Une protéine qui aggrave les chocs septiques et hémorragiques

Une protéine qui aggrave les chocs septiques et hémorragiques

Protection naturelle du cerveau contre le cannabis L’addiction au cannabis est devenue un des premiers motifs de consultation dans les centres spécial...

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Protection naturelle du cerveau contre le cannabis L’addiction au cannabis est devenue un des premiers motifs de consultation dans les centres spécialisés. Cette addiction concernerait aujourd’hui près de 500 000 personnes en France, principalement les sujets jeunes, entre 16 et 24 ans, particulièrement sensibles aux effets néfastes du cannabis sur le comportement : déficits cognitifs, troubles du comportement, perte de motivation, et aux complications sociales que ceux-ci peuvent entraîner. Une unité INSERM bordelaise vient de caractériser un mécanisme naturel qui permettrait au cerveau de se protéger contre les effets néfastes de ce psychotrope. La substance-clé de ce phénomène est une hormone produite par le cerveau, la prégnénolone. Elle est un précurseur inactif de toutes les hormones stéroïdiennes, dont le potentiel fonctionnel

propre était jusque-là inconnu. Les chercheurs montrent tout d’abord que l’administration de Δ(9)-tétra-hydrocannabinol (THC), c’est-à-dire le principe actif du

de se fixer aux mêmes récepteurs, diminuant ainsi certains effets du THC. De plus, l’administration de prégnénolone à des souris diminue fortement la libération de dopamine induite par l’intoxication des animaux par le THC, cette libération étant impliquée par ailLa prégnénolone peut leurs dans l’effet addictif du stupéfiant. se fixer aux récepteurs La prégnénolone est donc l’agent essentiel d’un rétrocontrôle négatif du THC du cannabis en sur ses propres effets, protégeant au moins partiellement le cerveau de l’actidiminuant certains vation incontrôlée des récepteurs CB1. de ses effets cérébraux. Ces travaux pourraient ouvrir des perspectives thérapeutiques intéressantes pour la prise en charge des intoxications, cannabis, augmente significativement la et/ou de l’addiction, liées au cannabis. synthèse cérébrale de cette hormone, par l’intermédiaire d’une activation des récep- Vallée M, Vitiello S, Bellocchio L, et al. Science teurs cannabinoïdes de type 1 (CB1R). 2014 ; 343(6166):94-8. doi: 10.1126/ La prégnénolone est par ailleurs capable science.1243985.

Une protéine qui aggrave les chocs septiques et hémorragiques Les états de chocs d’origine hémorragique ou septique sont des atteintes fréquentes sévères, associées à une lourde mortalité. Outre la gravité propre de leur étiologie, ils s’accompagnent de réponses inflammatoires systémiques mal contrôlées, qui contribuent de façon majeure à leur sévérité. Un nouvel intervenant de cette boucle inflammatoire très délétère vient d’être caractérisé par une étude collaborative américano-japonaise. Il s’agit de la CIRP (soit cold inducible RNA-binding protein), protéine nucléaire de réponse au stress induit par le froid ou l’hypothermie. Les chercheurs ont tout d’abord objectivé une augmentation significative des taux circulants de cette protéine dans le plasma de sujets atteints de chocs hémorragiques ou septiques, ainsi que dans un modèle murin reproduisant ces conditions pathologiques. La protéine CIRP est également retrouvée de façon abondante dans le foie et le cœur des animaux atteints. In vitro, des macrophages soumis à un stress hypoxique

libèrent la protéine CIRP, après que celleci eut initialement migré du noyau vers le cytoplasme. Une forme recombinante de CIRP augmente, toujours in vitro, la sécrétion par des macrophages de TNF-α et de

protéine CIRP dans la catégorie des alarmines (DAMP : damage associated molecular pattern), classe de protéines signalant la souffrance cellulaire à l’immunité. La CIRP contribue bien à la gravité du choc, car des souris déficientes pour cette protéine montrent une protection relative contre le choc hémorragique, avec mortalité La CIRP, une réduite. De façon importante l’atténuation des alarmines (DAMP : de CIRP au moyen d’anticorps protège également les animaux contre le choc, en damage associated réduisant l’inflammation et en augmentant molecular pattern), la survie, désignant la CIRP comme cible thérapeutique potentielle. À l’instar d’autres protéines signalant alarmines, l’action exercée par CIRP pasla souffrance cellulaire serait par son interaction de haute affinité avec le complexe TLR-4/Myd 2. à l’immunité. La protéine de stress CIRP apparaît donc bien comme une nouvelle alarmine, implil’alarmine HMGB1. Enfin son injection au rat quée dans la gravité du choc septique ou induit in vivo la production massive de ces hémorragique. cytokines pro-inflammatoires et reproduit les lésions hépatiques retrouvées en cas Qiang X ; Yang WL, Wu R, et al. de choc. Ces caractéristiques font entrer la Nature Medicine 2013. REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MARS 2014 - N°460 //

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