Nous reprenons les analyses copubliées dans l’AJP et dans les revues Fysiotherapeuten (journal norvégien de kinésithérapie) ou Nederlands Tijdschrift voor Fysiotherapie (journal néerlandais de kinésithérapie). Traduit de l’anglais par M. Gérald Pope, Elsevier Masson, France.
L’entraînement neuromusculaire réduit le risque de blessures des membres inférieurs chez les joueuses de floorball
Analyse critique
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Cette analyse critique est produite par l’Australian Journal of Physiotherapy (AJP). Elle est copubliée dans l’AJP et Kinésithérapie, la revue. Résumé de : Pasanen K, Parkkari J, Pasanen M, Hiiloskorpi H, Mäkinen T, Järvinen M, Kannus P. Neuromuscular training and risk of leg injuries in female floorball players: cluster randomized controlled study. British Medical Journal 2008;337:295. [Préparé par Julia Hush, rédacteur CAP.]
Question : Dans le floorball féminin, les blessures du membre inférieur surviennent souvent sans contact direct. Est-ce qu’un programme d’entraînement neuromusculaire peut prévenir ce type de blessures ? Protocole d’étude : Essai contrôlé randomisé par regroupement. Vingthuit équipes finlandaises féminines de floorball de haut niveau. Participants : Quatre cent cinquante-sept joueuses (âge moyen 24 ans) sans blessure au début de l’étude. Initialement, les deux groupes étaient comparables en termes d’âge, d’indice de masse corporelle, de niveau de jeu, de nombre de blessures antérieures et de volume d’entraînement préparatoire. I n t e r v e n t i o n s : L’ o b j e c t i f d u programme d’entraînement
C O M M E N TA I R E
Kim Bennell, Université de Melbourne La prévention primaire des traumatismes du sport est importante, car elle permet de réduire la morbidité immédiate et à long terme, et d’améliorer la perfor-
Kinesither Rev 2012;(121):6-12
neuromusculaire était de favoriser le contrôle corporel et les aptitudes motrices spécifiques du floorball grâce à quatre composants : techniques de course à pied, équilibre et contrôle corporel, exercices pliométriques, exercices de musculation. Les joueuses ayant des difficultés de contrôle lombaire ou présentant une souplesse limitée faisaient des exercices d’étirement en plus. L’entraîneur, c’est-à-dire l’entraîneur de l’équipe, un kinésithérapeute ou un(e) autre joueur(se) ayant reçu une formation spécifique, avait à sa disposition un équipement adapté : planches d’équilibre, balance pads, balles de fitness, journal de bord pour les exercices, documentation. Les séances d’entraînement de 20 à 30 min étaient programmées tout au long de la saison de floorball de six mois. Pendant la saison, il y avait quatre périodes d’entraînement : deux périodes intensives avec un entraînement deux ou trois fois par semaine au début de la saison et pendant le break de mi-saison et deux périodes de maintenance avec une séance d’entraînement par semaine au cours de la saison de compétition.
Le groupe témoin réalisait le programme d’entraînement habituel. Résultats : Pendant la saison, ont été enregistrées 72 blessures aiguës par un mécanisme sans contact direct, 20 dans le groupe intervention et 52 dans le groupe témoin. Le risque de blessure était réduit de 66 % dans le groupe intervention (rapport des taux d’incidence ajusté [RTIa]: 0,34 [IC95 de 0,20 à 0,57]). L’effet le plus important était la présence d’une lésion ligamentaire de la cheville : n = 27 dans le groupe témoin et n = 8 dans le groupe intervention (RTIa : 0,28 [0,12 à 0,67]). La réduction du risque global de blessures était plus importante dans les équipes ayant le niveau d’observance du programme d’entraînement neuromusculaire le plus élevé comparées au groupe témoin (RTIa : 0,19 [0,06 à 0,64]). Conclusion : Chez les joueuses de floorball, l’entraînement neuromusculaire réduit de façon importante l’incidence des blessures aiguës du membre inférieur résultant d’un mécanisme sans contact direct, habituel dans ce sport. ■
mance de l’équipe. Les kinésithérapeutes devraient participer davantage aux mesures de prévention. Cet essai, montrant qu’un programme d’entraînement neuromusculaire peut réduire le risque de traumatisme aigu, est particulièrement
intéressant pour le clinicien. Il confirme les résultats d’études antérieures (Renstrom et al. 2008). Le programme, comportant des exercices d’équilibre, de musculation, d’étirement et de contrôle corporel, est relativement
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standardisé et dirigé par l’entraîneur de l’équipe, un kinésithérapeute ou un(e) joueur(se) spécialement formé(e). Cette approche peut faciliter la mise en œuvre pratique du programme, mais les bénéfices seraient encore plus importants si l’on pouvait identifier les individus ayant un plus grand risque de blessure (Myer et al. 2007). Il faudrait d’autres recherches pour mieux définir les personnes « à risque » afin de créer des outils de criblage fiables et validés applicables sur le terrain. Plusieurs facteurs pourraient influencer les effets préventifs d’un programme
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d’entraînement. Le premier est le type de sport prat iqué. L’étude présent e était réalisée chez des joueuses d’élite des équipes finlandaises féminines de floorball (un cousin du hockey sur glace appelé aussi unihockey). On ne sait pas si les résultats sont transposables à d’autres joueurs de flo orball, ou à d’autres sports dont les taux de traumatismes du membre inférieur sont élevés, comme le netball, le football, le basketball ou le football australien (footy). Ensuite, il est probable que les bénéfices de ce programme dépendent, au moins en partie, du programme d’entraînement
habituel et de l’importance du composant neuromusculaire dans celui-ci. De plus, comme le montre sans surprise cette étude, une meilleure observance est associée à un meilleur résultat. L’implication pour la mise en œuvre est importante (stratégies visant à maximiser l’observance). Globalement, cette étude met en exergue les détails d’un programme neuromusculaire à intégrer dans un programme d’entraînement habituel. D’autres recherches seront nécessaires pour confirmer les effets bénéfiques dans d’autres sports que le floorball. ■
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