Cas clinique n°1
Pneumopathie infiltrante subaiguë avec aspect radiologique en verre dépoli B. Maitre1*, F. Lebargy2**
Observation Motif d'hospitalisation Il s'agit d'un patient âgé de 48 ans, hospitalisé pour une dyspnée d'installation subaiguë.
Antécédents et habitus Dans les antécédents, on retient un tabagisme cumulé de 3 paquets-années, interrompu depuis plus de 10 ans. Il n'a aucun antécédent médico-chirurgical significatif, ne prend aucun traitement. Il est marié, père de 2 enfants en bonne santé. Il exerce la profession de livreur d'aliments pour animaux, d'antibiotiques et de talc (notion de fort empoussièrement au talc). Il n'a jamais séjourné à l'étranger.
Histoire de la maladie
* Expert ** Consultant 1Service de Pneumologie, Hôpitaux intercommunal et H. Mondor, Créteil, Université Paris XII, France 2Service de Pneumologie et d’Allergologie, CHU, Reims, France
Correspondance :
[email protected] Rev Mal Respir 2006 ; 23 : 5S9-5S11 Doi : 10.1019/200530201
L'histoire débute par une sensation de gêne respiratoire à l'effort, apparue il y a environ 6 semaines. Celle ci s'est aggravée progressivement justifiant une consultation spécialisée. Le bilan effectué par le pneumologue rapporte les éléments suivants : - Au plan clinique : une température à 38°3 C, un amaigrissement de 4 kg en 1 mois, la perception de quelques râles sous-crépitants en regard des deux bases pulmonaires, l'absence de signe extra thoracique. - La radiographie de thorax et le scanner du thorax réalisés en ville montrent quelques plages d'hyperdensité en verre dépoli (fig. 1 et 2) . - La biologie est la suivante : leucocytes : 6,7 Giga/L [PN neutrophiles : 4,6 Giga/L et lymphocytes 1,6 Giga/L] - Le lavage alvéolaire récupère 80 000 cellules/mm3 dont 40 % de macrophages, 20 % de lymphocytes, 25 % de PN © 2006 SPLF, tous droits réservés
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B. Maitre, F. Lebargy
neutrophiles et 15 % de PN éosinophiles. La recherche de BK à l'examen direct est négative. Du fait du retentissement de cette pneumopathie infiltrante (PaO2 = 60 mm Hg sous 10 litres d'O2), une antibiothérapie (amoxilline + ofloxacine) est instaurée pour couvrir les germes communautaires puis associée à la 24ème heure à une corticothérapie (méthylprednisolone 120 mg/j) dans l'hypothèse d'une pneumopathie d'hypersensibilité. Le patient est hospitalisé 24 heures plus tard pour aggravation de l’état respiratoire.
L a TA e s t à 1 4 / 8 ; l a f r é q u e n c e c a rd i a q u e à 110/minute. Des râles crépitants fins sont perçus aux deux bases pulmonaires.
Examens complémentaires Radiographie et scanner thoracique La radiographie et le scanner thoraciques montrent une accentuation des hyperdensités en verre dépoli (fig. 3 à 5).
Examen clinique L'état général est correct avec un poids de 79 kg pour 183 cm. Le patient est asthénique. La fréquence respiratoire au repos est à 22/min. Il n'y a pas de cyanose.
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Examens biologiques Les résultats des examens biologiques sont les suivants : - CRP 17 mg/L. - FAN positifs au 1/100.
Fig. 1.
Fig. 3.
Fig. 2.
Fig. 4.
Rev Mal Respir 2006 ; 23 : 5S12-5S18
Pneumopathie infiltrante subaiguë avec aspect radiologique en verre dépoli
- Facteur Rhumatoïde et Latex Waaler Rose négatifs. - ECA < 17 UI/ml. - Sérologies des germes atypiques négatives. - Antigènurie LP1 négative . - Gaz du sang sous 10 litres O 2 : pH 7,45, PaO 2 : 60 mm Hg, PaCO2 : 38 mm Hg.
Fibroscopie bronchique
Fig. 5.
La fibroscopie bronchique constate : - Une muqueuse pâle sans lésion muqueuse, sans suppuration bronchique. - Les éperons sont fins. - Le LBA récupère un liquide clair contenant 3 800 000 cellules /mm dont 79 % de macrophages, 19 % de lymphocytes et 2 % de PN neutrophiles.
Questions Quelles sont les principales causes de pneumopathies infiltrantes aiguës ou subaiguës ? Dans le cas présent, quel est le diagnostic le plus probable ? Quel examen fallait-il demander pour établir le diagnostic ?
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