Modalités de l’accouchement dans la prévention de la dystocie des épaules en cas de facteurs de risque identifiés

Modalités de l’accouchement dans la prévention de la dystocie des épaules en cas de facteurs de risque identifiés

Journal de Gyn´ ecologie Obst´ etrique et Biologie de la Reproduction (2015) 44, 1261—1271 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.c...

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Journal de Gyn´ ecologie Obst´ etrique et Biologie de la Reproduction (2015) 44, 1261—1271

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

DYSTOCIE DES ÉPAULES

Modalités de l’accouchement dans la prévention de la dystocie des épaules en cas de facteurs de risque identifiés Delivery management for the prevention of shoulder dystocia in case of identified risk factors T. Schmitza,∗,b a

Service de gynécologie obstétrique, hôpital Robert-Debré, AP—HP, 48, boulevard Serrurier, 75019 Paris, France b Université Paris-Diderot, 75010 Paris, France Disponible sur Internet le 1 novembre 2015

MOTS CLÉS Césarienne ; Déclenchement du travail ; Macrosomie fœtale ; Dystocie des épaules ; Élongation du plexus brachial



Résumé But. — Déterminer l’impact de la réalisation (i) d’une confrontation fœto-pelvienne pour l’aide au choix de la voie d’accouchement, (ii) d’une césarienne, (iii) d’un déclenchement du travail et (iv) de certaines modalités de prise en charge de l’accouchement sur le risque de survenue d’une dystocie des épaules chez les patientes enceintes d’un fœtus macrosome, en association ou non à un diabète maternel, et chez celles aux antécédents de dystocie des épaules. Matériel et méthodes. — Consultation de la base de données Medline, de la Cochrane Library et des recommandations des sociétés savantes franc ¸aises et étrangères. Résultats. — En cas de suspicion clinique de macrosomie fœtale, la réalisation d’une échographie est encouragée afin de préciser la suspicion de macrosomie et finalement d’aider aux prises de décisions (accord professionnel). En raison d’un nombre de faux positifs élevé et d’une augmentation du nombre de césariennes associées à son utilisation, il n’est pas recommandé de réaliser une radiopelvimétrie pour prévenir la dystocie des épaules en cas de suspicion de macrosomie fœtale (accord professionnel). Afin d’éviter les complications de la dystocie des épaules et en particulier les lésions irréversibles du plexus brachial, il est recommandé de pratiquer une césarienne en cas d’estimation de poids fœtal supérieure à 4500 g en cas de diabète associé (grade C) et supérieure à 5000 g en l’absence de diabète (grade C). Les données publiées ne fournissent pas d’arguments formels pour recommander un déclenchement du travail systématique en cas de suspicion de macrosomie fœtale (accord professionnel). Néanmoins, un déclenchement du travail sera d’autant plus à privilégier que les conditions locales seront favorables et le terme proche de 39 SA (accord professionnel). En cas de conditions locales favorables et à partir de 39 SA, un déclenchement du travail est encouragé (accord professionnel). Faute de données publiées, il n’est pas possible d’émettre de recommandations quant au déclenchement du travail en cas de diabète maternel et de macrosomie fœtale. Il n’est pas

Correspondance. Adresse e-mail : [email protected]

http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2015.09.051 0368-2315/© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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T. Schmitz recommandé de réaliser une manœuvre de McRoberts prophylactique en cas de suspicion de macrosomie fœtale pour prévenir la survenue d’une dystocie des épaules (grade C). Faute de données publiées, il n’est pas possible d’émettre de recommandations concernant la réalisation d’une épisiotomie ou d’une manœuvre de restitution pour prévenir la dystocie des épaules en cas de suspicion de macrosomie fœtale. En cas de non-progression et de suspicion de macrosomie fœtale, la réalisation d’une césarienne est à préférer à une extraction instrumentale en cas de présentation non engagée ou engagée partie haute (grade C) ; la réalisation d’une extraction instrumentale est à préférer à une césarienne en cas de présentation engagée partie moyenne ou partie basse (grade C). En cas d’antécédent de dystocie des épaules associée à des complications néonatales ou maternelles sévères, une césarienne pourra être envisagée à la grossesse suivante (accord professionnel). Conclusion. — Deux mesures sont recommandées pour prévenir la survenue d’une dystocie des épaules et les complications qui y sont associées, le déclenchement du travail et la césarienne. Un déclenchement du travail sera d’autant plus à privilégier que les conditions locales seront favorables et le terme proche de 39 SA (accord professionnel). En cas de conditions locales favorables et à partir de 39 SA, un déclenchement du travail est encouragé (accord professionnel). Une césarienne devrait être réalisée avant travail en cas (i) d’estimation de poids fœtal supérieure à 4500 g chez la patiente diabétique (grade C), (ii) d’estimation de poids fœtal supérieure à 5000 g chez la patiente non diabétique (grade C) et (iii) pendant le travail, en cas de suspicion de macrosomie et de non-progression lorsque la présentation n’est pas engagée ou engagée seulement partie haute (grade C). En cas d’antécédent de dystocie des épaules associée à des complications néonatales ou maternelles sévères, une césarienne pourra être envisagée à la grossesse suivante (accord professionnel). © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Cesarean; Induction of labor; Fetal macrosomia; Shoulder dystocia; Brachial plexus palsy

Summary Objective. — To determine the impact of (i) computed tomographic (CT) pelvimetry for the choice of the mode of delivery, (ii) cesarean, (iii) induction of labor, and of (iv) various delivery managements on the risk of shoulder dystocia in case of fetal macrosomia, with or without maternal diabetes, and in women with previous history of shoulder dystocia. Methods. — The PubMed database, the Cochrane Library and the recommendations from the French and foreign obstetrical societies or colleges have been consulted. Results. — In case of clinically suspected macrosomia, a sonography should be performed to increase diagnostic performances and to assist in decision-making (Professional consensus). Because CT pelvimetry is associated with high false positive rates and increases cesarean deliveries, its use is not recommended to prevent shoulder dystocia in case of fetal macrosomia (Professional consensus). To avoid the neonatal complications of shoulder dystocia, mainly permanent brachial plexus palsy, cesarean delivery is recommended in case of estimated fetal weight (EFW) greater than 4500 g if associated with maternal diabetes (grade C), and greater than 5000 g in the absence of maternal diabetes (grade C). The published data do not provide definitive evidences to recommend systematic labor induction in case of impending fetal macrosomia (Professional consensus). In case of favourable cervix and gestational age greater than 39 weeks of gestation, labor induction should be promoted (Professional consensus). Prophylactic McRoberts maneuver is not recommended to prevent shoulder dystocia in case of fetal macrosomia (grade C). Because data are lacking, no recommendation is possible regarding the use of episiotomy. In case of fetal macrosomia and failure to progress in the second stage of labor, midpelvic and higher instrumental deliveries are not recommended and a cesarean delivery should be preferred (grade C), if the fetal head is at or lower than a +2 station, cesarean delivery is not recommended and an instrumental delivery should be preferred (grade C). Finally, cesarean delivery should be discussed when history of shoulder dystocia has been associated with severe neonatal or maternal complications (Professional consensus). Conclusion. — To avoid shoulder dystocia and its complications, only two measures are proposed. Induction of labor is recommended in case of impending macrosomia if the cervix is favourable and gestational age greater than 39 weeks of gestation (Professional consensus). Cesarean delivery is recommended before labor in case of (i) EFW greater than 4500 g if associated with maternal diabetes (grade C), (ii) EFW greater than 5000 g in the absence of maternal diabetes (grade C), and finally (iii) during labor, in case of fetal macrosomia and failure to progress in the second stage, when the fetal head is above a +2 station (grade C). Finally, cesarean delivery should be discussed when history of shoulder dystocia has been associated with severe neonatal or maternal complications (Professional consensus). © 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Prévention de la dystocie des épaules

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Introduction

Résultats

Les principaux facteurs de risques associés à la survenue d’une dystocie des épaules sont la macrosomie et le diabète, d’une part, et l’antécédent de dystocie des épaules, d’autre part. L’objectif de ce chapitre a été de répertorier les diverses interventions qui ont été proposées pour éviter la survenue d’une dystocie des épaules en présence des facteurs de risque suscités. Ne seront pas abordés ici les moyens à mettre œuvre pour réduire l’incidence de ces facteurs de risques, ceux-ci étant largement discutés dans le deuxième chapitre de ces recommandations. Quatre types d’intervention ont été proposés pour éviter la survenue d’une dystocie des épaules :

Confrontation fœto-pelvienne

• aider au choix de la voie d’accouchement par la réalisation d’une confrontation fœto-pelvienne ; • ne pas accepter un accouchement par les voies naturelles et proposer une césarienne ; • accepter un accouchement par les voies naturelles mais en raccourcissant la durée de la grossesse afin de stopper le développement de la macrosomie fœtale par un déclenchement du travail ; • modifier la gestion de l’accouchement. Il est souhaitable que l’ensemble des prises de décisions relatives à la prise en charge obstétricale de ces facteurs de risques soit discuté avec la patiente.

Matériel et méthodes La recherche bibliographique a été effectuée à l’aide des bases de données informatiques Medline et de la Cochrane Library sur une période allant de 1989 à mars 2015. Les termes de recherche ont été, soit issus d’un thésaurus (descripteurs du MESH pour Medline), soit tirés du titre ou du résumé (mots titres). Ils ont été combinés en autant d’étapes que nécessaire à l’aide des opérateurs « et », « ou » et « sauf ». Les mots clés suivants : shoulder dystocia et macrosomia ont été combinés avec cesarean, induction, pelvimetry, episiotomy, obstetrician, doctor, practitioner, care provider, labor ward, delivery room, risk management, position, rotation, head, score, nomogram. Seules ont été retenues les publications de langue anglaise et franc ¸aise. Celles-ci ont été classées par niveau de preuve : méta-analyses, essais contrôlés randomisés, essais contrôlés non randomisés, études de cohortes, études castémoins. Plusieurs revues de synthèse sur le sujet ont été consultées. La recherche informatisée a été complétée par une recherche manuelle des références des articles sélectionnés. Les recommandations des sociétés savantes suivantes ont été consultées : Haute Autorité de santé (HAS) ; National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) ; Royal College of Obstetricians and Gynaecologists (RCOG) ; American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG) ; Society of Obstetricians and Gynaecologists of Canada (SOGC) ; et du Collège national des gynécologues et obstétriciens franc ¸ais (CNGOF). L’analyse de la littérature repose globalement sur des études rétrospectives de faible niveau de preuve, NP3.

La réalisation d’une confrontation fœto-pelvienne pour prédire la dystocie des épaules sous-tend deux prérequis : premièrement que l’on soit capable de prédire correctement la macrosomie fœtale, et deuxièmement que la mesure des dimensions du bassin associée à l’estimation de poids fœtal permette de sélectionner les accouchements à risque. Prédiction de la macrosomie fœtale Comment ?. Une revue des études ayant cherché à déterminer les performances de l’examen clinique et de l’échographie pour diagnostiquer une macrosomie fœtale a été publiée par Chauhan et al. en 2005 [1]. Lorsque l’estimation du poids fœtal était faite à l’aide de l’examen clinique après 37 SA en population générale, la probabilité de diagnostiquer correctement une macrosomie définie comme une estimation de poids fœtal supérieure à 4000 g était comprise entre 40 % et 53 % (3 études américaines et israéliennes de 391 à 661 patientes) (NP3). Cette probabilité augmentait à 61 % dans une population de femmes diabétiques (1 étude américaine de 94 patientes) [1] (NP3). Enfin, dans une population de patientes ayant dépassé 41 SA, la probabilité de diagnostiquer correctement une macrosomie fœtale à l’aide de l’examen clinique était comprise entre 66 % et 80 % (2 études américaines de 70 et 84 patientes) [1] (NP3). Les performances de l’échographie ne sont guère supérieures. En population générale, la probabilité de diagnostiquer une macrosomie définie comme une estimation de poids fœtal supérieure à 4000 g était comprise entre 17 % et 79 %, la plupart des études rapportant une probabilité autour de 50 % (17 études dont 13 américaines de 74 à 1690 patientes) [1] (NP3). Chez les patientes diabétiques, cette probabilité augmentait pour être comprise entre 71 % et 81 % (3 études américaines de 133 à 160 patientes) et de 61 % à 63 % en cas de terme supérieur à 41 SA en l’absence de diabète (4 études américaines de 84 à 656 patientes) [1] (NP3). Dans ces études ayant porté sur les performances de l’échographie à diagnostiquer la macrosomie fœtale, l’examen avait été réalisé dans les 7 jours précédant l’accouchement 12 fois sur 24. Le fait d’avoir réalisé l’examen dans la semaine ou même les 3 jours précédant l’accouchement n’augmentait pas la probabilité de faire correctement le diagnostic de macrosomie [1] (NP3). Le choix de la formule mathématique utilisée pour le calcul de l’estimation de poids fœtal ne semble pas non plus influer sur la performance de l’échographie pour diagnostiquer la macrosomie quel que soit le seuil utilisé pour définir cette dernière [2] (NP3). De même, l’estimation de poids fœtal ne semble pas plus performante que la mesure de la circonférence abdominale seule pour diagnostiquer la macrosomie fœtale [2] (NP3). Peu d’études ont porté sur le diagnostic de la macrosomie fœtale au sein de populations franc ¸aises. À partir des données du groupe témoin (présentation céphalique) de l’étude PREMODA, les valeurs diagnostiques de l’examen clinique (mesure de la hauteur utérine) ont été comparées

1264 à celles de la mesure échographique de la circonférence abdominale [3] (NP3). Cette étude a été réalisée à partir d’un échantillon de 1689 patientes ayant eu les deux examens dans les 8 jours précédant l’accouchement. Pour une spécificité fixée à 95 %, la sensibilité de la mesure de la circonférence abdominale était significativement supérieure à celle de la mesure de la hauteur utérine (54 % versus 37,1 %, p < 0,05) pour le diagnostic de macrosomie fœtale [3] (NP3). Les valeurs prédictives positives de ces deux examens restaient inférieures à 50 % (47,2 % et 36,8 %, respectivement) [3] (NP3). Un nomogramme a été développé pour prédire le risque de macrosomie fœtale supérieure à 4000 g à partir d’une population de 194 patientes ayant eu une échographie pour estimation de poids fœtal en raison d’une hauteur utérine supérieure à 34 cm [4]. Outre l’estimation de poids fœtal, l’origine ethnique, l’indice de masse corporelle à l’accouchement ainsi que la parité étaient les variables incluses dans le nomogramme. Les valeurs de la sensibilité, de la spécificité, de la valeur prédictive positive, et de la valeur prédictive négative pour la macrosomie étaient de 61,1 %, 91,8 %, 90,4 %, 65,3 % à l’aide de l’estimation de poids fœtal seule et de 80,2 %, 81,4 %, 84,2 %, 76,9 % à l’aide du modèle combiné (NP3). L’aire sous la courbe ROC était significativement plus élevée avec le modèle combiné qu’avec l’estimation de poids fœtal seule (0,85 versus 0,74, p < 0,05) [4] (NP3). Les résultats prometteurs de ce modèle demandent toutefois à être confirmés dans d’autres populations avant que l’utilisation de ce nomogramme puisse être recommandée. L’impact clinique des valeurs prédictives médiocres de l’échographie pour le diagnostic de macrosomie fœtale a été rapporté par une équipe israélienne dans une série rétrospective de 2086 patientes [5]. Pour un taux global de césariennes de 33,4 %, le diagnostic à tort d’une macrosomie fœtale définie comme une estimation de poids fœtal supérieure à 4000 g (faux positifs) avait pour conséquence d’élever significativement le taux de césarienne à 58,6 % dans ce groupe alors qu’il n’était que de 23,2 % pour les patientes pour lesquelles l’estimation de poids fœtal et le poids de naissance étaient inférieurs à 4000 g (vrais négatifs) et de 26,2 % chez les patientes pour lesquelles la macrosomie était passée inaperc ¸ue avant l’accouchement et qui accouchaient finalement d’un enfant de poids supérieur à 4000 g (faux négatifs). Ainsi, le taux de césarienne était plus que doublé chez les patientes appartenant au groupe des faux positifs (NP3). À l’inverse, parmi les faux négatifs, le taux de complications néonatales traumatiques était plus important que chez les vrais positifs (2,2 % versus 0,3 %, p = 0,02), non pas en raison d’une augmentation du nombre de dystocies des épaules (dont les taux étaient strictement identiques dans ces deux groupes) mais possiblement en rapport avec une augmentation du nombre d’extractions instrumentales (NP3). Pour qui ?. Il n’existe pas à notre connaissance de preuve scientifique justifiant la réalisation d’une échographie à terme pour dépister la macrosomie fœtale. En effet, aucune étude comparative n’a évalué l’impact qu’aurait la mise en place de cet examen en population générale sur la santé des mères et des nouveau-nés. Il n’existe pas non plus d’étude ayant évalué l’intérêt de l’échographie lorsqu’une macrosomie est diagnostiquée cliniquement. En revanche, en cas

T. Schmitz de diabète gestationnel ou préexistant à la grossesse, plusieurs essais randomisés comprenant de 59 à 229 patientes ont montré que le monitorage de l’estimation de poids fœtal ou du périmètre abdominal permettait d’adapter la surveillance et le traitement et finalement de réduire l’incidence de la macrosomie [6—9]. Bien entendu, aucun de ces essais n’avait la puissance statistique pour mettre en évidence une réduction du nombre de dystocies des épaules. Étant donné que toute la littérature, sur laquelle vont reposer les recommandations qui vont suivre, a intégré l’échographie comme examen de référence pour le diagnostic de macrosomie fœtale, il nous a semblé, malgré les imperfections énoncées précédemment, qu’il fallait encourager la réalisation de cet examen en cas de suspicion clinique de macrosomie pour affiner le diagnostic, et finalement aider aux prises de décisions, et ceci même en l’absence de diabète. En cas de suspicion clinique de macrosomie fœtale, la réalisation d’une échographie est encouragée afin de préciser la suspicion de macrosomie, et finalement d’aider aux prises de décisions (accord professionnel).

La pelvimétrie Aucune étude n’a spécifiquement analysé l’intérêt de la pelvimétrie pour prévenir la dystocie des épaules. Les diagrammes, comme celui de Magnin et al. [10], ou les index fœto-pelviens [11—13] ont principalement été utilisés pour prédire le risque de césarienne pour stagnation de la dilatation. Toutes ces études, bien que de qualité médiocre, ont montré des taux de faux positifs élevés, supérieurs à 25 %, associés à une augmentation du nombre de césariennes sans réduction de la morbidité néonatale [10—13] (NP3).

En raison d’un taux de faux positifs élevé et d’une augmentation des risques de césarienne, comme cela avait été conclu lors des RPC diabète et grossesse en 2010 [14], il n’y a pas d’indication à réaliser une radiopelvimétrie en cas de suspicion de macrosomie fœtale (accord professionnel). Au total, il n’est pas recommandé de réaliser une confrontation fœto-pelvienne en cas de suspicion de macrosomie fœtale (grade C).

La césarienne La césarienne a depuis longtemps été proposée comme une intervention permettant d’éviter la survenue d’une dystocie des épaules et les complications qui y sont associées [15]. Toutefois, il est important de rappeler ici d’emblée que de véritables cas d’élongation du plexus brachial ont été rapportés après accouchement par césarienne [16—20], faisant ainsi évoquer dans leur mécanisme de survenue des phénomènes d’impaction intra-utérine, de malpositions fœtales ou de tractions inadaptées au travers de l’hystérotomie. Il serait donc illusoire d’espérer éradiquer cette pathologie

Prévention de la dystocie des épaules par une politique de césarienne programmée systématique en cas de suspicion de macrosomie fœtale. L’évaluation de l’impact de la réalisation d’une césarienne sur la survenue d’une dystocie des épaules a été évaluée assez tardivement. Les études ayant évalué cette stratégie apportent des niveaux de preuve assez bas, les méthodologies utilisées étant des cohortes rétrospectives [21,22] ou prospectives [23] unicentriques ou des modèles analytiques de décision [24—26]. Il n’existe pas d’essai randomisé ayant comparé une tentative de voie basse à une césarienne programmée en cas de suspicion clinique ou échographique de macrosomie fœtale sur le risque de dystocie des épaules. En cas de macrosomie fœtale et en l’absence de diabète, à partir d’une série rétrospective sur 15 ans et environ 75 000 patientes, Langer et al. estiment que 20 % des dystocies des épaules auraient pu être évitées pour les fœtus de plus de 4500 g par la réalisation d’une césarienne [21] (NP4). Toutefois, ces estimations du nombre de dystocie des épaules évitées résultent de calculs réalisés à partir du poids de naissance et non pas d’estimations anténatales cliniques ou échographiques du poids fœtal. Quand sont évalués les résultats d’une politique de césarienne pour macrosomie diagnostiquée à partir des estimations anténatales du poids fœtal, le nombre de dystocies des épaules ou de plexus brachial évités est beaucoup moins élevé qu’attendu [22]. C’est ce qui a été rapporté par l’équipe de Gonen et al. dans une série portant sur 16 416 accouchements pendant quatre années dans laquelle le taux de césarienne global était de 13,2 % [22]. La macrosomie fœtale, définie comme un poids de naissance supérieur à 4500 g, n’a concerné que 133 enfants (0,8 %). Dans cette série, une macrosomie n’a été suspectée que pour 47 femmes et n’a été confirmée à la naissance que 21 fois, soit dans 45 % (21/47) des cas. L’estimation échographique du poids fœtal n’avait été réalisée que chez 115 des patientes qui ont finalement accouché d’un fœtus macrosome et n’avait effectivement permis de dépister cette macrosomie que 21 fois, soit dans 18 % des cas. Trois enfants avec une macrosomie (3 %) et 14 (0,1 %) sans macrosomie ont eu une élongation du plexus brachial. Les auteurs concluent qu’au mieux leur politique de césarienne pour les patientes diagnostiquées avec un fœtus macrosome de plus de 4500 g a permis d’éviter un cas d’élongation du plexus brachial en augmentant le taux de césarienne de 0,16 % [22] (NP3). À partir de ces données, il a été calculé que la réalisation de 740 césariennes serait nécessaire pour éviter un cas d’élongation permanente du plexus brachial (NP3). En cas de macrosomie associée à un diabète maternel, Langer et al. rapportaient 8 % de dystocies des épaules en cas de poids fœtal supérieur à 4250 g et recommandaient pour cette population de femmes enceintes la réalisation d’une césarienne, là encore sans avoir évalué les performances du dépistage de la macrosomie sur lesquelles reposerait inévitablement la mise en place d’une telle politique [21] (NP4). C’est donc ce que ces auteurs ont réalisé dans un deuxième temps lors d’une étude prospective menée pendant deux ans chez 2604 patientes diabétiques [23]. En plus de la réalisation d’une césarienne pour les fœtus estimés à plus de 4250 g, ils proposaient aussi un déclenchement du travail aux femmes dont l’estimation de poids fœtal était supérieure au 90e percentile mais inférieure à 4250 g quel

1265 que soit l’âge gestationnel [23]. Par comparaison à la période ayant précédé sa mise en place, cette politique a fait passer le taux de dystocie des épaules dans cette population de femmes diabétiques de 2,8 % à 1,1 % (OR : 2,2 [1,0—3,5]) et de 18,8 % à 7,4 % (OR : 2,9 [1,0—8,4]) chez les femmes diabétiques avec un fœtus macrosome. Cette réduction du nombre de dystocie des épaules s’est accompagnée d’une augmentation significative du taux de césarienne de 21,7 % à 25,4 % (p < 0,05) [23]. Enfin, parmi les femmes avec une suspicion de macrosomie, l’identification échographique de la macrosomie a été correcte dans 53 % des cas chez les patientes ayant eu une césarienne et dans 22,5 % des cas chez les patientes ayant été déclenchées. Autrement dit, il a été décidé à tort une césarienne dans 47 % des cas et un déclenchement dans 77,5 % des cas [23] (NP3). L’évaluation de l’impact d’une politique de césarienne systématique au-dessus d’un certain seuil à l’estimation de poids fœtal est rendue difficile par la faible fréquence de la dystocie des épaules et par la rareté de sa complication redoutée, l’élongation du plexus brachial. Les études de cohorte publiées ont pour défaut d’être unicentriques, rétrospectives ou partiellement prospectives, et n’ont pas la puissance statistique pour mettre en évidence des différences significatives sur des évènements rares. La réalisation d’un essai randomisé n’est pas possible car l’obtention d’une puissance statistique suffisante supposerait l’inclusion d’un nombre de femmes impossible à atteindre. C’est pourquoi certains ont voulu répondre à cette question par la mise au point de modèles analytiques de décision. Même si ces études permettent aussi d’évaluer les autres conséquences d’une politique de santé mise en place à grande échelle, elles n’en restent pas moins que des modélisations mathématiques d’une réalité non appréhendée [24—26]. Ainsi, le niveau de preuve apporté par ces études n’est pas supérieur à celui des études de cohortes rétrospectives. La première publication ayant fait appel à cette méthodologie est celle de Rouse et al. [24]. Il y est déterminé en se basant sur les données de la littérature et en y intégrant des taux donnés : • d’enfants macrosomes de plus de 4000 g et 4500 g chez les femmes non diabétiques et diabétiques et selon ces tranches de poids de naissance ; • de césariennes ; • de dystocies des épaules ; • d’élongations du plexus brachial associées ou non à la dystocie des épaules ; • la sensibilité et la spécificité de l’échographie pour diagnostiquer la macrosomie ; • les coûts générés par la réalisation d’une échographie, la rééducation d’une élongation du plexus brachial et la réalisation d’une césarienne, qu’il faudrait réaliser 3695 césariennes au coût de 8,7 millions de dollars pour éviter une élongation du plexus brachial si le seuil de 4500 g était choisi chez les patientes non diabétiques. Pour un seuil de 4000 g, il ne faudrait plus réaliser que 2345 césariennes supplémentaires pour un coût de 4,9 millions de dollars. Le fait qu’il faille réaliser moins de césariennes pour un seuil plus bas s’explique par la prévention d’un plus grand nombre de cas d’élongation

1266 du plexus brachial avec ce seuil. Pour les femmes diabétiques, le seuil de 4500 g semblait plus intéressant avec la réalisation de seulement 443 césariennes supplémentaires contre 493 pour un seuil de 4000 g [24] (NP3). Cette même équipe a revu son analyse trois ans plus tard en tenant compte des données de la littérature publiées depuis leur premier article, en particulier sur les performances de l’échographie dans le diagnostic de la macrosomie fœtale. Il était conclu, en choisissant les sensibilités et spécificités de l’échographie, et les taux de dystocie des épaules, d’élongation du plexus brachial, d’élongation permanente du plexus brachial, les plus avantageux à cet exercice de simulation, qu’il ne faudrait plus réaliser qu’entre 109 et 280 césariennes pour éviter un accident [25] (NP3). Toutefois, pour ces mêmes variables, en choisissant des seuils pessimistes, il fallait réaliser entre 664 et 1494 césariennes [25] (NP3). Des analyses comparables ont déterminé qu’il faudrait réaliser 543 césariennes pour éviter un cas d’incontinence anale, en cas de suspicion de macrosomie fœtale de plus de 4500 g [26] (NP3). C’est à partir de ces données qu’ont été émises les recommandations de l’ACOG [27], du RCOG [28] et de la HAS [29]. Les seuils choisis dans ces recommandations pour permettre une réduction du nombre d’élongation du plexus brachial sans augmenter de fac ¸on déraisonnable les taux de césariennes sont 4500 g pour les patientes diabétiques et 5000 g pour les patientes non diabétiques. Toutes ces sociétés savantes recommandent donc, en l’absence de niveau de preuve élevé, la réalisation d’une césarienne en cas d’estimation de poids fœtal de plus de 4500 g en cas de diabète et de plus de 5000 g en l’absence de diabète, afin d’éviter les complications associées à la dystocie des épaules. La recommandation suivante est donc émise, qui vient remplacer celle des RPC 2010 sur la prise en charge du diabète pendant la grossesse [14].

Afin d’éviter les complications de la dystocie des épaules et en particulier les lésions irréversibles du plexus brachial, il est recommandé de pratiquer une césarienne en cas d’estimation de poids fœtal supérieure à 4500 g en cas de diabète associé (grade C) et supérieure à 5000 g en l’absence de diabète (grade C).

Le déclenchement du travail Une autre approche pour éviter la survenue des complications liées à la dystocie des épaules est d’agir avant que ne survienne la macrosomie ou lorsque celle-ci reste encore modérée. Une des interventions consiste alors à déclencher le travail pour stopper la croissance fœtale et permettre la naissance d’un fœtus plus petit, théoriquement moins à risque de complications. Cette stratégie fait craindre une augmentation du taux de césarienne et des complications qui y sont associées. Cette politique a été évaluée par plusieurs études rétrospectives unicentriques [30—33]. Dans la plupart des cas, il est comparé rétrospectivement les issues de grossesses de

T. Schmitz patientes ayant été déclenchées à des patientes qui ont eu un travail spontané. Ces études sont limitées par le fait que ce n’est pas toujours la macrosomie qui a été l’indication du déclenchement et que cette indication est parfois inconnue [31—33]. De plus, ces études comportent des effectifs insuffisants (de 53 à 186 patientes) pour mettre en évidence les véritables bénéfices en termes de santé de la stratégie testée, c’est-à-dire une réduction des élongations du plexus brachial. Deux de ces trois études ont montré une augmentation significative du taux de césarienne dans le groupe déclenchement du travail [21,33], la troisième ne retrouvant pas de différence significative [32] (NP3). L’étude rétrospective la mieux conduite est celle de Combs et al. dans laquelle la décision de déclenchement a été prise en raison d’une suspicion de macrosomie fœtale après échographie [30]. Il est rapporté une augmentation significative du taux de césarienne dans le groupe déclenchement par rapport au groupe travail spontané (57 % versus 31 %, p < 0,01). Même après ajustement sur la parité et le poids de naissance, le risque de césarienne restait plus élevé dans le groupe déclenchement (OR : 2,7 [1—5,9]) (NP3). Enfin, une critique souvent énoncée pour ces études rétrospectives est le choix peu pertinent du groupe témoin (des patientes entrées en travail spontané) qui devrait, pour mieux correspondre à la réalité clinique, être un groupe de femmes pour lesquelles une attitude expectative a été décidée. C’est ce qu’a tenté de faire l’équipe de Caughey [34] à partir du registre des naissances des 50 états américains pour l’année 2003. Les patientes ayant présenté une hypertension artérielle, une prééclampsie, un diabète, une anomalie de la quantité de liquide amniotique ou une pathologie chronique pulmonaire ou cardiaque étaient exclues de l’étude. Plus de 130 000 patientes avaient cette année-là accouché d’un enfant de plus de 4000 ± 125 g après 39 SA en l’absence des pathologies précédemment citées. Cette étude a montré que le taux de césarienne était significativement plus bas chez les patientes ayant eu un déclenchement du travail à 39 SA que chez celles ayant eu une grossesse qui se poursuivait au-delà de ce terme (35,2 % versus 40,9 %, aOR : 1,25 [1,17—1,33]) (NP3) [34]. Cette différence persistait même quand les patientes étaient déclenchées à 40 ou 41 SA. L’ajustement était réalisé sur l’âge maternel, l’origine ethnique, la consommation de tabac, le nombre de visites prénatales ainsi que sur la prise de poids pendant la grossesse. Aucun bénéfice néonatal n’était associé à cette politique de déclenchement. Si cette étude semble rassurer quant à l’augmentation possible du taux de césarienne associée à la pratique du déclenchement du travail en cas de macrosomie, il est en réalité impossible de tirer ce type de conclusion en raison de défauts méthodologiques importants. Tout d’abord, une fois encore, l’indication du déclenchement n’était pas connue et les analyses reposaient sur le poids de naissance plutôt que sur l’estimation de poids fœtal. D’autre part, il est fait l’hypothèse dans cette étude que les fœtus prenaient 200 g chaque semaine, et par conséquent les issues maternelles et néonatales du groupe des femmes dont les nouveau-nés avaient un poids de naissance compris entre 3875 g et 4125 g à 39 SA ont été comparées à celles de femmes dont les nouveau-nés pesaient entre 4075 g et 4325 g à 40 SA et entre 4275 g et 4525 g à 41 SA. Toutefois, ces cinétiques de croissance restent purement hypothétiques et aucun élément ne permet d’affirmer que

Prévention de la dystocie des épaules les patientes dont le fœtus aurait été estimé autour de 4000 g à 39 SA pesait effectivement 4400 g à la naissance deux semaines plus tard. Enfin pour les patientes ayant eu un déclenchement du travail à 39 SA, il n’y avait pas de comparaison avec les femmes ayant bénéficié d’une attitude expectative et ayant aussi accouché entre 39 et 40 SA. Tout récemment ont été publiés des résultats franc ¸ais, issus des données de l’Audipog [35]. À partir d’une base de 411 734 patientes constituée entre 1994 et 2008 ont été extraites les données de 3077 femmes non diabétiques avec un fœtus singleton suspect de macrosomie définie comme un poids estimé supérieur au 97e percentile pour l’âge gestationnel, en présentation céphalique. Les issues maternelles et néonatales de 199 patientes déclenchées entre 37 SA et 38 SA + 6 jours ont été comparées à celles de patientes pour lesquelles l’attitude a été l’expectative. Les caractéristiques maternelles analysées, l’âge maternel, le statut marital, l’origine géographique ainsi que l’indice de masse corporelle ne différaient pas selon les deux groupes. Toutefois, plus de patientes avaient un utérus cicatriciel dans le groupe expectative que dans le groupe déclenchement (13,2 % versus 2,9 %, p < 0,0001). Des complications de la grossesse à type d’hypertension artérielle ou d’hydramnios étaient significativement plus fréquentes dans le groupe déclenchement. L’âge gestationnel moyen de naissance dans le groupe déclenchement était de 37,7 SA contre 39,8 SA dans le groupe expectative pour des poids de naissance moyens de 3792 g et 4028 g respectivement. Le taux d’accouchement voie basse spontanée était de 61,3 % et 51,4 % (p < 0,0001), de césarienne de 21,6 % et 31,2 % (p = 0,005) et d’extractions instrumentales de 17,4 % et 17,1 % dans les groupes déclenchement et expectative, respectivement (NP3). Les taux de lésions périnéales du 3e et 4e degré ainsi que les issues néonatales n’étaient pas différents dans les deux groupes. Il est très difficile d’émettre des conclusions quant à l’intérêt d’un déclenchement à partir de ces données compte tenu du fait que l’indication véritable du déclenchement dans cette étude est inconnue. Jusqu’à la publication récente des résultats de l’essai DAME, trois essais randomisés avaient évalué l’intérêt de cette politique de déclenchement du travail en cas de macrosomie mais seuls les résultats de ceux de Gonen et al. ont été publiés sous la forme d’un article [36], les deux autres ayant été publiés sous forme d’abstract seulement ou pas publiés du tout. Cet essai a inclus 273 patientes et n’a pas montré de différence pour le taux de césarienne ou la morbidité périnatale entre les deux groupes (NP2). Ces trois essais randomisés ont été repris dans une métaanalyse par la Cochrane collaboration [37]. L’ensemble de ces trois essais comporte 372 patientes seulement. Aucune différence significative n’a pu être mise en évidence entre les patientes déclenchées et celles pour qui un travail spontané a été attendu (NP2). Les nombres de dystocie des épaules étaient identiques dans les deux groupes alors que deux élongations du plexus brachial et quatre fractures étaient retrouvées dans le groupe expectative et aucune dans le groupe déclenchement (NP2). L’absence d’effet du déclenchement dans ces essais pourrait être en rapport, d’une part, avec une intervention trop tardive n’ayant pas permis d’empêcher une prise de poids fœtal excessive, empêchant ainsi la mise en évidence d’une différence suffisante de poids de naissance entre les deux attitudes, le

1267 terme moyen de naissance dans les deux groupes se situant autour de 40,5 SA, et d’autre part, avec un manque de puissance statistique. Enfin, d’autres études rétrospectives encore plus anciennes ont été reprises dans une revue systématique de la littérature conjointement à celles précitées et à deux des essais randomisés [38] (NP3). Sur un total de désormais 3751 patientes, 1051 furent déclenchées et 2700 eurent un travail spontané. La mise en travail spontané était associée à un risque moins important de césarienne (OR : 0,39 [0,30—0,50]) et à plus d’accouchement spontané par voie basse (OR : 2,07 [1,34—3,19]) (NP3). Aucune différence significative n’était mise en évidence pour les issues néonatales (NP3). Compte tenu des résultats de ces études et essais ne montrant aucun bénéfice néonatal et possiblement une augmentation du taux de césarienne, toutes les sociétés savantes concluaient jusqu’à présent qu’il ne fallait pas déclencher le travail pour réduire les risques liés à la survenue d’une dystocie des épaules en cas de macrosomie fœtale [27,28,39,40]. Ainsi, en raison des résultats contradictoires des essais randomisés et des études rétrospectives, ceux de l’essai DAME étaient très attendus [41] (NP1). Cet essai a été réalisé en Suisse et en Belgique, mais presque toutes les patientes ont finalement été incluses en France. L’intervention consistait à déclencher les patientes entre 37 SA et 38 SA + 6 jours en cas de suspicion de macrosomie fœtale supérieure au 95e percentile par rapport à l’âge gestationnel à l’échographie. Les femmes avec un utérus cicatriciel, un diabète traité par insuline, un fœtus en présentation non céphalique, une incontinence urinaire ou anale, ou une contre-indication à la voie basse ou au déclenchement n’étaient pas incluses dans l’essai. Le critère de jugement principal était une variable composite associant la survenue d’une dystocie des épaules, d’une fracture de la clavicule, d’une élongation du plexus brachial, d’une hémorragie intracérébrale ou d’un décès. Le nombre de sujets nécessaires a été calculé pour un risque dans le groupe expectative de 5 % à 10 % et dans le groupe déclenchement de 1,66 % à 5 % (soit un risque relatif de 0,33 à 0,5). Pour mettre en évidence une telle différence, il fallait inclure 500 femmes par groupe. L’essai a dû être interrompu avant la fin des inclusions prévues en raison d’un manque de financement. Finalement, 822 femmes ont été randomisées, 407 dans le groupe déclenchement et 411 dans le groupe expectative. Le poids de naissance moyen était de 3831 g dans le groupe déclenchement et de 4118 g dans le groupe expectative. Le déclenchement du travail a réduit le risque de survenue d’un des évènements inclus dans la variable composite (n = 8, 2,0 %), par comparaison à l’expectative (n = 25, 6,1 %) (RR : 0,32 [0,15—0,71]) [41] (NP1). Il suffisait de déclencher 25 patientes pour éviter un des évènements morbides inclus dans cette variable. La probabilité d’accoucher spontanément était plus importante dans le groupe déclenchement (59 % versus 52 %, RR : 1,14 [1,01—1,29]) (NP1). Les taux de césarienne et de morbidité néonatale n’étaient pas différents dans les deux groupes. Cependant, probablement du fait d’une immaturité fœtale plus importante dans le groupe déclenchement, les hyperbilirubinémies supérieures à 250 mmol/L et le recours à la photothérapie étaient plus fréquents dans ce groupe que dans le groupe expectative [41] (NP1).

1268 Les résultats de l’essai DAME sont à interpréter avec précaution. En effet, le statut cervical des patientes, ainsi que les techniques de déclenchement utilisées, ne sont pas rapportées, si bien qu’il soit tout à fait possible que le taux de césarienne du groupe déclenchement résulte en fait d’une réduction de ce taux chez des patientes au col favorable et d’une augmentation de ce taux chez des patientes au col défavorable. L’absence d’information sur le statut cervical des patientes incluses dans l’essai DAME ne remet nullement en cause la validité de ses résultats mais compromet leur validité externe. Une analyse en sous-groupe selon le statut cervical à l’inclusion aurait aidé à leur transposition dans la pratique clinique. De plus en l’absence d’aveugle, il est possible que des obstétriciens convaincus des bénéfices de l’intervention n’aient pas eu une conduite du travail identique en cas de déclenchement et en cas d’expectative. Enfin, le critère de jugement principal est une variable composite. La différence significative n’est due qu’à l’intégration dans cette variable de la dystocie des épaules. En effet, il n’y a pas de différence pour les autres composantes, et il est important de noter qu’aucune élongation du plexus brachial, hémorragie intracérébrale ou décès n’a été à déplorer au cours de l’essai, si bien qu’en termes de santé, les bénéfices du déclenchement restent très modérés dans cet essai. Par conséquent, adopter une politique de déclenchement systématique, quelles que soient les conditions locales, en cas de suspicion de macrosomie fœtale entre 37 SA et 38 SA + 6 jours, telle que proposée dans l’essai DAME, nous apparaît encore prématuré. Cette stratégie ne pourra être préconisée que lorsque des analyses secondaires de cet essai prenant en compte le statut cervical auront été publiées ou que d’autres essais seront venus confirmer ces résultats très encourageants. Comme cela est justement évoqué par Caughey et al. dans l’éditorial accompagnant la publication de cet essai [42], la question désormais posée est celle de la place de l’incorporation de ces résultats dans la pratique clinique et dans des recommandations nationales. Pour cette raison, il nous est apparu important de rappeler ici que le nadir de la morbidité néonatale se situe entre 39 SA et 40 SA, que l’accouchement ait lieu par voie basse ou par césarienne [43—45]. Les complications néonatales, et en particulier respiratoires, sont deux fois plus fréquentes à 37 SA qu’à 38 SA et deux fois plus fréquentes à 38 SA qu’à 39 SA [43—45]. Dès lors, il est possible d’émettre les hypothèses suivantes : proposer un déclenchement systématique du travail avant 39 SA à l’échelle nationale pourrait exposer, d’une part, à une augmentation de la morbidité néonatale plus importante que celle qui a pu être rapportée dans l’essai DAME dont la puissance statistique était insuffisante pour mettre en évidence de telles différences, et d’autre part, à une augmentation du nombre de césariennes compte tenu des conditions locales le plus souvent défavorables à ces termes de la grossesse. Attendre jusqu’à 39 SA un fœtus et un col plus mature pourrait réduire les risques de césarienne et de morbidité néonatale liés à l’immaturité fœtale mais exposerait, à l’inverse, au risque que l’intervention soit moins efficace, c’est-à-dire à une réduction du nombre de dystocie des épaules moins importante que celle rapportée dans l’essai DAME. Enfin, à l’exception d’une étude de 96 patientes n’ayant pas rapporté d’augmentation du nombre de césarienne ou

T. Schmitz de bénéfice néonatal [32], aucune des études ou des essais randomisés précédemment cités ne s’est intéressé spécifiquement au déclenchement en cas de macrosomie associée à un diabète maternel si bien qu’on ne peut tirer de conclusions dans ces cas-là.

En conclusion, les données publiées ne fournissent pas d’arguments formels pour recommander un déclenchement du travail systématique en cas de suspicion de macrosomie fœtale (accord professionnel). Néanmoins, un déclenchement du travail sera d’autant plus à privilégier que les conditions locales seront favorables et le terme proche de 39 SA (accord professionnel). En cas de conditions locales favorables et à partir de 39 SA, un déclenchement du travail est encouragé (accord professionnel).

Modifier la prise en charge de l’accouchement Les principales interventions proposées ou adoptées pendant l’accouchement pour diminuer le risque de dystocie des épaules en cas de suspicion de macrosomie fœtale sont des modifications des positions maternelles, la réalisation d’une épisiotomie, la réalisation d’une manœuvre de restitution de la tête fœtale, et la présence sur place d’un praticien rompu aux manœuvres de réduction de la dystocie des épaules. Enfin, nous traiterons dans ce chapitre, de l’attitude à adopter vis-à-vis de l’extraction instrumentale. Position maternelle Aucune étude ou essai n’a évalué l’effet de la position maternelle pendant le travail pour réduire le risque de survenue de la dystocie des épaules. À l’accouchement, l’intérêt de la réalisation d’une manœuvre de McRoberts prophylactique a été étudié dans deux essais randomisés ayant inclus 185 [46] et 40 [47] patientes enceintes de fœtus macrosomes [46] ou non [47]. Aucun de ces essai n’a mis en évidence de bénéfices à la réalisation de cette manœuvre en termes de réduction du temps écoulé entre la sortie de la tête fœtale de la filière génitale et le reste du corps [46] ou en termes de réduction des forces de traction à appliquer à la tête fœtale pour dégager l’épaule antérieure [47]. Comme attendu, la reprise des résultats de ces essais par la Cochrane collaboration n’a pas modifié leurs conclusions [48]. Bien que ces deux études soient des essais randomisés, l’absence d’aveugle et le faible nombre de patientes incluses ne leur confèrent ni le niveau de preuve 1 ni le niveau de preuve 2.

Il n’est pas recommandé de réaliser une manœuvre de McRoberts prophylactique en cas de suspicion de macrosomie fœtale pour prévenir la survenue d’une dystocie des épaules (grade C).

Épisiotomie Une seule étude s’est intéressée à l’effet de la réalisation d’une épisiotomie sur la survenue d’une dystocie des

Prévention de la dystocie des épaules épaules parmi d’autres critères de morbidité maternelle et néonatale [49]. Il s’agit d’une étude anglaise dans laquelle sont comparées chez 2153 patientes pendant une période de 14 ans les issues maternelles et néonatales après extraction instrumentale par ventouse ou forceps avec et sans épisiotomie. Il est conclu que l’extraction instrumentale avec épisiotomie est associée à plus de déchirures du 3e et 4e degré, de traumatismes fœtaux et de dystocie des épaules que l’extraction instrumentale réalisée sans épisiotomie (NP4). Bien entendu les facteurs de confusion sont légion et en particulier, l’indication de l’extraction, la hauteur de la présentation, le choix de l’instrument utilisé et le poids de naissance par exemple. Aucun de ces facteurs n’ayant été introduit dans le modèle de régression logistique utilisé dans cette publication, il est absolument impossible de tirer des conclusions quant au rôle que pourrait tenir l’épisiotomie dans la prévention de la dystocie des épaules. Les autres publications portant sur l’épisiotomie ont surtout voulu répondre à la question de la nécessité de la réalisation d’une épisiotomie dans la prise en charge de la dystocie des épaules constituée.

1269 RCOG, ne retiennent pas la suspicion de disproportion fœtopelvienne comme une contre-indication à la réalisation d’une extraction instrumentale [50,51].

En pratique, comme cela avait déjà été énoncé en 2008 lors des recommandations pour la pratique clinique du CNGOF sur les extractions instrumentales [52], en cas de suspicion de macrosomie fœtale et de non-progression, il est recommandé de pratiquer une césarienne en cas de présentation non engagée ou engagée partie haute (grade C). En raison des complications maternelles potentiellement graves associées à la réalisation d’une césarienne lorsque la tête fœtale est enclavée dans le pelvis, en cas de présentation engagée partie moyenne ou partie basse et de non-progression, il est recommandé de privilégier l’accouchement par extraction instrumentale (grade C).

Antécédent de dystocie des épaules Faute de données publiées, il n’est pas possible d’émettre de recommandations concernant la réalisation d’une épisiotomie pour prévenir la dystocie des épaules en cas de suspicion de macrosomie fœtale (accord professionnel).

Manœuvre de restitution Il est enseigné dans beaucoup d’écoles de sages-femmes d’accompagner ou même d’exagérer le mouvement de restitution qu’effectue spontanément la tête fœtale une fois qu’elle s’est complètement dégagée. Cette manœuvre de restitution a pour but de positionner le diamètre des épaules dans un axe antéropostérieur au niveau du détroit inférieur et ainsi de faciliter l’engagement de l’épaule antérieure.

Faute de données publiées, il n’est pas possible d’émettre de recommandations concernant la réalisation d’une manœuvre de restitution pour prévenir la dystocie des épaules en cas de suspicion de macrosomie fœtale (accord professionnel).

Extraction instrumentale La situation clinique au cours de laquelle une patiente va accoucher d’un fœtus suspect de macrosomie, après un travail long, est celle associée aux risques de disproportion fœto-pelvienne et donc de dystocie des épaules et aux risques médicolégaux les plus élevés, si bien que l’accoucheur s’interroge fréquemment sur l’attitude à adopter. Il n’existe pas à notre connaissance d’étude ayant spécifiquement évalué les complications néonatales ou maternelles après la réalisation d’une extraction instrumentale alors qu’était suspectée une disproportion fœto-pelvienne. Les autres sociétés savantes, ACOG et

L’antécédent de dystocie des épaules est la situation clinique pour laquelle les odds ratio mesurant l’intensité du risque de survenue d’une dystocie des épaules sont les plus élevés. Si l’antécédent de dystocie des épaules est depuis longtemps reconnu comme un facteur de risque majeur [53—61], aucune étude n’a évalué la conduite à tenir à la grossesse suivante. C’est la raison pour laquelle ce chapitre est traité à part et que ces conclusions reposeront plus sur le bon sens que sur une médecine fondée sur les preuves. En cas d’antécédent de dystocie des épaules résolutive après manœuvre de McRoberts, il n’y a pas d’indication à réaliser une césarienne à la grossesse suivante et l’accouchement par voie basse doit être privilégié. En cas d’antécédent de dystocie des épaules non résolutive après manœuvre de McRoberts associée à des complications sévères, à type d’élongation du plexus brachial, d’encéphalopathie anoxo-ischémique, de décès néonatal, ou de périnée complet compliqué, un accouchement par césarienne pourra être envisagé. Dans les autres situations, en particulier les cas de dystocies des épaules résolues par manœuvre de Jacquemier sans complications maternelles ou fœtales, l’accouchement par voie basse est possible. Il sera à discuter au cas par cas, en fonction du vécu du premier accouchement et du souhait des patientes.

En cas d’antécédent de dystocie des épaules associée à des complications néonatales ou maternelles sévères, une césarienne pourra être envisagée à la grossesse suivante (accord professionnel).

Conclusion De toutes les mesures évoquées au cours de cette revue de la littérature, seules deux d’entre elles sont recommandées

1270 pour éviter la survenue d’une dystocie des épaules et les complications qui y sont associées. Il s’agit du déclenchement du travail qui sera d’autant plus à privilégier que les conditions locales seront favorables et le terme proche de 39 SA (accord professionnel). En cas de conditions locales favorables et à partir de 39 SA, un déclenchement du travail est encouragé (accord professionnel). Une césarienne devrait être réalisée avant travail en cas : • d’estimation de poids fœtal supérieure à 4500 g chez la patiente diabétique (grade C) ; • d’estimation de poids fœtal supérieure à 5000 g chez la patiente non diabétique (grade C) ; • pendant le travail, en cas de suspicion de macrosomie et de non-progression lorsque la présentation n’est pas engagée ou engagée seulement partie haute (grade C). En cas d’antécédent de dystocie des épaules associée à des complications néonatales ou maternelles sévères, une césarienne pourra être envisagée à la grossesse suivante (accord professionnel).

Déclaration de liens d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

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