La Revue d'Homéopathie 2012;3:55–58
Savoirs
Pyrogenium, un médicament homéopathique utilisé en infectiologie§ Pyrogenium, a homeopathic medicine used in infectiology Médecin homéopathe, 104 bis, rue de l'Avenir, 94380 Bonneuil-sur-Marne, France
RÉSUMÉ Dans ce cadre de la qualité des soins rendus aux malades, consacrés aux maladies infectieuses et parasitaires, l'homéopathie propose des outils thérapeutiques en phase aiguë, notamment un biothérapique, Pyrogenium. Il est indiqué selon un trépied de la dissociation de la température et du pouls, la fétidité des sécrétions et l'agitation. D'autres signes, recueillis par l'observation clinique, affinent la pertinence de ce choix. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Alain Sarembaud
Mots clés Agitation Biothérapique Fétidité Infection Pouls Pyrogenium Température
SUMMARY
Keywords
In the framework of the quality of care given to patients, with regard to infectious and parasitic diseases, homeopathy offers therapeutic tools in the acute phase, notably a biotherapeutic agent, Pyrogenium. It is indicated according to a tripod of the pulse-temperature dissociation, the fetidity of the secretions and restlessness. Other signs, collected through clinical observation, refine the relevance of this choice.
Biotherapeutic agent Fetidity Infection Pulse Pyrogenium Restlessness Temperature
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e produit Pyrogenium est un médicament à usage homéopathique, un médicament qualifié biothérapique, « extrait de produits non chimiquement définis (sécrétions, excrétions pathologiques ou non, certains produits d'origine microbienne) », selon la Pharmacopée française (10e édition de 1993). Il s'agit d'un médicament biothérapique complexe dont la souche était autrefois obtenue à partir d'un mélange d'autolysats de viande de bœuf, de porc et de placenta humain, faisant l'objet d'un visa de l'Institut Pasteur. Actuellement, la fabrication élimine les produits d'origine humaine et sélectionne le plus souvent le tissu musculaire porcin, ce qui peut poser des problèmes d'observance chez les
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patients ne désirant pas prendre les médicaments fabriqués à partir de cet animal. Cette biothérapique, d'origine organique microbienne, ne possède pas de pathogénésie au sens hahnemannien, mais d'après M. L. Tyler une « pathogénésie clinique » [1].
PRÉPARATION Auparavant, la souche était un lysat dilué au 0,1 % de l'autolysat du mélange de viande de bœuf, de porc et de placenta humain, en quantités égales, sans agents conservateurs ou stabilisants. Puis, le médicament fut préparé à partir de veau
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Communication présentée lors des 37e Entretiens homéopathiques de Paris, 14 et 15 octobre 2011.
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Savoirs de moins de six mois et d'agneau de moins de trois mois [2] et maintenant, d'un muscle de porc. Le prélèvement des viandes animales est établi sous contrôle vétérinaire dans des abattoirs ; elles sont nettoyées et parées dès leur apport au laboratoire. Ces extraits sont passés au hachoir ; la pulpe recueillie est stockée dans des bocaux de verre, recouverts par deux épaisseurs de gaze. Ces récipients remplis sont maintenus dans une température ambiante de 18 à 20 8C pendant une durée de trois semaines. Le résultat est centrifugé dans un godet d'un litre, pendant une trentaine de minutes à une vitesse de 3000 tours/min. Le liquide surnageant est filtré sur papier, puis centrifugé ; il est ainsi obtenu une quantité de 50 mL de liquide/kg de pulpe. Ce produit est congelé à une température de – 20 8C, puis décongelé, quatre fois de suite, puis à nouveau centrifugé. Ce lysat est filtré sur un système stérilisant EKS®, fractionné par centimètre cube de façon aseptique, réparti dans des ampoules stériles de 5 cm3, puis lyophilisées. Les ampoules ainsi conditionnées constituent le stock de base du lysat brut du biothérapique Pyrogenium, défini par sa technique de préparation et les tests de contrôle [3]. La souche provient du laboratoire d'immunologie de la faculté de pharmacie de Montpellier. Ce contenu d'une ampoule — un centimètre cube de lysat brut — est dilué dans 1000 cm3 d'eau distillée stérile. La solution filtrée sur le filtre EKS® remplit des ampoules stériles de 1 cm3.
HISTORIQUE Pyrogenium est un nosode tout à fait particulier. Ce terme de nosode — du grec nosos — est employé, en homéopathie, pour les substances extraites de l'agent causal. Les nosodes, provenant de la recherche de Constantin Hering (1800–1880), du vétérinaire Lux et de l'abbé Collet, apportent à la méthodologie homéopathique des arguments par l'identique et non par le semblable [4]. En ce qui concerne Pyrogenium, le premier qui l'évoque est Drysdale, en 1865, à propos des produits résultant de la décomposition de viande. Cependant, le procédé utilise alors des lavages à l'alcool chaud qui suppriment certains effets recherchés. Les méthodes d'obtention se sont améliorées en même temps que se sont enrichies les pathogénésies : celle de Drysdale (1889), complétée par Wynborn (1899), puis les descriptions relatées dans une monographie de Kent (1905) et dans Materia medica of nosodes d'Allen (1910). En 1934, Pierre Chavanon expérimente une souche qu'il dénomme Pyrogenium PC. Et, depuis le 29 décembre 1948, les nosodes sont réglementés puisque, dans le Journal officiel, il est précisé : les nosodes sont des préparations homéopathiques obtenues à partir de cultures microbiennes, de virus, de sécrétions et d'excrétions pathologiques [5] ; 56
sauf spécification expresse du médecin, les nosodes
ne sont jamais délivrés au public en nature, mais seulement à partir de la 3e en CH ou 6e décimale hahnemanienne (DH) ; les nosodes doivent satisfaire aux essais de stérilité. La 1re CH et, a fortiori, les dilutions suivantes, ensemencées sur divers milieux bactériologiques ne doivent donner naissance à aucune culture. Avec ce texte, les contraintes, désormais imposées aux sérums et aux vaccins, sont appliquées aux nosodes. Cette disposition met en extrême difficulté les laboratoires de fabrication des médicaments homéopathiques si bien que le Service central de la pharmacie suspend la vente de tout nosode, le 21 janvier 1955. À l'époque, la résolution du malentendu vient de Pierre Vannier qui substitue la notion de « biothérapique » à celle de « nosode », permettant ainsi d'insérer, dix ans plus tard, cette nouvelle notion dans le Codex de 1965 [6], signifié dans la définition. Maintenant, ce produit continue à être fabriqué, distribué et prescrit avec les normes du principe de précaution [7]. En l'état actuel de la législation et des informations recueillies, majoré par le principe de précaution, le chauffage ou non de ce médicament à usage homéopathique d'origine biologique non humaine n'est pas précisé.
CARACTÉRISTIQUES ESSENTIELLES Selon la pathogénésie clinique de M. L. Tyler, ce médicament est indiqué dans les maladies infectieuses avec un trépied clinique [8], plus ou moins complet, c'est-àdire : la dissociation du pouls radial rapide et d'une température peu augmentée voire diminuée ; la fétidité de l'haleine, des sécrétions et excrétions ; l'agitation.
MODALITÉS Les modalités de Pyrogenium sont les suivantes : Aggravation : froid, surtout humide ; mouvement, toucher ; Amélioration : mouvement, en s'étirant, en changeant de position.
Étude des principaux signes Les principaux signes [9] liés à Pyrogenium sont les suivants : Signes psychiques : prostration alternant avec agitation : le lit semble trop dur, ce qui oblige à remuer constamment pour calmer les algies ; hallucinations sur la richesse pendant les accès fébriles ;
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impression de changement de personnalité en changeant de côté lors du décubitus ; erreur sur les localisations des diverses parties du corps, impression d'occuper tout le lit ; le patient sait que sa tête est sur l'oreiller, mais ne sait pas où se trouve son corps ; loquacité : le malade parle d'abondance, avec des idées rapides, changeantes, désordonnées, pense et parle plus vite qu'il ne l'a jamais fait ; vision d'un homme au pied de son lit ; sensations d'encombrement des bras et/ou des jambes ; Signes généraux [10] : malade plus ou moins prostré, angoissé, agité, ne tenant pas dans son lit, ne trouvant nulle part le repos ; fièvre irrégulière avec des oscillations de 2 à 3 8C en quelques heures ; hyperthermie et hypothermie alternant avec un pouls très accéléré ; frissons localisés à l'endroit douloureux, suivis de chaleur avec douleurs dans les membres, frissons périodiques vers 19 heures ; formation de collections purulentes (abcès dentaire, etc.) avec lymphangite du territoire correspondant ; Sommeil : le patient ne réalise pas s'il rêve ou s'il est éveillé ; il ne peut dormir, submergé par une foule de pensées qui l'obsèdent ; Tête : congestion avec pulsations et battements ; battements dans les tempes soulagées par la pression ; céphalée avec hypersensibilité, voire douleurs des globes oculaires et de la région occipitale, aggravée par la toux [11] ; battements artériels dans les oreilles ; Face : pâleur du visage avec cernes bleuâtres autour des yeux, joues parfois brûlantes et narines palpitantes ; Appareil cardio-vasculaire : le malade se sent épuisé avec des sensations de palpitations et battements dans les oreilles [12] ; conscience d'avoir un cœur ; pouls rapide, petit, filiforme, dissocié par rapport à la température respiratoire ; tendance au collapsus [13] ; Appareil digestif [14] : haleine fétide, voire repoussante et putride ; bouche sèche, langue craquelée tantôt rouge vernissée, tantôt couverte d'un enduit jaunâtre épais ; soif vive d'eau fraîche, mais rejetée dès qu'elle est réchauffée dans l'estomac, à l'inverse, l'absorption d'eau chaude est conservée et calme la nausée ; météorisme abdominal, sensible et douloureux ;
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vomissements répétés d'un liquide brunâtre comme du marc de café ou fécaloïde avec parésie intestinale ; diarrhée fétide de selles, brunes ou noires, avec émission involontaire d'un gaz et de matière fécale ou constipation par atonie intestinale avec selles sèches et noires [15] ; ténesme rectal ; Appareil urinaire : oligurie avec urines de couleur foncée avec albuminurie et cylindrurie ; urines d'odeur putride ; ténesme vésical ; Appareil gynécologique [16] : menstruation fétide accompagnée de fièvre ; abcès du sein, mastite localisée avec lymphangite, infections génitales, endométrites ; cervicovaginites, bartholinites avec écoulements purulents et fétides ; hémorragies utérines avec sang noirâtre et putride ; Appareil locomoteur : sensation de meurtrissure de tout le corps ; sensation de courbature, d'engourdissement des extrémités des membres ; sensation comme si les os étaient brisés ; besoin constant de bouger, le lit semble dur ; sensation de froid au niveau des zones algiques ; Peau [17] : peau froide, livide, couverte d'une sueur abondante, froide, visqueuse et fétide ; ulcères variqueux, persistants, fétides, difficiles à cicatriser ; furoncles du nez, des conduits auditifs avec sécrétions d'odeur putride ; chalazions infectés des paupières.
Latéralité et type sensible Il n'a pas d'élément connu en matière de latéralité et de type sensible.
INDICATIONS ET COMPARAISONS CLINIQUES Les principales indications et comparaisons cliniques de Pyrogenium sont les suivantes : Dans les maladies inflammatoires, le plus souvent d'étiologies virales : les troubles infectieux (en pédiatrie, par exemple) au début et tout le long de l'infection [18], traités ou non par une thérapeutique spécifique (antibiothérapie, antiviraux. . .) ; les syndromes grippaux [19,20] ; les abcès, quelles que soient leurs localisations (dentaires, mammaires, furoncles. . .); les intoxications alimentaires [21] ; 57
Savoirs les poussées aiguës [22] des pathologies chroniques (sinusites, otites, fistules, rectocolite hémorragique. . .). En prévention en 9 CH des infections du postpartum [23], associé aux médicaments tels China, Arnica montana, etc., ou des suites postopératoires [24–26]. En complément ou association de médicaments comme Arnica montana, Anthracinum, Arsenicum album, Baptisia tinctoria, Bothrops, Carbolicum acidum, Crotalus horridus, Echinacea, Hepar sulfur, Lachesis mutus, Mercurius solubilis, Rhus toxicodendron, Staphylococcinum, Streptococcinum. . .
POSOLOGIE Comme toute biothérapique, Pyrogenium n'est délivré qu'à partir de la 4 CH. Pour l'usage en aigu, les dilutions choisies sont celles des 7 et 9 CH [27]. Dans les affections chroniques, l'ordonnance peut comporter des dilutions jusqu'à la 30 CH, tant en granules qu'en doses–globules, le plus fréquemment en 9 et en 15 CH. Déclaration d'intérêts L'auteur déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article.
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