Troubles psychiatriques et facteurs associés chez une population de patients épileptiques à Fès, Maroc

Troubles psychiatriques et facteurs associés chez une population de patients épileptiques à Fès, Maroc

L’Encéphale (2015) 41, 493—498 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP ÉPIDÉMIOLOGIE Tro...

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L’Encéphale (2015) 41, 493—498

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP

ÉPIDÉMIOLOGIE

Troubles psychiatriques et facteurs associés chez une population de patients épileptiques à Fès, Maroc Psychiatric disorders and associated factors in patients with epilepsy in Fez, Morocco F. Elghazouani a,∗, C. Aarab a, F. Faiz b, A. Midaoui b, M. Barrimi a, K. Elrhazi c, A. Berraho c, M.F. Belahssen b, I. Rammouz a, R. Aalouane a a

Service de psychiatrie, faculté de médecine et de pharmacie de Fès, université sidi Mohamed Ben Abdellah, hôpital Ibn Alhassan, CHU Hassan II, BP 30000, Ain Kadouss Fès, Maroc b Service de neurologie, faculté de médecine et de pharmacie de Fès, université sidi Mohamed Ben Abdellah, CHU Hassan II, Fès, Maroc c Laboratoire d’épidémiologie et de recherche clinique, faculté de médecine et de pharmacie de Fès, université sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès, Maroc Rec ¸u le 10 janvier 2013 ; accepté le 13 juin 2013 Disponible sur Internet le 6 novembre 2015

MOTS CLÉS Épilepsie idiopathique ; Troubles psychiatriques ; Troubles de l’humeur ; Troubles anxieux



Résumé La prévalence des troubles psychiatriques chez les patients épileptiques demeure encore floue. Objectif. — Ce travail est réalisé afin de déterminer la prévalence et la nature des troubles psychiatriques, et encore les facteurs associés chez les patients présentant une épilepsie idiopathique. Méthodologie. — C’est une étude transversale menée au service de psychiatrie du centre hospitalier universitaire Hassan II à Fès (Maroc) sur une période de dix-huit mois. Un questionnaire a été rempli chez les patients inclus, précisant les données socio-démographiques, les antécédents personnels et familiaux, les éléments cliniques de la maladie épileptique et sa prise en charge. Les troubles psychiatriques ont été recherchés à l’aide du test de Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI). L’inventaire de dépression de Beck (BDI) et l’échelle de Hamilton ont été utilisés pour évaluer la gravité des symptômes dépressifs et anxieux. Résultats et conclusion. — Quatre-vingt-neuf patients ont été inclus. L’âge moyen des patients est de 29,7 ± 10,8 ans. Les troubles de l’humeur représentent la première comorbidité

Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Elghazouani).

0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2015. http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2013.06.004

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F. Elghazouani et al. psychiatrique : 32,6 % dont on distingue une prévalence de 25,8 % pour l’épisode dépressif majeur, de 15,7 % pour la dysthymie et de 2,2 % pour l’épisode hypomaniaque. Les troubles anxieux viennent en deuxième position avec une prévalence de 28, 1 % répartie entre 19,1 % de trouble panique, 13,5 % d’agoraphobie, 12,4 % d’anxiété généralisée, 10,1 % de phobie sociale et 4,5 % d’état de stress post-traumatique. Le sexe féminin, l’absence d’activité professionnelle et la mauvaise observance du traitement antiépileptiques sont des facteurs de risque de survenue des troubles psychiatriques chez cette population. © L’Encéphale, Paris, 2015.

KEYWORDS Idiopathic epilepsy; Psychiatric disorders; Mood disorders; Anxiety disorders

Summary Background. — The prevalence of psychiatric disorders in epileptic patients remains unclear. Objective. — This study was conducted in order to determine the prevalence and nature of the psychiatric disorders and the associated factors in patients with idiopathic epilepsy. Methods. — A cross-sectional study was conducted over a period of eighteen months in the psychiatric unit of the University Hospital Hassan II of Fez (Morocco). A questionnaire was completed by the included patients, which specified: the socio-demographic data, personal and family history, and the clinical features of epilepsy and its management. Psychiatric disorders were identified by the Mini International Neuropsychiatric Interview test (MINI). The severity of the depression and anxiety symptoms was investigated using the Beck Depression Inventory (BDI) and the Hamilton Rating Scale. Results. — Eighty-nine patients met the inclusion criteria. The average age of patients was 29.7 ± 10.8 years. Mood disorders were the leading psychiatric comorbidity: 32.6% among which 25.8% of major depressive episodes, 15.7% of dysthymia and 2.2% of hypomanic episodes. Anxiety disorders came second: 28.1% (among which 19.1% panic disorder, 13.5% agoraphobia, 12.4% generalized anxiety disorder, 10.1% social phobia and 4.5% post-traumatic stress disorder). Female gender, unemployment and poor compliance to antiepileptic drugs are all risk factors for the occurrence of psychiatric disorders in this population. © L’Encéphale, Paris, 2015.

Introduction La plupart des études indiquent que plus de 50 % des patients épileptiques présentent des troubles psychiatriques divers [1,2]. Ils sont souvent mal reconnus et insuffisamment traités [3]. Dans un pays bien médicalisé comme le Canada, il y a eu 38 % des épileptiques ayant eu un trouble dépressif et qui n’ont pas eu de prise en charge psychiatrique durant l’année qui a précédé l’étude de Fuller-Thomson et al. [4]. Quand ces troubles ne sont pas soignés, ils constituent un facteur d’aggravation et de pérennisation de l’épilepsie et un facteur de renforcement de l’exclusion sociale, scolaire et professionnelle. La prévalence de ces troubles psychiatriques demeure encore floue. Cette difficulté d’estimation de la prévalence est due à un certain nombre de difficultés méthodologiques concernant les critères diagnostiques et de la classification des épilepsies, la sélection des populations étudiées, le choix du type d’enquête et des instruments diagnostiques et par la suite l’interprétation des données recueillies. Le but de l’étude est de déterminer la prévalence et la nature des troubles psychiatriques, et encore les facteurs associés chez les patients présentant une épilepsie idiopathique.

universitaire Hassan II à Fès (Maroc) sur une période de dix huit mois. On a inclut uniquement les patients ayant une épilepsie idiopathique, suivis en ambulatoire et mis sous un traitement antiépileptique depuis plus de trois mois. On a exclu les patients âgés de moins de 16 ans et ceux ayant un retard mental. Un questionnaire a été rempli chez les patients inclus, précisant les données sociodémographiques, les antécédents personnels, toxiques et familiaux, psychiatriques et neurologiques, les éléments cliniques de la maladie épileptique et sa prise en charge, ainsi que les répercussions socio-familiales. Pour chaque patient, un entretien psychiatrique approfondi a été réalisé, en se basant sur le test de Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI). La gravité des symptômes dépressifs a été recherchée à l’aide de l’inventaire de dépression de Beck (BDI) qui comprend 13 items, alors que la gravité de l’anxiété a été évaluée par l’échelle de Hamilton qui comprend 14 items. Le consentement verbal des patients était requis pour les inclure dans l’étude, ainsi qu’une approbation écrite du comité d’éthique de la faculté de médecine de Fès. La saisie et l’analyse des données ont été réalisées à l’aide d’un logiciel statistique : Epi Info dans sa sixième version franc ¸aise. Une p < 0,05 est considérée comme significative.

Méthodologie

Résultats

C’est une étude transversale qui a été menée au centre de diagnostic du service de psychiatrie du centre hospitalier

Quatre-vingt-neuf patients ont répondu aux critères d’inclusion. L’âge moyen des patients est de 29,7 ± 10,8 ans.

Troubles psychiatriques et facteurs associés chez des patients épileptiques à Fès L’échantillon est composé de 65,2 % de femmes avec un sexratio de 1,8. Plus de la moitié des patients sont célibataires (69,7 %). Seul 18,2 % des patients ont une activité professionnelle régulière. Parmi les patients 23,6 % ont des antécédents familiaux d’épilepsie et 5,6 % ont des antécédents familiaux de tentatives de suicide. Onze patients ont rapporté un antécédent psychiatrique, huit patients ont un trouble dépressif dont un a fait une tentative de suicide et trois autres patients sont suivis pour une psychose. Nos patients ont une épilepsie qui évolue depuis une période moyenne de 14 ± 10,2 ans. La plupart des patients 86,5 % ont une épilepsie généralisée. La monothérapie par un antiépileptique est prescrite dans 52,8 %. Au total, 30,3 % des patients sont mis sous phénobarbital, 14,6 % sous valproate de sodium et 6,7 % sous carbamazépine. Un sentiment de stigmatisation est noté chez 39,3 % des patients. L’évaluation psychopathologique par le MINI a révélé que les troubles de l’humeur représentent la première comorbidité psychiatrique dans notre échantillon : 32,6 %. On a distingué 25,8 % des cas avec un épisode dépressif majeur ; dont 15,7 % présentaient une dépression sévère selon le BDI, un patient avec caractéristiques mélancoliques et trois avec risque suicidaire, 15,7 % des cas avec une dysthymie et deux patients avec un épisode hypomaniaque. Les troubles anxieux viennent en deuxième position avec une prévalence de 28,1 % répartie entre 19,1 % de trouble panique, 13,5 % d’agoraphobie, 12,4 % d’anxiété généralisée, 10,1 % de phobie sociale et 4,5 % d’état de stress post-traumatique. On a relevé deux cas de psychose. Par ailleurs, on n’a noté aucun cas de boulimie ou d’anorexie mentale ni de personnalité antisociale. Selon l’échelle de Hamilton, l’anxiété s’est révélée sévère chez 29,2 % des cas. À partir d’une analyse statistique comparant deux groupes de patients : le groupe de patients épileptiques sans comorbidité psychiatrique (n = 23) et l’autre groupe avec comorbidité psychiatrique (n = 66), on a soulevé certains facteurs associés à la survenue de cette comorbidité (Tableau 1). Une prédominance féminine 71,2 % a été notée chez les épileptiques avec comorbidité psychiatrique (p = 0,04). Une activité professionnelle régulière est significativement présente chez les patients épileptiques sans comorbidité psychiatrique (p = 0,004). Les patients épileptiques avec comorbidité psychiatrique observent moins bien leur traitement antiépileptique que les épileptiques sans comorbidité psychiatrique (p = 0,02). En outre, les épileptiques avec comorbidité psychiatrique décrivent un sentiment de stigmatisation envers leur maladie épileptique de fac ¸on plus importante (43,9 %) que les épileptiques sans comorbidité psychiatrique (p = 0,1). Le soutien psychofamilial et l’appui financier ne se sont pas révélés comme des facteurs protecteurs contre la survenue de troubles psychiatriques chez les épileptiques. Il y a eu une corrélation significative entre la présence ou l’absence des comorbidités psychiatriques et la présence de répercussion sur la qualité de vie. Les patients épileptiques ayant des comorbidités psychiatriques avaient des difficultés relationnelles avec leurs familles (p = 0,004).

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Discussion De nombreuses études ont unanimement prouvé que les troubles mentaux les plus fréquents chez les épileptiques sont l’anxiété et la dépression [1,5—7]. Les résultats de notre étude corroborent avec ces données de la littérature. La prévalence de ces troubles diffère d’une étude à l’autre. Cela pourrait être expliqué par des divergences méthodologiques portant surtout sur le choix des instruments de mesure utilisés et sur les scores pris en compte pour évaluer la gravité des symptômes anxieux et dépressifs. Ainsi, certains auteurs ont pris en compte seulement des scores élevés et sévères de l’anxiété et de la dépression, alors que d’autres ont inclu tous les scores y compris les scores légers et moyens, ce qui a rendu les prévalences de ces derniers bien supérieures. Une équipe de neurologues colombiens [8] a développé un nouvel instrument de dépistage de la dépression majeure chez les épileptiques ; le Neurological Disorders Depression Inventory for Epilepsy (NDDI-E) ; il contient 46 items explorant les symptômes dépressifs qui ne chevauchent pas avec ceux du déficit cognitif et des effets secondaires du traitement antiépileptique. Une étude marocaine, réalisée par Agoub [9], a utilisé les critères de CIM 10 pour déterminer la prévalence des troubles dépressifs. Cependant, dans notre étude, on s’est basé sur la version arabe du MINI [10] pour détecter des troubles psychiatriques en dehors de l’anxiété et la dépression. Le même outil a été utilisé par Bilgic ¸ et al. [11] pour déterminer une prévalence de 26,7 % des troubles psychiatriques chez des enfants épileptiques âgés entre huit et 16 ans, alors que notre étude a trouvé une prévalence de 25,8 % pour l’épisode dépressif majeur, 15,7 % pour la dysthymie et de 28,1 % pour les trouble anxieux. En Europe occidentale, la prévalence globale de la dépression chez le patient épileptique est de 20 à 30 % [2]. Une étude a été réalisée en Croatie en se basant uniquement sur le « Beck Depression Inventory » (BDI) et a montré que 33,3 % des patients épileptiques avaient des symptômes dépressifs [12]. Aux États-Unis, une prévalence de 17 % pour l’épisode dépressif et de 4 % pour la dysthymie a été retrouvée [8]. En Asie, les taux de prévalence de dépression varient d’une étude à l’autre : en Thaillande, selon Nidhinandana et al. [13], elle est de 38,3 % et de 5,2 % en Inde [14]. Phabphal et al. ont retrouvé chez 126 épileptiques traités, que 39 % avaient une anxiété et 20 % avaient une dépression [15]. En Afrique, la recherche des prévalences de la dépression a été effectuée dans certains pays comme le Bénin [6], le Nigeria [16] et le Maroc [9]. Elle est respectivement de 89,6 %, 31,3 % et 18,5 %. Hesdorffer et al. [17] ont mis l’accent sur des facteurs culturels, de santé physique et aussi du niveau socio-économique dans la détermination de la comorbidité psychiatrique. Si l’épilepsie se complique souvent de dépression, cette dernière est considérée comme un facteur de risque du comportement suicidaire surtout lorsqu’il s’agit d’une épilepsie temporale, de crises à début précoce et sévères [18]. Les antiépileptiques ont été aussi incriminés dans le comportement suicidaire chez les épileptiques [18]. Le risque suicidaire est sous-diagnostiqué, car dans la plupart

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F. Elghazouani et al. Tableau comparatif entre les deux groupes avec comorbidité et sans comorbidité psychiatrique. Patients sans comorbidité psychiatrique (n = 23) %

Patients avec comorbidité psychiatrique (n = 66) %

p

Âge (ans)

32,65 ± 9,36

28,78 ± 11,22

NA

Sexe Femme Homme

47,83 52,17

71,21 28,79

0,04*

Situation maritale Célibataire Marié Divorcé

47,83 47,83 0

77,27 16,67 6,06

NA

Activité professionnelle Présente Absente

39,13 60,87

10,77 89,23

0,004*

Antécédents personnels Oui Non

8,7 91,3

18,18 81,82

0,5

Drogues Oui Non

8,7 91,3

6,06 93,94

0,6

8,70 91,30

15,5 84,85

0,7

0 100

9,09 90,91

0,3

8,7 91,3

4,55 95,45

0,6

17,39 82,61

25,76 74,24

0,5

Type d’épilepsie Généralisée Partielle

13,04 86,36

86,96 13,64

1

Ancienneté de la maladie (ans)

2,78 ± 1,04

2,62 ± 1,14

Observance de traitement Bonne Mauvaise

95,65 4,35

72,73 27,27

0,02*

Nombre de médicaments Monothérapie Multithérapie

52,17 47,81

53,03 46,97

1

Stigmatisation Oui Non

26,09 73,91

43,94 56,06

0,1

Répercussion sur la famille Oui Non

8,70 91,3

40,91 59,09

0,004*

Soutien psycho-familial Oui Non

78,26 21,74

84,85 15,15

0,5

Antécédents familiaux Thymiques Oui Non Psychotiques Oui Non TS Oui Non Épilepsie Oui Non

Troubles psychiatriques et facteurs associés chez des patients épileptiques à Fès des cas non recherché [17]. Certains auteurs [18—20] se sont intéressés aux conduites suicidaires des patients épileptiques, et leurs études s’accordent sur la nécessité de dépister les symptômes très évocateurs des intentions et des gestes suicidaires. Les patients épileptiques pourraient également manifester des troubles thymiques à type d’épisodes de manie ou d’hypomanie, rentrant dans le cadre d’un trouble bipolaire, avec une prévalence de 14 % [21], alors que dans notre échantillon, la prévalence des accès hypomaniaques était de 1 %. Dans notre série, les troubles anxieux sont dépistés dans 28,1 % des cas. Cette prévalence diffère d’une étude à l’autre, tout en sachant que certains auteurs n’ont pas inclu les anxiétés mineures [22]. Une prévalence de 19,1 % de trouble panique a été constatée dans notre étude. Cela rejoint certaines études qui ont noté des prévalences entre 5 à 21 % [23], comparées à 3,5 % chez la population générale. Les autres troubles anxieux sont également signalés par certains auteurs [22,24—26]. Issacs et al. [26] ont mené une étude pour chercher la prévalence du trouble obsessionnel compulsif chez les patients ayant une épilepsie temporale. Un score de 22 % a été trouvé alors qu’il est de 2,5 % chez les témoins. Monaco et al. [27] et Ertekein et al. [28] ont trouvé des prévalences du trouble obsessionnel compulsif supérieures dans l’épilepsie temporale que dans l’épilepsie généralisée. Dunn et al. [29] ont montré chez un groupe d’adolescents présentant une épilepsie généralisée ou partielle la présence d’une comorbidité avec le trouble obsessionnel corrélée avec la présence d’autres troubles anxieux comme le trouble panique et les troubles de somatisation et l’énurésie. L’anxiété généralisée, la phobie sociale et les états de stress post-traumatiques sont rares mais non négligeables. Les différentes études ne s’accordent pas sur la détermination des facteurs de risque de cette comorbidité. La vulnérabilité, les facteurs iatrogènes, neurobiologiques et psychosociaux sont les facteurs les plus incriminés dans la survenue des troubles mentaux chez les épileptiques [30]. Comme dans d’autres études [9,15,31], le sexe féminin est corrélé significativement avec la survenue des troubles psychiatriques dans notre étude. Jones et al. [32] ont montré que l’épilepsie temporale est le seul facteur prédictif du développement des troubles psychiatriques dans l’épilepsie partielle. En revanche, Swinkels et al. [23] ont démontré que l’épilepsie temporale avait le même risque que les autres types d’épilepsie. En revanche, certaines études [33,34] ont mis l’accent sur l’aspect psychosocial de l’anxiété et de la dépression dans l’épilepsie dont le sentiment de stigmatisation fait partie. Certes, notre étude n’a pas inclut un effectif important de patients ; néanmoins, ces résultats préliminaires, nous incite à prendre en compte l’évaluation psychiatrique des patients épileptiques et si nécessaire à solliciter une consultation de psychiatrie de liaison dans les unités d’épileptologie.

Conclusion L’anxiété et la dépression sont les troubles psychiatriques les plus rapportés chez les patients épileptiques de notre étude. Ces résultats s’ajoutent à d’autres études antérieures. Elles

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doivent être recherchées systématiquement chez tout épileptique pris en charge afin d’améliorer leur qualité de vie. Une coopération entre les psychiatres et les épileptologues aident sans doute à bien diagnostiquer et traiter ces comorbidités psychiatriques.

Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts.

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