Concentrations de baclofène dans les cheveux d’un patient suite à une intoxication poly-médicamenteuse et de trois patients décédés

Concentrations de baclofène dans les cheveux d’un patient suite à une intoxication poly-médicamenteuse et de trois patients décédés

Toxicologie Analytique & Clinique (2016) 28, S9—S32 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com CONGRÈS SFTA 2016 Présentations or...

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Toxicologie Analytique & Clinique (2016) 28, S9—S32

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

CONGRÈS SFTA 2016

Présentations orales夽 O1

Décès par inhalation de Fréon 22 (monochlorodifluorométhane) à bord d’un bateau de pêche, un accident toujours d’actualité Y. Barguil 1,2,∗ , E. Merlin 3 , S. Mengant 1 , V. Cirimele 4 Laboratoire de biochimie, centre hospitalier, Nouméa, France 2 Université de Nouvelle-Calédonie, Nouméa, France 3 Collectif médico-judiciaire, Nouméa, France 4 Laboratoire ChemTox, Illkirch, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (Y. Barguil)

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Objectif Le Fréon 22, de formule brute CHClF2 , ou hydrochlorofluorocarbure-22 (HCFC-22 ou R-22), numéro CAS : 75-45-6, est un fluide frigorigène (densité : 3,11) qui a beaucoup été utilisé dans les appareils de climatisation ou de froid industriel. Il appauvrit la couche d’ozone et son utilisation est progressivement abandonnée (Protocole de Montréal). Du fait d’un prix réduit, des industries ou des artisans de pays en voie de développement ou de collectivités franc ¸aises continuent, parfois dans l’illégalité, d’utiliser le R-22 pour leurs flottilles de pêche. L’entretien des systèmes de réfrigération nécessite la compétence d’un frigoriste confirmé. Nous rapportons le cas d’un accident mortel survenu à bord d’un palangrier. Description Au port de Nouméa, Monsieur X., 31 ans, 1,75 m, 65 kg, frigoriste de métier, est découvert inconscient par un collègue au fond de la cale fermée d’un palangrier sur lequel ils effectuaient une maintenance du système de réfrigération. La victime baigne à côté d’une bonbonne de R-22 dans « une nappe blanche en suspension au ras du plancher ». Le collègue ventile brièvement la cale et sort M. X. L’arrivée des pompiers est rapide ; une réanimation cardiorespiratoire est entreprise sur place et le patient est déchoqué avec succès pour troubles du rythme ventriculaire. En cours de transfert vers l’hôpital, le patient décède d’un arrêt cardiocirculatoire. Un prélèvement en veine sous-clavière gauche a été effectué aux urgences sur tubes fluorure BD Vacutainer® . Méthodes Un screening par CL-UV/BD, CG-SM et CG-DIF a été réalisé sur l’échantillon sanguin. Le Fréon 22 a été dosé par HS-CG-SM. La préparation de l’espace de tête a été effectuée par chauffe du

夽 Note du rédacteur en chef : l’ensemble de ces résumés a été validé par le conseil scientifique de la SFTA. Chaque auteur est responsable de ses écrits. Ils ne constituent pas un endossement de la SFTA ni du comité éditorial du journal.

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tube serti contenant 1 mL de sang en présence de propranol-1 (EI), pendant 10 min à 80 ◦ C. Puis, une aliquote de phase gazeuse a été transféré au CG-SM par le biais d’une ligne de transfert à 100 ◦ C et d’un injecteur chauffé à 240 ◦ C, avec dilution 1/4 (injection en mode dilution). La séparation chromatographique a été réalisée sur colonne Wax® de 30 mètres (0,25 mm, 0,25 ␮m de diamètre interne). L’acquisition a été réalisée en mode fullscan lors du screening de 40 à 350, puis en mode SIM sur les rapports m/z 67, 86 et 51. Résultats L’absence de cyanose des extrémités, de congestion de la face et la présence de troubles du rythme orientent vers une origine cardiaque du décès plutôt qu’asphyxique. La concentration sanguine du Fréon 22 (40,6 ␮g/mL) confirme une inhalation importante. Cette concentration est inférieure aux concentrations relevées dans d’autres cas mortels (78 à 577 ␮g/mL) [1], le prélèvement n’a pas été réalisé sur seringue étanche ou flacon en verre serti. Pour d’autres HCFC, des troubles du rythme apparaissent à partir de 20 ␮g/mL chez le chien [2]. Par ailleurs, le screening toxicologique a mis en évidence une consommation très récente de cannabis (en ng/mL, THC : 10,7 ; OH-THC : 2,5 ; THC-COOH : 32,5). Conclusion Bien que très réglementée, l’utilisation de Fréon 22 continue dans l’illégalité et les intoxications mortelles sont à redouter (sensibilisation du cœur aux effets de l’asphyxie et à l’action arythmogène des catécholamines). Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Koreeda A, et al. An accidental death due to Freon 22 (monochlorodifluoromethane) inhalation in a fishing vessel. Forensic Sci Int 2007;168:208—11. [2] Baselt R. Disposition of toxic drugs and chemicals in man. 10th ed. Seal Beach: Biomedical Publications; 2014. p. 877—8. http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2016.03.011 O2

Concentrations de baclofène dans les cheveux d’un patient suite à une intoxication poly-médicamenteuse et de trois patients décédés I.-A. Larabi 1,2,∗ , E. Abe 1,2 , A. Knapp 1,2 , M. Forcet 1,2 , G. Lorin de la Grandmaison 3 , F. Baud 4 , J.-C. Alvarez 1,2 1 Pharmacologie/toxicologie, CHU, Garches, France 2 Université Versailles-St Quentin-en-Yvelines, Versailles, France 3 Médecine légale, CHU, Garches, France 4 Réanimation chirurgicale adulte, CHU Necker—Enfants-Malades, Paris, France

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Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (I.-A. Larabi)

Objectif Déterminer les concentrations de baclofène dans les cheveux dans le cadre d’une intoxication volontaire et dans trois recherches médicolégales des causes de décès. Méthode Des prélèvements capillaires provenant de 4 patients (1 admis en réanimation, cheveux chatains — 3 décédés, cheveux bruns) ont été recueillis. Des analyses segmentaires du baclofène (3 × 2 cm) et de l’éthylglucuronide (EtG) (1 × 3 cm) ont ainsi été réalisées sur les cheveux du patient vivant. En raison d’un échantillon de cheveux insuffisant chez les sujets décédés, un dosage capillaire de baclofène a été réalisé sans segmentation (20 mg) parallèlement à un dosage sanguin et une alcoolémie. Après décontamination au dichlorométhane et lavage à l’eau, 20 mg de cheveux sont hydrolysés en milieu acide (10 min, 95 ◦ C) puis extraits par un mélange heptane/octanol/bromure de tétraheptyl d’ammonium (98:2:0,5, v/v/m) en présence du baclofène-d4 comme standard interne. La phase organique obtenue est à nouveau extraite par un mélange de méthanol/acide acétique/eau (10:1:89, v/v/v). 20 ␮L de la phase acide obtenue sont directement injectés dans le système chromatographique de type CL-SM/MS (TSQ Vantage tripleQ, Thermo Scientific® ). L’élution est réalisée avec une phase mobile composée de tampon formiate 2 mM-acide formique 0,1 % (A) et d’acétonitrile (B) (70/30) à un débit de 300 ␮L/min. La colonne employée est de type Hypersil PFP Gold (ThermoFischer Scientific) 100 × 2,1 mm (1,9 ␮m). Le temps d’analyse est de 5 min. Cette méthode a été validée pour les critères de linéarité, exactitude, précision, limite de détection et de quantification. Résultats La méthode est linéaire de 10 à 5000 pg/mg (R2 > 0,99). L’exactitude (n = 6) et la précision intra- et inter-jours (n = 18) évaluées à 20, 250, et 750 et 2500 pg/mg sont < 12 %. Les LOD et LOQ sont respectivement de 5 et 10 pg/mg. Les concentrations de baclofène chez le patient en réanimation sont de 4420 (segment proximal), 4260 et 4380 pg/mg. Ces résultats semblent refléter une exposition régulière et stable au baclofène prescrit à la posologie de 20 × 10 mg/j durant les 6 mois précédant le prélèvement. La concentration d’EtG dans le segment proximal est pourtant élevée à 225 pg/mg, correspondant à une consommation excessive d’alcool durant les 3 derniers mois (> seuil de la SoHT : 30 pg/mg). Chez les sujets décédés, les concentrations capillaires de baclofène sont de 15, 545 et 2475 pg/mg. Elles sont respectivement associées à des concentrations sanguines de 430, 44 400 et 250 ng/mL, et des alcoolémies de 0,98, 1,8 et < 0,06 g/L. Dans les 2 premiers décès, les concentrations capillaires relativement faibles sont en faveur d’une mauvaise observance ou d’un début de traitement. La concentration capillaire chez le 3e patient décédé est plus proche de celle retrouvée chez le patient vivant. La récupération du patient admis en réanimation a été complète. L’imputabilité du baclofène a été conclue dans le 2e décès associant une concentration sanguine très élevée à d’autres dépresseurs du système nerveux central (alcool, tramadol). Conclusion D’après la littérature, il s’agit de la première série de cas de dosages capillaires de baclofène chez des sujets traités. L’interprétation des concentrations retrouvées étant délicate, la méthode que nous avons développée, rapide et performante devrait permettre d’élargir ces observations à d’autres cas. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2016.03.012

Congrès SFTA 2016 O3

Intoxication à la chloroquine faisant suite à la consommation d’une mousse au chocolat S. Bodeau 1 , Y. Bennis 1 , F. Moreau 2 , M.-C. Quinton 1 , B. Duvauchelle 1 , A. Knapp 4 , J.-C. Alvarez 4 , P. Tourneux 2 , M. Slama 3 , A.-S. Lemaire-Hurtel 1,∗ 1 Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, CHU, Amiens, France 2 Réanimation pédiatrique, CHU, Amiens, France 3 Réanimation médicale, CHU, Amiens, France 4 Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, CHU, Garches, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A.-S. Lemaire-Hurtel) Objectif Décrire un cas d’intoxication lié à la consommation d’une mousse au chocolat dans un contexte de rupture conjugale. Description Quelques heures après avoir consommé une mousse au chocolat, Monsieur H., 16 ans, a beaucoup vomi et a présenté de violentes douleurs épigastriques. Devant les révélations étonnantes de sa mère qui dit l’avoir empoisonné, et appel au SAMU, il est admis au CHU. À l’admission, son état est jugé stable et rassurant. Sa mère, elle-même probablement intoxiquée, est prise en charge en réanimation puis rapidement intubée. Elle présente des troubles de la conduction (QRS élargi, allongement du QT) et une hypotension nécessitant un support hémodynamique. L’évolution clinique est favorable à j4. La présence de chloroquine dans la mousse au chocolat est évoquée. Une partie du dessert consommé nous a été transmise dans un cadre judiciaire afin d’en déterminer la concentration en chloroquine. Méthodes Un bilan biologique de routine a été prescrit à l’entrée. L’analyse toxicologique a reposé sur les dépistages par immunoanalyse (éthanol, paracétamol, phénobarbital, antidépresseurs tricycliques et benzodiazépines [VistaTM , Siemens]), un double screening par CG-SM (ShimadzuTM QP2010) et CL-UV/BD (WatersTM , Alliance). Un dosage spécifique de la chloroquine réalisé par CL-SM (TSQ Quantum Access MAX, ThermofisherTM ) dans les prélèvements de sérum de l’adolescent et de sa mère, avec la strychnine comme étalon interne (méthode linéaire de 20 à 1000 ng/mL, LOD à 5 ng/mL) et par CL-BD (WatersTM , Alliance) dans l’échantillon de mousse au chocolat avec le prazépam comme étalon interne et développement de protocoles d’extraction s’adaptant à cette matrice. Résultats Le bilan biologique de la mère a montré une hyperlactatémie (6,4 mmol/L) et une hypokaliémie (2,7 mmol/L). Le criblage toxicologique a identifié le diazépam (66 ng/mL). La chloroquinémie a été mesurée 500 ng/mL à h10. Le bilan biologique de l’adolescent est normal, le criblage toxicologique est négatif, la chloroquinémie inférieure à 5 ng/mL à h6. La concentration de chloroquine mesurée dans les scellés 01 et 02 (échantillons de mousse au chocolat) a été mesurée respectivement à 311 ␮g/g de mousse et 230 ␮g/g de mousse. Conclusion L’absence de chloroquine dans le sang de l’adolescent est en faveur d’une consommation réduite ou d’une épuration ayant pu être causée par les vomissements. La chloroquinémie mesurée chez sa mère 10 heures après la prise est comparable aux concentrations sériques thérapeutiques légèrement supra-thérapeutiques. Au vu des concentrations mesurées dans les scellés, la quantité totale de chloroquine qui aurait pu être absorbée par la consommation complète d’un pot (150 grammes) correspondrait à la prise de moins de 50 mg de chloroquine. Bien que l’absorption soit favorisée par une prise de nourriture, la dose supposée ingérée ne présentait pas a priori un risque vital pour un adulte. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2016.03.013