98 facteur de risque indépendant [7]. Le risque absolu dans les différentes circonstances à risque TVE concernant la femme a été évalué dans cette étude : la contraception orale par une pilule de troisième génération, la grossesse avec et sans thrombophilie, le post-partum, le traitement hormonal substitutif de la ménopause et l’existence d’antécédents TE avant la grossesse. Une méta-analyse en 2006 de McRae et al. publiée dans Lancet a réuni 11 études et conclut à une fréquence de récidives plus élevée chez l’homme dans les thromboses provoquées ou non [8]. L’étude la plus récente de l’équipe de Rosendaal et al. dans la cohorte Leiden Thrombophilic Study comporte un suivi de 3,477 sujets par année. Le risque de récidive est près de trois fois plus élevé chez l’homme que chez la femme 40,9/1,000 et 15,8/1,000 patients par années. Ce risque de récidive est plus élevé dans le cas d’un premier accident idiopathique plutôt que provoqué dans l’un et l’autre sexe [2]. À ce jour, aucune étude n’explique cette différence. L’application des résultats de ces études en clinique a une importance relative modérée ou faible d’autant qu’il n’existe pas de données établies dans les cas où plusieurs facteurs de risque coexistent. Références [1] Montagnana M, Favaloro EJ, Franchini M, Guidi GC, Lippi G. The role of ethnicity, age and gender in venous thromboembolism. J Thromb Thrombolysis 2010;29:489—96. [2] Lijfering WM, Veeger NJ, Middeldorp S, Hamulyak K, Prins MH, Büller HR, van der Meer J. A lower risk of recurrent venous thrombosis in women compared with men is explained by sex-specific risk factors at time of first venous thrombosis in thrombophylic families. Blood 2009;114:2031—6. [3] Silverstein MD, Heit JA, Mohr DN, Petterson TM, O’Fallon WM, Melton LJ 3rd . Trends in the incidence of deep vein thrombosis and pulmonary embolism: a 25-year population-based study. Arch Intern Med 1998;158:585—93. [4] Severinsen MT, Johnsen SP, Tjonneland A, Overvad K, Dethlefsen C, Kirstensen SR. Body height and sex-related differences in incidence of venous thromboembolism: a Danish follow-up study. Eur J Intern Med 2010;21:268—72. [5] Oger E. Incidence of venous thromboembolism: a communitybased study in western France. Thromb Haemost 2000;83:657—60. [6] Hull RD, Schellong SM, Tapson VF, Monreal M, Samama MM, Nicol P, et al., for the EXCLAIM Study. Extended-duration venous thromboembolism prophylaxis in acutely III medical patients with recently reduced mobility. Ann Intern Med 2010;153:8—18. [7] Romero A, Alonso C, Rincon M, Medrano J, Santos JM, Calderon E, et al. Risk of venous thromboembolic disease in women. A qualitative systematic review. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2005;121:8—17. [8] McRae S, Tran H, Shulman S, Ginsberg J, Kearon C. Effect of patient’s sex on risk of recurrent venous thromboembolism: a metaanalysis. Lancet 2006;368:371-8. doi:10.1016/j.jmv.2010.12.155
Choix d’une contraception chez les femmes à risque de thrombose veineuse J. Conard Service d’hématologie biologique, Hôtel-Dieu, Paris, France Mots clés : Thrombose veineuse ; Contraception L’incidence des thromboses veineuses est faible avant 40 ans, mais elle augmente chez les femmes ayant une contraception. La contraception orale (CO) œstro-progestative, qui est la plus utilisée, comprend un œstrogène habituellement synthétique : l’éthinyloestradiol (EO) à des doses de 15 à 50 g associé à un progestatif de 2e ou de 3e génération, ou autre : acétate de cyprotérone ou drospirénone. Le risque est globalement voisin de 4, mais il dépend de la dose d’EO et du type de progestatif (PG), les PG de 3e
génération et surtout l’acétate de cyprotérone et la drospirénone étant associés à des risques plus élevés que les PG de 2e génération associés aux mêmes doses d’EO. La CO entraîne des modifications de l’hémostase : diminution des taux d’antithrombine et protéine S et résistance acquise à la PC activée, et une augmentation de la Sex Hormone Binding Globulin (SHBG), marqueur d’oestrogénicité. Le risque de thrombose est plus élevé la première année, ce qui suggère que certaines femmes ont, avant la contraception, des facteurs majorant le risque de thrombose : âge supérieur à 40 ans, obésité, longs voyages, chirurgie et thrombophilies biologiques par exemple. Le risque de thrombose existe également avec les autres voies d’administration des contraceptions à base d’EO : patch, anneau vaginal. Le risque des nouvelles contraceptions contenant de l’œstradiol naturel (valerate ou 17- estradiol) n’est pas encore connu. La contraception progestative en comprimé, implant ou stérilet n’est pas associée à des anomalies de l’hémostase, ni à une augmentation de SHBG ou de risque veineux. Sa tolérance n’est pas toujours satisfaisante, mais elle constitue une alernative efficace chez les femmes à risque de thrombose veineuse en raison d’antécédents personnels, de thrombophilie biologique ou d’antécédent familial de thrombose veineuse chez un apparenté de premier degré. La détection des femmes à risque est importante avant la prise d’une contraception. Elle nécessite d’abord un interrogatoire orienté à la recherche des antécédents. Si la recherche est positive, la prescription d’examens d’hémostase est justifiée : TP, TCA, antithrombine, protéine C, protéine S, résistance à la PC activée (et recherche du Facteur V Leiden si elle est anormale), mutation G20210A du gène de la prothrombine ou facteur II. S’il s’avère qu’une femme est à risque veineux, les contraceptions contenant de l’EO sont contre-indiquées quelle que soit la dose d’EO ou le type de progestatif et quelle que soit la voie d’administration : voie orale, patch ou anneau vaginal. La même contre-indication s’applique aux contraceptions à base d’œstradiol naturel dans l’attente d’études appropriées. En revanche, la contraception progestative peut être administrée. Pour en savoir plus Lidegaard O, Lokkegaard E, Svendsen AL, Agger C. Hormonal contraception and risk of venous thromboembolism: national follow-up study. BMJ 2009; 339:b2890. Van Hylckama Vlieg A, Helmerhorst FM, Vandenbroucke JP et al. The venous thrombotic risk of oral contraceptives, effects of oestrogen dose and progestogen type: results of the MEGA case-control study. BMJ 2009; 339:b2921. doi:10.1016/j.jmv.2010.12.156
Traitement hormonal de la ménopause et risque thromboembolique veineux P.Y. Scarabin Inserm, UMRS 1018, Centre for research in epidemiology and population health (CESP, U1018), hormones and cardiovascular disease, université Paris Sud 11, 94807 Villejuif, France Mots clés : Traitement hormonal ; Ménopause ; Thrombose veineuse Le traitement hormonal de la ménopause (THM) reste le traitement le plus efficace pour corriger les troubles fonctionnels de la ménopause, mais il expose à des effets adverses et notamment à une augmentation du risque de maladie veineuse thromboembolique. Cette augmentation du risque thrombotique est bien établie chez les femmes utilisant des estrogènes oraux seuls ou combinés à un progestatif. L’élévation du risque est particulièrement marquée en début de traitement, mais elle est rapidement réversible après l’arrêt du THM et les anciennes utilisatrices ont un risque similaire à celui des femmes n’ayant jamais utilisé de THM. Les travaux réalisés en France sur la sécurité d’emploi des estrogènes transdermiques
Séances communes avec les sociétés ont été récemment confirmés dans de grandes cohortes. Une métaanalyse des données actuelles intégrant ces nouveaux résultats montre un doublement du risque thrombotique chez les utilisatrices d’estrogènes oraux et confirme la neutralité des estrogènes par voie transdermique. Le rôle propre des progestatifs reste mal connu. Il existe certaines preuves en faveur d’une bonne sécurité d’emploi de la progestérone vis-à-vis du risque thrombotique veineux. En revanche, la plupart des progestatifs augmenteraient le risque de thrombose veineuse. En pratique, la prescription d’un THM, recommandé aujourd’hui à la dose minimum efficace et pour de courtes durées, implique une évaluation individuelle du profil risque/bénéfice. Les estrogènes transdermiques combinés à la progestérone apparaissent aujourd’hui comme le THM le plus sûr dans le traitement des symptômes de la ménopause notamment chez les femmes à haut risque de thrombose veineuse. doi:10.1016/j.jmv.2010.12.157
Procréation médicale assistée et thrombose F. Lamazou Centre de procréation médicalement assistée, hôpital Antoine-Béclère, Clamart, France Mots clés : Procréation médicale assistée ; Thrombose Du fait des stimulations hormonales, les complications thrombotiques sont parmi les principales complications de la procréation médicalement assistée. À ce jour, en dehors du syndrome des antiphospholipides, il existe peu de recommandations sur la prévention de ces complications thrombotiques en cours de stimulation ovarienne. Toutefois, ces phénomènes thrombotiques peuvent survenir sans aucun facteur de risque dans le cadre d’une hyperstimulation ovarienne (OHSS). L’OHSS est une complication iatrogène directe de la fécondation in vitro pouvant exposer la patiente à des complications sévères, en particulier thromboemboliques pouvant engager le pronostic vital. Ces thromboses ont la particularité de toucher les membres inférieurs mais également les membres supérieurs et/ou le réseau cérébral ou coronaire et de concerner le réseau veineux, mais également artériel. Le mécanisme physiopathologique reste encore à déterminer, mais l’activation du VEGF et de son récepteur pourrait être à l’origine de l’activation de la cascade de la coagulation. Sa prévention et son traitement ne font à l’heure actuelle le sujet d’aucun consensus. La connaissance de cette complication fait donc partie de la prise en charge multidisciplinaire des patientes infertiles.
99 veineuse thromboembolique (MVTE) est ainsi multiplié par 4 mais peut atteindre des niveaux de risque plus élevés (7 à 8) chez les femmes sous chimiothérapie ou ayant un cancer du sein avancé. Plus récemment, de nouveaux traitements hormonaux ont été développés et sont maintenant largement utilisés en traitement adjuvant en raison de leur meilleure efficacité vis-à-vis du risque de récidive, locale ou à distance, du cancer du sein. Il s’agit des inhibiteurs de l’aromatase (IA). Cette classe comporte trois molécules actuellement employées : l’anastrozole, le letrozole et l’exemestane. Ils ont fait l’objet de plusieurs essais randomisés. L’ensemble de ces études suggère que l’incidence des MVTE chez les femmes sous IA est légèrement plus élevée que celle attendue chez les femmes sans IA. Le risque de MVTE est cependant de niveau nettement moindre que celui lié au tamoxifène. Par ailleurs, plusieurs essais de prévention primaire du cancer du sein ont évalué le risque des différents Serm ; tamoxifène versus placebo ou tamoxifène versus raloxifène. Même chez les femmes indemnes de cancer du sein, le tamoxifène augmente significativement le risque de MVTE (RR : 3,01 (1,15—9,27)). Les résultats de l’essai Star comparant chez ces mêmes femmes le raloxifène au tamoxifène viennent de faire l’objet d’une publication très récente. Par rapport au tamoxifène, le risque de MVTE du raloxifène est significativement diminué (RR 0,75 [0,60—0,93]). L’ensemble de ces résultats est en partie expliqué par les différences d’effets biologiques de ces molécules sur la coagulation. Les stratégies thérapeutiques en termes à la fois de traitement hormonal adjuvant du cancer du sein ou de prévention primaire doivent donc être adaptées en fonction du profil de risque vasculaire et carcinologique de chaque patiente. Pour en savoir plus Vogel VG et al. Update of the National Surgical adjuvant Breast and Bowel project study of tamoxifen and Raloxifène (STAR) P-2 Trial: Preventing Breast Cancer. Cancer Prev Res 2010:3:696—706. Deitcher SR et al. The risk of venous thromboembolic disease associated with adjuvant hormone therapy for breast carcinoma. Cancer 2004:101;439—49. Lycette JL et al. Acute bilateral pulmonary emboli occurring while on adjuvant aromatase inhibitor therapy with anastrozole: case report and review of the literature. Breast Cancer Res Treat 2006;99:249—55. doi:10.1016/j.jmv.2010.12.159
doi:10.1016/j.jmv.2010.12.158
Société franc ¸aise de lymphologie (Vendredi 18 mars 2011 — 16h30-18h00)
Traitements hormonaux adjuvants du cancer du sein et thrombose veineuse
Les malformations lymphatiques
G. Plu-Bureau Hôpital Hôtel-Dieu, unité de gynécologie endocrinienne et unité d’hémostase, 75181 Paris cedex 04, France Mots clés : Traitement hormonal ; Cancer du sein ; Thrombose veineuse Les évènements thromboemboliques font partie des complications les plus sérieuses des traitements hormonaux adjuvants du cancer du sein. Ces traitements sont généralement utilisés chez les femmes ayant eu un cancer du sein comportant des récepteurs hormonaux positifs. De nombreux essais randomisés ont montré l’effet délétère du tamoxifène chez les femmes souffrant d’un cancer du sein, ne remettant toutefois pas en cause la balance bénéfice-risque de ce traitement dans la stratégie thérapeutique du cancer du sein. Ainsi, une revue récente rapporte des risques, calculés à partir d’essais randomisés, significativement augmentés dont le niveau varie en fonction, à la fois du stade du cancer (précoce ou avancé) et des différentes chimiothérapies utilisées. Le risque de maladie
Place des malformations lymphatiques parmi les malformations vasculaires G. Lorette Service de dermatologie, université Franc¸ois-Rabelais de Tours, centre hospitalier Trousseau, CHU de Tours, 37044 Tours cedex 9, France Mots clés : Lymphœdème ; Malformations lymphatiques kystiques localisées A. Malformation des vaisseaux sanguins.— Elles sont présentes à la naissance, mais ne se manifestent pas toujours très précocement. Malformations capillaires.— Un angiome plan qui peut être isolé ou associé à des lésions vasculaires méningées, des convulsions, un glaucome congénital dans le cadre du syndrome de Sturge-WeberKrabbe. Aux membres inférieurs : l’angiome plan peut être associé à une hypertrophie de ce membre et la présence de varices (syndrome