôt à l’échelon national ? 1 Blanc JP, Zupan V, Dehan M, et les membres du réseau pédiatrique Béclère. Lettre ouverte d’un pédiatre de ville à ses collègues hospitaliers (Lettre à la rédaction). Arch Pédiatr 2001 ; 8 : 448. 2 Zupan V, Dehan M, et les membres du réseau pédiatrique Béclère. Le réseau de suivi pédiatrique du sud de l’Île-de-France. J Gynecol Obstet Reprod 2001 ; 30 : 55-66. S0929693X01006455/COR Arch Pédiatr 2001 ; 8 : 1270-1

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Incidence du syndrome de Reye en France E. Autret-Leca1*, A.P. Jonville-Béra1, M.E. Llau1, F. Bavoux2, J.M. Saudubray3, J. Laugier4, D. Devictor5, P. Barbier1, et tous les services de pédiatrie français 1

Service de pharmacologie, centre hospitalier régional universitaire Bretonneau, 2, boulevard Tonnellé, 37044 Tours cedex 01, France ; 2service de pharmacovigilance, hôpital Saint-Vincent-de-Paul, 74-82, avenue Denfert-Rochereau, 75674 Paris cedex 14, France ; 3 service de pédiatrie, hôpital Necker–Enfants-Malades, 149, rue de Sèvres, 75743 Paris cedex 15, France ; 4service de réanimation pédiatrique, centre hospitalier régional universitaire Clocheville, 49, boulevard Béranger, 37044 Tours cedex 01, France ; 5service de réanimation pédiatrique, hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre, France (Reçu le 18 juillet 2001 ; accepté le 25 juillet 2001) Reye (syndrome de) / épidémiologie / aspirine / métabolisme (erreur congénitale du) Reye’s syndrome / epidemiology / aspirin / metabolism (congenital errors)

Étude financée par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé et publiée dans son intégralité dans J Clin Epidemiol 2001 ; 54 : 857-62. Afin d’évaluer l’incidence du syndrome de Reye (SR) en France où il n’y a pas de restriction officielle d’utilisation de l’aspirine, le service de pharmacologie de Tours a réalisé cette étude à la demande de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS). Pendant une année, en France, entre novembre 1995 et novembre 1996, ont été enregistrés systématiquement tous les SR. Les résultats de cette étude ayant été publiés dans une revue d’épidémiologie [1] nous souhaitons en donner les résultats principaux, ce d’autant que les 370 services de pédiatrie français y ont participé. Ils devaient nous signaler tous les enfants hospitalisés pour des troubles de conscience avec un liquide céphalo-rachidien normal et une ammoniémie ou des transaminases > 3 × N. Un groupe d’experts a classé les cas déclarés en SR probable ou exclu. Pendant les 12 mois d’étude, 46 cas suspects de syndrome de Reye ont été signalés, dix ont été rapidement exclus dans les vingt-quatre premières heures d’hospitalisation, trois l’ont été après cinq jours d’hospitalisation. Parmi les 33 cas restants, le groupe d’experts a retenu 14 SR probables dont cinq avec une maladie métabolique [déficits de l’oxydation des acides gras (trois cas), anomalie du cycle de l’urée (un cas) et déficit en ornithine carbamyl transférase (un cas)]. Parmi les neuf SR sans maladie métabolique un est décédé et un

*Correspondance. Adresse e-mail : [email protected] (E. Autret-Leca).

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autre garde une tétraplégie. Les neuf SR sans maladie métabolique ont par rapport aux cinq SR avec maladie métabolique un âge (5,7 contre 3,1 ans), des transaminases (61 × n contre 5 × n) et une ammoniémie (4,8 × n contre 3 × n) plus élevés, un facteur V (36 % contre 82 %) et des créatinephospho-kinases (3 × n contre 25 × n) plus bas. Huit des neuf SR sans maladie métabolique avaient pris dans les troissemaines précédant l’hospitalisation de l’aspirine associée dans quatre cas à du paracétamol et six avaient reçu un antiémétique dans la semaine précédant l’hospitalisation. L’incidence du SR sans maladie métabolique en France est de 0,8 cas/100 000 enfants de moins de 15 ans (95 % intervalle de confiance 0,36 – 1,51) donc proche de l’incidence aux États-Unis où l’utilisation de l’aspirine est contreindiquée dans les infections virales fébriles de l’enfant. La faible incidence du SR, en dépit de l’absence de recommandations officielles de restriction d’utilisation de l’aspirine peut s’expliquer par la plus grande performance du diagnostic des maladies métaboliques [2] et par la diminution de prescription de l’aspirine. Nous ne disposons pas de données sur la consommation d’aspirine en France au cours de l’étude, mais entre 1980 et 1991, la consommation d’aspirine a diminué (– 10 %) au profit de celle du paracétamol (+ 61 %) et des AINS (240 %) [3]. Cette réduction est particulièrement nette dans les syndromes grippaux. L’association significative entre la prise d’aspirine au cours d’un épisode viral aigu et la survenue du SR ayant été montrée par des études cas/témoins américaines de bonne qualité [4] en dépit d’une incidence française proche de celle des États-Unis, l’AFSSAPS a décidé que la prise d’aspirine chez l’enfant était désormais « déconseillée » en cas de varicelle ou de maladie virale. Cette information a été ajoutée à toutes les monographies d’aspirine pédiatrique du dictionnaire Vidalt et aux notices destinées aux patients. 1 Autret-Leca E, Jonville-Béra AP, Llau ME, Bavoux F, Saudubray JM, Laugier L, et al. Incidence of Reye’s syndrome in France: a hospital-based survey. J Clin Epidemiol 2001 ; 54 : 857-62. 2 Divry P. The relationship of inborn errors of metabolism to Reye’s and Reye-like syndromes. GR Fryers Aspirine Towards 2000. Royal Society of Medecine Services International Congress and Symposium Series Number 168. London : Royal Society of Medecine Servs Limited ; 1990. 3 Maison P, Guillemot D, Vauzelle-Kervroedan F, Balkau B, Sermet C, Thibault N, et al. Trends in aspirin, paracetamol and nonsteroidal anti-inflammatory drug use in children between 1981 and 1992 in France. Eur J Clin Pharmacol 1998 ; 54 : 659-64. 4 Forsyth BW, Horwitz RI, Acampora D, Shapiro ED, Viscoli CM, Feinstein AR, et al. New epidemiologic evidence confirming that bias does not explain the aspirin/Reye’s syndrome association. JAMA 1989 ; 261 : 2517-24. S0929693X01006467/COR Arch Pédiatr 2001 ; 8 : 1271-2

Relation entre vaccination par diphtérie tétanos coqueluche ± Haemophilus influenzae b et mort subite du nourrisson avant trois mois : étude cas-témoin A.P. Jonville-Béra1*, E. Autret-Leca1, F. Barbeillon1, J. Paris Llado2 1

Pharmacologie, centre hospitalier régional universitaire Bretonneau, 2, boulevard Tonnellé, 37044 Tours cedex 01, France ; 2Inserm U 149, hôpital Cochin-Port-Royal, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75674 Paris cedex 14, France (Reçu le 18 juillet 2001 ; accepté le 25 juillet 2001) mort subite du nourrisson / vaccination / épidémiologie sudden infant death / vaccination / epidemiology

Étude financée par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé et publiée dans son intégralité dans J Clin Pharmacol 2001 51 : 271-276. La plupart des études concernant la relation entre mort subite du nourrisson (MSN) et vaccination par DTCP ont été négatives [1]. Une première étude faite dans le service n’avait pas montré d’association entre vaccination et MSN sauf chez les enfants âgés de moins de trois mois [2]. Nous avons souhaité vérifier ce résultat par une étude cas-témoin centrée exclusivement sur les enfants décédés de MSN avant l’âge de trois mois. Ces enfants étaient appariés sur le sexe, l’âge et le lieu de maternité à trois témoins. L’étude a été bâtie pour avoir une puissance de 80 %, un taux de significativité α de 5 % pour mettre en évidence un risque multiplié par deux de mort subite. Les résultats de cette étude ayant été publiés dans une revue de pharmacologie [3] nous souhaitons en donner les résultats principaux, ce d’autant que tous les centres de références pour la mort subite du nourrisson français y ont participé. Pendant les 27 mois de l’étude, 114 cas de mort subite ont été comparés à 341 témoins. L’étude a dû être arrêtée prématurément en raison du ralentissement des inclusions, secondaire à la diminution de l’incidence de la MSN. L’âge maternel était plus bas chez les MSN que chez les contrôles. Les facteurs de risque de MSN déjà connus [4] ont été retrouvés : faible poids ce naissance (odds ratio 6,53 [2,29 – 19]), grossesse multiple (OR 5 [1,8 – 15]), allaitement artificiel (OR 1,8 [1 – 2,85]), sommeil en position ventrale (OR 9,8 [5,8 – 19]) ou sur un matelas mou (OR 3,26 [1,7 – 6,3]), maladie récente (3,5 [1,8 – 6,4]) et tabagisme parental (OR 1,7 [1,2 – 2,3]). En revanche, la fréquence de vaccination par DTCP ± Hib n’était pas différente entre les cas (12 %) et les témoins (14 %) ; OR 1,08 [95 % CI 0,49 – 2,36]). L’ajustement sur le sexe, la position du sommeil, la maladie dans la *Correspondance. Adresse e-mail : jonville-bé[email protected] (A.P. Jonville-Béra).