Lignes de démarcation pigmentaire de type B

Lignes de démarcation pigmentaire de type B

Formation médicale continue Document iconographique Ann Dermatol Venereol 2006;133:406-7 Lignes de démarcation pigmentaire de type B F. HOAREAU, C. ...

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Formation médicale continue Document iconographique

Ann Dermatol Venereol 2006;133:406-7

Lignes de démarcation pigmentaire de type B F. HOAREAU, C. LE CLEC’H

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ne femme de peau blanche âgée de trente ans consultait pour une pigmentation de la face postérieure des membres inférieurs (fig. 1), découverte au septième mois de grossesse. Elle signalait avoir effectué un voyage au Maroc en début de grossesse, ne prenait aucun médicament et n’avait appliqué aucun produit topique hormis des crèmes solaires. Il s’agissait d’une hyperpigmentation bilatérale et symétrique à limite interne abrupte allant des cuisses jusqu’au tendon d’Achille, sans signe fonctionnel. Ce sont des lignes de démarcation pigmentaire de type B dont le premier cas a été rapporté en 1913 par Matzumoto [1] sur les membres supérieurs et inférieurs d’une femme japonaise. Elles correspondent à des bordures de transition abrupte entre deux zones de peau, une plus pigmentée et une moins pigmentée. La distribution des lignes reste controversée. Pour certains elles suivraient les lignes de Voigt, lignes délimitant les territoires d’innervation cutanée, pour d’autres les lignes de Blaschko ou les lignes de Sherrington, lignes séparant deux zones cutanées comportant un important décalage de métamères appartenant à des segments médullaires éloignés. Le diagnostic est clinique. L’histologie lorsqu’elle est réalisée montre une hyperpigmentation modérée de la couche basale sans infiltrat inflammatoire. Elles sont classées en six types en fonction de leur localisation, les types A et B sont les plus fréquents et visibles : – type A : partie antérieure du bras, passant par la région pectorale ; – type B : portion postéro-interne du membre inférieur ; – type C : ligne verticale hypopigmentée dans la région pré et para-sternale ; – type D : aire postéro-interne du rachis ; – type E : face antérieure du thorax allant du tiers moyen de la clavicule à la peau périaréolaire de manière bilatérale ; – type F : ligne droite ou incurvée sur le visage. Elles sont fréquentes chez les sujets à peau noire, les japonais et plus rares chez les blancs ; leur fréquence est certainement

Service de Dermatologie, Centre Hospitalier Universitaire 4, rue Larrey, 49933 Angers Cedex 09. Tirés à part : F. HOAREAU, Service de Dermatologie, Centre Hospitalier Universitaire, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 09. E-mail : [email protected]

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Fig. 1.

sous-estimée car elles sont habituellement peu visibles et représentent exceptionnellement un préjudice esthétique conduisant à la consultation. En 1987, leur recherche systématique chez 380 patients [2] a montré, dans le sous-groupe des adultes, une fréquence de 70 p. 100 pour les femmes noires (type A 54 p. 100, type B 46 p. 100, type C 28 p. 100, type D 8 p. 100, type E 12 p. 100) et de 70 p. 100 pour les hommes noirs (type A 34 p. 100, type B 34 p. 100, type C 44 p. 100, type D 4 p. 100, type E 14 p. 100). Elle était de 14 p. 100 pour les femmes blanches (type A 4 p. 100, type B 2 p. 100, type C 8 p. 100) et de 6 p. 100 pour les hommes blancs (type A 2 p. 100, type B 0 p. 100, type C 4 p. 100, type D et E 0 p. 100). L’apparition de lignes de démarcation pigmentaire est connue et classique au cours de la grossesse chez les femmes noires avec une fréquence de 14 p. 100, le type B est le seul documenté. Certains cas seraient précédés ou accompagnés d’une phase érythémateuse. Après l’accouchement les lésions peuvent persister, s’atténuer ou disparaître. Chez la femme blanche, seul trois cas au cours de la grossesse ont été rapportés. Les lignes sont toutes de type B. Le premier cas a été décrit en 1984 [3]. Elles étaient apparues au dernier trimestre de grossesse. L’évolution après l’accouchement n’était pas précisée. Le deuxième cas a été décrit en 2002 [4]. Elles avaient été remarquées entre le troisième et le quatrième mois de grossesse, s’étaient atténuées sans disparaître trois à quatre mois après l’accouchement. Trois ans plus tard au cours de sa deuxième grossesse elles étaient inchangées. Dans la dernière observation [5], les manifestations étaient apparues au sixième mois de grossesse et persistaient neuf mois après l’accouchement.

Lignes de démarcation pigmentaire de type B

Les modifications hormonales ou la compression des nerfs périphériques issus de S1 et S2 par un utérus volumineux ont été avancées comme mécanismes de survenue de ces lésions pendant la grossesse.

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2. James WD, Carter JM, Rodman OG. Pigmentary demarcation lines: a population survey. J Am Acad Dermatol 1987;16:584-90. 3. James WD, Meltzer MS, Guill MA, Berger TG, Rodman OG. Pigmentary demarcation lines associated with pregnancy. J Am Acad Dermatol 1984;11:438-40. 4. Bonci A, Patrizi A. Pigmentary demarcation lines in pregnancy. Arch Dermatol 2002;138:127-8.

Références 1. Matzumoto S. Über eine eigentümliche Pigmentverteilung an den Voigtschen Linien (Beitrag zur kenntnis der Voigtschen Grenzen). Arch Dermatol Syphilol 1913;118:157-64.

5. Ruiz-Villaberde R, Blasco-Melguizo J, Naranjo- Sintes R. Pigmentary demarcation lines in a pregnant Caucasian woman. Int J Dermatol 2004; 43:911-2.

Le Prix Jean DARIER 2005 des Laboratoires SVR destiné à récompenser un projet d'étude épidémiologique en Dermatologie des maladies de la peau, de ses caractéristiques et de ses évolutions naturelles, vient d'être attribué. Pour cette quatrième édition, les Laboratoires SVR ont reçu de nombreux projets venus de France et de l'étranger, tous de qualité et montrant le désir des Dermatologues de faire progresser la Dermatologie. Nous sommes donc heureux de vous annoncer que la Lauréate du Prix Jean DARIER 2005, décerné par les Laboratoires SVR est : Le Professeur Isabelle Bourgault-Villada pour son projet intitulé : « Etude des réponses immunitaires cellulaires chez des couples dont la femme a une papulose bowénoïde liée à HPV-16 : la transmission d'HPV-16 à l'homme est-elle systématique ? ». Le Prix Jean DARIER a été remis à la séance des JDP du samedi 10 décembre 2005 lors de la réunion de la Société Française de Dermatologie. Devant le succès de cette quatrième édition, les Laboratoires SVR invitent les Dermatologues, Chefs de Clinique et Internes en Dermatologie à participer à la cinquième édition du Prix Jean DARIER en 2006, afin de défendre un projet qui leur est cher et par là même de participer aux Progrès de la Dermatologie.

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