Ouverture du capital des officines, derniers rebondissements

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Actualités pharmaceutiques Ř n° 481 Ř Janvier 2009 actualités Recherche Du nouveau sur l’absorption des médicaments La pénétration cellulaire d’une...

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Actualités pharmaceutiques Ř n° 481 Ř Janvier 2009

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Du nouveau sur l’absorption des médicaments La pénétration cellulaire d’une substance chimique dépend essentiellement de sa lipophilie : ce concept pharmacologique est aujourd’hui remis en question. Durant plus d’un siècle, les chimistes des laboratoires pharmaceutiques et les médecins se sont pourtant fondés dessus pour conduire les essais cliniques. Si cette remise en cause était confirmée, toutes les études de cinétique des médicaments disponibles seraient à reprendre.

L

es membranes cellulaires sont formées d’une double couche de phospholipides dans laquelle sont enchâssées de nombreuses protéines. Ces membranes semi-perméables sont capables de contrôler la composition de la cellule et de maintenir l’homéostasie. Pour cela, les transports passifs (dans le sens du gradient de concentration, par les lipides ou des canaux protéiques), comme les transports actifs (dans le sens inverse du gradient, par des protéines et requérant de l’énergie) sont déterminants. Parmi les molécules transportées par phénomène passif, les acides faibles constituent une proportion importante

des médicaments possédant des sites d’action intracellulaires.

La règle d’Overton Dans les années 1890, un chercheur suisse de l’Université de Zurich, Ernest Overton 1 avait établi une loi encore utilisée, indiquant que plus une molécule chimique est lipophile, plus elle pénètre facilement et rapidement dans une cellule. Il avait même établi une équation qui permettait de prédire la rapidité de diffusion d’une molécule : Coefficient de pénétration P = KD / l où K est le coefficient de partage huile/eau de la molécule, D le coefficient de diffusion (spécifique d’une substance et d’une membrane donnée) et l l’épaisseur de la membrane.

Un des paramètres-clés de l’équation est le facteur K définissant la viscosité. Par simplification et selon cette équation, il était coutumier d’affirmer que plus K (donc la lipophilie) est grand, plus rapide est le taux de pénétration cellulaire de la substance chimique, une hypothèse réfutée par les travaux des chercheurs de l’Université de Warwick, en Grande-Bretagne2.

Une remise en question En s’appuyant sur des techniques innovantes de microscopie confocale couplée à la micro-électrochimie générant des gradients de pH, l’équipe de Patrick Unwin annonce que les parois cellulaires absorberaient des substances chimiques, en particulier les acides faibles aliphatiques – fonction possédée par de nombreux médicaments – jusqu’à cent fois plus lentement que prédit par la règle d’Overton. De plus, les chercheurs ont montré que le coefficient de pénétration à travers un modèle

© Fotolia/Y. Aleksandrovich / DR

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de membrane isolée diminuait avec la taille de la queue acyle des molécules, c’est-à-dire de leur plus grande masse. À en croire ces résultats, le coefficient de partage, définissant la liposolubilité d’une molécule, ne serait pas, comme énoncé jusqu’alors, le facteur déterminant de la pénétration des médicaments à travers les membranes biologiques. La pénétration des acides faibles serait ainsi plutôt influencée par le poids moléculaire des substances.

élucider encore davantage la base moléculaire de ces observations. Cette étude nous rappelle une fois encore la prudence et l’humilité dont doivent se prémunir les chercheurs comme les professionnels de santé, face à des dogmes ou des faits acceptés depuis longtemps, mais dont la confirmation mérite régulièrement des remises en question, au fur et à mesure des avancées des techniques d’analyse.  Sébastien Faure Maître de conférences des Universités,

Quel impact sur les futurs essais cliniques ? Ces récentes observations pourraient évidemment avoir un impact majeur sur le développement et les essais cliniques des futurs médicaments. Reste maintenant à observer la diffusion dans des cellules entières cette fois, d’un éventail d’autres substances chimiques et à utiliser d’autres techniques pour

Faculté de pharmacie, Angers (49) [email protected]

Références 1. Overton CE. On the general osmotic properties of the cell, their probable origin, and their signi?cance for physiology. Vierteljahrsschr Naturforsch Ges Zurich 1899; 44:88-135 (traduit de l’allemand). 2. Grime JM, Edwards MA, Rudd NC, Unwin PR. Quantitative visualization of passive transport across bilayer lipid membranes. Proc Natl Acad Sci USA 2008; 105(38): 14277-82.

O Ouverture du capital des officines, derniers rebondissements L’avocat général à la Cour de justice des Communautés européennes, à Luxembourg, Yves Bot, a rendu, le 16 décembre 2008, ses conclusions quant à l’épineuse question de l’ouverture du capital des pharmacies à des non-pharmaciens. Sa position est claire : la détention et l’exploitation d’une pharmacie doivent être réservées aux seuls officinaux. L’interdiction faite à un non-pharmacien de posséder et d’exploiter une pharmacie serait donc justifiée, ce dernier n’apportant pas les garanties nécessaires pour assurer un approvisionnement, varié et de qualité, de la population en médicaments. Reste, maintenant, à attendre la décision de la Cour. E.D.