Editorial
La protection oculaire au hockey professionnel L’édition courante du JCO fait état de l’impact des visières sur les blessures oculaires et orbitaires dans la Ligue nationale de hockey au cours des 10 dernières saisons, 2002/03 à 2012/13.1 Bien que l’étude rétrospective des cas-témoins soit informative, l’information fournie n’est qu’un compterendu des médias et une observation directe de vidéos en ligne. La Ligue nationale de hockey (LNH) et l’Association des joueurs de la Ligue nationale de hockey (AJLNH) ont été pressenties pour des données particulières sur les causes et les mécanismes de blessures, mais elles n’en fourniraient pas d’information en raison de la « protection des renseignements personnels». En conséquence, la véritable incidence des blessures oculaires chez les joueurs du hockey professionnel peut être sensiblement supérieure. Ce document en présente quelques caractéristiques significatives. Il est important de reconnaître et d’accentuer le fait que 1 120 joutes ont été perdues à cause de blessures oculaires et orbitaires au cours de cette période de 10 années, à un coût financier de 33 millions $. Il y a aussi une augmentation des blessures oculaires sans le port de visière. Les joueurs sans visière de la LNH ont considérablement plus de minutes de pénalité, de mises en échec et de bagarres.1 Bien que la plupart des blessures aient été causées par une déviation des rondelles (37 %) ou à un bâton élevé (28 %), 18 % des blessures signalées étaient dues à des bagarres. Celles-ci sont encore tolérées et permises au hockey professionnel. L’élimination des bagarres au hockey professionnel réduirait les blessures oculaires, les commotions cérébrales et d’autres blessures faciales.2 Aux réunions annuelles de 1992, 1993 et 1994 des médecins d’équipe de la LNH, des documents ont été présentés sur les blessures oculaires, les visières de hockey et ce qui concerne le port obligatoire du casque protecteur et des visières3-6, mais la ligue hésite toujours de dévoiler la véritable incidence et les mécanismes des blessures oculaires à une commission indépendante de révision en ophtalmologie. Tous les nouveaux joueurs de la LNH doivent porter un casque protecteur depuis la saison de 1979/80 ; toutefois, la protection oculaire sous forme de visière demeure optionnelle jusqu’à et incluant la dernière saison. Heureusement, pour la saison 2013/14, les recrues doivent porter la visière.7 Durant la saison 2012/13, la gamme d’utilisation visuelle a varié dans la LNH : 91,7 % des Devils du New Jersey portaient une visière contre 63,6 % des Blackhawks du Chicaco. Au total, 72.8% des joueurs portaient des visières. Il est intéressant de noter que 88 % des joueurs européens portaient des visières,
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CAN J OPHTHALMOL — VOL. 49, NO. 3, JUNE 2014
comparativement à 68,6 % des joueurs canadiens. Les joueurs plus jeunes sont plus enclins à utiliser les visières, puisque les ligues américaines et canadiennes de hockey junior les y obligent.7 Que pouvons-nous faire pour réduire davantage les blessures oculaires chez nos joueurs professionnels ? Dans le passé, la LNH avait dit aux médecins d’équipe que les joueurs étaient réticents à l’obligation de porter tout équipement susceptible de nuire à leur performance. Un autre problème peut concerner la possibilité que certains joueurs qui ont une visière ne la portent pas de façon optimale pour prévenir les blessures. Toutefois, des pénalités pertinentes pour le port incorrect de protecteur oculaire pourrait aider à réduire l’incidence des blessures oculaires au hockey. Devrait-on allonger verticalement la demi-visière pour réduire le risque d’un coup de bâton élevé dans l’œil? Les visières réduisent la possibilité d’une blessure oculaire, mais seule la pleine visière protègera les joueurs contre toute blessure oculaire. Le Dr. Tom Pashby connaît l’incidence de 9 joueurs de hockey qui ont perdu la vue alors qu’ils portaient une demi-visière.8 Par ailleurs, les visières complètes n’ont jamais été associées à une blessure oculaire. Aucun autre équipement protecteur dans le sport ne peut se vanter d’un taux d’efficacité de 100 %.9 Lorsque les Ophtalmologistes nord-américains tentaient d’établir des normes et de fournir de la protection aux joueurs de squash et de racquetball, des questionnaires furent envoyés aux organisations et aux joueurs, amateurs et professionnels, pour faire état publiquement de la nature et des causes des blessures, ainsi qu’établir les risques réels et les mécanismes concernant les blessures oculaires dans ces sports. Nous demandons à la LNH et à l’AJLNH de fournir anonymement une information similaire, à une nouvelle commission indépendante d’ophtalmologistes concernant les blessures oculaires chez les joueurs professionnels de hockey. Cela pourra aider grandement à réduire les blessures oculaires chez nos joueurs de hockey, professionnels et amateurs. Michael Easterbrook, * Robert Devenyi †
*Consultant Team Ophthalmologist, Toronto Maple Leafs, 1970–1995 †Consultant Team Ophthalmologist, Toronto Maple Leafs, 1995–2014 Correspondence à: Michael Easterbrook, MD:
[email protected] Can J Ophthalmol 2014;49:235–236 0008-4182/14/$-see front matter & 2014 Published by Elsevier Inc on behalf of the Canadian Ophthalmological Society. http://dx.doi.org/10.1016/j.jcjo.2014.05.001